Tag bébé

Les allées de petits pyjamas — Texte : Nathalie Courcy

Il est plus que temps que je me trouve des bébés à catiner. Quand c’est rendu qu’à la pharma

Il est plus que temps que je me trouve des bébés à catiner. Quand c’est rendu qu’à la pharmacie, je m’ennuie d’acheter des paquets de couches… ça vous donne une idée !

Je suis la maman ultra choyée de quatre magnifiques enfants complices, heureux et en santé. Pas pire, pour quelqu’un d’infertile… Je suis trèèèèèès reconnaissante de ce que la vie m’a donné. Disons que je l’ai suppliée pas mal fort.

Ma fille aînée passera très bientôt de l’autre côté de la force (lire : vers l’âge adulte). Mon « bébé » vient d’avoir 9 ans. Mes ami.e.s, mes collègues sont parents d’enfants déjà grands ; sinon ils ont passé go réclamé 200 sur la parentalité. Mes voisins sont retraités (et partis en Floride). Je ne me souviens même plus de la dernière fois où j’ai bercé un mini bébé.

Donc là, je me retrouve avec mes hormones de préménopausée et un besoin intense de catiner, d’entendre des gagagougou et de me battre avec un pyjama à pattes pour le rentrer sur une petite jambe potelée pas de tonus. Vous devriez me voir fondre dans les allées de petits pyjamas au magasin… J’ai le goût de tricoter et de coudre des mini vêtements, des petits bonnets, d’acheter des toutous.

Bon. Je pourrais le faire pour des bébés inconnus, ceux qui sont malades ou dont la famille a de la misère à joindre les deux bouts. Mais t’sais, c’est pas juste le morceau de linge qui me fait capoter, c’est surtout le petit humain qui le porte !

Loin de moi l’idée de mettre de la pression à mes enfants, ils décideront si je deviens grand-mère et quand, ça ne relève pas de moi. Et non, je ne leur ferai pas sentir qu’ils me « doivent ben ça » ou une quelconque forme de pression culpabilisante et malsaine.

Quand j’aurai plus de temps et moins de risque de contaminer une pouponnière (mes enfants vont quand même dans trois écoles différentes dans deux provinces ; ça fait pas mal de souches de bibittes possibles), je ferai sûrement du bénévolat pour bercer les mini humains dans les hôpitaux ou pour donner du répit à des parents dépassés (idéalement, avant qu’ils soient dépassés). Je m’imagine très bien offrir aux familles de mon quartier des tranches d’une heure où j’« emprunte » leur bébé pour une promenade en poussette pendant que les parents font dodo (ou l’amour… auquel cas j’allongerais la promenade pour leur donner le temps d’une tite sieste après). Ça les aiderait, et ça calmerait (un peu !) mes hormones en plein délire ! Les leurs aussi !

Nathalie Courcy

 

Mes enfants sans visage — Texte : Stéphanie Dumas

Il s’agit ici d’un sujet délicat qui peut mettre certaines personnes mal à l’aise. Toutefois

Il s’agit ici d’un sujet délicat qui peut mettre certaines personnes mal à l’aise. Toutefois, pour ceux ayant vécu la difficile épreuve de la fausse couche ou d’un arrêt de grossesse, une fois ou plusieurs, ces bébés font désormais partie intégrante de leur propre personne. On peut comparer cette situation à un voile qui reste dans notre mémoire et qui refait parfois surface l’espace d’un instant. Un souvenir qui revient en mémoire sans crier gare à tout moment.

J’ai vécu cette difficile épreuve à six reprises. C’est un peu comme avoir six enfants sans visage. Parfois, j’imagine ce à quoi ils auraient pu ressembler. Je pense aussi à des moments que j’aurais pu vivre avec eux. Comment auraient été les repas à table avec nos six enfants ? J’imagine que tous les parents vivent aussi cela. Peut-être même qu’une petite boîte rangée quelque part renferme des objets qui étaient destinés à un bébé parti avant même de naître. C’est un sentiment étrange d’aimer un être qu’on n’a pas connu. Une chose est certaine, ils sont gravés en nous à jamais.

Il nous arrive d’en parler aux gens autour de nous. Cela crée parfois un silence ou un malaise chez nos interlocuteurs. Bien des gens ne savent pas comment parler d’un sujet délicat comme celui-là. Nous en sommes bien conscients. Néanmoins, nous avons parfois besoin de faire vivre nos bébés à travers nos paroles.

Tous ces enfants sans visage ont été réels l’espace d’un court instant dans notre monde. Leur maman les a sentis en elle et leur papa les a attendus. Ils les ont peut-être vus durant une échographie. Ils ont vu battre leur petit cœur. Leurs proches attendaient aussi leur arrivée dans la famille. Ces bébés ont laissé une trace qui ne partira jamais complètement du cœur des parents. Ils ont pris une partie de ces cœurs et se sont envolés avec eux à tout jamais.

