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Faire confiance à l’univers

Après une quinzaine d’années de vie commune, divorce. Nos chemin

Après une quinzaine d’années de vie commune, divorce. Nos chemins n’étaient plus parallèles. Notre petite famille a éclaté. Garde partagée. Nos deux belles cocottes ne comprenaient pas trop ce qui se passait. Ça m’a rentré dedans. J’étais à terre, complètement désemparé. J’avais besoin d’aide. Je voulais comprendre ce qui s’était passé. Pourquoi ce fossé s’était‑il creusé entre nous au fil du temps ? Pourquoi « Pour le meilleur et pour le pire » ne voulait rien dire pour elle ? Je me suis ramassé à la petite cuillère et suis allé voir une psychologue. Je me souviens encore de la toute première séance. J’étais déterminé. Je voulais comprendre. Ce jour‑là, sans trop le savoir, j’ai débuté un merveilleux cheminement qui m’a permis de vivre une transformation. Et aujourd’hui j’en suis fier.

J’ai compris que notre mariage n’était pas fait pour durer. Depuis le début, il avait une date de péremption. Que nous n’étions pas compatibles, finalement. Nous avons vécu ce que nous avions à vivre. Ce divorce a été un épisode douloureux, mais avec du recul, je remercie l’univers de me l’avoir fait vivre. Mon âme avait besoin de vivre cette expérience très émotionnelle pour grandir et s’épanouir. Je ne suis plus la même personne que j’étais. J’ai réussi à dépoussiérer ma sensibilité qui s’était réfugiée dans un coin reculé de mon cœur. « Tu as zéro intelligence émotionnelle », me disait mon ex-conjointe. C’était tellement faux. J’étais blessé, voilà. System shutdown. La thérapie m’a permis de réparer le filage qui était brisé entre ma tête et mon cœur. J’ai appris à ressentir et à comprendre mes émotions, à ressentir mon énergie et celle des autres. Ce cheminement magnifique n’aurait pas été possible si je n’avais pas vécu ce divorce. Merci, univers. Je me suis retrouvé. Et j’ai appris une leçon très importante : ne jamais avoir peur d’être moi-même et d’apparaître.

Quelques années se sont écoulées depuis le divorce.

Aujourd’hui, je partage ma vie avec une âme merveilleuse avec qui je vis un amour profond. Merci, univers. Ma nouvelle conjointe et moi avons choisi de vivre ensemble. Dès l’annonce de notre beau projet de vie commune et de famille unie, j’ai senti une résistance de la part de mes filles. Je suppose qu’elles ne voulaient pas briser leur routine, soit celle d’avoir leur papa à elles toutes seules une semaine sur deux. Elles étaient réticentes à faire partie d’une deuxième famille recomposée. Qu’étais-je censé faire ? Reporter à plus tard le beau projet que ma conjointe et moi caressions ? Non. Nous avons choisi de faire confiance à l’univers. Nous avons donné le GO à notre projet. Quelques mois plus tard, nous étions tous sous le même toit.

Aussitôt déménagés, voilà que la pandémie liée à la COVID‑19 a confiné notre nouvelle famille recomposée à la maison. On ne l’avait pas vue venir, celle‑là. L’adaptation a été moins graduelle que prévu. Mais nous n’avions pas le choix. Mes adolescentes, déjà fragiles à l’idée de déménager et d’avoir à partager leur papa avec une autre femme et ses enfants, ont eu de la difficulté à s’ajuster et à s’adapter. « Ils sont différents de nous. » « On n’a rien en commun avec eux. » « Ses enfants sont turbulents et bruyants. » « On n’a pas choisi de déménager. » « C’était ton choix, pas le nôtre. » Quand l’être humain résiste au changement, il se concentre uniquement sur les irritants et fait abstraction de tout ce qui est positif et qui peut favoriser la croissance et l’épanouissement. Et c’est pire encore quand l’ex-conjointe se mêle de tout ça en arrière-plan.

Voilà que quelques mois plus tard, ma plus vieille a choisi d’aller vivre chez sa mère à temps plein. Bien que son choix m’ait fait beaucoup de peine, je l’ai accepté. Elle était soulagée de savoir que je n’étais pas fâché et que je continuais à l’aimer. Notre relation va continuer d’évoluer, mais d’une manière différente. Quelques semaines plus tard, sa sœur cadette a fait le même choix. J’étais atterré. Je le suis encore.

Mes filles, je les aime, je les adore. Je leur ai proposé une nouvelle vie. Un cheminement différent. Ma conjointe et moi avons tout fait pour rendre la transition la plus agréable pour toute la famille : rénovations pour que chaque membre puisse avoir sa chambre, ajustements au niveau des repas, activités organisées pour favoriser la création de nouveaux liens, etc. Tout ça pendant le merveilleux confinement. Mais depuis le début, je ressens une résistance chez mes filles. Une fausse croyance que ça ne marchera pas, que ça ne marchera jamais. Et depuis le tout début, il y a mon ex-conjointe qui essaie de s’ingérer dans notre projet par tous les moyens possible en s’interposant entre nos filles et moi. Franchement pas agréable. Et inacceptable.

Notre nouvelle famille recomposée se transforme déjà et devra poursuivre son évolution d’une manière différente. Ça nous fait vivre beaucoup d’émotions.

Peu importe ce qui arrivera dans les jours et les mois à venir. Je fais confiance à l’univers. Rien n’arrive pour rien.

