Bye mon pote…
Je n’ai jamais vraiment aimé les chiens. Je ne les ai jamais vraiment détestés non plus. Quand on a acheté notre maison mon conjoint et moi, on avait envie d’en accueillir un. On s’était dit qu’on allait se donner quelques mois et qu’au printemps, on allait commencer nos recherches pour trouver le chien parfait pour nous.
Tu es arrivé dans ma vie comme un cheveu sur la soupe. La première fois qu’on s’est vus toi et moi, ça a été un coup de foudre. C’est comme si on avait su tous les deux qu’on avait besoin l’un de l’autre. On se comprenait, et ce, dès la première seconde. C’était un samedi après-midi du mois d’août, il y a dix ans, que notre histoire a commencé.
Quand tu es arrivé à la maison, tu traînais une première année de vie difficile. Ton ancienne famille t’avait négligé et violenté. Il a fallu gagner ta confiance et te convaincre par nos interventions et nos caresses que ce que tu avais connu, c’était terminé.
Pendant six ans, tu as été notre seul et unique bébé. Tu nous accompagnais partout, on marchait des kilomètres et des kilomètres tous les jours toi et moi, je te racontais mes journées, je te faisais part de mes inquiétudes. Tu m’écoutais attentivement et tu me regardais avec tes grands yeux bruns. Si tu avais pu parler, je suis certaine que tu m’aurais dit que tu comprenais et que tout finirait par passer, que ce que je ferais serait pour le mieux. Tu étais toujours trop content de nous voir lorsqu’on arrivait ; on sentait qu’on était importants pour toi et tu l’étais tout autant pour nous.
Il y a cinq ans, une petite demoiselle est entrée dans nos vies. Tu nous as boudés et ignorés un certain temps. Tu nous en voulais de ne plus t’accorder toute notre attention. Rapidement, tu as réalisé que tu pouvais avoir beaucoup de plaisir à jouer avec elle, mais surtout, qu’une troisième personne te ferait des câlins. Tu veillais sur nous trois maintenant. On marchait encore des kilomètres et des kilomètres, cette petite demoiselle, toi et moi. Elle était devenue ton alliée et toi, son grand frère.
Il y a deux ans, deux petites demoiselles sont arrivées en même temps dans nos vies. Tu n’as pas boudé et tu ne nous as pas ignorés. Tu savais que tout le monde s’habituerait à ce gros changement, même toi. Chacun de nous allait trouver sa place. Pendant que nos trois demoiselles grandissaient, toi tu vieillissais et tu blanchissais. Le temps t’usait sans qu’on s’en aperçoive. On savait que tu n’étais pas éternel, malheureusement. Mais on n’est jamais prêt à laisser partir ceux qu’on aime.
Aujourd’hui, ce moment est arrivé. Il pleut dehors, dans ma tête et dans mon cœur. En l’espace de douze heures, ta vie a basculé. Et par la bande, la nôtre aussi. Ton corps ne suit plus, ta tête non plus. Si on a fait en sorte que tu ne souffres plus, c’est parce qu’on t’aime. De tout notre cœur. Tu es parti, doucement, sans t’en rendre compte. Du moins, c’est ce que j’espère.
Il y a dix ans, ce samedi‑là du mois d’août, jamais je n’aurais pu m’imaginer à quel point tu occuperais une place importante dans ma vie et que ce serait aussi difficile de te laisser partir. Ça prend beaucoup d’amour pour y arriver. Merci pour cette belle histoire qui aura duré dix ans. Dix années trop vite passées. Bye mon pote…
Amélie xxx