Stéphanie Dumas

Vivre chaque jour comme si c’était le dernier – Texte: Joanie Fournier

On a tous déjà entendu cette expression : « Il faut vivre chaque jour c

On a tous déjà entendu cette expression : « Il faut vivre chaque jour comme si c’était le dernier ». Ça sous-entend que le bonheur réside dans les petites choses qu’on s’autorise au quotidien. Qu’il faut prendre les décisions chaque jour qui nous mèneront vers le bonheur sans vivre avec des regrets. Qu’il faut prendre le temps, vivre, choisir des choses qui nous rendent heureux.

Au premier bébé, on a l’impression de profiter de chaque moment avec lui. De chaque sourire, de chaque câlin, de chaque berceuse. Puis, les autres enfants viennent au monde et la fameuse routine métro-boulot-dodo s’enclenche. Les journées passent à une vitesse folle, les semaines se succèdent et les années nous échappent. Puis, en clignant des yeux, on se retrouve des années plus tard. Les enfants sont grands et autonomes. Ils vont à l’école. Et on a parfois l’impression que ces années ont passé en un claquement de doigts. Je connais si bien cette étrange sensation.

Mais voilà que la vie nous a offert un dernier bébé, sur le tard. Et le plus drôle, c’est que j’ai l’impression d’en profiter encore plus… Ma carrière est bien établie, je cours moins après chacune de mes payes, je suis installée et outillée. Et à chaque étape, je me rappelle que c’est la dernière fois que je la vis. Je pense que c’est ce qui fait justement que j’en profite autant.

Chaque soir, quand je berce mon bébé, je me dis que c’est peut-être la toute dernière fois que je pourrai le bercer… parce qu’il aura peut-être décidé demain qu’il n’en a plus besoin. À chaque fois que je cours derrière lui et que je me sens fatiguée parce qu’il touche à tout, je me répète que c’est peut-être la dernière fois que je verrai autant de curiosité dans ses petits yeux.

C’est la dernière fois que je verrai des petites cuisses potelées en changeant une couche. C’est la dernière fois que j’aurai la chance d’entendre des premiers mots. C’est la dernière fois que je vivrai des premières fois… Une fois qu’on accepte que c’est le dernier bébé, j’ai l’impression qu’on arrête de courir et qu’on réussit à enfin presque arrêter le temps…

Parce que quand il voit une coccinelle par terre, toute la famille s’arrête pour l’observer avec lui. Quand il entend une musique au loin et se met à se dandiner, c’est toute la famille qui s’arrête pour bouger avec lui. Quand il dit « chaud » et souffle sur son bol de soupe, toute la famille l’imite du même coup… Avant, je pensais qu’un bébé apporterait une charge supplémentaire. Au contraire, ce bébé nous apprend comment arrêter le temps et profiter de la vie. De chaque petite chose de la vie. Parce que grâce à lui, on vit vraiment chaque jour comme si c’était le dernier. Toutes ses premières fois à lui sont nos dernières premières fois à nous.

Maudit qu’on est chanceux, pareil.

Joanie Fournier

La fausse couche – Texte : Valérie

J’étais enceinte. Je l’espérais depuis plusieurs mois déjà, alors j’étais très heureuse

J’étais enceinte. Je l’espérais depuis plusieurs mois déjà, alors j’étais très heureuse de voir enfin apparaître le petit + sur mon test de grossesse. Huit jours plus tard, l’indésirable sang est apparu. Un petit peu au début, puis de plus en plus. Je savais. J’avais beau savoir, tant que rien n’était confirmé, une infime partie de moi y croyait encore.

J’appelle à ma clinique pour demander une requête pour une de prise de sang. À ma grande surprise, une infirmière me répond dès la première sonnerie. Calmement, je lui explique que je crois être en train de faire une fausse couche et que j’aimerais pouvoir confirmer le tout avec une prise de sang. Elle ne semble pas trop savoir quoi me dire outre que si ça ne fait qu’une semaine que je suis enceinte, ce sont mes règles tout simplement. J’insiste alors elle me met en attente pour en discuter avec le médecin. Elle me revient en me disant que comme je n’ai pas mal, il n’y a pas d’urgence et que ça peut attendre la semaine suivante. Jusque-là, j’étais calme, mais là les larmes me montent aux yeux.

