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Insécurité – Texte : Audrey Boissonneault

Et si on parlait de nos peurs ? De nos insécurités ? Et si on parlait de ce qui nous fait trem

Et si on parlait de nos peurs ? De nos insécurités ? Et si on parlait de ce qui nous fait trembler de l’intérieur ? De ce qui rend nos yeux froids et larmoyants. Et si on parlait de ce qui plonge notre regard dans le vide ? De ce qui nous donne l’envie d’arrêter ?

On dirait que je n’ai aucune idée par où commencer, parce que non, il n’y a pas de début. C’est un tout. Et avant que t’oses le préciser, je sais très bien qu’il y a pire. Par contre, ça n’enlève en rien nos propres douleurs. On préfère ne rien dire et hocher la tête pour répondre que tout va bien. On encaisse pour ne pas déranger les gens, pour ne pas être catégorisée « dépressive » ou « braillarde », oui en 2022, certains les catégorisent encore ensemble.

Je dois avouer que plus le temps avance, plus on me donne de la difficulté à assumer ce que je suis. Celle que je suis et tous les morceaux qui sont accrochés à moi. De l’extérieur, on me mettrait dans la même catégorie que les jeunes femmes de mon âge, bon peut-être plus jeune, à cause de mon visage rond semblable à celui d’un bébé. Dès que j’ouvre la bouche, je me vois obligée de préciser dans quel état je suis. Parce que la moitié partira sans même comprendre l’impact sur ma vie. En enlevant une couche de vêtements, ils verront les cicatrices, la « bosse » et les défauts qui recouvrent mon corps. En relevant la tête, je verrai les trois quarts qui sont partis. Puis ça, c’est sans avoir expliqué pourquoi je panique lorsque je prends quelques kilogrammes, mais que je sais que je suis dans le tort en les perdant.

Puis y’a tous mes rêves qui jouent en boucle dans ma tête.  Vouloir parcourir le monde sans savoir si mon souffle sera assez puissant pour le marcher. Vouloir être maman de petites merveilles sans savoir s’il y aura un bon moment relié avec la maladie et l’énergie.  Vouloir avancer et être à la même hauteur que les gens de mon âge, mais de ne pas savoir quand on va me donner le « go » d’être assez en santé pour continuer l’école.  Vouloir bâtir un chez-soi, sans savoir si un jour, j’aurai la scolarité pour bien travailler.

Ça c’est sans parler de cette voix porteuse d’images nocives. Celle qu’on nous répète d’ignorer, alors que sa présence est, un peu trop, imposante. Un petit élément qui prend la place entière. Celle qui fait en sorte que tu bégaies lors d’un appel ou que des palpitations t’envahissent dans un endroit rempli de personnes. Tes mains tremblantes en t’imaginant la prochaine journée de travail. Ton insomnie face à toutes ses pensées qui t’envoûtent. Puis, ça c’est sans parler de chaque selfie que tu fais en cachant tes imperfections.

Pour la énième matinée, j’observe, devant mon miroir, les détails sur ma peau. Ma main glisse contre chaque anomalie sur mon corps, me rappelant une histoire à raconter. Mes yeux roulent sans pouvoir s’en empêcher, parce qu’on sait bien que l’inconnu fait peur.

C’est le travail d’une vie d’apprendre à s’aimer encore plus lorsqu’on sait que c’est si facile de prendre la fuite.

Audrey Boissonneault

 

Le poids de l’inconscient

Prendre du poids. Perdre du poids. Avoir de l’acné, ou pas. Être jolie et bien dans sa peau. Êt

Prendre du poids. Perdre du poids. Avoir de l’acné, ou pas. Être jolie et bien dans sa peau. Être jolie et mal dans sa peau. Se sentir moche. Être gênée et peu parler ou au contraire, être volubile et parler fort.

Je pourrais passer des heures à vous énumérer des aspects physiques et psychologiques qui font de nous des êtres uniques, mais qui peuvent aussi faire de nous des êtres complexes et complexés.

La vie c’est ça, la recherche d’un bonheur qu’on croit connaître, mais qui ne nous convient pas toujours une fois obtenue.

Pour toi qui me lis, j’aurais une petite question. Une toute petite et simple question. Au plus profond de toi, t’aimes-tu à 100 % ? Es-tu ce que tu as toujours souhaité être ?

