Et si un de mes enfants s’avérait être gai

De nos jours, quand on est parent, je pense que l’une des choses qui nous préoccupent le plus est l’intimidation. On voudrait donc pas que notre enfant vive ça. On en vient même à espérer qu’il soit assez intelligent, mais pas trop, parce que ceux qui le sont trop sont traités de nerds et ceux qui ne le sont pas assez font rire d’eux. On souhaite aussi qu’il soit différent, mais pas trop, parce que ceux qui le sont beaucoup passent pour des weirdos pis ceux qui ne le sont pas assez ont l’air de suiveux.

Ce qu’on est en train de se dire dans ce temps-là, c’est qu’on aimerait que notre enfant soit comme les autres. Pas plus. Pas moins. On le vante à droite, à gauche pis on expose fièrement des photos de ses exploits sur les réseaux antisociaux, mais en même temps…faudrait surtout pas qu’il soit meilleur que les autres. Les parents sont souvent durs à suivre…

Le drame d’Orlando, aux États-Unis, relève aussi de l’intimidation. C’est un gars qui a décidé que d’autres ne méritaient pas le même respect que lui. Mais l’événement m’amène un questionnement important : quelle serait ma réaction si un de mes enfants s’avérait être gai? Mes aïeux (pas le groupe de musique; je parle de nos ancêtres!) ne se posaient sûrement pas cette question-là. Faut dire que dans c’temps-là, la religion réfléchissait pas mal pour eux : un homme doit se marier avec une femme pour procréer. Point final. Imaginez cette phrase-là avec de l’écho pis vous allez y croire, c’est sûr. Ben c’est justement ce genre de phrase-là qui a fait que tant d’homosexuels ont eu (et ont encore aujourd’hui) autant peur de dire à leurs parents qu’ils sont ce qu’ils sont.

Quelle serait ma réaction si un de mes enfants s’avérait être gai? Sans trop réfléchir, je répondrais que je n’aurais probablement aucune réaction; qu’il aime qui il veut, pourvu qu’il aime. Pourtant, dans le contexte actuel, j’pourrais dire que ça me ferait peur. Peur pour lui plus tard. Peur qu’il se fasse traiter de tous les noms à l’école. Qu’il revienne d’une sortie entre amis avec le nez cassé et les yeux tuméfiés parce qu’un arriéré a jugé dégueulasse de voir deux gars ou deux filles se tenir la main. Peur qu’un autre illuminé décide d’en éliminer le plus possible et s’en prenne à lui. Peur qu’il cesse de s’aimer lui-même à force de se faire dire qu’il n’a pas le droit d’aimer qui il veut. 

Mais au contraire : ce genre de peur n’a pas sa place dans les histoires de cœurs. C’est pas parce qu’une tête brulée a décidé que 49 personnes (à l’heure où j’écris ces lignes) n’ont pas choisi la bonne « façon de vivre » que cette « façon de vivre là » n’a pas sa place. Si un de mes enfants s’avérait être gai, je le couvrirais d’amour. Parce que oui, il y aura des embuches sur sa route justement à cause de qui il est; malheureusement, c’est encore comme ça. La société à beau avoir évolué un brin, il faut quand même se dire que plus tu t’éloignes des grands centres urbains plus l’homosexualité cause des malaises. Tristement, les jokes de « fifs » font fureur dans certaines régions du Québec. Mais faut faire attention : ces villageois ne sont pas nécessairement homophobes. L’homophobie c’est l’aversion des homosexuels; selon moi, dans beaucoup de cas, nous sommes plutôt en présence d’homo-ignorants. De l’ignorance parce que plus rarement en contact avec cette réalité. Tout simplement. On juge ce qu’on ne connaît pas bien. Et l’ignorance, on le sait, pousse souvent aux plus grandes conneries…réversibles ou non. Évidemment, ça n’excuse absolument rien; mais ça explique. Et ça pointe vers une possible solution : l’information et la sensibilisation. Encore et toujours.

On dit « avouer qu’on est gai » ou « annoncer qu’on est gai »… Ces expressions sous-entendent que ça prend un certain courage pour le faire. Absurde quand même… Ça ne prend pas du courage pour aimer quelqu’un…ça prend du cœur. Soyez fiers d’être homos, soyez fiers d’être hétéros; soyez fiers d’aimer et d’être aimés. Un point c’est tout.

Moi, j’espère que mes enfants comprendront bien qu’ils peuvent aimer qui ils veulent. Personne n’a le droit de leur dire qui aimer. Ou quoi aimer; tu peux être aux plantes vertes si c’est ce que tu préfères; j’m’en fous. Soit heureux, c’est tout. Les autres, ben…haïssez-vous entre vous autres pis laissez donc les autres s’aimer!



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