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La prématurité, rien ne nous y prépare – Texte : Annick Gosselin

Une grossesse est un événement heureux. Rapidement à son annonce,

Une grossesse est un événement heureux. Rapidement à son annonce, on se met à imaginer le sexe du bébé, les prénoms, la décoration de la chambre, les premiers petits vêtements. On se met à lire tous les livres sur le déroulement de la grossesse, l’accouchement et l’allaitement. On suit des cours prénataux, on prépare un plan de naissance et on rédige une liste de ce qu’on veut apporter à l’hôpital. Bref, dans notre tête, on a un plan A : on accouche, on a un beau bébé à cajoler et on revient à la maison avec notre bébé au bout de deux jours.

Mais qui nous parle des plans B-C-D? Qui nous prépare mentalement à affronter une naissance prématurée et tout ce qui vient avec? Personne! La dure et cruelle réalité te frappe de plein fouet quand tu as les hormones « dans le piton ». 

Personne ne te parle de la césarienne d’urgence, du fait que tu ne pourras ni voir ni toucher ton bébé quand il sortira de ton ventre, que tu seras inquiète de son état plusieurs heures, car les médecins sont rapidement partis avec ton petit trésor, que ton conjoint l’a suivi et que tu restes seule avec la peur au ventre.

Ton ventre, il est maintenant vide et tu as la sensation de t’être fait voler ton bébé. Tu pleures, tu ne comprends pas pourquoi ça t’arrive. Tu te sens coupable, tu te demandes ce que tu as fait de mal pour que ton enfant naisse prématurément. Et tu n’as aucune réponse. 

On te dit rapidement que tu dois tirer ton lait, car ça aidera ton bébé. Mais tu n’as pas envie ; ce que tu voulais, c’était allaiter et surtout avoir le contact si doux avec ton bébé. Tout ton beau plan ne s’est pas réalisé, il te reste seulement des miettes d’inquiétude et de déception. 

Les heures passent et tu ne peux pas prendre ton bébé. Tu le vois, si petit et si fragile dans son incubateur, il est si loin, inaccessible. Tu voudrais le protéger, le tenir contre toi, mais c’est impossible. On essaie de te rassurer, mais ça non plus, ça ne fonctionne pas. 

Tes valises n’étaient pas prêtes, ton bébé n’a pas de vêtements et le peu que tu as sera clairement trop grand. C’est impossible pour toi de gérer cela, tu dois déléguer cette tâche, et encore une fois, ça te brise le cœur, car tu avais envie de magasiner toi-même les premiers vêtements de ton bébé. 

Et vient le temps où tu dois quitter l’hôpital, seule, le ventre et les bras vides. Tu as l’impression que ton cœur a été arraché. Tes prochains jours, semaines et même mois seront les mêmes : faire des allers-retours entre l’hôpital et la maison. Doucement tu te fais à cette routine, mais tu es comme figée dans tes émotions, tu ne réussis qu’à faire ce que tu dois faire, car tu dois le faire. 

Quand enfin vient la première fois où tu peux prendre ton bébé, tu ne peux que pleurer de joie. Ce moment tant espéré et imaginé pendant tes nuits sans lui. Tu voudrais le garder dans tes bras et t’enfuir avec lui à la maison, mais non. Pour son bien, il ne faut pas le prendre trop longtemps, il ne lui faut pas trop de changements à la fois. Donc tu retournes, soir après soir, chez toi avec ce grand vide. Tu te réveilles la nuit en pensant à ton bébé, tu appelles à l’hôpital pour savoir comment il se porte. Le lendemain matin tu cours le voir, il n’y a plus rien qui compte sauf de voir ton bébé aussi souvent que possible. 

Quand enfin on te dit que ton petit trésor peut sortir, étonnamment, c’est très déstabilisant. À la maison, on n’a plus les machines qui sonnent s’il arrête de respirer ou qu’il désature. Finalement, l’hôpital avait quelque chose de rassurant. 