Je comprends tout à fait que médicalement parlant, je ne représente pas une urgence. Cependant, je sais que je suis enceinte et présentement, je saigne abondamment et j’ai besoin d’avoir une réponse. Elle ne veut rien savoir. Elle me dit que si je saigne à ce stade, ils ne peuvent rien faire. Pourtant, à aucun moment je n’ai demandé à ce qu’on sauve ma grossesse. Je sais pertinemment qu’ils ne peuvent rien pour moi, ce que je veux, c’est une réponse. Oui, tout porte à croire que j’ai perdu ce petit être que j’espérais, mais j’ai entendu tellement d’histoires de femmes qui ont saigné abondamment en début de grossesse, mais qui ont tout de même eu un bébé en santé que j’ai besoin d’avoir l’heure juste.

De son côté, elle n’ouvre même pas la porte à l’espoir puisqu’elle me dit que c’est pour le mieux que je sois en train de faire une fausse couche car si je le perds, c’est que le bébé n’était pas viable. Probablement en guise de réconfort car à ce stade, mes paroles sont entrecoupées de larmes, elle croit bon d’ajouter qu’elle entend mon bébé pleurer en arrière et que donc, si j’ai déjà eu un enfant, j’en aurai bien un autre ! Il a fallu que je lui parle du bébé que j’ai perdu à 39 semaines de grossesse pour qu’elle finisse par m’envoyer la c*** de requête. Ça m’a arraché le cœur de devoir utiliser mon bébé décédé pour obtenir le formulaire que j’aurais dû avoir dès le début de cette conversation. C’est donc dire que sans mon historique, ce que je vivais à ce moment-là était absolument invalide ?

Si j’écris ce texte, ce n’est pas pour « basher » l’infirmière (malgré que je n’irais pas prendre un café avec elle demain !). Ce que je veux, c’est que l’on cesse de banaliser les fausses couches. Aucune femme qui perd un bébé, et ce, peu importe le nombre de semaines, n’a besoin de se faire dire que ce n’est rien, que ce n’est pas urgent ou grave. Aucune femme qui fait une fausse couche, même si c’est dans l’heure qui suit le test de grossesse positif, ne regardera le sang couler sans émotions.

Oui, selon les statistiques c’est une femme sur cinq qui fera une fausse couche lors du premier trimestre. Oui, le personnel médical voit des cas chaque jour. Mais chaque cas, c’est une femme qui souffre. Chaque fois, c’est une maman qui dit au revoir à un être qu’elle voyait déjà dans ses bras. En huit jours, j’ai eu le temps d’imaginer ce futur bébé, de me demander si c’était un garçon ou une fille, de penser à l’accouchement et de me réjouir grandement d’enfin vivre une grossesse en même temps que ma belle-sœur.

Il faut arrêter de dire aux femmes d’en revenir ou de faire comme si rien ne s’était passé. Si une femme que tu connais est passée par là, prends le temps de lui demander comment elle va. N’insinue pas qu’elle n’y pense plus parce que ça fait longtemps ou parce qu’elle n’en parle pas. Peut-être qu’elle n’ose pas en parler par peur de se faire refermer la porte au nez parce que c’est en général ce que les gens font. Ouvre-lui la porte. Et si tu l’as toi-même vécu, parles-en, tu verras, ça fait du bien. Jamais une femme ne devrait souffrir seule et en silence. Une fausse couche, ce n’est jamais banal, point.

 

Valérie

 

Je pensais être trop vieille pour tout ça – Texte : Joanie Fournier

J’ai commencé ma famille quand j’étais très jeune. C’était voulu

J’ai commencé ma famille quand j’étais très jeune. C’était voulu, c’était ça mon plan de vie. Je voulais profiter d’eux, avoir de l’énergie et être cette jeune maman cool qui peut les suivre dans toutes leurs activités.

Mais la vie décide de bien des choses à notre place et parfois, son plan à elle est plus fort que le nôtre. Dix ans plus tard, je retombais enceinte. Même papa, même amour, même bonheur, mais quelle surprise !

Et je vais être honnête, après 30 ans, je pensais vraiment être trop vieille pour tout ça. Je pense que c’est un gros tabou dans notre société. J’ai souvent eu peur de l’admettre devant les autres. Parce que certaines femmes décident d’avoir des enfants plus tard et que je respecte leur choix à 100 %. Certaines femmes aussi ne pensaient pas en vouloir et finissent par changer d’avis en vieillissant. D’autres rencontrent le bon partenaire plus tard. Bref, à chacune son parcours et c’est bien correct comme ça.

Mais MOI, moi avec moi, je pensais être trop vieille pour recommencer. Quand j’ai su que j’étais enceinte et que la vie nous avait fait cette surprise, j’ai eu peur. J’ai commencé à calculer l’âge que j’aurai quand ce bébé sera adolescent… J’ai commencé à me demander à quel âge les enfants partiront de la maison. Je me suis demandé si j’avais encore la force d’accoucher. Si j’avais encore la patience de bercer toute la nuit. Si j’avais encore assez de douceur pour allaiter, pour chanter des berceuses… Je me suis demandé, puisque tous mes autres enfants étaient maintenant grands, si j’étais trop vieille pour tout cela.