Le papa anonyme

Être la blonde d’un papa

Cette semaine, je regardais un film d’ados avec la fille de mon chum. Dan

Cette semaine, je regardais un film d’ados avec la fille de mon chum. Dans le film, il était encore question d’une belle-mère méchante, jalouse et qui veut gagner le cœur du père, comme s’il y avait une compétition. Je n’ai pas pu m’empêcher de dire à voix haute que je suis tannée de ce genre de scénarios. J’ai regardé la cocotte à mon conjoint et je lui ai dit « Je ne suis pas comme ça moi, non ?! »

La blonde d’un papa peut être gentille, douce et compréhensive. Elle ne remplacera jamais un parent, mais elle peut tout de même entretenir une relation particulière et agréable avec un enfant qui n’est pas le sien. Personnellement, je demeure disponible pour tous les enfants de la maison, qu’ils soient de mon sang ou non. Une belle-mère peut également être de très bon conseil pour son conjoint. Je vous le dis, mon chum ne connaissait rien aux menstruations, aux hormones et à tout ce qui va avec avant de me connaître (et je sais qu’il n’est pas le seul papa dans cette situation). Je suis et serai toujours présente pour parler de mode, de maquillage ou de coiffure avec sa fille ou avec lui.

Aujourd’hui, j’ai envie de féliciter et de remercier toutes les blondes de papas. Quand on a des enfants, on les aime inconditionnellement. Ils ont leurs qualités, leurs défauts, mais on les connaît depuis toujours et on a appris à vivre avec. Quand on est une belle-mère, on débute une relation avec un enfant qui a un bagage et qu’on ne connaît pas. On doit apprendre à vivre avec une petite fille ou un petit garçon qui a déjà ses habitudes, ses goûts, ses connaissances et peut-être même ses problèmes. Oui, il peut y avoir des frictions ou des désaccords, mais c’est normal. Ça n’a franchement rien à voir avec ce qui est démontré dans les films et même dans les vieux contes classiques. Je sais du fond de mon cœur que toutes belles-mères font de leur mieux pour rendre tout le monde heureux.

Quand j’ai rencontré mon chum, je me suis promis une chose : ne jamais laisser penser à sa fille que je lui « volais » son papa. J’ai pris ma place de façon graduelle. Je me suis parfois retenue de passer certains commentaires ou de réagir à certaines situations. C’est encore parfois difficile, mais je suis fière de la relation que nous entretenons. J’apprécie ma belle-fille et j’ai l’impression que c’est réciproque. Nous nous respectons toujours et quand quelque chose ne va pas, c’est avec mon conjoint que je discute. Pour moi, il est primordial que notre relation demeure positive.

Je pense que tout comme moi, il y a plein de femmes qui doivent vivre avec ce titre et avec tout ce qui va avec. Je le clame haut et fort : arrêtons de mettre de l’avant le cliché de la méchante belle-mère. À toutes les femmes qui élèvent des enfants qui ne sont pas les vôtres : vous êtes extraordinaires, vous faites de votre mieux et je sais parfaitement qu’un jour, ces enfants qui seront devenus des adultes auront envie de vous dire « merci ».

Caroline Girard

Ce qu’est la famille?

Je suis maman de quatre enfants, mais je suis aussi une belle-mère.

Je suis maman de quatre enfants, mais je suis aussi une belle-mère. Notre famille fait partie des milliers de familles recomposées de ce monde. Nous ne sommes pas mises à part de la société. Bien au contraire, c’est un mode de vie de plus en plus reconnu. Tant qu’il y a de l’amour, c’est ça non?

Ce qu’est la famille pour moi?

Peu importe la couleur, l’origine, besoins particuliers ou pas, couple homosexuel, couple bisexuel, que tu aies deux pères, deux mères, une belle-mère, un beau-père, une maman, un papa et une belle-mère, ou que tu sois un parent monoparental, tant qu’il y a de l’amour et du bonheur, c’est ce qui, quant à moi, représente la famille.

Une famille, c’est d’apprendre à devenir parent tous les jours. C’est d’accepter que nos enfants nous soient prêtés et que la vie est tout, sauf éternelle. Nous avons perdu notre petite fille âgée de vingt mois le 12 octobre 2019 d’un accident extrêmement tragique. Son petit cœur a cessé de battre dans nos bras. Nous avions plein de scénarios et tout plein de rêves pour notre Livia. Et d’un coup, le temps s’arrête et tout ceci ne devient que mémoire. Livia est devenue mémoire, j’ai peine à l’imaginer. Ce qui nous reste? Des souvenirs. Aussi vite elle est née, aussi vite elle nous a quittés, si prématurément. Mais la vie de famille ne s’arrête pas. Elle grandit à travers cette épreuve, la famille devient davantage un mouvement d’espoir et d’amour.

La famille, c’est aussi cela malgré tout. Les liens entre nos enfants et nous se sont grandement solidifiés. Nous comprenons tant de choses en si peu de temps. La famille pour moi, c’est de savoir s’accepter, s’aimer et partager autant de bonheur qu’il est possible de le faire. Mais c’est aussi d’accepter les peines et les joies de chacun d’entre nous.

C’est d’apprendre à partager une maison avec tous ses membres d’une famille différente. En tant que belle-mère, c’est de savoir prendre sa place d’apprendre à aimer les enfants d’une relation ancienne. Être un beau-papa, c’est d’ouvrir sa porte à sa femme, mais aussi à ses enfants. C’est aussi d’apprendre à aimer ces petits inconnus qui deviendront des amours inconditionnels à leur tour. Au fond, c’est ça être une famille. Qu’elle soit recomposée ou non. L’amour mène toujours.

C’est ça la famille pour moi :

Aimer – partager – pardonner – accepter – s’ouvrir – apprendre – bonheur – confiance – partage – être coloré – profiter de la vie – une ouverture d’esprit – juste beaucoup d’amour – des activités enrichissantes – des moments de douceur – des moments de joie – des moments de peine – des moments heureux – des moments moins heureux – des rires – des pleurs – des moments doux –

Mais tellement juste de L’AMOUR.

Comment vois-je les choses au niveau d’une communauté?!