Il faudra maintenant apprendre à vivre avec cette insécurité. Certes, la joie d’avoir enfin ton bébé avec toi en tout temps te remplira de bonheur. Mais tu n’auras pas la légèreté des premiers moments que tu aurais eus avec ton bébé s’il était né à terme. Tu resteras, probablement toute ta vie, avec une certaine amertume de t’être fait voler ton instant qui se devait d’être magique, celui de la naissance de ton enfant. 

Il se peut aussi que ça te prenne plusieurs mois à digérer tout cela. Il est possible que psychologiquement, tu aies besoin d’aide, car avoir un bébé prématuré, ça rime souvent avec un post-partum. Si cela arrive, il ne faut pas te sentir coupable, c’est juste plus que ce que n’importe qui peut tolérer comme douleur psychologique. Assure-toi d’être bien entourée et d’aller te chercher de l’aide. 

Je le répète, personne ne te prépare à vivre cela. Est-ce qu’on devrait davantage parler de cette possibilité dans les livres de grossesse et les rencontres avec les gynécologues? Je pense que oui. Il ne faut pas être alarmiste, mais cela arrive relativement souvent et ce serait bien que les mères puissent se préparer à cette éventualité psychologiquement. Savoir qu’elles peuvent avoir du soutien et que tout finira par bien aller. Tu finiras par aller mieux et ton bébé grandira en santé. 

Mais en attendant, vivre la prématurité sans y être préparée, c’est juste trop. Trop gros et trop difficile. 

 

Annick Gosselin

La vérité, je suis enceinte. Texte : Arianne Bouchard

Dans mon premier article, je vous avais parlé de problèmes de fert

Dans mon premier article, je vous avais parlé de problèmes de fertilités et de mon désir de devenir maman, alors je trouvais logique de vous écrire un nouvel article pour vous dire que le génie des vœux avait enfin exaucé mon souhait le plus cher. Je vais être maman.

J’ai attendu ce moment tellement longtemps que j’ai l’impression qu’une partie de moi n’y croit pas encore. J’en ai rêvé tant de fois, que j’ai l’impression de carrément vivre dans le plus long et le plus réaliste des rêves. Si c’est réellement un rêve, je vous en prie, génie des vœux, ne me réveillez pas!

Là c’est le moment où vous remarquez que je suis un peu dingue et que je parle à un génie. Oui. Je ne crois pas en une instance supérieure, mais comme vous avez appris à me connaître au fil de mes articles, je suis très ancrée dans l’imaginaire. Ne vous inquiétez pas, je le réitère, je ne souffre pas de maladie mentale; simplement, j’aime ça. Bien sûr, je sais que les licornes, les fées, les génies n’existent pas, mais voyez-vous, ça m’amuse de rajouter un peu de magie dans ce monde si fade et triste. Jugez-moi si ça vous chante, ce n’est pas plus ridicule que de s’adresser à un seigneur, Dieu ou grand manitou créateur. Fin de la parenthèse.

J’aimerais vous dire quel a été mon truc miracle pour enfin tomber enceinte, mais je pense juste que c’était tout simplement le bon moment. Nous n’avons pas eu recours à des traitements de fertilité et nous n’avions pas, à notre connaissance, de problèmes réels de fertilité. C’était juste long. 

Et long, c’est relatif. Quand tu souhaites réellement avoir un enfant, pis que ça ne marche pas, chaque jour qui passe semble durer une éternité. En réalité, ça aura pris un an. Alors pour toutes ces femmes pour qui ça prend des années, des années et ben des traitements, je n’aurai pas l’audace de qualifier ça de long, finalement. Mesdames, mes pensées vous accompagnent. Je n’ai vécu qu’une infime partie de votre parcours et mon dieu, j’étais désespérée… Je ne peux imaginer ce que vous endurez au quotidien. Je vous envoie un torrent d’amour !