Puis, bébé est arrivé. Et je suis retombée en amour. Une cinquième et dernière fois. Je suis tombée en amour avec ce petit être, qui ne demandait qu’à être aimé. Je me suis surprise à le sentir, mille fois par jour, pour que son odeur s’imprègne dans ma mémoire. Je me suis surprise à le regarder dormir la nuit, moi qui me demandais quelques mois plus tôt si j’allais arriver à le veiller tard. Je me surprends chaque jour à être attendrie par son sourire et ses yeux coquins. Je suis en amour. En amour « ben raide ».

Mais bon, pour avoir eu des enfants dans la vingtaine, je peux affirmer que, dix ans plus tard, c’est vraiment pas la même game. Ho que non ! Faire des nuits blanches à 25 ans, c’est facile. Faire des nuits blanches à 35 ans, c’est de la torture. Allaiter à 25 ans, c’est doux et fusionnel. À 35 ans, ça l’est tout autant, mais mausus que j’ai eu plus hâte de retrouver mon corps à moi et juste à moi. Accoucher à 25 ans, c’est comme courir un marathon. C’est un gros défi, c’est souffrant, mais tu t’en remets vite après ! À 35 ans… accoucher, c’est comme courir un marathon, avec une jambe dans le plâtre, sous la pluie et avec une poche de patates dans le dos. C’est pas mal plus souffrant, pis non, tu ne t’en remets pas aussi vite. Dans la vingtaine, j’ai eu quatre grossesses en quatre ans et je n’ai gardé aucune vergeture. Dans la trentaine, une seule grossesse et j’ai l’air d’une tigresse.

Parce que le corps a vieilli, pis il est fatigué. Pis là, j’ai compris pourquoi les femmes commençaient à avoir des enfants bien plus tôt dans l’temps… parce que je suis persuadée que plus t’es jeune, plus c’est facile pour le corps.

Évidemment, avoir des enfants plus tard, ça apporte de la sagesse, de la maturité, une sécurité financière et professionnelle, etc. Mais je vais vous le dire, moi. Pour avoir vécu des grossesses dans la vingtaine et dans la trentaine… c’est sur le corps qu’il y a une différence ! Je ne me plains pas du tout. Je constate.

Et je veux lever le voile sur ce tabou. J’aurais aimé ça que quelqu’un me parle de tout cela quand j’étais jeune. Je pense que certaines mères ont tellement peur d’offenser les autres, qu’elles ne parlent que du positif. Comme si une mère n’avait pas le droit d’être épuisée. Comme si ça faisait d’elle une mauvaise mère, une mère ingrate.

Je refuse. Je suis fatiguée. Je suis épuisée. Et je remercie la vie chaque jour de m’avoir offert la chance de vivre ce bonheur une dernière fois. Je suis une bonne mère. Et j’ai le droit de dire qu’après 30 ans, je trouve ça plus dur. Mon corps est vieux, bon. C’est un fait. J’adore mon bébé, je suis en amour avec lui. Mais oui, quand je fais le cheval à quatre pattes avec bébé sur mon dos, c’est vraiment plus souffrant qu’avant de me relever ! Ça fait que je reste couchée un peu plus longtemps par terre avec lui, pour reprendre mon souffle, mais aussi pour savourer l’odeur de son cou juste encore un peu.

Joanie Fournier

 

La première grossesse – Texte : Roxane Larocque

Quelqu’un de très précieux pour moi vient de m’annoncer sa gro

Quelqu’un de très précieux pour moi vient de m’annoncer sa grossesse. Ils sont venus, son amoureux et elle, nous offrir un cadeau et à l’intérieur se trouvaient une petite boîte qui cachait le précieux secret. Sa toute première grossesse, leur tout premier enfant. Je lui avais écrit il y a environ un mois parce que je rêvais qu’elle était enceinte. Je n’arrêtais pas de penser à cette chaise berçante qu’elle nous avait prêtée et que je devais lui remettre lorsqu’elle serait maman à son tour. Il est mystérieux, le monde de la préconception mais ça, c’est pour un autre texte. Pour l’instant, j’ai envie de leur dédier ces quelques lignes…