Nous résidons à Saint-Samuel, un petit village au Centre-du-Québec.

Je peux vous dire que c’est beau de voir la solidarité entre citoyens. Des rencontres sur la patinoire pour un match improvisé. Les citoyens sont âgés de tous âges, et c’est ce qui est beau. Une diversité. Une acceptation du fait que cette fois‑ci, il ne faut pas être le plus fort, mais bien celui qui va partager la puck de hockey avec un enfant tout jeune, qui apprend tout juste à patiner. C’est d’avoir une ouverture d’esprit envers tout un chacun et non d’avoir un esprit compétitif. Un beau bonjour lorsque l’on se croise au bureau de poste. Parce qu’on va se le dire, nous sommes une petite population et un bonjour se transforme vite en une conversation sur la vie d’aujourd’hui!

C’est de se rencontrer à la bibliothèque. Rencontrer d’autres parents qui vivent la même chose que nous : être un parent. Être « propriétaire » d’une famille!

Je crois que le mouvement de solidarité devrait durer. Je crois que des activités pour regrouper les gens, les vieux, les plus jeunes, c’est réellement de redonner un souffle de vie et d’espoir dans une société. Au fond, tu n’as pas d’âge tant que tu garderas ton cœur d’enfant.

Et si la communauté était tout simplement ça : une famille?!

Une famille n’a pas de sexe. Une famille n’a pas de couleurs. Une famille n’a pas d’origines.

Une famille n’a pas d’orientation sexuelle. Tu peux être qui tu as envie d’être. Tu peux être la famille de tes rêves.

Jessyca Brindle

À toi, mon papa monoparental

Je t’ai rencontré par pur hasard. Tu étais dans une situation se

Je t’ai rencontré par pur hasard. Tu étais dans une situation semblable à la mienne. Une âme un peu perdue, en questionnement, en adaptation. Un moment de ta vie marquant, bouleversant venait de se produire, tout comme pour moi. Nous avons commencé à nous voir, nous parler. J’ai découvert en toi quelque chose d’inattendu, mais en même temps, de tellement espéré.

Nous apprenions à nous connaître tout en vivant respectivement, chacun de son côté, notre déception vis-à-vis notre séparation, notre échec de cette idée parfaite que nous avions d’une famille unie.

Nous nous sommes épaulés, rassurés. Nous avons pleuré ensemble. Nous avons partagé nos peines, nos joies et nos inquiétudes.

Je me suis dit à ce moment-là que rien n’arrive pour rien et que si nous devions seulement être que de passage dans la vie l’un de l’autre, ce passage ne serait que bénéfique pour nous deux.

Mais, ce n’est pas ce qui s’est produit. Nous n’avons pas été que de passage… Nous y sommes encore aujourd’hui. Nous sommes tombés amoureux à une vitesse impressionnante.

Certains diront que la rapidité avec laquelle nous avons foncé à vive allure dans cette relation était trop intense… trop rapide… trop ci… trop cela… Ça t’a blessé, toi qui ne veux tellement pas décevoir les gens autour de toi. À ces personnes, je leur souhaite de rencontrer quelqu’un d’aussi merveilleux que toi. Ainsi, elles me comprendront.

Je me souviens exactement du moment où je me suis avoué que j’étais totalement sous ton charme. Le moment où j’ai compris que tu allais tôt ou tard faire partie de ma vie et de celle de mon enfant.

Tu riais avec ta fille malgré les moments difficiles que tu vivais. Tu l’enlaçais dans tes bras en lui disant à quel point tu l’aimais. C’était beau, c’était rassurant. Peut-être que personne ne te l’a jamais dit, mais ces moments que tu prends pour lui dire à quel point tu l’aimes et qu’elle est importante pour toi auront un impact important dans son futur.

Je te vois agir avec elle comme père et je suis fière de toi. Je sais que ce n’est pas évident pour toi de jouer le rôle du papa monoparental. J’ai vécu tes doutes avec toi, mais crois-moi, ta fille ne manque de rien avec toi. Elle est plus que bien et, malgré que parfois, tu peux te sentir inquiet dans ce rôle de père, tu fais un travail remarquable.

La façon dont tu agis avec elle et avec les gens qui t’entourent me fascine. Ta sensibilité, ton écoute, ton respect, ta douceur… ces qualités ne font qu’augmenter la gratitude que j’ai envers la vie, d’avoir mis un homme aussi admirable sur mon chemin.

Nous avons vécu des émotions indescriptibles ensemble depuis notre rencontre. Nous avons eu des doutes, des émotions à la tonne, des frustrations.

Je peux dire que de nous voir ensemble aujourd’hui me rend fière. On ne s’est pas laissé impressionner. On y a cru.

Je te remercie d’être toujours là, à mes côtés.

Je t’admire d’être un aussi bon ami pour ma fille.

Je t’acclame d’avoir accepté que le père de ma fille et moi soyons amis et en bons termes pour notre fille. Ce n’est pas tout le monde qui aurait la capacité de vivre avec cette chimie entre « ex ».

Je te dis de rester qui tu es même si parfois, ton insécurité crée des doutes sur ta façon d’être et d’agir.

Crois-moi, tu es tout simplement unique.

Et je souhaite que chaque père monoparental aussi merveilleux que toi, malgré les inquiétudes et les doutes, continue de croire qu’il est capable de faire briller les yeux de son enfant, et ce, chaque jour.

