J’ai trente ans, au secours !

C’est bien beau le terrible two, le fucking four… mais la crise de la trentaine ELLE ?

Qu’on se le dise, il n’y a pas juste les enfants qui nous en font vivre de toutes les couleurs. J’embarque à deux pieds joints dans la trentaine et je m’aperçois que plusieurs changements opèrent dans mon corps, mais surtout dans ma tête! Je réfléchis beaucoup plus qu’à l’habitude et mes pensées vont beaucoup trop loin. C’est fou comme un simple changement de chiffre peut venir nous chambouler. On entend plus souvent parler de la crise de la quarantaine chez les hommes, mais la crise de la trentaine chez les femmes, c’est plutôt tabou. Pourquoi ? Parce que c’est nous qui portons nos enfants et que ce n’est pas politically correct de vivre une certaine rébellion ?

Je suis concrètement dans une période de ma vie que je ne pensais jamais vivre. J’ai trente ans, trois beaux garçons, un conjoint, une maison. J’ai pas mal tout ce que peut espérer une femme dans sa vie. J’ai eu mon premier enfant à vingt-et-un ans. J’étais heureuse, j’avais, selon moi, assez profité des dernières années pour être prête à m’engager dans cette nouvelle vie. Lorsque je regarde mon entourage, je vois que nous ne sommes pas tous au même point dans nos vies et je suis contente de ce que nous avons accompli. On a trimé dur mais on y est arrivé.

Puis là je m’auto-flagelle parce que dans ma tête, tout se bouscule. Je suis en constante remise en question quant à ce que j’ai accompli de bien depuis les dix dernières années. Je m’attarde à tout ce que j’aurais pu faire différemment. Mes études, mes choix de carrière, tout y passe. Est-ce que je retourne sur les bancs d’école à trente ans, entourée de jeunes de dix-huit ans qui sortent faire la fête toutes les fins de semaine ? Est-ce que mon travail me satisfait pleinement pour avoir envie de me lever tous les matins pendant trente ans encore ? Pourtant mes amies ont fait leurs études avant leurs enfants et elles semblent heureuses. Il faut croire qu’à vingt ans, moi, je ne voyais pas ça du même œil.

J’ai l’impression d’être un enfant de quatre ans qui ne sait pas ce qu’elle veut et qui est prête à faire le bacon à la moindre contrariété. L’affaire c’est que quand on est adulte, c’est un peu plus weird de faire le bacon. Il faut s’assumer en tant qu’adulte, parce que oui, à trente ans, on est vraiment des adultes. On n’est plus dans l’ère de la vingtaine où c’est permis d’être plus vulnérable. Je regarde autour de moi, des couples, des femmes ou des hommes célibataires, avec ou sans enfants, puis j’ai la mauvaise manie de me comparer. Pourquoi eux ont la maison à 700 000$ avec deux boulots similaires aux nôtres, de belles autos et ils arrivent même à voyager. Est-ce que j’ai fait quelque chose de pas correct ? Est-ce que je dépense tant que ça dans des trucs plus ou moins nécessaires.?Pourtant ma maison n’est pas si mal, elle nous convient bien et est suffisamment grande. Mais j’envie ce qui se passe ailleurs. Je n’ai jamais été comme ça et je n’aime pas ça. Tout ça c’est dans ma tête et je me dis que je ne dois pas être la seule à vivre ces remises en question. Pourquoi on en parle pas ? Je ne crois pas être une mauvaise fille, mère ou épouse pour autant. Mon cerveau m’envoie juste des petits messages plus étranges qu’à l’habitude.

Puis mon corps lui, celui où mes trois enfants ont habité pendant neuf mois, il n’est pas parfait. Mais ça, ça me dérange moins. J’aimerais par contre avoir la force, la volonté de m’entrainer comme ces mamans qui y arrivent plusieurs jours par semaines. Juste pour me sentir bien. Mon muffin top pourrait certainement être travaillé mais je ne me sens pas moins femme pour autant. À trente ans on est entre deux lignes directrices. Même pour l’habillement. Il ne faut pas s’habiller d’une certaine manière pour ne pas avoir l’aire trop jeune, mais il ne faut pas non plus s’habiller trop en madame parce qu’on a juste trente ans. Helllooo on peux-tu juste être nous-même ?

Malgré le fait que j’ai l’impression de vouloir vivre une seconde jeunesse, j’essaie de me raisonner. Je regarde ma sœur, trente-quatre ans, belle, célibataire, sans enfant. Certains soirs je l’envie pour sa liberté, sa tranquillité d’esprit, ses horaires non-surchargés. Puis, je pose la tête sur mon oreiller et je souris. J’aime mon chaos, pourquoi je voudrais changer ce dont j’ai toujours rêvé ?

Finalement, en ce début de trentaine, je suis probablement là où je devais être.



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