J’ai beau avoir anticipé ce moment toute ma vie, je n’étais pas préparée au fait que de simples petites barres sur un bout de plastique me rendraient si heureuse. Et même si les nausées éternelles (oui éternelles ! Les nausées matinales : UN MENSONGE!) me rendent la vie impossible, que toutes les odeurs m’écœurent et que m’alimenter, c’est toute une histoire, je suis aux anges. Qui aurait cru que vomir, dormir et engraisser me rendrait si heureuse ? 

Il n’est peut-être encore qu’une petite crevette, mais je l’aime déjà gros comme l’infini et plus loin encore, mon petit abricot.

 

Arianne Bouchard

 

Quand Bébé disparu fait partie de la famille… (Texte : Valérie Marcoux)

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Zachary fait partie de nos vies. Nous en parlons tous les jours à la maison. J’évoque ma grossesse avec mes proches, je ne veux pas de malaises. Nous sommes fiers de dire que nous avons 3 garçons. Pour nous, il a fait partie de notre vie pendant 37 semaines.

Pour certains qui m’ont peu vue enceinte (merci COVID…) et parce qu’ils n’ont pas connu Zachary, c’est moins concret… ils réalisent moins qu’il a pourtant existé…

Pour d’autres, Zachary fait partie de la famille au même titre que Samuel et Jérémy. Quand ma tante nous a proposé de faire des cabanes d’oiseaux pour chaque petit enfant au chalet, c’était évident pour elle qu’on allait en faire une à Zachary. Ça allait de soi.

Vous dire le bien que ça m’a fait. Je n’ai pas eu besoin de le lui faire penser. Ça ne venait pas de moi. Quelqu’un d’autre l’incluait dans la famille, dans ma famille. Quelqu’un d’autre reconnaissait que je n’avais pas deux, mais bien trois enfants. Sans malaise, pas juste pour me faire plaisir. Parce que c’est comme ça. Point.

Ce fut une activité merveilleuse ! Tabliers, pinceaux, peintures, cabanes en bois… Les enfants étaient heureux et moi aussi ! J’ai peinturé la cabane de Zachary avec les couleurs qui me font penser à lui… Les garçons m’ont aidée. Nous avons écrit son nom. Nous avons parlé de lui. Nous avons ri, jasé. C’était simple, c’était parfait !

Aux proches de par’anges, n’oubliez pas d’inclure le bébé absent lorsque c’est possible. Ce ne sera pas nécessairement triste ou malaisant… Au contraire, ce sera seulement une belle preuve d’amour et de soutien.

Valérie Marcoux

 

Le gras de bébé — Texte : Stéphanie Dumas

Un petit message à vous qui commentez le poids de mon bébé qui n’a même pas encore 2 ans. À

Un petit message à vous qui commentez le poids de mon bébé qui n’a même pas encore 2 ans. À vous qui le faites à voix haute devant lui en lui tripotant le ventre ou les bras.

Nous avons régulièrement droit en tant que parents à des phrases comme « Il est bien nourri cet enfant ! » ou encore « Il est bien dodu » et même « Il n’est pas mince avec son petit gras ». Ces remarques sont énoncées devant lui qui comprend très bien le sens de vos paroles. Mon enfant comprend ce que vous dites même si vous ne vous adressez pas directement à lui. Cela pourrait faire en sorte qu’il développe une image de lui-même et des normes sociales.

Pour vous, ces paroles semblent anodines comme s’il était normal de dire devant lui qu’il est gras alors que cela ne se fait pas devant les adultes et les enfants plus vieux.

De plus, vous le touchez sans retenue afin de témoigner du sens de vos paroles alors qu’il ne vous connaît même pas ! Ces « petites » remarques sont parfois désagréables et n’ont pas lieu d’être face à l’enfant.

Bien sûr, vous tentez d’adoucir vos paroles en ajoutant qu’il s’agit de gras de bébé et qu’il va le perdre avec les années et que le gras de bébé est mignon. Malheureusement, cette technique ne fonctionne pas vraiment.

Évidemment, rien ne vous empêche de le penser, mais vous pouvez pour retenir de les verbaliser ouvertement.