Peu de gens admettront haut et fort que la réponse est non.

Maintenant, mon autre question est celle-ci : te sens-tu jugée par les gens autour de toi ? Peu importe la situation.

 

Vous devez vous demander où je veux en venir hein ? Je vous explique.

Depuis quelque temps, je remarque une tonne de citations concernant notre droit à être ce que nous sommes sans jugements des autres.

  • Cessons de juger les gens avec un surplus de poids, ils ont le droit de s’habiller comme ils veulent.
  • Cessons les filtres, vous avez le droit de vous montrer sous votre propre jour sans jugement.

 

Aujourd’hui, je me suis demandé comment je me sentais face au regard des gens, et ce, depuis toujours.

Quand j’étais plus jeune et plus mince, je détestais m’arranger. J’avais toujours peur que les gens se disent « Check l’autre guidoune qui s’arrange ben trop ». Je ne portais pas de talons hauts (sauf pour mes émissions de Vendre ou rénover), je ne me maquillais presque pas. Quand ça arrivait et que j’avais un compliment, je le prenais comme une remarque pas si positive. Je ne me baignais pas, parce que j’avais un peu de cellulite et que je ne voulais pas que les gens le remarquent et en parlent.

 

Avec les années, mes trois grossesses et… le fait que j’aime manger, j’ai pris 40 livres. Je ne porte pas de jeans, parce que… les jeans, c’est pour les femmes minces.

Je porte des chandails toujours très lousses pour que les gens ne me jugent pas en disant que les chandails serrés ne sont pas faits pour les femmes plus dodues.

 

Etienne m’a invitée à de multiples reprises sur son podcast pour animer avec lui les entrevues, parce qu’il ne cesse de me dire que je suis excellente. J’y suis allée deux fois et en me voyant à l’écran, je n’ai pas reconnu la Maïka d’avant Livia, d’avant mes 40 livres. J’ai donc commencé, subtilement à refuser ses invitations à faire partie du podcast. Je ne voulais pas que ses invités me voient et se disent « Eh boy, elle a pris du poids ».

 

Quand on reçoit à la maison, je porte des robes lousses, parce que je sais que les gens qui me connaissaient d’avant vont voir le changement et se dire que j’ai vraiment pris du poids.

Je m’occupe à faire plein de choses pour qu’ils ne puissent pas s’attarder à ce que je suis devenue.

Pendant que les gens se baignent, peu importe leur âge, leur poids… Moi, je reste assise en disant que je n’ai pas chaud. Je regarde mes amies et ma famille s’amuser dans la piscine avec mes enfants, alors que j’aimerais moi aussi faire partie de ce beau moment. Mais s’ils me voyaient sous ma robe…

 

Et puis, je réalise que les gens n’en ont rien à faire. Oui, ils vont probablement se dire que j’ai pris du poids, mais c’est vrai après tout. Après cette réflexion, ils vont continuer leur vie et se contreficher de ce que JE pense de moi.

Je suis ma pire critique. Je suis celle qui m’empêche de vivre ma vie par peur du regard des gens.

 

Où je veux en venir, c’est que plusieurs d’entre nous avons un travail à faire sur nous-mêmes.

Cessons de penser que les gens nous jugent constamment. OK soyons francs, il y a des tatas partout qui passent leur temps à juger haha ! Ceux-là, mettons-les dans une classe à part, genre la classe des idiots à ignorer.

 

Vous êtes votre pire critique. Vous êtes en train de passer à côté de plein de belles choses simplement parce que VOUS vous autocritiquez en pensant que ce sont les autres qui le font.

Chaque fois, donnez-vous le défi de faire quelque chose que vous n’auriez JAMAIS osé faire avant.

Apprenez-vous à vous aimer. Et si vous n’en êtes pas capable, travaillez à améliorer les points qui vous rendent heureux.

 

Mais cessons de toujours tout mettre sur le dos des autres, le fait que leur regard nous gêne.

Une personne peut vous regarder en se disant « Oh wow, sa robe est vraiment belle », et automatiquement notre cerveau se met à paniquer en imaginant le pire.

Non, les gens ne vous jugent pas toujours négativement.

On se juge déjà assez soi-même…

 

Sur ce, je vais retourner mettre mes chandails lousses et continuer à faire des stories en ne montrant que le haut de mon corps.