Comme c’est beau de vous voir les yeux brillants nous annoncer la nouvelle. Un petit mini cinq semaines de fait pour votre enfant et déjà il vous a transformés à jamais. C’est tellement d’émotions la première grossesse ! S’imaginer l’inimaginable, espérer si fort que tout se passe bien et que bébé reste au chaud encore longtemps. Passer du stress à l’euphorie à l’anticipation et se ramener au moment présent. La fatigue du premier trimestre qui nous ramène à l’importance de ralentir, de prendre soin de soi. Le ventre qui se gonfle avec le deuxième trimestre et qui laisse place au plus beau des spectacles, celui des coups de pied de bébé qui montre déjà son tempérament. Puis le troisième trimestre qui se pointe avec toutes les craintes de ne pas être prêt, mais paradoxalement toute l’envie d’y arriver, d’enfin se voir et se toucher autrement. Passer du bébé rêvé au bébé réel, celui qu’on peut toucher, tout chaud et gluant. Une première rencontre inoubliable. Vous laisser revenir sur terre vous et lui, après un travail d’équipe sans précédent qui te fera, je l’espère, réaliser toute la force et la puissance des femmes. Viendra ensuite le quatrième trimestre, celui dont on ose parler maintenant, celui qui complétera la transition, la douce séparation et le tissage de votre amour qui se poursuivra toute votre vie.

Et que dire de son papa ! Déjà en train de lui parler et de s’imaginer ce qui s’en vient. Je l’imagine présent, impliqué, sensible. Je sais qu’il prendra soin de vous et t’aidera à bâtir votre nid pour accueillir ce petit bébé déjà choyé par la vie. C’est tellement beau de voir notre conjoint devenir père. C’est tellement rassurant de sentir sa bienveillance, sa protection, son support. Les voir tisser des liens à travers notre ventre, tenter de nous chouchouter au maximum et faire en sorte que l’on vive le moins de stress possible.

On pourrait croire que je romance toute cette aventure, mais il n’y a dans mes mots qu’un millième de tout le bonheur qui vous attend. Est-ce que c’est toujours facile ? Non. C’est même vraiment difficile par bout. C’est ingrat, c’est exigeant, c’est déroutant. Mais c’est le tout petit prix à payer pour vivre la plus belle des transformations. Si c’est si difficile, c’est parce que ça compte vraiment et qu’on se donne corps et âme pour nos enfants. Ça nous ramène à nos extrêmes, nos plus beaux côtés, mais les plus sombres aussi. Une belle occasion de faire du ménage dans ce qui n’a plus lieu d’être. J’espère que tu trouveras du réconfort dans les creux de vagues, mais tu es si bien entourée, j’ai confiance. Et peut-être aussi que pour toi, ce sera différent, que tu détesteras la grossesse ou l’accouchement et c’est bien correct aussi. Toutes les histoires sont belles, même les plus difficiles.

Je ne sais pas quelle sera la vôtre, mais je sais que ce bébé minuscule comme un petit pépin de pomme reçoit déjà beaucoup d’amour, et c’est tout ce dont il a besoin pour l’instant. Il pourra toujours compter sur ses parents, mais nous sommes tout un village autour de lui aussi.

Tu es déjà une merveilleuse maman déterminée, douce et aimante. Tu es déjà un super papa sensible, protecteur et impliqué. Et toi bébé, j’ai bien hâte d’apprendre à te connaître, mais je sais déjà que tu es brillant, car tu as choisi des parents extraordinaires ! Je vous souhaite à tous les trois d’en profiter au maximum. Parce que c’est cliché, mais c’est vrai que ça passe vite.

Roxane Larocque

Non planifiés, mais tout autant désirés – Texte : Maggy Dupuis

Lorsque les gens apprennent que ton petit ventre réchauffe désorma

Lorsque les gens apprennent que ton petit ventre réchauffe désormais l’embryon qui t’a choisie, une panoplie de questions arrivent aussitôt. En dehors des traditionnelles félicitations, on nous submerge de questions. Une de celles-ci me fait grincer les dents : « Est-ce que c’était prévu ? » Comme si tous les couples ne se devaient pas de vivre leur désir de procréer en toute intimité.

Si je suis enceinte et que j’annonce la nouvelle, que cet enfant ait été planifié depuis des semaines, des mois, voire des années, ou qu’il soit arrivé dans nos vies rapidement, ça ne regarde que nous. Que le couple décide d’aborder le sujet, c’est une chose. Le lui imposer en est une autre.

Ayant eu une grossesse à 19 ans, prenant méticuleusement mon comprimé, l’imprévu a traversé notre route après un mince deux mois de fréquentation. Oui, nous avons dû nous ajuster, nous avons dû apprendre à vivre ensemble et nous connaître au milieu des hormones de grossesse. Idéal ? Non. Réalisable ? OUI. Vous comprenez donc que la question est revenue souvent à mes oreilles. Souvent même de la part de parfaits inconnus. En ligne au supermarché. Chez le médecin. Des gens qui s’exclamaient : « Oh ! Tu vas faire quoi ? » Je vais le chérir, madame, l’aimer de toutes mes forces et tenter de lui offrir ce que je peux lui offrir de meilleur. Lui donner la tendresse et l’attention dont il aura besoin. Je vais me lever chaque nuit pour le bercer, le bécoter, le cajoler, le sécuriser et le consoler. Je vais faire ce que tout parent se doit de faire. J’imagine qu’avec l’amour et des parents aimants qui prennent leurs responsabilités, tout devrait bien aller.