Isabelle Nadeau

 

Ma famille recomposée

J’aurai quarante-deux ans demain. À l’aube de cet anniversaire

J’aurai quarante-deux ans demain. À l’aube de cet anniversaire, je me sens particulièrement reconnaissante de tout ce que la vie m’offre et m’a offert jusqu’ici. Je suis reconnaissante d’avoir mis au monde, d’aimer et de voir grandir une petite femme extraordinaire et en santé qui m’apprend à aimer avec pureté et abandon. Je suis reconnaissante de pouvoir assister, à distance, aux séances d’entraînement de Dwayne, my Rock, Johnson ; reconnaissante qu’il me partage ses repas au quotidien, ainsi que ses trépidantes promenades qu’il partage avec ses chiens. Je suis aussi reconnaissante d’avoir dans ma vie des amies exceptionnelles qui embellissent et adoucissent mon quotidien, et qui font de moi un humain plus complet que complexe. Je suis reconnaissante parce que je suis privilégiée d’être si bien entourée.

Dans un moment de ma vie où je fais un grand ménage et où je n’ai envie que de beau, de vrai et d’essentiel, je réalise que ce sont leurs visages que je veux voir vieillir avec moi, et leurs enfants que je veux voir grandir avec la mienne. J’ai envie que mes amies sachent que je les ai choisies parce qu’elles sont intelligentes, généreuses, drôles, uniques. Je veux qu’elles sachent que je les rechoisis chaque jour de ma vie parce qu’elles sont exceptionnelles.

Demain, sous mon beau soleil de fête, les fesses mouillées, les jambes flottantes dans la piscine et les neurones un peu trop diluées au vin blanc, je ne leur dirai pas à quel point je les aime. Je ne le dirai pas parce que ce n’est pas en moi de dire ce genre de choses, bien que je les pense très fort. En les regardant parler entre elles, je vais les trouver belles. Je vais rire de leurs blagues et je vais les écouter. Je vais être submergée d’un grand sentiment d’amour et de tendresse et, sans qu’elles s’en aperçoivent, je vais glisser un grand « Merci » dans chacun de mes regards. Je vais les remercier de m’avoir choisie aussi et de transformer ma vie.

Elles ont assisté à tous mes départs et ont été présentes à chacun de mes retours. Elles ont eu la patience d’attendre que ma garde ramollisse et que mes épines tombent, une à une. Leur amour a assoupli l’intransigeance de mes vingt ans et m’a remplie de douceur. Elles m’ont réappris la confiance. Chacune à sa façon m’a appris l’amour, l’abandon, le pardon. Elles ont fait de moi une femme plus authentique, une amie plus aimante et une humaine plus affranchie. Des plus improbables fous rires aux moments de grande fébrilité, dans ces creux de vie qui paraissent parfois interminables, elles ont toujours été là, sans condition.

Ce matin, assise en mou devant l’ordi, les cheveux aux allures d’un palmier insalubre et emmêlé, j’ai envie de remercier la vie d’avoir ce grand privilège d’être si bien accompagnée. Envie de dire ce qu’on tait, parfois, par pudeur. Envie de dire qu’il existe de belles histoires d’amour, mais qu’il existe, aussi, d’extraordinaires histoires d’amitié.

Alors, à vous mes femmes, mes amies, merci d’être toujours là. Vous êtes mon ancre, mes racines ; ma famille recomposée.

Liza Harkiolakis

Ma famille courtepointe

J’ai une sainte horreur du qualificatif « RECOMPOSÉE » que lâ

J’ai une sainte horreur du qualificatif « RECOMPOSÉE » que l’on affuble aux familles qui se sont décousues et qui choisissent une nouvelle option. Une nouvelle direction. Selon le dictionnaire, recomposer signifie : composer de nouveau ce qui a été détruit, dispersé, décomposé. Faire à nouveau : refaire en modifiant.

Lorsque j’ai rencontré mon conjoint, il avait à ses côtés une fille. Moi, mis à part quelques meubles et ma vie dans quelques boîtes, je n’avais rien d’autre.

Moi qui n’avais rien, je n’avais tout autant rien composé. Je n’avais pas de famille à ma charge. Que pourrais-je recomposer alors ? Pour mon conjoint, c’était autre chose. Il avait déjà composé une famille. Mais l’idée de la reconstruire avec la même personne s’était dissipée de part et d’autre. Ils auraient pu recomposer ce qu’ils avaient autrefois fondé. Mais plus là. C’était maintenant plus une addition qui se soustrayait. Je n’aime pas être définie par un qualificatif qui nous ramène en arrière. Ma famille à moi, c’est celle qui va de l’avant. Celle qui s’invente. Celle qui se vit maintenant et à jamais.

De ce principe est née « ma famille courtepointe ». Je n’allais pas devenir une famille recomposée. J’étais une famille qui se composait. Qui se déterminait. Qui se dessinait. Je n’avais jamais détruit ni dispersé de famille, je ne l’avais jamais vue se décomposer. Je ne faisais pas à nouveau en modifiant, non. Je faisais, point. Point par point.

Je ne suis pas du genre à faire dans la dentelle. Mais j’aime sentir ma famille tricotée serrée. J’aime sentir que nos différences mises les unes à côté des autres font un joli ensemble. J’aime que le sentiment qui nous rapproche, c’est la chaleur de notre amour les uns envers les autres.

À la façon des courtepointes, nous avons cousu notre famille. Nous avons choisi le dessin qu’elle arborerait. Notre famille est, de mon œil d’artiste, la plus belle. Du moins, celle qui est le plus à mon goût. Qui est la plus appropriée à notre réalité. Elle est nôtre et nous pourrons toujours nous y lover pour ressentir cette chaleur familiale lors des coups de vent dans nos vies. Des instants de froideur qui viendront à notre rencontre. Et ce poids sur nos épaules pour ressentir que nous ne sommes jamais seuls. Et il n’y a rien de mal à replacer un bout de tissu maladroitement posé. C’est le labeur de la confection de la famille. Voir l’ensemble et s’ajuster, retirer ce qui a mal été confectionné et réessayer. Puis être satisfait du travail accompli.