Par contre, je vais aller magasiner un maillot. Parce que je n’en ai pas. Et j’irai me baigner avec mes enfants. Parce que je n’ai qu’une vie.

Un pas à la fois, les filles…

 

Qui sait, demain je porterai peut-être un jean ! 🙂

 

Apprenez à vous respecter et à vous aimer, tout comme vous le faites pour de purs étrangers.

 

Xxxx

Maïka

 

La vie devant soi

Dans quelques jours maintenant, je m’envolerai seule vers l’Espa

Dans quelques jours maintenant, je m’envolerai seule vers l’Espagne. J’irai marcher pendant quarante‑deux jours sur les chemins de Compostelle. Quarante‑deux jours de marche pour mes quarante‑deux ans. C’est un heureux hasard ou la synchronicité qui se poursuit. J’ai choisi deux caminos pour la mer et ses montagnes, soit le Del Norte et le Primitivo. Je laisse derrière moi mon amoureux, mes trois enfants, ma famille et mes amis. Ils m’accompagneront toutefois dans mon cœur et dans ce que je suis.

Pourquoi je pars? Bien des gens m’ont posé la question avant même que je me la pose moi‑même. À dire vrai, je ne sais pas vraiment. Je sais toutefois que je ne pars pas pour les mêmes raisons qu’il y a quelques années alors que j’avais décidé d’entreprendre cette aventure. J’aurais envie de répondre qu’aujourd’hui, je pars parce que je veux découvrir cette côte nord de l’Espagne et ses paysages magnifiques, parce que je veux m’imprégner de ses cultures locales et m’ouvrir aux rencontres, parce que j’aime marcher tout simplement et qu’il y a assurément un défi personnel physique à ce parcours qui me semble tout sauf facile. Ça semble manquer un peu d’introspection à mon grand désarroi, mais c’est comme ça. Il y a probablement d’autres raisons inconscientes et des réponses qui se pointeront le nez au tournant d’un chemin. Pour le moment, ça n’a aucune importance.

Puis, on me demande : tu n’as pas peur? À vrai dire, autant je ne connais pas toutes les raisons qui m’appellent là‑bas, autant je peux vous nommer les peurs innombrables qui m’habitent. Ces peurs étaient inexistantes il y a quelques mois, mais plus la date de mon départ approche, plus je me sens anxieuse. Je n’ai jamais voyagé en Europe. Je ne connais pas les escales et les transferts d’avion. J’ai donc choisi deux escales soit à Paris et Amsterdam afin de dépasser ces peurs et me permettre de visiter les alentours un peu, puis je reviendrai par le Portugal. J’ai aussi peur de ne pas trouver d’endroit où dormir, j’ai peur de perdre mon passeport, mon argent ou pire, de me faire voler; j’ai peur que quelque chose arrive à mes proches alors que je serai trop loin, j’ai peur de me blesser et de ne pas terminer mon voyage, j’ai aussi peur, et de l’écrire me terrifie, de ne pas revenir. Mais oui, oui, je reviendrai.

Et au‑delà de ces peurs, au‑delà de ne pas connaître toutes les raisons m’emmenant vers Compostelle, je partirai. Je partirai heureuse de découvrir une autre partie du monde et de réaliser un rêve, le mien. J’irai user mes bottines dans quatre pays différents et je garderai les yeux grands ouverts devant toute cette beauté de l’inconnu. Je partirai en étant qui je suis, avec le meilleur de moi‑même et avec ma zone d’ombre. Je travaillerai mon anxiété et par le fait même mon lâcher‑prise. Je me ferai confiance, ferai confiance à ceux que j’aime et à la Vie.

Merci à mon amoureux et à mes enfants qui laissent partir leur femme ou leur mère pour qu’elle marche sa douce folie. Merci de me laisser partir sans que je me sente trop coupable et de m’accompagner dans mes rêves à moi. À vous mes amours, ma famille, mes amis et à vous qui lisez ces quelques lignes, je vous souhaite de réaliser vos rêves. Aujourd’hui, demain ou bientôt.