 

Stéphanie Dumas

 

La tendresse de l’allaitement — Texte : Jessica Archambault

Avertissement : L’allaitement est un sujet qui fait réagir. Je suis tout à fait consciente

Avertissement : L’allaitement est un sujet qui fait réagir. Je suis tout à fait consciente que ce n’est pas facile pour toutes. Bien que je prône l’allaitement, je considérerai toujours la santé mentale de la mère comme primordiale et à ne pas négliger dans les différents choix à faire dans sa maternité. Ce texte touche mon expérience bien personnelle.

Pour moi, l’allaitement est simplement naturel. Ce sont des moments précieux et doux avec mes enfants. Au-delà de les nourrir, c’est un puissant réconfort. J’ai l’impression d’être la maison de mon bébé. C’est drôlement dit, mais c’est vraiment le sentiment que j’ai. Lorsque mon bébé boit au sein, comme ses frères avant lui, je le sens apaisé, calme, serein. Je le sens en confiance et complètement abandonné. Il fait le plein de lait, mais aussi d’amour et de tendresse.

J’ai l’immense chance que ce soit facile pour moi. À mes deuxième et troisième bébés, j’ai pu faire des dons de lait à Héma-Québec pour aider de jeunes prématurés nés avant 32 semaines de grossesse. Les bienfaits sont nombreux et je suis heureuse d’avoir pu y contribuer. Je le nomme ici parce que ce n’est pas encore très connu. Je me dis que si ça peut donner envie à quelques mamans de faire de même, ça vaut le coup !

Même si je suis chanceuse dans mon expérience d’allaitement, ça reste un important don de soi. C’est exigeant, notre corps produit tout ce qu’il faut pour nourrir un autre être humain, ce n’est pas rien ! C’est donc aussi de nombreuses heures éveillées, parfois dans de drôles de positions, avoir faim et soif, gérer des canaux lactifères bloqués, peut-être même une mastite. Comme me disait Maïka, « on devrait chaque jour se dire qu’on est hot ! »

En sortie en famille au Centre des sciences, j’ai croisé une maman assise par terre dans un coin, allaitant son bébé. J’ai eu un sentiment de déjà-vu et le sourire que je lui ai fait valait un gros high-five !

Malgré les défis, je suis émotive à l’idée qu’un jour, ce sera terminé définitivement. Pour la première fois de ma vie de maman, je ne sais pas si mon bébé sera le dernier. Je n’ai toujours pas envie d’arrêter le dernier allaitement, ce boire avant le dodo où on s’arrête et se pose, bébé et moi. Peu importe l’intensité de la journée, nous partageons ce moment de douceur et de calme, seulement nous deux. Je crois que je l’apprécie autant que lui. Je m’ancre dans le présent, je savoure la douceur de mon bébé, je suis aussi apaisée.

Que ce soit la fin qui s’annonce bientôt ou que je vive une quatrième aventure d’allaitement, je sens que je vivrai un petit deuil lorsque ce sera terminé, car rien, pour moi, n’est comparable à ces instants de douceur.

Jessica Archambault

Premier anniverciel (Texte : Valérie Marcoux)

1 an depuis ta naissance en silence. 12 mois depuis qu’on t’a bercé, cajolé en essayant de

1 an depuis ta naissance en silence.

12 mois depuis qu’on t’a bercé, cajolé en essayant de te transmettre tout notre amour en trop peu de temps.

52 semaines depuis qu’on t’a emmailloté dans ta doudou et qu’on t’a mis ton joli chapeau. Qu’on a caressé tes cheveux et tes petites joues.

365 jours à penser à toi, à t’imaginer, à parler de toi et à t’aimer.

8 760 heures depuis qu’on t’a admiré et qu’on a emmagasiné le plus de souvenirs de toi…

525 600 minutes qu’on a prises une à la fois, puis 5 minutes à la fois, puis 1 heure, 1 jour et 1 semaine à la fois…

31 536 000 secondes d’émotions. Des émotions vives, parfois mélangées ou contradictoires, des émotions négatives, mais plus souvent positives malgré tout.

