Les tranches de vie familiale
En tant que parent, ma vie comprend des tranches de vie familiale. Certaines sont mémorables et méritent d’être filmées pour les conserver. Mais puisque je ne suis pas toujours en train de filmer tout ce qui se passe autour de moi, comment faire pour les conserver? C’est très simple : je prends quelques minutes pour les écrire. Depuis que mes filles sont nées (elles sont maintenant des ados), j’ai écrit des centaines de tranches de vie. Lorsque je les relis, je fais un voyage dans le temps!
J’ai le goût de partager avec vous quelques‑unes de mes tranches de vie les plus savoureuses. Bonne lecture! Et si ça peut vous donner l’envie d’écrire les vôtres pour la postérité, tant mieux!
Comment se servir d’une fête religieuse pour tenter de corrompre mon autorité parentale…
La cadette (8 ans), à propos des œufs en chocolat :
– Papa, je peux en manger un autre?
– Non.
– Ah, papa, juste un autre, s’il te plaît.
– Non.
– Come on, papa, c’est Pâques, là!
Comment s’obstiner à écouter les consignes des parents à propos de la tenue vestimentaire appropriée selon la météo…
Un matin vers la fin mai, ma fille de 6 ans s’entête à vouloir mettre un legging et un chandail à manches longues. Je lui dis qu’elle va avoir chaud à l’école, car selon la météo, la journée s’annonce chaude. Elle ne veut rien savoir. Je lui souligne que sa grande sœur (9 ans) a opté pour un t-shirt et des pantalons courts. Rien à faire, son choix vestimentaire est final. J’abdique.
La journée suit son cours.
Durant le souper familial en soirée, je lui demande :
– Et puis ma cocotte, as-tu eu chaud aujourd’hui à l’école?
– Non.
Puis, elle ajoute aussitôt :
– C’est juste que je crevais à cause de la chaleur.
Quand l’apprentissage pour prendre leur douche de manière autonome nous donnait du fil à retordre…
Durée de la douche (prise toute seule, il faut le préciser) :
La cadette (6 ans) : 2 minutes top chrono.
Réaction de papa : – Han? Déjà fini? Ben voyons donc. As-tu utilisé du savon?
L’aînée (8 ans) : 20 minutes et elle n’est pas encore sortie de la douche…
Réaction de papa (qui cogne à la porte de la salle de bain) : – You-hou! As-tu bientôt fini? Le réservoir d’eau chaude est presque vide… On appelle pu ça être propre, on appelle ça être désinfectée! Sors tout de suite!
Quand les douches donnent lieu à des prestations humoristiques…
L’une des rares fois où mes filles ont voulu prendre leur douche ensemble un matin, je les ai entendues jouer à Toc-toc :
(La cadette, 5 ans) – Toc-toc!
(L’aînée, 8 ans) – Qui est là?
(La cadette) – Krak.
(L’aînée) – Krak qui?
(La cadette) – Craque de fesses!
Et là je les entends ricaner en titi…
Même moi, j’étais crampé tellement je la trouvais drôle.
Quand l’apprentissage des fonctions biologiques de base nous fait sourire…
Un beau samedi matin, la cadette (5 ans) m’accompagne lors d’une courte promenade avec Fred, notre Golden Retriever. À un moment donné, elle voit le chien s’accroupir pour faire son besoin et s’exclame « Yark! ». En revenant tranquillement vers la maison, elle me demande :
– Papa, pourquoi Fred fait caca « par là »?
– Qu’est-ce que tu veux dire exactement avec « par là »?
– J’veux dire, pourquoi Fred fait caca par le trou en dessous de sa queue?
Je mords ma lèvre pour ne pas rire.
– Toi ma cocotte, comment fais‑tu caca?
– Moi là, papa, je fais caca par les fesses!
– Oui. Ben, Fred aussi fait caca par les fesses. Et ses fesses à lui, elles sont juste en dessous de sa queue.
– Ah.
Et voilà : premier cours de biologie 101 donné lors d’une promenade avec le chien!
Quand se laver les mains après avoir été à la salle de bain n’est JAMAIS une option…
Je suis assis devant l’ordinateur dans la salle de séjour. J’entends une de mes filles courir dans le corridor. Des petits pas rapides ; c’est la cadette (5 ans). Elle passe en trombe devant la pièce où je suis. Je ne détourne même pas le regard de mon écran. Je l’entends fermer la porte de la salle de bain. Quelques instants plus tard, la porte de la salle de bain s’ouvre. Aussitôt, ma fille repart au galop. Dès qu’elle repasse devant la salle de séjour, je lâche un :
– Stop!
Je l’entends « fourrer les brakes ».
– T’as pas lavé tes mains, lui dis-je.
Surprise, elle rétorque :
– Hein? Tu m’as vue d’où tu es?
En pitonnant sur mon clavier, je lui réponds :
– Oui, je t’ai vue. J’ai des yeux partout, t’sais.
Le silence ne dure qu’une fraction de seconde.
– Non! Il y a juste le père Noël qui a des yeux partout. Pas toi!
Puis, elle repart à courir.
Martin Dugas