Isabelle Bessette

Il était une fois l’anxiété

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Il était une fois, dans un village éloigné, une maman qui venait de donner naissance à une magnifique petite fille. Sa maman et son papa lui avaient fait don de plusieurs qualités uniques, qui feraient d’elle plus tard une femme extraordinaire. Cependant, sans s’en douter, sa maman lui donna aussi un cadeau empoisonné qui sèmerait sur son parcours plusieurs embûches.

Même bébé, la petite Jillian n’était pas comme les autres. Tout changement dans sa routine réveillait en elle le monstre de l’anxiété. Elle refusait de boire son biberon si elle n’était pas dans un lieu connu et sécurisant. Dormir à l’extérieur de la maison était carrément impossible, et si ses parents s’y risquaient, le retour à la maison était extrêmement pénible. La petite princesse pleurait sans arrêt et elle finissait par s’endormir d’épuisement dans les bras de sa maman.

En grandissant, le monstre prit de plus en plus de place. Jillian fut confrontée à des peurs, beaucoup trop de peurs. Les crises de panique firent leur apparition. Tout pouvait les déclencher. Un chien rencontré lors d’une promenade, une mascotte lors d’un événement, un chat chez une amie, un bruit trop fort, un camion de pompier… La liste était sans fin.

C’est là que le papa et la maman décidèrent de consulter le sage du village, pour aider la petite princesse qui anticipait désormais toutes les sorties à l’extérieur de la maison. Plusieurs rencontres furent nécessaires pour aider la petite fille à affronter ses peurs. Il y eut de l’amélioration. La petite princesse se donnait des défis, de petits défis, qu’elle réussissait. Elle reprit confiance en elle.

Le monstre, qui se sentait presque vaincu, devint plus sournois. Il se mit à jouer dans la tête de la fillette. Désormais, elle n’avait plus peur de choses physiques, mais bien des trucs que le monstre laissait dans sa tête. À huit ans, elle recommença à avoir peur de se séparer de sa mère, parce qu’elle craignait qu’elle ne revienne pas. Le monstre semait une petite graine et l’imagination de Jillian faisait le reste. Elle se fabriquait des idées et anticipait toutes les sorties, qu’elles soient familiales ou seules. Des maux physiques apparurent : maux de cœur, maux de ventre, brûlures d’estomac, insomnie et crises de panique furent de retour. Tout changement à la routine familiale donnait au monstre une petite graine à semer.

Même l’école devint un endroit où la petite princesse ne se sentait plus bien. Elle s’était mis en tête qu’elle devait être plus que parfaite. Un reproche d’un professeur activait le monstre. Le reste de la journée était synonyme d’angoisse. Un soir, la petite princesse arriva à la maison en larmes, paniquée. Elle dit à sa mère qu’elle ne serait pas fière d’elle, qu’elle avait eu un très mauvais résultat. La maman paniquée demanda à voir le résultat. La petite sortit la feuille en tremblant. Lorsque sa mère vit le résultat, elle eut envie de pleurer : 90 %. La maman venait de se rendre compte que la petite princesse se mettait beaucoup trop de pression. Elle en parla avec le papa et ils décidèrent qu’il était grand temps de retourner voir le vieux sage du village.

J’aimerais vous dire que cette histoire se termine par : « La petite princesse vécut heureuse et le monstre disparut », mais ce n’est pas le cas. La petite princesse doit encore travailler très fort pour être plus forte que le monstre. Elle apprend des trucs pour l’aider. Mais le monstre est toujours là, bien caché, et il profite de chaque moment de faiblesse pour refaire surface.

Mélanie Paradis

 

Quand monsieur Zen rencontre miss Peur

8 h 20, jeudi matin. Mon grand bonhomme de cinq ans est installé da

8 h 20, jeudi matin. Mon grand bonhomme de cinq ans est installé dans la chaise du dentiste, comme un roi sur la plage avec ses lunettes fumées et ses espadrilles de Skylanders. Zéro troublé par l’arrachage de dent qui s’en vient. Sa première dent d’adulte est complètement poussée et la dent de bébé ne fait même pas semblant de branler.

Je le regarde et je l’admire. Pour lui, la vie est juste belle. Il ne voit aucune raison pourquoi ce serait différent, arrachage de dent ou pas. Quand j’étais enceinte de lui, j’ai traversé des périodes extrêmement stressantes, comme la perte de son jumeau.