Nous n’avons jamais exclu la mère de ma belle-fille. Elle est présente et fait partie de notre quotidien. Elle a sa place dans notre courtepointe. Comme ceux qui ont choisi de se greffer à elle. Lui soustraire sa place aurait fait un grand trou près des motifs de ceux de ma belle-fille. L’exclure m’aurait donné le sentiment de renier une partie de ma belle-fille. J’ai une belle-fille à part entière et rien de moins. Quand elle revenait de chez sa mère une semaine sur deux, on écoutait ce qu’elle avait vécu pendant cette semaine sans nous. On s’impliquait dans sa vie, sa réalité. Cela lui a permis de se définir dans son propre vécu, même si partagé une semaine sur deux.

J’aime tant les couleurs que mes filles ont choisies. Elles diffèrent de celles que j’aurais probablement sélectionnées, mais c’est ce qui rend l’ensemble si beau. Cette complémentarité. Ce côté hétérogène. Nous brodons notre courtepointe avec amour, avec soin, avec respect.

Je transmettrai, qui sait, ce principe de famille courtepointe, cette composition et cet art de créer ce que l’on appelle « la famille » à mes filles. Actuellement, dans leur tête, se dessinent peu à peu des croquis qui, un jour, prendront forme dans la courtepointe de leur famille, de leur vie qu’elles confectionneront un jour avec leur être aimé et qui sait, avec leurs enfants.

Le résultat aux yeux des autres importe peu. C’est notre histoire à nous. C’est la plus belle. C’est notre composition. Nous sommes une famille courtepointe.

Mylène Groleau

 

La p’tite dernière

Plus une famille s’agrandit, plus les rôles de certains changent.

Plus une famille s’agrandit, plus les rôles de certains changent. La fille de mon conjoint, Julia[i], était enfant unique. Elle est ensuite devenue « la grande sœur » à l’arrivée de Lauriane. Lauriane s’est ainsi vue affublée du titre de petite sœur. Puis, lorsqu’Emmanuelle a vu le jour, Lauriane a du coup doublé son titre, préservant son titre de petite sœur ET gagnant celui de grande sœur. Mais toi, Emmanuelle, tu es devenue et resteras toujours « la p’tite dernière », toute cute par ta candeur.

Tu as toujours voulu faire comme tes sÅ“urs. Dès tes deux ans, te faire à déjeuner ne m’effleurait pas l’esprit… tu te débrouillais très bien seule. C’était certes le bordel, mais tu savais quoi faire ! À ton entrée à l’école, il en fut de même pour tes repas du dîner. Tu es devenue indépendante relativement tôt. Trop tôt. Si tes sÅ“urs pouvaient le faire, tu trouvais le moyen pour le faire toi aussi ! « Moi pacable tou’ seul ! »

Tu es celle qui voudrait tellement suivre, mais qui n’a pas toujours l’âge. Aller voir un film en famille voulais dire : papa et tes sœurs dans une salle à rigoler d’une bonne comédie américanisée, et maman et toi dans une autre salle à se bidonner sur le dernier film de Disney ou Pixar.

Tu es celle qui a hérité des vêtements devenus trop petits pour tes sœurs. Le simple fait d’en hériter t’a convaincue à grande vitesse de te choisir un style propre à toi (et loin de celui de tes sœurs, à mon grand désarroi) qui te permettait de dire non aux trucs qui, autrement, t’auraient embourbée (et moi, soulagée financièrement).

Ta très grande sœur a quitté le nid familial pour les études. Il y a longtemps que nous avions, en quelque sorte, perdu sa trace. Se mobilisant avec sa voiture là où les envies abondent. Ta grande sœur, elle, fait son petit bonhomme de chemin, en se lovant de plus en plus chez son amoureux et de moins en moins à la maison. Les partys de jeunes adultes, le travail les weekends et les cours de conduite l’éloignent peu à peu de nous. Nous apprivoisons peu à peu sa disparition, t’obligeant à passer du temps avec tes parents, seuls. Il est maintenant loin le temps des soupers à cinq. Des soirées cinéma et popcorn en famille. De soirées jeux de société.

Puisque tu as maintenant (et heureusement) atteint l’âge du début de l’indépendance, suivre papa et maman ne te plaît guère. Tu préfères avoir le calme de la maison vide à toi seule. (Je t’envie tellement !) Comme tes sœurs n’y sont plus, nous te demandons des services que tu rends admirablement bien. Parfois en rechignant, mais nous mettons cela sur le dos de ton adolescence. Tu es une p’tite dernière presque exemplaire.

Il y a des foyers où être le p’tit dernier fait régner un sentiment de surprotection où tout un chacun aurait parlé à ta place et aurait signifié que tu étais trop petite. Dans un tel foyer, nous t’aurions abondamment surprotégée. Non. Nous t’avons laissé ta place à toi pour que tu t’y épanouisses. J’avoue que dans mon cœur de maman, à chacune de tes dernières étapes, j’ai toujours eu un pincement qui me touchait droit au cœur. Le dernier des apprentissages vers la culotte sèche. Le dernier des biberons. Les dernières nuits à te regarder et à échanger ces petits moments de silence en pleine nuit où toute la maisonnée dort à poings fermés. Les derniers apprentissages de base comme le vélo, attraper un ballon, tenir un crayon et j’en passe… les dernières premières rentrées scolaires. Tu es maintenant au secondaire… À chacune de tes dernières étapes, c’est toute la famille qui les vit par nostalgie.

