Il était une fois, une princesse nommée Daphné…
Il était une fois, une princesse nommée Daphné. Fragile et jolie, elle cherchait le prince charmant qui viendrait la délivrer. Il a surgi, grand et fort, pour la secourir et la protéger. Il l’aimait profondément, sa princesse. Si bien qu’un jour, il lui a enlevé la vie.
Ce texte n’est pas un témoignage personnel. Il est simplement inspiré du drame survenu à Saint-Hilaire il y a quelques semaines. Le père de cette jeune fille et sa conjointe étant des connaissances de mon entourage, cette tragédie m’a particulièrement touchée.
Même si je les connais très peu, je peux me faire une bonne idée de leur chagrin et de leur vie qui s’est fracassée en miettes, le 22 mars. J’ai aussi une pensée et surtout, une bouffée d’amour pour le frère et la sœur de Daphné. Comment explique-t-on une telle calamité à des enfants?
Comme j’ai suivi l’affaire avec attention, je suis tombée sur le magnifique article de Patrick Lagacé dans La Presse (voir le lien ci-dessous). Ce dernier se demande si on parle suffisamment d’amour avec nos enfants. Ma réponse à cette question est non.
On présente souvent l’amour à nos enfants comme un conte de fées. On n’a qu’à penser à Blanche Neige et les sept nains ou à La belle et la bête. De jolies robes et des personnages attachants viennent embellir le tout. Présenter l’amour aux enfants de façon féérique est une bonne chose et bien sûr, lorsque l’amour en est à ses premiers balbutiements, il est léger et grisant.
Cependant, il faudrait écrire une suite. Ce second tome s’adresserait sans doute plus aux adolescents et adolescentes en quête d’amour. On expliquerait alors que l’amour est fait de petites et de grandes concessions, qu’il s’use sur les bancs du quotidien et qu’il se perd dans les horaires trop chargés.
Dans la vie de tous les jours, Elsa et Anna perdent un peu de leur magie et Aladdin devient un peu moins romantique. Il faut soigner et cajoler l’amour pour le faire durer. Il ne faut surtout pas le tenir pour acquis.
Il faudrait ajouter un troisième tome, dans lequel on expliquerait aux jeunes et moins jeunes que si l’amour peut vous transporter au septième ciel, il peut aussi vous blesser jusqu’au tréfonds de l’âme quand il meurt. Il peut vous donner des ailes à sa naissance, mais vous broyer les tripes lorsqu’il s’éteint. On a alors le sentiment de mourir avec cet amour et de n’être plus rien.
Blessée, la Princesse au Bois dormant peut vite devenir fragile et vulnérable, ou encore se transformer en méchante Cruella. Quant au prince charmant, il peut se changer en tout petit crapaud ou muer en dangereux dragon.
Finalement, il serait primordial que cette série de contes se termine en insistant sur ces propos : les peines d’amour finissent par guérir, et laisser partir quelqu’un qu’on aime est un geste d’amour en soi. Tout comme l’indique Patrick Lagacé dans son article, il faut du temps et rien d’autre.
Les jeunes doivent savoir que même si on a l’impression de mourir lorsque l’amour nous quitte, on en sortira plus fort. Une fois la douleur apaisée, on revit, et ceci, sans avoir besoin du baiser glorieux d’un Shrek.
Pour ce qui est de princesse Daphné, aucun prince charmant ne viendra la réveiller… malheureusement. Toutefois, du haut de son ciel, elle veillera sans doute sur un tas de fillettes pour que leur conte de fées se termine par :
Elles vécurent heureuses et eurent… beaucoup d’enfants droits au respect et à la dignité.
Pour l’amour de vos enfants et de toutes celles qui, comme Daphné, ont perdu la vie au nom de l’amour; PARLEZ-LEUR D’AMOUR!
En terminant, je souhaite mes condoléances les plus sincères, mille condoléances et tout autre sentiment de paix et d’amour aux proches de Daphné Boudreault.
Isabelle Lord
Voici le lien pour lire le texte de Patrick Lagacé dans La Presse
http://plus.lapresse.ca/screens/2dde3bcc-0151-4dbd-acb8-dd6ba3f35785%7C_0.html