525 600 minutes où nous semblons forts, semble-t-il, alors que nous faisons seulement notre possible.

8 760 heures où ton papa et moi sommes plus que tout là l’un pour l’autre, où nous nous soutenons dans l’humour et dans l’amour.

365 jours à profiter pleinement de tes grands frères, à réaliser que notre noyau familial est plus soudé que jamais.

52 semaines de hauts et de bas. De chemins tranquilles et de grosses montagnes, à monter, tomber et se relever. ..

12 mois où nous te portons en nous au fil des saisons, où nous avons changé, où nous avons grandi.

1 an d’amour pour toi.

Bon anniverciel Zachary

Valérie Marcoux

C’est correct!!! Texte : Valérie Marcoux

Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de vivre un deuil périnatal. Il n'y a pas de mode d'

Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de vivre un deuil périnatal. Il n’y a pas de mode d’emploi, de techniques super efficaces ni de thérapies miracles.

 

Il n’y a que des humains qui font de leur mieux pour passer à travers les plus grosses tempêtes de leur vie.

 

Donc, aujourd’hui, j’ai envie de te dire : C’EST CORRECT!!!

 

T’as besoin de garder la chambre de ton bébé intacte, c’est correct.

T’as besoin de défaire la bassinette et remettre la pièce comme elle était avant, c’est correct aussi.

 

T’as besoin de te changer les idées, c’est correct.

T’as besoin de parler de lui, c’est correct aussi.

 

T’as besoin de dormir le nez dans sa doudou ou son toutou, c’est correct.

T’as besoin de dormir avec une photo sur ta table de chevet, c’est correct aussi.

 

T’as besoin de lui faire une place dans ta maison, c’est correct.

T’as besoin de ranger ses souvenirs dans une jolie boîte, c’est correct aussi.

 

T’as besoin d’écouter des chansons tristes et de pleurer, c’est correct.

T’as besoin de mettre les tounes de ton adolescence et de danser, c’est correct aussi.

 

T’as besoin de sortir dehors, de prendre l’air, c’est correct.

T’as besoin d’écouter un film emmitouflée dans ton lit, c’est correct aussi.

 

T’as besoin d’afficher ses photos, de montrer ton ange à tous ceux qui passent chez toi, c’est correct.

T’as besoin de garder ses douces images pour toi et quelques proches, c’est correct aussi.

 

T’as besoin de lire sur le deuil, de comprendre ce processus complexe, c’est correct.

T’as besoin de te laisser porter par tes sentiments, c’est correct.

 

T’as besoin de lire d’autres témoignages, de voir que tu n’es pas seule, c’est correct.

T’as besoin d’écouter des vidéos drôles en essayant de ne penser à rien, c’est correct aussi.

 

T’as besoin de consulter un professionnel, c’est correct.

T’as besoin de cheminer seule un petit bout, c’est correct aussi.

 

Peu importe ce dont tu as besoin, écoute-toi, c’est correct. Par contre, si quelque chose dont tu croyais avoir besoin ne te fait pas de bien, change-le.

 

Valérie Marcoux

Mes étoiles de mère par S.M. ⭐

 

Toi qui veux câliner mon bébé — Texte : Stéphanie Dumas

À toi, la personne que je ne connais pas et qui me demande de câliner mon bébé. Je ne te connais

À toi, la personne que je ne connais pas et qui me demande de câliner mon bébé. Je ne te connais pas, je ne connais même pas ton nom et tu ne connais pas le mien ni celui de mon enfant. Nous nous sommes simplement croisés à la bibliothèque ou dans un café. Tu as croisé mon regard et tu as ensuite regardé mon enfant.

