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Ta crise de la trentaine

On connaît tous quelqu’un qui l’a attrapée. La

On connaît tous quelqu’un qui l’a attrapée. La fameuse crise de la trentaine. Un ami m’a raconté les mille et un questionnements qui lui ont rongé l’âme à l’aube de ses trente ans… Quand j’étais enfant, on me ressassait l’histoire de ma tante qui avait passé son trentième anniversaire cachée dans le fond de sa garde-robe de chambre… On connaît tous quelqu’un, de près ou de loin, qui a chopé le fameux virus qui enlève tout bon sens lorsqu’on change de dizaine ! Je pensais bien que ces histoires étaient exagérées… jusqu’à ce que tu aies vingt-neuf ans, dix mois et des poussières…

Tu sembles tout à coup chamboulé de préoccupations, qui se bousculent dans ta tête comme si tu devais absolument te réveiller le jour de tes trente ans dans une vie parfaite et sans embûches. Tu tentes de remettre de l’ordre… ou de foutre le bordel… je ne sais plus trop… Tu te questionnes sur ton emploi. Et si ce n’était pas la bonne branche pour toi? Et si tu n’étais pas heureux là-dedans? Et si tu ne voulais pas y travailler pour les trente prochaines années? Tu adorais ton poste… Puis, du jour au lendemain, tu ne vois que les défis, les journées plates et les mauvais côtés.

Tu te questionnes sur ton couple aussi. Est-ce que tu es avec la bonne personne? Êtes-vous à la même place dans la vie? Avez-vous les mêmes buts, les mêmes rêves, les mêmes aspirations? Est-ce que ce serait vraiment différent avec quelqu’un d’autre? La personne qui t’accompagnait depuis des années, celle qui était ton roc, semble tout à coup tellement changée… Tu lui découvres une nouvelle facette, et tu te demandes encore si tu prends tes jambes à ton cou… ou pas.

Même ta maison, elle n’est plus assez bien pour toi. Trop grande pour rien. Trop petite pour avoir des enfants. Trop de travaux à effectuer. Juste tanné de la déco. Toutes les raisons sont bonnes pour regarder ailleurs. Idem pour la voiture. Tout à coup, tu ressens le besoin de tout changer.

Pis tes amis, eux autres? Y’a tous ceux qui sont devenus des parents, alors que tu n’y comprends rien. Y’a tous ceux qui ont mal viré, et c’est quand même pas là que tu veux aller. Y’a tous ceux que tu voyais tous les jours, mais qui, du coup, te tapent royalement sur les nerfs…

C’est officiel, t’es en crise de la trentaine. Maintenant que c’est dit, je vais te dire que tu as bien des privilèges. T’as le droit de voyager. T’as le droit de te chercher. T’as le droit de te poser des questions. T’as le droit de vouloir être heureux. T’as le droit de vouloir te réveiller rempli de bonheur le matin de tes trente ans. Pis ça approche vite, je le sais, c’est écrit sur mon calendrier.

Mais y’a des limites, t’sais. T’as pas le droit de blesser ceux qui t’entourent. T’as pas le droit de foutre toute ta vie en l’air, d’un coup comme ça. T’as pas le droit de penser que t’es tout seul là-dedans. Pis t’as pas le droit de te lancer dans le vide, sans réfléchir. Parce que si c’est vraiment ça qui te tente, y’a des forfaits pas pires de sauts en parachute. Là, c’est de ta vie qu’il s’agit. Pis je ne voudrais juste pas que tu le regrettes plus tard… Parce que je t’aime.

Si c’est le bonheur que tu cherches, arrête-toi une seconde pour profiter de la vie. Commence donc par voir tous les petits bonheurs dans ton petit chez-toi. Regarde le soleil se coucher de la fenêtre de ta chambre. Savoure un bon petit café. Bouge. Fais du sport. Donne. Donne de ton temps et de ton cœur. Va voir ton monde et prends-les dans tes bras. Y’a tellement de beau déjà dans cette vie… Il suffirait que tu veuilles le voir.

Il y a une vieille légende hindoue qui raconte que la divinité de chaque homme serait cachée en lui-même, puisque c’est le seul endroit où il ne pense jamais à aller chercher… Peut-être que tu as pensé à aller vérifier aux quatre coins de la terre, mais que le simple bonheur se trouve plus près que tu ne le penses…

Je n’ai pas réponse à tout. Je ne le prétends pas non plus. Peut-être que c’est toi qui as compris le sens de la vie. Peut-être aussi que j’ai une petite longueur d’avance. Peut-être que c’est moi qui vais attraper le même virus pour mes trente ans. Peut-être aussi que mon bonheur au quotidien m’a déjà immunisée contre la crise de la trentaine… Il y a cependant une chose que je sais, c’est que peu importe les choix que tu fais et ceux que tu assumeras, je serai toujours là.

Parce que je t’aime.

