Chapeau à toi, parent imparfait
Pourquoi voulons-nous toujours que tout soit parfait? La maison parfaite, le job parfait, la maman parfaite, le papa parfait. Et si on s’enlevait un peu de poids sur les épaules?
Les plus beaux souvenirs que les enfants garderont de nous ne seront pas notre plancher immaculé. Ce sera la fois où vous aurez dansé comme des fous dans la cuisine. La fois où vous aurez bu un verre de lait bleu afin de vous transformer en Schtroumf! J’essaie bien de me le rappeler moi même, mais je suis un cordonnier bien mal chaussé.
Vos enfants se rappelleront la fois où vous avez mangé le dessert comme entrée, non pas de la fois où vous aurez fait ce fameux souper qui vous a pris cinq heures à préparer. Et pourtant, encore une fois, jour après jour je me casse la tête à trouver de nouvelles recettes que mes rejetons pourraient apprécier.
À toujours vouloir que tout soit parfait, nous perdons de précieux moments. Je me sens souvent coupable de ne pas assez jouer avec mes enfants, alors je mets tout sur pause et m’assieds par terre pour simplement PROFITER. Profiter du fait que mes enfants VEULENT jouer avec moi, profiter de l’amour que mes enfants manifestent envers moi, profiter des crises de chatouilles pour entendre ce rire d’enfants si précieux à mes oreilles.
Parce que dans quelques années, ce sera terminé. Je ne suis pas inquiète, je trouverai ce petit bonheur en d’autres occasions avec mes enfants devenus grands, mais je tiens à me souvenir de chaque étape précieusement. Dans chaque étape, j’accompagne mes enfants avec plaisir pour tenter d’apercevoir cette petite lueur d’accomplissement que l’on voit parfois passer. Cette lueur de fierté que j’espère de tout cœur restera au fond de leur pupille tout au long de leur vie.
À ceux dont la maison est toujours impeccable, et bien bravo! Mais cela ne m’impressionne pas. Chapeau à toi la maman imparfaite qui vit dans une maison imparfaite, dans un parfait bordel parce que je suis convaincue que tu profites beaucoup plus de ta progéniture que celles qui ne cessent de frotter. Tu assumes les jouets qui trainent par terre, tu assumes les petits doigts que l’on voit dans les miroirs de ta maison, tu assumes les lits qui ne sont pas faits. Parce qu’au fond, tu sais que tu fais de ton mieux et que ce n’est pas la fin du monde. Une chose à la fois.
À bas les maisons Pinterest! Avec des enfants, si c’est beau pendant trente minutes, mission accomplie. Alors toi, la maman qui s’assume dans sa maison propre mais sens dessus dessous, je t’aime!
Combien de fois, je réponds : Attends, maman lave la vaisselle! Attends, maman passe la balayeuse! Et soudain, je me dis : Attends une minute, la vaisselle peut bien attendre cinq minutes. Encore une fois, je lâche tout pour aller à côté de mon enfant. Je ne parle pas de répondre à ses moindres caprices, mais bien de choisir de petits moments qui nous glissent parfois entre les doigts.
Lorsqu’on me dit : « Désolé, je n’ai pas le temps! », je réponds : Maintenant âgée de trente ans, je sais que prendre le temps est un choix. Pas toujours évident bien sûr, mais tout est une question de priorité. Quelles sont vos priorités? Votre emploi, vos enfants, votre partenaire? Et dans quel ordre les placez-vous?
Si vous voulez faire un casse-tête avec votre petit dernier, mais qu’il vous faut aussi faire la vaisselle, arrêtez-vous un instant et faites le foutu casse-tête! À bas cette foutue pression de perfection. Faites ce que vous pouvez, selon vos priorités. L’imperfection dans toute sa splendeur!
Geneviève Dutrisac