Puis un jour, quand mon fils avait un an et demi, chez le pédiatre… j’arborais ma deuxième petite bedaine de quelques mois déjà. Une dame dans la salle d’attente me regardait sans cesse. Elle a fini par me cracher au visage ses vulgaires paroles que voici : « Tu ne trouvais pas qu’un accident, c’était déjà assez à l’âge que t’as ? T’as pas l’air bien vieille. »

Mes enfants ne sont pas des ACCIDENTS. Mes enfants n’ont peut-être pas été prévus au calendrier ou faits dans l’ordre idéal des choses, mais JAMAIS mes enfants ne se feront nommer comme étant des accidents. Un accident, c’est quelque chose que tu ne souhaites pas et qui t’arrive un jour. Un enfant, même s’il n’était pas prévu, ne peut pas porter ce terme sur ses épaules. Un enfant à la base, c’est la vie. C’est une décision que nous prenons en toute connaissance de cause. C’est un choix. Si je mène ma grossesse à terme et que NOUS faisons le choix de lui faire voir la vie, il a tout le mérite de porter le mot « enfant » comme n’importe quel autre enfant que les parents ont mis quatre ans à avoir.

J’ai trois garçons, dont deux non planifiés, et dès le jour où j’ai su qu’ils se cachaient au fond de moi, je les ai immédiatement désirés.

Maggy Dupuis

Faire un deuil de l’abstrait…

<span style="font-family: 'Candara',sans-serif;"

À toutes celles (et tous ceux) qui vivent un deuil périnatal,

À vous toutes qui avez vécu le pire en ce temps de pandémie, vous n’êtes pas seules. Même si vous êtes passées par tous les échelons médicaux sans épaule pour pleurer, sans main pour vous tenir debout, sans les yeux doux de votre partenaire pour vous soulager. 

Nous sommes plusieurs femmes à partager cette souffrance. En silence, mais ensemble. Nous avons entendu les mots : avortement spontané, grossesse ectopique, grossesse pathologique. Notre monde s’est arrêté, la réalité qu’on s’imaginait s’est effacée. Nous avons dû entamer un deuil de l’abstrait, si c’était notre première grossesse. Un deuil plus concret si nous connaissions déjà la joie d’être parent.

À toutes celles qui ont pleuré devant ces spécialistes qui sont immunisés face à ces nouvelles désastreuses, qui ont pleuré lors de leurs contrôles d’hormones, qui ont pleuré dans leur lit, vous n’êtes pas seules.

À tous ces partenaires bienveillants qui vivent le même deuil, mais à qui on ne donne pas la chance d’être aux rendez-vous médicaux, vous n’êtes pas seuls. Nous avons vu vos cent pas dans le stationnement, nous avons senti vos caresses douces et apaisantes. Vous méritez tous les éloges puisque vous êtes ces rocs qui traversent la tempête avec tellement de courage.

À vous tous qui vivez ces moments indescriptibles et douloureux, en temps de pandémie, même si vous vous sentez seuls au monde, sans vos proches et leur présence physique, vous n’êtes pas seuls.

Je nous souhaite de prendre le temps de combler cette absence et d’en sortir un peu plus forts. Je me sens moins seule en sachant que vous comprenez ce deuil de l’abstrait, comme moi.

Geneviève

Tu seras la plus belle femme rondelette enceinte – Texte : Kim Boisvert

Je vous le jure, c’est une vraie phrase qu’on m’a dite quand

Je vous le jure, c’est une vraie phrase qu’on m’a dite quand j’ai annoncé ma grossesse à une bonne connaissance.

« Tu seras la plus belle rondelette femme enceinte qui existe sur la Terre tout entière ».

J’serai pas la plus belle femme enceinte tout court, non ! Je serai la plus belle femme rondelette enceinte.

J’étais enceinte de jumelles, 4 mois de fait avec une bedaine bien apparente, et j’en avais aussi une avant, of course. J’imagine que le RONDELETTE vient qualifier ma bedaine d’avant. Mais être enceinte, ça ne nous rend pas déjà plus rondelette ? Qu’on le veuille ou non ? J’pensais qu’à la base, c’était pas si important, que tout le monde était conscient que la femme subit une transformation extrême inversée et que c’était pas si facile à vivre. Du moins, pas pour toutes. Mais enceinte, j’ai compris que mon corps n’appartenait pas juste aux deux petits Aliens tout à fait sympathiques qui poussaient en moi. Oh ! Non, mais bien à tout le monde qui avait une opinion, qui voulait toucher à mon ventre ou même juste me donner des conseils santé sur comment bien me nourrir. Laissez-moi manger ma crème glacée.