Très tôt, tu as tenté de créer ta propre identité. Autant du côté vestimentaire que par tes choix musicaux, tes activités parascolaires qui différaient du reste de la famille. Additionnant les figures de style sur les photos (sourire pour toi relevait plutôt du clownesque !) Tu prenais TA place ! Te créer ton identité t’a permis de t’assumer rapidement. À huit ans, tu savais ce que tu voulais faire de ta vie. (Tu seras une extra bonne ambulancière !) Tu sais où tu vas et personne ne peut te faire changer d’idée. Mes remontrances, tu les as entendues plus qu’à ton tour. Recréer les mêmes erreurs que tes sœurs ne relèveraient que trop du naturel, alors tu en crées de nouvelles. Nous forçant du coup à retourner à nos boîtes mentales de solutions.

Que tu aies été la première, la seconde ou la dernière, ta place au sein de la famille est importante à nos yeux et dans notre cœur. Tu es la p’tite sœur aimée, l’enfant chérie. Tu gravites dans nos univers et tu es assurément l’étoile qui nous manquait pour faire un tableau parfait !

Reste toujours toi-même, forge ta place au sein de ta vie avec autant d’aisance que tu l’as fait depuis ta venue au monde.

[i] Chez nous, nous avons décidé qu’il n’y avait pas et n’y aurait pas de titre de « demie sœur »… Je suis la belle-maman et non la maman. Cela ne changera jamais. Mais cette enfant de parents séparés mérite pleinement qu’elle soit aimée à part entière. Peu importe où elle se trouve. Nous utilisons donc le titre de « sœur » dans son entièreté et rien d’autre.

Mylène Groleau

 

À vous trois

À vous trois,

Les amours de ma

À vous trois,

Les amours de ma vie, ceux qui m’ont permis de vieillir, oui, oui, à vous!

À vous, qui avez su me faire aimer la vie.

À toi, ma choupinette, quand j’ai su que tu étais là, bien présente dans ma toute petite bedaine d’adolescente d’à peine dix huit ans, mon cÅ“ur s’est empli de joie! Parce que ton papa me semblait le meilleur, celui dont toutes les petites filles rêvaient… parce que chaque jour, ton sourire et tes frustrations d’enfant de huit ans me rappellent à quel point je peux t’aimer. Tu resteras à tout jamais ma princesse, ma grande fille, ma belle grande fille d’amour.

Ensuite, petit loup est arrivé quinze mois plus tard. Enfinnnnn, ma famille était complète! Papa et maman étaient tellement sur leur nuage! Petit garçon, grands soucis : les semaines d’hospitalisation, les quatre opérations. Mais comme je t’ai toujours murmuré à l’oreille : « Prépare toi, petit garçon, elle sera longue l’expédition, et même si on n’en revient jamais vivant, il faut regarder droit devant. » Mon beau petit bout de bonheur qui traversait chaque épreuve mieux que nous, ton père, ta sÅ“ur et moi! Merci de faire partie de nos vies… je t’aime.

Un jour, entre papa et maman, ça n’allait plus du tout, les chicanes se succédaient. Maman a décidé de mettre un point final à tout ça. Mais sachez, mes amours, que ce n’est pas de votre faute.

Quelques mois plus tard, maman a rencontré celui qu’elle croyait être le prince charmant… nous avons eu un beau petit bébé de cette union, mais sachez que maman ne vous aime pas moins que ce petit bout de chou!

Un beau grand garçon aujourd’hui âgé de presque trois ans. Un autre petit guerrier! Qui a failli laisser sa vie à l’âge de deux ans… Mon grand colosse qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Mon beau grand blond qui sait nous faire rire à tout moment. Mon guerrier, je t’aime plus que tout.

Maman s’est fait laisser quatre ans plus tard, par ce fameux prince… celui qui lui promettait l’éternité!

Aujourd’hui, six mois après cette séparation, maman est fatiguée, fatiguée de se battre.

Mais aujourd’hui, quand maman a faussement pensé qu’elle avait tout échoué dans sa vie, elle a pensé à vous trois. Vous trois qui rendez ma vie plus que merveilleuse, vous trois sans qui ma vie aujourd’hui n’aurait pas de sens.

Merci d’être mes enfants, merci la vie de m’avoir donné ces trois petits miracles.

Un jour, la vie sera plus belle.
À toi maman qui n’en peut plus, regarde tes enfants et souris à la vie.

Eva Staire

Une moitié de toi…

Ma fille est partie avec papa pour deux semaines depuis vendredi mat

Ma fille est partie avec papa pour deux semaines depuis vendredi matin dernier et j’ai le cœur triste. Malgré que ce soit notre troisième été séparés, son papa et moi, il me semble que je ne m’habitue pas à ce long deux semaines sans elle. Elle aussi lorsqu’elle est partie, elle m’écrit deux-trois textos durant ce vendredi pour me dire : « Je t’aime maman d’amour. » Je sais fort bien qu’elle passera deux semaines de vacances extraordinaires avec une belle-maman qui l’adore et ses « demis », comme elle les appelle. Elle fera du vélo avec papa, fera plein de belles découvertes et surtout, elle vivra son moment présent comme elle le fait si bien à neuf ans. Elle prendra des tonnes de photos de ses moments de bonheur avec cette belle grande famille où le sport est à l’honneur. Elle prendra soin de ses chiens et elle développera encore plus son autonomie loin de sa maman.

Mettre un enfant au monde et vivre la moitié de sa vie signifie de lâcher prise sur toutes les premières où elle ne sera pas avec moi. Apprendre à partager les anniversaires, séparer les fêtes importantes ou ouvrir les cadeaux le 27 décembre est souvent déchirant. Pour elle, cependant, c’est aussi d’avoir un mois de vacances l’été, car papa part deux semaines puis maman deux semaines par la suite; le double de cadeaux, de câlins, avoir deux maisons, de nouveaux cousins et cousines, des nouveaux amis dans le quartier où papa s’est installé et une vie où la moitié du temps, on est avec un de ses parents.

