Comment ça va, vraiment?

Le 9 septembre, la grande Mascarade à Rideau Hall a regroupé des centaines d’intervenants du domaine de la santé mentale et de personnes du public qui ont été invitées à retirer leur masque, leur honte face à la maladie mentale. La liste des organismes présents se trouve sur http://www.gg.ca/document.aspx?id=16950&lan=eng.

10 septembre : 15e journée de prévention du suicide :

Ouf! On en parle, de plus en plus. On ose! On cherche des solutions à cette maladie potentiellement mortelle.

1 Canadien sur 5 souffrira de maladie mentale à un moment de sa vie. On commence à connaître cette statistique. On comprend ce qu’elle veut dire : dans une classe de 30 élèves, 6 seront touchés directement comme enfants, adolescents ou adultes. Dans une équipe de 15 personnes au travail, 3 souffriront, en silence peut-être. Le gestionnaire, l’enseignant, le directeur, l’enfant sage de la classe : personne n’est à l’abri. Vous n’êtes pas à l’abri. Moi non plus.

Ce que la statistique ne dit pas, c’est que pour chaque personne qui souffre de maladie mentale, plusieurs personnes autour d’elle souffrent aussi, se questionnent, se sentent confrontées. Un parent qui perçoit l’anxiété de son enfant à travers ses maux de ventre et ses nausées a de la peine et se sent impuissant. Un frère qui subit les crises violentes de sa sœur a peur, a mal. Un enfant qu’un parent ne peut plus nourrir et cajoler parce que la dépression a attaqué développe à son tour de l’insécurité, de l’incompréhension : « Pourquoi maman ne me raconte plus d’histoires de dodo comme avant? Pourquoi elle reste dans sa chambre? » Donc si on refait le calcul, ce n’est plus 1 personne sur 5 qui est touchée par la maladie mentale, c’est plutôt 5 Canadiens sur 5. Tout. Le. Monde. Vous, moi, le voisin, votre patron, nos enfants. Ça change la perspective, n’est-ce pas?

Personne n’est à l’abri de la maladie mentale, on s’entend là-dessus. Il y a bien sûr des facteurs génétiques, environnementaux, socioéconomiques qui augmentent les risques. Il y a bien sûr des événements de la vie qui peuvent nous faire plonger : les drogues, une perte d’emploi, un deuil… Mais on peut s’outiller pour se construire un abri au cas où l’ouragan passerait.

Un truc : quand vous demandez à quelqu’un « Comment ça va? », demandez-le vraiment. À la caisse d’épicerie, ce n’est peut-être pas le temps d’amorcer une discussion intense sur les questionnements existentiels. Mais ça n’empêche pas de vraiment s’intéresser à la personne, de lui sourire avec compassion, de lui faire un compliment. Le collègue qui s’isole alors qu’il était hop-la-vie ou le jeune qui délaisse ses amis ou perd l’appétit aurait peut-être besoin d’une petite tape sur l’épaule, d’une oreille attentive, d’un coup de pouce pour trouver la bonne source d’aide.

Un autre truc : prenez le temps de vous demander « Comment ça va? ». Une vraie conversation avec vous-même pour savoir si votre sourire en public sonne faux, si vous avez des projets et des amis qui vous donnent le goût de vivre, si vous avez changé dernièrement sans trop vous en rendre compte.

L’autre truc, c’est de parler, d’écrire, d’écouter, de s’informer. Et d’accepter qu’on traverse peut-être un bout difficile et qu’on a besoin d’aide.

Nous, on vous aime! Et on vous aime en vie et en bonne santé mentale!

Pour aider une personne qui pense au suicide : 1-866-APPELLE (277-3553)

Association québécoise pour la prévention du suicide : http://www.aqps.info/

Prévenir le suicide (gouvernement du Québec) : http://sante.gouv.qc.ca/conseils-et-prevention/prevenir-le-suicide/

Document La mortalité par suicide au Québec : http://www.aqps.info/media/documents/Portrait_statistique2016_suicide_Quebec_INSPQ.pdf

Comprendre la santé mentale (gouvernement du Québec) : http://www.sante.gouv.qc.ca/dossiers/dossier-sante-mentale/

Nathalie Courcy

 



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