Le sommeil du nourrisson

Ah! Le sommeil! Je me souviens que quand j’étais enceinte, plusieurs personnes m’ont dit : « Profites-en, bientôt, tu ne dormiras plus! » Mon mari et moi, on les trouvait tellement déprimants. Nous étions si heureux d’être parents qu’on ne comprenait pas trop ces plaintes. Maintenant, avec le recul, je comprends que ces parents nous parlaient de leur propre souffrance. Leur commentaire déguisé en conseil cachait toute la détresse d’un humain en manque de sommeil : le doute, la culpabilité, la fatigue, l’impatience et l’impression de ne pas être un bon parent.

 

Il en fait couler de l’encre, ce sujet. Controverse, débats, opinions tranchées : cela devient difficile de se faire une tête sur le sujet. Personnellement, l’idée de laisser mon bébé pleurer pour lui apprendre comment dormir seul n’avait pas de sens avec le reste de mes valeurs éducatives. J’avais plutôt l’impression qu’il avait tout en lui pour y arriver à son rythme et que mon travail de parent était de l’accompagner doucement, comme dans tous ses apprentissages.

 

J’ai eu de la difficulté à trouver de l’information sur les méthodes alternatives au dressage du sommeil. C’est avec les super mamans entrepreneurs de chez Bebomia que j’ai trouvé (www.bebomia.com). J’ai débuté une certification comme éducatrice en sommeil du nourrisson. Avec leur permission, je vous partagerai au cours des prochains mois les informations sur le sommeil du nourrisson que j’y aie apprises. Ce sont des faits appuyés scientifiquement, n’en demeure pas moins que ce n’est peut-être pas cohérent avec vos valeurs et c’est bien correct aussi. Le but n’est pas d’endoctriner, mais plutôt de partager.

 

 

Quelques faits sur le sommeil du nourrisson

 

1— Les enfants ont besoin d’être accompagnés pour dormir

 

Les bébés ont tout en eux pour dormir, c’est un besoin primaire. Par contre, ils ont également besoin d’établir une certaine routine pour se calmer et s’endormir. Plusieurs actions concrètes peuvent être posées pour accompagner bébé : un bon bain chaud, une berceuse, des lumières tamisées, peu de bruits dans la maison. Même si le bébé a tout en lui pour dormir, il est certain que le contexte y est pour beaucoup et ce sont les parents qui peuvent établir un environnement propice au sommeil. Ensuite, selon le tempérament du bébé, l’accompagnement peut prendre diverses formes. La plupart des bébés ont besoin de beaucoup de proximité, mais certains s’endorment mieux seuls. Il est aussi important de garder en tête que certains bébés peuvent avoir un sommeil très variable, et ce, peu importe la constance de la routine.

 

2— Les cycles de sommeil d’un nourrisson sont différents de ceux de l’adulte

 

Comme adulte, nous avons également des périodes d’éveil plus ou moins courtes à travers la nuit. Certains se lèvent pour aller aux toilettes, d’autres changent de position, puis le sommeil revient. Les cycles suivent le même principe pour le bébé, mais ils sont vraiment plus courts et le bébé ne sait pas encore nécessairement que la nuit n’est pas terminée. Son sommeil est également beaucoup moins profond. Il s’agit d’une adaptation du cerveau lui permettant de consolider toute l’information acquise durant la journée. Le bébé à beaucoup plus d’apprentissages à consolider qu’un adulte. Son cerveau et son sommeil sont donc adaptés en conséquence. D’ailleurs, certains bébés sont plus affectés que d’autres en période de consolidation des acquis. Il est possible, par exemple, qu’un enfant se réveille plus la semaine précédant un apprentissage important comme se rouler sur le ventre.

 

3— Les bébés se réveillent pour de bonnes raisons

 

« J’ai froid, j’ai faim, j’ai besoin d’un câlin, je me sens seul ». Voilà ce qu’aurait peut-être envie de vous dire votre bébé s’il savait parler. En fait, les bébés ont très peu de contrôle sur la satisfaction de leurs besoins en début de vie. Il y a une dépendance totale envers les parents, une fusion saine leur permettant peu à peu d’acquérir un sentiment profond de sécurité. Sur le plan développemental, un nourrisson ne sait pas qu’il est une personne à part entière et n’a aucune notion du temps. C’est en répondant à ses besoins avec constance, de jour et de nuit, qu’il développera son autonomie.

 

En fait, nous savons maintenant que tous les besoins des bébés sont équivalents, c’est-à-dire que son besoin d’être nourri est aussi important que son besoin de se sentir en sécurité ou d’être stimulé, par exemple. Alors, même si bébé a l’air de se réveiller pour rien (pas soif, pas de couche à changer, etc.), il y a une bonne raison sous ce réveil.

 

4— Les bébés ont différents types de personnalité du sommeil

 

Certains bébés s’endorment seuls, d’autres préfèrent le sein ou le biberon. Certains ne s’endormiront pas s’ils ne sont pas bien collés sur un corps tout chaud. Certain s’endorment de plein de manières différentes dans pleins de contextes différents et tolèrent bien les changements de routine, pour d’autres, c’est l’enfer. Vaut mieux s’adapter à la personnalité de bébé plutôt que de tenter d’imposer une méthode uniforme pour tous. Apprenez à connaître votre nourrisson et à trouver une manière de l’accompagner qui fonctionne pour toute la famille.

 

5— Le sommeil n’est pas linéaire

 

Un bébé qui fait ses nuits rapidement peut cesser de les faire aussi rapidement, et l’inverse est aussi vrai. Quand nous sommes fatigués, il est facile d’essayer de trouver des raisons : c’est parce qu’elle perd sa suce, il a froid, etc. Peut-être que oui, mais peut-être que non aussi. En fait, plusieurs facteurs influencent le sommeil et, bien qu’il existe un sens à tout cela, peut-être ne le comprendrons-nous jamais. Encore une fois, ajuster ses attentes à la réalité est une bonne façon de ne pas être trop déçu.

 

En terminant, le sommeil provoque également beaucoup de commentaires de l’entourage : tu le gâtes trop, c’est parce que tu l’allaites, il va être dépendant de toi si tu le laisses dormir sur toi, etc. J’aimerais vous dire ceci : si vous avez envie de porter vos enfants, faites‑le; si vous avez envie de dormir avec eux, faites‑le (de manière sécuritaire, on s’entend); si vous avez besoin d’air et que vous voulez faire faire les siestes en auto ou en poussette, allez-y. Écoutez-vous et écoutez votre bébé, vous en êtes l’expert, vous seuls savez ce qui fonctionne le mieux pour votre famille. Trop gâter un nourrisson, ça n’existe pas et puis de toute façon, que vous allaitiez ou non, que bébé ait une suce ou non ou peu importe le contexte, en devenant parent, il y a de bonnes chances que la qualité de votre sommeil diminue pendant un temps, alors aussi bien passer à travers cette phase avec douceur et amour, et ce, autant envers vous qu’envers bébé.

 

Roxane Larocque



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