J’avais juste envie de crier « Écoute-moi bien, Madame, jusqu’à tout dernièrement, je vomissais ma vie du matin au soir et maintenant, si je ne vomis pas, tout me lève le cœur ou presque. Je suis rendue à avoir une bonne journée d’énergie sur deux. C’est pas si parfait, mais ce qui rentre est toujours mieux que ce qui sort. Alors si je te dis que mes bébés grossissent, mais que j’ai pris une seule minuscule livre depuis le début de ma grossesse gémellaire, j’pense pas que t’as le droit de juger ma situation, encore moins de me rappeler que comme j’étais déjà rondelette avant, je viens désormais avec une deuxième étiquette. Parce que je sais bien que ce n’était pas normal que mes bébés grossissent sans que je prenne de poids. »

Mais encore là, c’est normal de mettre une étiquette sur le corps d’une femme enceinte. La plupart du temps, c’est fait sans méchanceté, parce que la maternité semble donner le droit à qui le veut bien de commenter cedit corps comme s’il n’appartenait à personne. La propriétaire de ce corps doit vivre au quotidien avec des changements, des peurs et dans mon cas, le miroir.

Le choix de mots pour qualifier une femme enceinte ne devrait jamais porter sur la grosseur. Parce que se faire dire qu’on est rendue une belle rondelette enceinte ou une grosse toutoune, ça ne devrait pas faire pas partie de la normalité de la maternité. Je préférais de loin avoir les nausées que d’entendre les gens parler de combien j’étais énorme ou combien je le serais !

La grossesse est censée être empreinte de bonheur et de légèreté. D’amour et d’excitation. Pourtant, chaque jour, je vérifiais dans le miroir à quoi ressemblait mon corps. Ce corps portait la vie, deux vies et demie dans mon cas, si j’inclus leur sœur triplette rendue en étoile. Et je l’ai oh ! combien maltraité ce corps durant des dizaines d’années. Et pourtant, malgré tout le travail, ces remarques me mettaient encore un poignard dans le cœur. Un doute en tête. Des craintes de ne jamais retrouver un poids correct. De ne jamais réussir à courir à nouveau. De revenir au travail après un an et de ne pas avoir réussi à retrouver un poids d’équilibre. La peur que sur les photos du party de Noël, mon surplus de poids paraisse. Pourquoi ces peurs ? C’est insensé.

Alors, la prochaine fois que vous verrez une baleine qui marche un peu en clown, à la place de lui dire qu’elle est rendue énorme, tournez votre langue dans votre bouche. Ou mangez un beigne et encouragez-la. Parce que sincèrement, personne n’a besoin de se faire rappeler la circonférence de son corps, peu importe le poids ou la situation.

Kim Boisvert

Le jour où je t’ai mis au monde

Mon bébé,

Je crois qu’il es

Mon bébé,

Je crois qu’il est impossible que tu te doutes du nombre de fois que je peux rejouer les scènes dans mon esprit. Je les revis encore et encore, peu importent les années qui passent.

La première contraction, je la sens encore.

La perte des eaux, je la vois encore.

Le regard ému entre papa et moi lorsqu’on a compris qu’enfin tu arrivais.

Le trajet pour l’hôpital où l’on se tient la main.

Chacune des contractions, je peux les ressentir juste en fermant mes yeux.

Les cris qui symbolisent la puissance de ce que je suis en train d’accomplir, je les entends encore.

Ton petit corps chaud blotti contre le mien m’apaise toujours autant.

Je raconte ta naissance avec tant de fierté et j’y songe si souvent.

Dans le brouillard de la souffrance, s’est imprégné dans mon esprit chaque petit détail. La musique qui jouait, la noirceur de la pièce et les gens autour de nous. S’il m’était possible de remonter le temps, ne serait‑ce qu’un instant, afin de te rencontrer pour la première fois à nouveau, je le ferais. Simplement pour revivre le moment où, au bout de mon souffle, tu as pris le tien.

Il m’est tellement apaisant de songer à ce regard que ton papa avait lorsqu’il t’a vu faire ton entrée dans le monde, j’ai tout de suite su qu’il était le tien.

Ce fut l’un des moments les plus difficiles de ma vie, mais l’un des plus beaux.

Lorsque tu me demandes de te raconter, si tu savais combien tu me fais plaisir. Cette histoire, c’est ma préférée, parce que c’est la nôtre.