Oui, j’ai vu tes yeux briller et le sourire apparaître sur ton visage. Je comprends que les bébés sont attirants et mignons. Tu as tendu les bras en invitant mon enfant à venir te voir. Sache que je n’ai rien contre cet amour pour les enfants. Toutefois, j’enseigne à mon enfant à ne pas aller vers les inconnus. Ce n’est pas de mauvaise foi, je tente seulement de m’assurer qu’il sera en sécurité et ne s’exposera pas au danger. Tu veux peut-être simplement le prendre dans tes bras pour le dorloter, mais ce ne serait peut-être pas l’intention de tous. Malheureusement, il y a des personnes mal intentionnées qui vivent dans ce monde avec nous.

Crois-moi, je ne suis pas heureuse de te refuser ce privilège. Malgré tout, je ne peux te laisser câliner et prendre mon enfant simplement parce que tu le désires. Ne va pas penser que mon enfant sera sauvage pour autant. Il ne manque pas d’amour non plus. Il est bercé, câliné et dorloté par toutes les personnes qui constituent notre cercle familial en plus de nos amis.

Je suis sincèrement désolée de t’avoir blessé et d’être partie en emmenant mon enfant que tu voulais tellement câliner pour profiter d’un petit moment de bonheur.

Stéphanie Dumas

 

 

Le jour où j’ai ouvert la toile… Texte : Valérie Marcoux

Cette semaine, j’ai ouvert la toile de ta chambre, celle qui gardait ta chambre sombre, comme mon

Cette semaine, j’ai ouvert la toile de ta chambre, celle qui gardait ta chambre sombre, comme mon intérieur. Celle qui faisait en sorte que nous devions allumer le plafonnier… toujours.

Cette toile elle est habituellement fermée. Elle permettait à tes deux grands frères de dormir à tout moment lorsqu’ils étaient bébés, pour nous permettre de diminuer la luminosité si nous voulions les endormir en plein jour.

Cette fois, elle est restée fermée même si tu n’étais pas dans ton lit, parce que c’était des jours sombres pour nous ; parce que j’étais triste et en colère ; parce que je ne voyais pas pourquoi une chambre qui ne t’entendrait jamais gazouiller pourrait être lumineuse…

Puis, cette semaine, j’ai ouvert la toile. J’ai laissé entrer la lumière naturelle. Et j’ai trouvé ta chambre plus belle ainsi.

Tranquillement, j’ai déplacé des objets, empilé tes souvenirs trop peu nombreux et rangé quelques trucs que tu n’utiliserais jamais, comme ta coquille et le petit coulou que ta grand-maman t’avait réparé.

Aujourd’hui, j’ai défait ton lit. J’ai enlevé le coussin décoratif qui commençait à s’empoussiérer, j’ai détaché le contour de lit que ta mamie avait pris soin de bien installer. J’ai retiré le drap qui ne te réchauffera jamais.

J’ai pleuré, je t’ai parlé. Mais je l’ai fait dans une chambre lumineuse, ensoleillée, parce que tout est plus beau quand on y laisse entrer la lumière, même une chambre vide…

Texte composé en mai 2021, quatre mois après le décès in utero de notre Zachary, à 37 semaines de grossesse.

Valérie Marcoux

Deux mois sans toi, petit ange acrobate – Texte : Valérie Marcoux

12 mars 2021 Aujourd’hui, ça fait deux mois. Deux mois qu’ils m’ont endormie. Pour que mo

12 mars 2021

Aujourd’hui, ça fait deux mois.
Deux mois qu’ils m’ont endormie. Pour que mon cœur souffre moins, pour que je n’ajoute pas un traumatisme de plus à ceux d’avoir porté la mort et d’avoir appris, seule avec l’équipe médicale, que ton petit cœur ne battait plus, la veille. Parce que j’étais quand même « chanceuse » dans les circonstances de devoir avoir une césarienne et de pouvoir être endormie.

Ça fait deux mois.
Deux mois que tu es né sans bruit, sans cris. Dans cette salle d’opération blanche et froide, entourée d’humaines extraordinaires, toutes des femmes, dont plusieurs mamans, qui ont dû t’accoucher les larmes aux yeux et les sanglots dans la voix.

Ça fait deux mois.
Deux mois qu’ils ont apporté dans la chambre d’hôpital ton petit corps tout formé, tout propre avec un petit chapeau tricoté et une doudou d’hôpital.