Pis dans quelques années, je me réserve le droit de te dire : « Je te l’avais bien dit ».

 

 

J’ai trente ans, au secours !

C’est bien beau le terrible two, le fucking four

C’est bien beau le terrible two, le fucking four… mais la crise de la trentaine ELLE ?

Qu’on se le dise, il n’y a pas juste les enfants qui nous en font vivre de toutes les couleurs. J’embarque à deux pieds joints dans la trentaine et je m’aperçois que plusieurs changements opèrent dans mon corps, mais surtout dans ma tête! Je réfléchis beaucoup plus qu’à l’habitude et mes pensées vont beaucoup trop loin. C’est fou comme un simple changement de chiffre peut venir nous chambouler. On entend plus souvent parler de la crise de la quarantaine chez les hommes, mais la crise de la trentaine chez les femmes, c’est plutôt tabou. Pourquoi ? Parce que c’est nous qui portons nos enfants et que ce n’est pas politically correct de vivre une certaine rébellion ?

Je suis concrètement dans une période de ma vie que je ne pensais jamais vivre. J’ai trente ans, trois beaux garçons, un conjoint, une maison. J’ai pas mal tout ce que peut espérer une femme dans sa vie. J’ai eu mon premier enfant à vingt-et-un ans. J’étais heureuse, j’avais, selon moi, assez profité des dernières années pour être prête à m’engager dans cette nouvelle vie. Lorsque je regarde mon entourage, je vois que nous ne sommes pas tous au même point dans nos vies et je suis contente de ce que nous avons accompli. On a trimé dur mais on y est arrivé.

Puis là je m’auto-flagelle parce que dans ma tête, tout se bouscule. Je suis en constante remise en question quant à ce que j’ai accompli de bien depuis les dix dernières années. Je m’attarde à tout ce que j’aurais pu faire différemment. Mes études, mes choix de carrière, tout y passe. Est-ce que je retourne sur les bancs d’école à trente ans, entourée de jeunes de dix-huit ans qui sortent faire la fête toutes les fins de semaine ? Est-ce que mon travail me satisfait pleinement pour avoir envie de me lever tous les matins pendant trente ans encore ? Pourtant mes amies ont fait leurs études avant leurs enfants et elles semblent heureuses. Il faut croire qu’à vingt ans, moi, je ne voyais pas ça du même œil.

J’ai l’impression d’être un enfant de quatre ans qui ne sait pas ce qu’elle veut et qui est prête à faire le bacon à la moindre contrariété. L’affaire c’est que quand on est adulte, c’est un peu plus weird de faire le bacon. Il faut s’assumer en tant qu’adulte, parce que oui, à trente ans, on est vraiment des adultes. On n’est plus dans l’ère de la vingtaine où c’est permis d’être plus vulnérable. Je regarde autour de moi, des couples, des femmes ou des hommes célibataires, avec ou sans enfants, puis j’ai la mauvaise manie de me comparer. Pourquoi eux ont la maison à 700 000$ avec deux boulots similaires aux nôtres, de belles autos et ils arrivent même à voyager. Est-ce que j’ai fait quelque chose de pas correct ? Est-ce que je dépense tant que ça dans des trucs plus ou moins nécessaires.?Pourtant ma maison n’est pas si mal, elle nous convient bien et est suffisamment grande. Mais j’envie ce qui se passe ailleurs. Je n’ai jamais été comme ça et je n’aime pas ça. Tout ça c’est dans ma tête et je me dis que je ne dois pas être la seule à vivre ces remises en question. Pourquoi on en parle pas ? Je ne crois pas être une mauvaise fille, mère ou épouse pour autant. Mon cerveau m’envoie juste des petits messages plus étranges qu’à l’habitude.

Puis mon corps lui, celui où mes trois enfants ont habité pendant neuf mois, il n’est pas parfait. Mais ça, ça me dérange moins. J’aimerais par contre avoir la force, la volonté de m’entrainer comme ces mamans qui y arrivent plusieurs jours par semaines. Juste pour me sentir bien. Mon muffin top pourrait certainement être travaillé mais je ne me sens pas moins femme pour autant. À trente ans on est entre deux lignes directrices. Même pour l’habillement. Il ne faut pas s’habiller d’une certaine manière pour ne pas avoir l’aire trop jeune, mais il ne faut pas non plus s’habiller trop en madame parce qu’on a juste trente ans. Helllooo on peux-tu juste être nous-même ?

Malgré le fait que j’ai l’impression de vouloir vivre une seconde jeunesse, j’essaie de me raisonner. Je regarde ma sœur, trente-quatre ans, belle, célibataire, sans enfant. Certains soirs je l’envie pour sa liberté, sa tranquillité d’esprit, ses horaires non-surchargés. Puis, je pose la tête sur mon oreiller et je souris. J’aime mon chaos, pourquoi je voudrais changer ce dont j’ai toujours rêvé ?

Finalement, en ce début de trentaine, je suis probablement là où je devais être.