J’avais lu qu’un bébé qui a vécu un stress important in utero peut réagir de deux façons : être de nature anxieuse ou être immunisé contre le stress. Vous n’avez pas idée à quel point je lui ai parlé pour le réconforter. Dès ses premiers jours, je disais que mon Tiloup était un mélange de Gandhi et de Bouddha. Et pourtant, il avait dû être réanimé à la naissance et j’avais passé les deux premières journées de sa vie à l’urgence (bon… c’est peut-être le soluté de Gravol et de morphine qu’il a ingéré par le lait maternel qui a eu un impact!). Du stress à la pelle pour commencer dans la vie.

Combien de fois me suis-je fait dire par des étrangers : «Madame, votre bébé a une vieille âme! Dès qu’on le voit, on se sent calme…» Il lui arrive de s’énerver, mais habituellement, c’est parce qu’il a faim ou qu’il s’ennuie. Le reste du temps, il avance dans la vie comme un voilier vogue sur une mer sans rides. Alors, quand c’est le temps de se faire enlever une dent, c’est comme s’il devait boire un verre de lait. «Maman, est-ce que je peux retourner à l’école maintenant?» Pas plus compliqué que ça.

Quand on sait que j’ai déjà dû appeler l’ambulance pour ma fille aînée (elle avait sept ans) qui paniquait pour un plombage, on comprend que la zénitude de mon garçon me soulage. Vers l’âge de deux ans, ma Peanut a pris un abonnement aux phobies : dentiste, médecin, animaux, insectes, piqûres, seringues, bruits… Lorsque j’osais sortir avec elle, elle essayait de rentrer dans mon utérus parce que les corneilles sur les fils électriques l’angoissaient ou qu’une personne s’approchait. Pauvre Peanut. Elle souffrait! Et nous, nous n’avions plus de vie.

On a travaillé fort pour la libérer. Un pas après l’autre. «Peanut, de l’autre côté de la rue, il y a un chien. Il est en laisse. Tu peux rester derrière moi si tu veux. Il a l’air gentil». «Peanut, devant nous, il y a un petit chien dans les bras de son maître. On va passer à côté sans le regarder. Tu es capable. Respire avec moi». «Peanut, aimerais-tu dire bonjour au chien de notre voisin? Regarde, il fait dodo». Même principe avec les humains, les chats, les oiseaux, les maringouins, les brocolis.

Maintenant, ma grande Peanut a du plaisir à aller chez le dentiste. Elle cohabite avec notre chaton avec plaisir (elle sait qu’il est dégriffé). Elle va vers les autres avec une aisance admirable. Elle qui était maladivement timide m’a déjà dit que l’endroit où elle se sentait le mieux était sur une scène de théâtre. Vous imaginez le chemin parcouru?

Pourtant, elle se relève chaque soir pour vérifier que toutes les portes de la maison sont verrouillées. Si elle doit se faire piquer, c’est l’hyperventilation garantie. Au calme, elle comprend que la seringue n’est pas là pour lui faire mal et que l’araignée peut être aussi répugnante qu’elle le veut, elle n’est pas dangereuse. Sa tête le comprend. Son instinct de survie, non. Ma fille ne sera peut-être jamais «phobie-free» et elle aura longtemps besoin de ses anxiolytiques, mais elle peut maintenant profiter de la vie et nous aussi.

Quand je vois mon champion se faire enlever une dent sans broncher, je ressens tout le bien qu’il me fait. Grâce à lui, j’ai compris que je ne dois pas me culpabiliser à cause des angoisses de ma fille. Mon autre fille a déjà donné un bisou à un scorpion et trouve que les araignées sont dégueulasses, à l’exception des tarentules… C’est à se demander si ces deux enfants ont été élevés par les mêmes parents. Mon garçon le plus jeune, eh! bien, tant qu’il a quelque chose à manger et quelqu’un à bécoter, il est heureux. Bien loin de l’anxiété généralisée diagnostiquée de ma grande Peanut.

J’observe mon garçon, si minuscule sur l’immense chaise du dentiste et au milieu des instruments intimidants. Je m’émeus devant son sourire rempli de cotons absorbants. Sa sœur et lui parcourent une route différente, mais leur cheminement mérite mon admiration. Je les accompagne sur le chemin, et j’apprends à chaque pas que nous faisons ensemble.