Le jour où on s’est dit aurevoir

Ça fait déjà trois semaines que tu es à l’hôpital, que tu n’as pas vu tes deux trésors… Nous sommes mercredi matin et aujourd’hui ce sera congé de maternelle et de garderie car ils font de la fièvre tous les deux. Je devrai aussi laisser tomber ma visite quotidienne à l’hôpital.

Rendez-vous chez le pédiatre en fin d’avant-midi. Scarlatine… Les deux. Deux cocos malades, un papa à l’hôpital…

* * *

Tu téléphones vers seize heures. Un appel qui changera notre vie à tout jamais…

Deux choix s’offrent à toi: les soins palliatifs, ou le coeur artificiel. On en a pourtant déjà discuté. Le coeur artificiel n’est pas une option pour toi. Pas après avoir vu ton père se battre pour sa vie et exister avec un coeur artificiel. Tu me demandes mon avis. Ma réponse est simple ; quel que soit ton choix, je t’accompagnerai dans ce combat. Je tiendrai ta main aussi longtemps qu’il le faudra. Je serai là.

Mais eux, ces deux petits anges de 4 et 6 ans qui n’ont pas vu leur papa depuis trois semaines ? Non, aucune visite possible ; ils sont contagieux. Et ta décision est prise. Tu entreras en salle d’opération vendredi matin pour te faire implanter des ventricules qui aideront ton coeur à régénérer tes organes internes pour ensuite penser à une greffe de coeur.

On se dit tout, on se promet tout. Tu dis Adieu aux enfants via Skype. Pas de dernière caresse, pas de dernier bisou…

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Après une longue opération de près de 14 heures, dix-sept jours aux soins intensifs avec quelques hauts mais surtout de très bas, il n’y avait plus rien à faire. Tu nous as quittés en héros. Pas ceux que ton fils aime tant, non, son propre héro à lui. Ce héros qui, depuis sa naissance, se bat contre la science. Ton repos est bien mérité, tu étais fatigué. Tu me le disais souvent : « Je suis fatigué de me battre. Je n’ai pas peur de mourir, j’ai peur de vous laisser… »

Et maintenant, je suis là avec ces deux petits êtres. Ces deux enfants merveilleux qui illuminent mes journées et qui me rappellent à quel point tu les aimais, tu les aimes encore… Mais comment expliquer aux enfants que papa se repose pour toujours? Quels mots employer?

Au salon funéraire, une photo de papa, un pot et des fleurs. « Mais il est où, papa? » On répond quoi? Et à l’église, « pourquoi les gens pleurent?  C’est qui tout ces gens? » La famille, des collègues de travail, des amis, des connaissances… Et maintenant on fait quoi???

Après le choc de la perte, il faut se relever les manches et réorganiser nos vies. La vie d’aujourd’hui est déjà compliquée à deux avec le travail, les enfants, l’école, la garderie, les cours. Il faut tout replanifier en s’assurant qu’il n’y aura pas trop de changements pour ces deux petits coeurs qui ne comprennent rien à tout ce qui arrive. On a de l’aide de notre famille, de nos amis.  Mais la vie continue… Pour tout le monde.



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