Des amis en couple me disent que c’est peut-être le meilleur des deux mondes, car on a du temps comme parent séparé pour faire ses activités. J’avoue que je suis peut-être une meilleure maman lorsqu’elle arrive et que j’ai le cœur rempli de bonheur de la retrouver, la tête pleine d’idées pour NOTRE fin de semaine ensemble et une réserve de patience en banque.

J’espère que tu passeras de belles vacances, ma belle cocotte, et j’ai hâte que tu me racontes tes semaines à la mer avec papa et ta nouvelle famille depuis deux ans et demi.   Sache que malgré la distance et ton absence, je pense à toi tous les jours, j’entends même ta petite voix chantante qui pousse ma porte le matin et ton rire lorsque tu viens me rejoindre au lit pour des câlins.

Véronique Hébert

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Lauriane ou l’instigatrice du fondement de notre famille

Lorsque je me mets à discuter avec d’autres mamans sur les sujets

Lorsque je me mets à discuter avec d’autres mamans sur les sujets de la maternité, je me rends bien compte à quel point rêver d’avoir des enfants ne m’avait pas beaucoup effleuré l’esprit. Pendant que certaines en rêvaient depuis la tendre enfance ou encore que d’autres clamaient haut et fort que jamais, au grand jamais, la maternité ne ferait partie de leurs plans élaborés de vie, moi, l’éducatrice en petite enfance entourée de bambins au quotidien, je n’avais jamais soulevé la question dans mon cœur ou dans mon esprit. Je n’étais ni pour ni contre. Non, seulement pas encore arrivée à la croisée des chemins pour me poser cette question.

Et puis, sans crier gare, la question n’a pas eu le temps de se poser… elle m’était passée sous le nez à la vitesse de l’éclair… La réponse avait trouvé place en mon ventre sans que je n’aie eu le temps d’y réfléchir.

À l’époque, je venais à peine de rencontrer ton papa.  Un grand gaillard qui cumulait les heures de travail pour subvenir aux besoins de sa fille dont il avait la garde une semaine sur deux. Une blondinette aux grands yeux bleus d’à peine deux ans et demi. Nous entamions une relation remplie d’incertitudes qui ne savait trop par quel bout commencer.

Nous venions de débuter « l’officialisation » de notre couple que nous annoncions par la même occasion ta venue neuf mois pile poil après le début de notre relation. Pourquoi faire compliqué lorsque l’on peut faire si simple!

Et c’est à ce moment précis que tu as fait, à toi seule, grosse comme une crevette dans mon océan, opérer toute la magie telle une véritable Fée Clochette de Disney.  Moi qui n’étais pourtant certaine de rien face à cette vague de nouveautés dans ma vie, j’ai pourtant décidé de plonger à pieds joints dans celle-ci. Ton papa et Julia ont emménagé avec moi. Nous avons fondé, une semaine sur deux, notre petite famille, nous acclimatant ainsi à cette nouvelle réalité de temps plein qui arrivait à grands pas.

Toi si petite, qui venais de bousculer mon grand univers et mes immenses certitudes, tu restais pourtant si discrète. Une grossesse de rêve! Tu valsais dans mon ventre telle une ballerine de haut niveau. Je vaquais à mes occupations et toi, toujours, tu suivais sans grandes manifestations.

J’ai apprivoisé cette nouvelle réalité et plus le temps avançait, plus j’avais hâte de devenir TA maman. Pour nous faire languir, tu t’es pointée avec du retard : 41 semaines et trois jours.  Seize jours après l’effroyable effondrement des tours jumelles de New-York durant lequel l’idée d’accoucher en pleine guerre me terrassait. C’est par césarienne qu’on t’a fait sortir de ta réconfortante position.  Dans mon univers utérin, il n’y avait que de l’amour, que de la quiétude et de la douceur à ton égard. Pourquoi se presser? Cela n’avait tellement rien à voir avec les projections d’horreur qui nous subjuguaient les esprits.

Aujourd’hui, à l’orée de tes seize ans, papa et moi sommes toujours en amour. Nous vivons par contre notre coup de foudre à retardement. C’est maintenant que nous nous offrons la latitude de nous découvrir… Avant, nous étions trop occupés à fonder notre famille. Vous avez, tes sœurs et toi, atteint l’âge de l’autonomie et c’est tant mieux pour nous deux… Nous nous découvrons comme couple et c’est si merveilleux.

Encore aujourd’hui, chère Lauriane, tu es celle qui a le plus confiance dans ce que tu fais et dans la direction où tu vas. C’est par cette même conviction que tu devais savoir, dans mon ventre, que papa et moi allions fonder notre famille. Aussi certaine que ta grande sœur Julia ferait toujours partie de nos vies.

Tu as cédé un peu de ta place pour la venue de ta petite sœur Emmanuelle qui, malade, a pris beaucoup de notre temps, en laissant ainsi moins pour toi.  Tu t’ajustes à toutes les situations. Devenant à ton tour grande sœur, tu avais cette maturité de tout comprendre et pour toi, tout était toujours correct.

Toi, Lauriane, tu as la confiance dans tous tes gestes et tes paroles. Tu as la détermination, la douceur et la passion enfouies dans tout ton être. Tes pas sont dictés par ta volonté inébranlable. C’est tellement beau de te regarder devenir une jeune femme assumée.

Merci d’avoir bousculé mes plans. Emprunter la voie de ton assurance aura été le plus beau des chemins que j’aurai parcourus.

Grâce à toi, j’ai un mari que j’aime de tout mon cœur et qui m’aime en retour comme jamais je n’ai été aimée auparavant.

Grâce à toi, j’ai choisi d’aimer et de laisser entrer Julia dans ma vie. Quelle belle rencontre ce fut d’être sa belle-maman, et ce l’est encore chaque jour.

