Mon p’tit ingrat!
Je pense être une bonne mère, une mère pas pire pantoute, même! Mais s’il y a bien une chose qui me tape sur les nerfs, qui me fait sortir une veine dans le front, qui fait grimper mon rythme cardiaque plus vite qu’une séance de Zumba, c’est l’ingratitude. Moi, un enfant ingrat, ça m’irrite profondément… surtout quand c’est le mien! Des « Mon ami, lui, il est chanceux! » et des « Encore du poulet pour souper? », ça fait ressortir mon côté sombre.
Quand je passe trois heures à plier du linge, est ce trop demander que mes enfants ne le jettent pas en boules au fond du garde robe ou pire encore, dans le panier de linge sale pour éviter de le ranger? Si je réhypothèque la maison pour pouvoir offrir à mon enfant un appareil orthodontique, est ce utopique d’aller croire qu’il ne le laissera pas traîner sur un banc de parc ou que je n’aurai pas à le chercher dans le fond des poubelles d’un restaurant? Si j’organise une super journée d’activités plus divertissantes les unes que les autres, est ce si déraisonnable de ne pas vouloir entendre des « Est-ce qu’on revient bientôt à la maison? » et des « Je vais tu avoir le temps de jouer avec ma tablette électronique en revenant? »?
Je suis une fille raisonnable. Je ne m’attends quand même pas à me faire louanger par ma marmaille chaque fois que je leur prépare un repas, que je leur fais un lift ou que je leur achète une paire de bas, mais come on gang! Un peu de reconnaissance n’a jamais tué personne! Si un « merci » de temps en temps est trop demandé, pourrait on au minimum être assez reconnaissant pour ne pas critiquer, banaliser ou défaire ce dans quoi j’ai investi du temps et des efforts?
Je sais, je sais : il ne faut jamais donner dans le but de recevoir, surtout pas à un enfant. J’imagine que la mère idéale fait don de son énergie, de ses talents, de son temps, de son corps, de son argent et de son être tout entier sans jamais rien demander en retour. Se sacrifier pour sa progéniture, ça fait un peu partie de la description de tâches, non? Bien moi, j’ai besoin d’un « merci » ici et là… pas juste en concentré à la fête des Mères. C’est comme ça! Je carbure aux remerciements, aux sourires de contentement, au respect et à la gratitude.
J’ai beau être éducatrice de métier et maman depuis plus de douze ans, connaître le développement de l’enfant de long en large, essayer d’adapter mes attentes à la maturité de mes cocos, reste que l’ingratitude, c’est ma bête noire… une bête noire avec laquelle je devrai sans doute composer jusqu’à ce que mes enfants deviennent parents à leur tour et comprennent ce que c’est que d’avoir l’impression de tout donner, parfois pour rien du tout.
Stephanie Nesteruk
PS Je tiens à m’excuser auprès de mes parents, car à bien y penser, j’ai été ingrate plus qu’une fois lorsque j’étais enfant!