Les miens et les tiens

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Quand j’ai rencontré mon amoureux et qu’ensemble, nous avons décidé d’embarquer nos quatre enfants dans cette folle aventure qu’est la famille recomposée, ma seule référence en la matière était Ramdam. Je savais très bien que ce n’était pas gagné d’avance : il y aurait un temps d’adaptation, les crises du genre « T’es pas mon père! » ou « Ma maman dit que… », des rénovations pour adapter la maison à sa population croissante, des factures d’épicerie légèrement plus salées, etc. J’étais consciente qu’un tas de défis nous attendaient, qu’on s’embarquait dans de quoi de gros, mais j’étais prête à affronter la vague, tête première, par amour (et naïveté!)

Je me suis vite rendu compte que lorsque tu recomposes une famille, tu skip la lune de miel assez vite, merci! T’sais, les premières années de couple, sans enfants, où tu fais l’amour n’importe où et n’importe quand, où tu pars en voyage sur un coup de tête, où t’as toujours les jambes fraîchement rasées, où ton soutien-gorge fit toujours avec tes bobettes et où tu prends le temps de découvrir toutes les facettes cachées de ton partenaire? Oublie ça! Tu rentres dans le tas! C’est un package deal pis les enfants, les vergetures, les seins fatigués, la pilosité négligée et les fins de semaine surchargées viennent avec. Mon chum et moi, on se dit souvent que c’est ce qui fait la force de notre couple : on s’est connus à notre pire dès le premier jour, donc ça ne pouvait qu’aller en s’améliorant!

Ce qu’on ne m’avait pas expliqué, aussi, c’est que la fibre parentale, ça ne s’applique pas toujours aux enfants des autres. Parce que même si mes enfants frôlent la perfection et qu’à mes yeux ils sont la huitième merveille du monde, mon chum ne les aimera peut-être jamais comme les siens, car ce ne sont pas les siens, tout simplement. Son sommeil profond ne sera peut-être jamais interrompu instinctivement par les pleurs de ma fille en pleine nuit, il ne ressentira peut-être jamais cet immense sentiment de fierté au fond de ses tripes lorsque mon fils compte un but au hockey et j’aurai peut-être toujours un peu plus de dédain à ramasser le vomi de sa fille.

J’étais également loin de me douter que je ferais partie d’un genre de trip à trois (ou quatre, ou cinq, ou six…) malsain et pas érotique pour cinq cennes! On planifie nos vacances en famille? On songe à s’acheter une nouvelle maison? On pense se marier? On pense inscrire la cocotte à un cours de natation? Terminées, les décisions prises entre quatre yeux : il faut quasiment organiser une assemblée et y inviter toutes les personnes concernées. Tu ne peux plus simplement te fier à ton instinct et ton gros bon sens qui t’ont permis de survivre jusque-là. Non! Maintenant, tu as des comptes à rendre et du dois t’adapter aux valeurs, aux traditions, à l’horaire et aux caprices des autres. T’as à peu près autant de contrôle sur ta vie familiale qu’un poisson rouge en a sur son alimentation!

Mais surtout, ce que personne n’a pensé à me dire, c’est que s’il y a bien une chose qui est aussi belle, sinon plus, que l’amour acquis et inconditionnel d’une famille traditionnelle, c’est celui que l’on choisit, qui s’apprend et qui s’apprivoise. Quatre ans après le début de notre belle aventure, rien ne me rend plus fière que de voir mon troupeau réuni! Cette famille-là, la mienne, elle n’est pas née de notre amour, mais elle s’en nourrit, s’y enracine, et continuera de grandir et d’évoluer, comme le fait toute famille!

Stéphanie Nesteruk

 



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