En grandissant, tu comprendras, mon garçon

C’était le début des vacances des fêtes avec les enfants et ma femme. Enfin, fini le stress du matin! Je m’étais dit que nous pourrions respirer un peu pour quelques semaines.

Mon fils de six ans voulait aller dans une boutique pour acheter un objet bien précis avec les sous qu’il avait économisés. Je me suis dit : pourquoi pas? De toute façon, j’avais une petite course à faire.

Arrivé au centre commercial, j’étais étonné de voir autant de voitures dans le stationnement. Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié, nous étions le samedi 21 décembre… Mais je me suis rassuré du fait que maintenant, je pouvais faire mon épicerie la fin de semaine. En plus, je n’ai pas eu de sensation de tirage dans le côté droit de mon visage depuis quelques mois. J’étais totalement confiant en moi.

Arrivé dans le centre commercial, il y en avait des gens! Il y en avait du bruit! La première boutique, c’était l’enfer. J’avais de la misère à passer avec mon chien d’assistance.

Mon fils avait trouvé ce qu’il cherchait, alors direction la caisse pour payer.

Maintenant, nous devions aller dans une autre boutique. Il voulait acheter un cadeau de Noël pour sa grande sœur. Est-ce que ça me tentait? Non pas du tout, mais je l’ai fait pour lui malgré la difficulté qui grandissait en moi.

Quand on est arrivés à la boutique, mon champ de vision était déjà réduit depuis quelques minutes. J’avais de la misère à avoir une bonne respiration. La chaleur se faisait ressentir. J’essayais d’aider mon fils à trouver un cadeau malgré ma vision brouillée.

Nous étions dans la file d’attente pour payer. Un gentil monsieur est venu me trouver pour me faire passer à une autre caisse. Je crois qu’il s’est aperçu que je n’allais pas bien. Je l’ai gentiment remercié.

Je savais que j’en avais assez et que je devais retourner vers la voiture. Sur le chemin du retour, je me sentais comme un zombie. Ça me tirait dans le visage. J’avais la sensation d’avoir le visage tout croche. Une sensation qui ne s’était pas produite depuis des mois. J’avais de la misère à marcher. C’était comme si tout le côté droit de mon corps avait envie de paralyser. Ou bien que j’avais de la misère à faire fonctionner la partie droite de mon corps. J’avais de la misère à voir clair. J’avais mal aux oreilles et à la tête à cause du bruit.

Théra, ma chienne d’assistance, sentait ma détresse et tirait sur la laisse pour m’aider à sortir de cet endroit. Elle connaissait le chemin du retour. Je me laissais guider par elle. Je n’avais même pas pensé à prendre mon médicament d’urgence parce que j’avais de la misère à fonctionner.

Pour ceux qui me suivent sur mon blogue et qui me connaissent, vous allez sûrement dire que je me répète au niveau de mes symptômes. Non, car c’était la première fois que la partie droite entière de mon corps était affectée. J’avais besoin de vous en parler au cas où quelqu’un comme moi lirait cet article.

Une fois à l’extérieur, enfin, je pouvais prendre de grandes bouffées d’air. Il n’y avait plus personne.

Toi mon fils, tu me demandais d’aller dans un autre magasin. Ma réponse fut négative, car je n’allais pas bien.

Alors voici en bref notre conversation :

Fils : On ne peut jamais rien faire à cause de ton trouble de stress post-traumatique.

Moi : Tu sais mon garçon, ce n’est pas facile d’aller à la guerre. Parfois, cela peut causer des problèmes.

Fils : Tu avais seulement à dire non et ne pas y aller, à la guerre.

Moi : Quand tu es militaire, tu ne peux pas toujours décider. Tu dois faire ce qui t’est demandé.

Fils : Tu aurais dû travailler dans une pizzéria ou être pâtissier ou quelque chose comme ça.

Moi : C’était mon rêve et mon désir d’être militaire. Parfois dans la vie, on ne sait pas comment les choses peuvent tourner.

Je sais que pour toi mon garçon, c’est difficile de comprendre malgré tes six ans. Ne t’en fais pas, c’est même difficile pour un adulte de comprendre.

Sache que je me suis battu pour vivre et rester à tes côtés.

Sache que je me bats tous les jours contre ces démons.

Sache que j’essaie d’être le meilleur père et le meilleur amoureux pour votre maman.

Un jour mon garçon, peut-être que tu comprendras mieux ma blessure de stress opérationnel.

Il est certain que chaque fois que tu me la reproches, ça me fait mal au cœur. J’aimerais être comme les autres papas.

Mais tu sais quoi mon garçon? Le plus important est que je t’aime et que je suis là pour toi.

L’amour est la plus belle richesse.

Je sais que tu m’aimes, car tu me le dis souvent.

Je t’aime mon fils.

Carl Audet

 



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