Grâce à toi, nous avons agrandi la famille, laissant venir au monde notre belle Emmanuelle, te permettant de jouer à la fois un rôle de petite et de grande sœur.

Ne va surtout jamais croire que tu n’as pas été désirée ou que par la force des choses, nous avons dû nous accommoder à ta présence. Non… il n’en est rien. Tu es la plus belle des surprises que la vie puisse offrir à quiconque et tu ne cesses de nous surprendre!

Par ta venue, nous sommes une famille unie et inébranlable, remplie de souvenirs et de traditions que nous tentons de recréer année après année. Une famille qui continue de cheminer et sur qui on peut toujours s’appuyer lors des coups durs. Une famille avec laquelle on peut festoyer toutes les réussites. Le reste nous appartient. Mais notre histoire débute par toi!

Ta maman qui t’aime xx

Mylène Groleau

Poussière d’ange

Juste au mauvais moment

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Juste au mauvais moment

Une poussière d’ange t’est tombée dedans

Tu ferais une super maman mais pas maintenant non pas maintenant…

Ce sont les paroles d’une chanson d’Ariane Moffat. Elle m’a brisé le cœur quand je l’ai écoutée. Pas entendue. Écoutée. J’ai tellement pleuré.

J’ai trois enfants. Deux ados qui ne veulent plus de parents et une mini fée qui veut encore heureusement sa maman. Je suis sauvée. Du moins pour quelques années. J’adore mes enfants. Ils sont imparfaits tout comme je le suis. Ils me dérangent dans leurs principes et leurs déclarations parfois. Dans mon schème de valeurs aussi. Mais bon; je suis un dinosaure malgré que je sois sur Facebook, Snapchat, Ask et Instagram. Retenez ça : les applications ne font pas l’individu. Je suis complètement désuète pour mes ados malgré mes quarante ans. Out la mamie.

Trois enfants. Quinze ans dans une précédente relation et plus de deux dans celle-ci. Crise de quarantaine peut-être? J’ai tout plaqué de ma vie d’avant; non sans heurts. Donc, j’ai un formidable amoureux. Je suis heureuse. Je suis remplie de paradoxes. Je suis une cérébrale qui suit son cœur. Toujours. Je sais. Ça ne fait aucun sens, mais c’est comme ça. Ma tête me protège. Mon cœur me fait vivre.

Depuis plus d’un an, je vis avec les inconforts d’une préménopause. Je sais, ça paraît long, mais je dois vous mettre en contexte. Mon corps réagit, les chaleurs sont prédominantes, je ne dors plus la nuit, les règles sont éparses, le bordel est pogné comme dirait l’autre.

Deux mois que je n’ai pas eu mes règles. Je ne me suis pas inquiétée outre mesure. Mon amoureux a eu une vasectomie il y a quatre ans. Cinq enfants qu’il a déjà. Trois pour moi. Fonder une famille, avoir des enfants ensemble n’a jamais fait partie de nos projets. On aimait ceux qui étaient là et c’était très bien ainsi.

Vous me voyez venir? Parfois, je manque de subtilité. Pour dissiper le doute, j’ai passé un test de grossesse. Toute seule parce que c’était invraisemblable de toute façon. Éliminer les possibilités. Vasectomisé, l’amoureux. 99 % de contraception.

J’ai pleuré ma vie. Bien plus tard. Après avoir absorbé le choc. Deux lignes sur un test de grossesse. Je n’y ai pas cru. Ça m’a pris plus de quarante-huit heures. J’étais enceinte. Je portais un bébé dans mon ventre. À trente-neuf ans. En préménopause depuis quelques mois. Avec deux ados qui ne voulaient plus de mère et une de six ans qui en réclamait une.

Il faut qu’on se parle. C’est ce que je lui ai dit deux jours plus tard. On haït tous ça, cette phrase-là. C’était ça pareil. J’étais désemparée. J’avais besoin de lui. Je ne comprenais pas. J’avais déjà lu les articles et les statiques sur le Net. 3 % des femmes tombaient enceintes après une vasectomie. La plupart, trois à cinq ans après la vasectomie du monsieur. Les canaux qui se collent. Ça devait me consoler tout ça?

Ça ne m’a pas consolée. On a parlé, on a fait dix mille scénarios dans nos têtes, on a échangé sur les possibilités. J’ai beaucoup pleuré. Lui non. Il absorbait le choc tout comme moi quelques jours auparavant. Il était solide et rationnel. J’étais en miettes et brisée. On a décidé de se donner quelques jours, quelques semaines.

J’ai appelé à la clinique l’Alternative à Montréal. Il m’a accompagnée. Il m’a serrée fort dans ses bras. Il m’a dit qu’il m’aimait. Il m’a demandé si c’était correct pour moi. Si je changeais d’idée. Il a essuyé mes larmes au travers de mon sourire incertain. Il aurait été un formidable papa. J’aurais été une formidable maman.

Je l’ai fait. J’ai dit non à mon bébé. J’ai demandé à la voir. Elle aurait été une fille. J’en suis intimement convaincue. Je ne le saurai jamais. J’ai demandé à voir sa petite enveloppe qui ressemblait à un œuf. Je lui ai demandé pardon. Elle m’avait choisie comme maison; et moi, parce que ça ne marchait pas, parce que je ne pouvais pas, parce que je ne voulais plus, j’ai dit non à la maison.

Je me suis fait avorter. Écrire cette phrase-là me fait mal. Avorter. Verbe dénué de sens et d’émotions. J’ai trois enfants. Je sais ce qu’elle aurait pu être, devenir. Je sais ce que c’est que de porter un enfant, de l’attendre, de sentir sa vie dans mon ventre, de projeter mes désirs sur lui ou sur elle, de l’aimer. Je l’aurais appelé Ève. Source de vie. Elle aurait eu un an ce mois-ci.

Eva Staire