Les enfants, c’est comme le repassage!
Les enfants c’est un peu comme le repassage. On veut toujours que ce soit beau, sans plis, juste parfait. Dès qu’il y a un petit pli, ça nous achale, on ne comprend pas pourquoi on ne l’a pas vu avant. La pression sociale est forte, très forte, et nous sommes constamment jugés de part et d’autre. Pour ma part, je ne fais plus de repassage depuis bon nombre d’années.
À mon premier enfant, je recherchais toujours la perfection. Mon fils était toujours habillé en petite carte de mode des pieds à la tête. Lorsqu’il se salissait, je m’empressais de le changer. Il mangeait très bien, je calculais ses portions de fruits et légumes et je le stimulais à la tonne. Les sorties s’accumulaient, je vivais à fond et je voulais lui offrir tout ce qu’il y avait de meilleur pour lui. Encore aujourd’hui, je ne sais pas exactement ce que je recherchais à ce moment de ma vie. Probablement une certaine valorisation que je n’avais pas eue plus jeune.
Puis vient un jour où on se tanne d’être ce parent qui veut tout gérer et tout calculer. On se met dix millions de tâches sur la tête afin que personne ne manque de rien et que tout soit parfait. L’alimentation fait partie de ces petits débats de la vie. On ne veut pas que notre enfant se bourre la face dans le pot de Nutella le matin et il doit avoir le lunch le plus santé possible. On le veut toutes. Mais la réalité est parfois différente.
J’ai beau faire ma planification de repas pour la semaine, il m’arrive de céder aux caprices de l’un et de l’autre. Je ne me sens pourtant pas mal lorsque je cède. Ce qui me rend mal à l’aise, c’est le monde qui se permet de juger. Le jugement peut tellement faire mal, surtout quand nos enfants sont touchés! Tout le monde le sait que le fameux chocolat du matin est rempli d’huile de palme et de sucre. Je l’accorde. Mais toi qui te permets de me juger, si tu t’occupais des déjeuners sept jours sur sept, tu plierais toi aussi, parfois, et lui ferais sa maudite tranche de pain au Nutella pliée de la bonne manière — parce que sinon ça ne goûte pas pareil et ce n’est pas bon — on le sait tous ça, nous autres, les parents!
Ce n’est pas parce qu’on achète la paix de temps en temps ou qu’on accorde un certain relâchement que nous sommes de mauvais parents. On a le droit d’être fatigués. On a le droit d’avoir eu une grosse journée. On a surtout le droit de décider de manger un bol de céréales un soir de semaine pour passer plus de temps avec nos enfants au final. Et nos enfants dans tout ça? Je vous garantis que mes enfants me parlent plus souvent du soir où on a mangé des Rice Krispies avec des bananes que du soir où on a mangé du tofu avec des carottes et du brocoli. Ça ne veut pas dire que je n’ai pas à cœur leur bien-être, au contraire. J’ai l’impression de retrouver un certain équilibre et de profiter de moments magiques avec mes enfants. Ces petits soupers donnent lieu à quelque chose d’inattendu accompagné de petites étoiles brillantes dans les yeux des plus petits.
Si certaines personnes trouvent inacceptable que nous acceptions certaines situations qui auparavant, nous semblaient inadéquates, je n’ai qu’une chose à dire. Je vous donne le relai, trois jours. Juste trois. Moi, j’en ai trois cent soixante-cinq dans une année. Trois, ce n’est rien. Je peux par contre vous promettre qu’après ces trois journées, vous nous supplierez de revenir et que vous nous comprendrez davantage.
Notre famille n’est pas sans plis. Je la trouve parfaite dans ses imperfections. De cette manière, nous retrouvons notre équilibre. La perfection n’existe pas, nulle part. Ma famille, je la vois, je vis avec et je l’aime comme ça. Ce sont tous ces petits plis qui font de nous une famille heureuse.
Maggy Dupuis