Le temps passe, mais les souvenirs ne s’effacent pas.

Même si je maudissais la terre entière à cet instant précis, j’étais en train d’écrire les premières lignes de ton premier chapitre. Le jour où je t’ai mis au monde est l’un des plus beaux qu’il m’aura été donné de vivre de toute mon existence.

Ce jour est mon préféré, puisque c’est le jour où je t’ai mis au monde.

Marilyne Lepage

À toi, petit bébé de la pandémie

Tu en es à tes premiers jours ou tes premiers mois de vie, peut-êt

Tu en es à tes premiers jours ou tes premiers mois de vie, peut-être même es-tu encore bien au chaud dans le ventre qui te porte. Toi, tu as tout ce qu’il te faut : du lait, des jouets, un million de pyjamas offerts par tous ceux qui aimeraient donc te serrer fort dans leurs bras et surtout, des parents aimants avec qui tu passes tout ton temps. Tu vas bien, mais peut-être sens‑tu une tension dans l’air, une angoisse planante, une tristesse lourde en fond de trame. Vois-tu, être parent, c’est extraordinaire, c’est doux et c’est puissant, mais c’est aussi un grand défi. Un parcours en montagnes russes qui fait vivre à tes parents les plus beaux et les pires moments de leur vie, tout ça parfois à quelques secondes d’intervalle. Un moment qu’on a souvent envie de partager avec nos proches.

En temps normal, c’est déjà difficile de composer avec toute cette nouvelle réalité ; en temps de pandémie, ce l’est encore plus.

Tu vois, toi tu es un expert du moment présent : j’ai faim, je veux manger, tu joues avec moi, je trouve ça drôle. Sans te questionner sur l’avenir ou encore sans t’empêtrer dans le passé, tu es tout simplement dans le moment présent. Tu profites au maximum de ce que tu as sans te douter de tous les rêves que tes parents avaient pour vous. Ils s’imaginaient peut-être déjà te présenter à la famille à Noël, attendre la visite de tes grands-parents à l’hôpital ou même, pourquoi pas, partir quelques mois en voyage avec toi et profiter de ce congé parental que la vie leur offrait pour découvrir le monde à tes côtés.

Tu vois, tout ça n’est pas possible. Tes grands-parents qui t’attendaient impatiemment avec amour ne te prennent pas dans leurs bras aussi souvent qu’ils le voudraient. Tes parents ont peur, car tu n’as pas beaucoup de contacts avec d’autres enfants et les gens que tu vois sont soit masqués soit très loin de toi. Tes parents qui t’aiment plus que tout, c’est vrai, ne peuvent pas bénéficier du filet social normalement là pour les aider. Pas de petite gardienne le temps d’aller souper en amoureux ; pas de souper d’amis pour se changer les idées et se rappeler qu’au fond, tout ce qu’on veut, c’est d’être à la maison ; pas de belle-sœur qui vient faire une brassée de lavage.

Déchirés entre l’importance de te protéger et l’envie folle de ne pas écouter les consignes sanitaires. J’espère qu’ils vont bien tes parents à travers cette crise, mais je me doute bien qu’ils vivent des défis particuliers et encore plus d’adaptation qu’à l’habitude. J’espère qu’ils reçoivent des plats cuisinés à leur porte, des ballades en poussettes avec leurs amis et qu’ils prennent soin d’eux à travers ce chaos. Je vous envoie tout mon amour et ma compassion, parce que quand un petit bébé et sa famille ne vont pas bien, c’est toute notre collectivité qui en est affectée.

En cette période des fêtes, Bébé, je pense à l’histoire de Noël qu’on me racontait quand j’étais jeune. Si on laisse la religion humaine de côté et qu’on regarde juste la symbolique de tout ça, je dois te dire que je pense que chaque nouveau bébé devrait être accueilli de la sorte. Comme un miracle, un espoir pour l’humanité, un cadeau précieux à découvrir avec amour. Et peu importe le contexte de ta naissance et l’histoire de ta conception, je souhaite à ta famille autant de solidarité et de bienveillance que Marie et Joseph. Parce que je te le redis, quand vous n’allez pas bien toi et ta famille, c’est nous tous qui souffrons. Vous êtes la priorité de notre collectivité, parce que sans vous, il n’y a plus de relève, plus d’espoir. Tu es précieux et tu mérites le meilleur.

Bon, revenons à l’essentiel. Tout ça, Bébé, ce n’est pas de ta faute. Toi, continue de rester dans le moment présent, à rire et à grandir. Tu nous ramènes à l’importance de la famille, des amis et de la collectivité. Patience, tout cela reviendra et même si les moments volés ne reviendront pas, tu restes le plus beau cadeau de ta famille cette année. Joyeuses fêtes, Bébé !

Roxane Larocque