Le bonheur à travers tes yeux
Ce soir, je suis fatiguée et grippée. J’ai l’impression que mon corps lâche et que ma patience le suit. Je suis certaine que plusieurs se reconnaîtront. Le genre de soirée où on a la tête encore au boulot et le corps épuisé. Mais toi, petit cœur sur deux pattes, tu viens tout changer…
Ces soirs-là, quand la grippe m’envahit… et que tu viens me porter en souriant un petit verre vide. « C’est du chocolat chaud, Maman! Ça va te soigner! Vite, bois. » Et quand je feins de boire dans ce petit verre vide, tes yeux se remplissent de fierté et que tu cours en gambadant pour un autre remplissage imaginaire. Et tu as raison, ça me guérit un peu, de voir le bonheur à travers tes yeux.
Ces soirs-là, où j’ai encore la tête au boulot… et que tu pars me faire un dessin. Tu reviens, du haut de tes quatre ans, avec une œuvre colorée qui respire la joie de l’enfance. Et je me demande depuis quand tu dessines aussi bien. Et tu me ramènes l’esprit avec toi, avec nous. Je n’ai plus envie de penser au travail quand je vois le bonheur à travers tes yeux.
Ces soirs-là, où j’ai une bulle immense et que je voudrais être seule un peu… et que tu t’enfermes dans une chambre avec tes sœurs. Quand je vous perds de vue, je ne peux m’empêcher d’aller voir ce que vous faites… C’est peut-être l’instinct ou l’habitude qui me force à me rapprocher de vous. J’entrouvre la porte de la chambre et je vous découvre, tassées comme des sardines dans un lit, un grand livre à la main. Je t’écoute raconter une histoire à tes grandes sœurs qui jouent le jeu et qui font semblant que ce sont bien les mots qui y sont écrits… et j’ai juste envie de venir me blottir avec vous, quand je vois cet amour dans vos yeux.
Ces soirs-là, où je n’ai plus d’énergie pour cuisiner… et que vous me demandez de souper avec des céréales et des fruits que vous allez couper vous-mêmes. Je ne sais jamais si vous avez senti ma fatigue ou si ça vous fait vraiment plaisir. Puis, vous me remerciez de vous laisser déjeuner pour souper et je sais que c’est authentique. Ça vient du cœur. Et je m’assois moi aussi, avec mon bol de céréales. Il goûte meilleur que les autres, je trouve… parce que je vois le bonheur à travers vos yeux.
Demain matin, c’est une journée-pyjama à la garderie. Tu prépares ton pyjama préféré de chatons et tu chantonnes en fouillant dans tes tiroirs, parce que tu as tellement de joie dans ton cœur, qu’elle déborde en chanson. Et j’ai aussi envie de fredonner, parce que je vois le bonheur à travers tes yeux…
Parfois, malgré la fatigue, la grippe et les tâches, on réalise que le bonheur n’est au fond qu’une question de choix. Et toi, petit cœur, tu m’apprends chaque jour à faire le bon choix. Tu forces mon cerveau à s’arrêter pour apprécier le moment présent, et ça, c’est tout un superpouvoir. Merci, petit cœur, de me permettre de voir le bonheur à travers tes yeux.
Joanie Fournier