Ça fait deux mois.
Deux mois que ton papa t’a pris pour te déposer sur moi. Tu semblais dormir, simplement. Deux mois que notre première réaction, lorsqu’on t’a vu, a été de dire que tu ressemblais tellement à tes frères !

Ça fait deux mois.
Deux mois que j’ai demandé à ce qu’on t’emmaillote dans ta doudou, celle que j’avais choisie juste pour toi, et qu’on change ton bonnet pour celui que j’avais apporté. Deux mois que j’ai caressé ta joue, embrassé ton front, que je t’ai collé contre mon cœur.

Ça fait deux mois.
Deux mois que j’ai passé de longues minutes à observer ton beau visage, essayant de m’imprégner de toi. Deux mois que j’ai dormi avec toi dans les bras.

Ça fait deux mois.
Deux mois que j’ai pris ta main dans la mienne pour voir tes longs doigts, que je t’ai déshabillé pour voir tes grands pieds. Deux mois que l’infirmière m’a montré le nœud dans ton cordon, celui qui a causé ton décès. Tu as dû en faire des acrobaties pour réussir à faire un nœud franc, voilà pourquoi nous t’appelons notre ange acrobate.

Ça fait deux mois.
Deux mois que je t’ai serré fort, que je t’ai parlé, que je t’ai fait sourire avec mes doigts. Deux mois où j’ai essayé, du mieux que je pouvais, de te donner une vie d’amour en quelques heures.

Ça fait deux mois.
Deux mois que je t’ai laissé aller, pleurant en silence. Deux mois que je me sens si vide…
Je t’aime mon ange acrobate !

Valérie Marcoux

Ta grossesse ectopique — Texte : Stéphanie Dumas

Lorsque tu as vu le Yes+ sur le test de grossesse, ton cœur a gonflé d’amour. Déjà tu sentais

Lorsque tu as vu le Yes+ sur le test de grossesse, ton cœur a gonflé d’amour. Déjà tu sentais la présence de ce petit être qui allait grandir en toi. Toutefois, rien ne pouvait te préparer à ce qui allait arriver bientôt et qui allait détruire cette belle aventure pour la transformer en cauchemar.

Les quatre premières semaines sont passées très rapidement et tout semblait aller pour le mieux. Tu te surprenais parfois toi-même à flatter ton petit ventre, et ce, même si ce dernier était encore bien plat. Tu parlais parfois à ce petit bébé dans ta tête en espérant qu’il sentait l’amour et qu’il comprenait les messages de bien-être à son égard.

Puis, une nuit, tu t’es réveillée avec une grande douleur au ventre. Elle t’a même empêchée de te lever durant un instant. Ton premier réflexe a été de penser à ton bébé et non à toi et ta propre douleur. Tu es allée à la salle de bain en priant pour ne pas voir de sang. Malheureusement, il y avait du sang et ton cœur s’est emballé. Est-ce que tu avais perdu le bébé ?!

Sur la route de l’hôpital, ton esprit allait dans tous les sens et les larmes coulaient sur tes joues. Tu implorais le ciel pour que ton bébé soit encore présent bien au chaud dans ton bedon. Tu espérais qu’il s’agissait de règles anniversaires ou d’un saignement sans danger pour le bébé. L’attente était longue, les heures coulaient trop dans la salle d’attente. Cette attente était bien trop longue pour une maman qui s’inquiète et qui attend une réponse. Il faut attendre les résultats des prises de sang. Ensuite, il faut attendre une échographie et enfin voir le médecin.

Puis, la nouvelle arrive : le bébé s’est accroché dans tes trompes. Il n’y a plus rien à faire. Il faudra lui faire tes adieux, car on va t’injecter un produit qui va le détruire pour le faire sortir du nid qu’il avait choisi.

Une petite pensée pour tous ces petits anges qui se sont malheureusement installés au mauvais endroit tout en s’installant dans notre cœur.

Stéphanie Dumas