Je me sens triste parfois
Oui, parfois, je me sens triste. Triste de ne pas pouvoir jouer avec mes enfants comme le font d’autres papas. Parce que j’ai des blessures physiques aux jambes et au dos, je n’ai pas la capacité de faire ce qu’un homme de mon âge devrait être capable de faire.
Je me rappelle quand ils étaient plus petits et qu’ils me demandaient de les prendre. Parfois, je devais leur dire que papa ne pouvait pas. D’autres fois, à un spectacle, lorsqu’ils voyaient d’autres enfants sur les épaules de leur père, ils voulaient faire la même chose. J’ai souvent préféré souffrir, juste pour faire plaisir à mes enfants. Ça peut être très difficile pour un jeune enfant de comprendre que son papa est blessé physiquement et intérieurement. Ma plus vieille était très jeune quand j’ai été libéré des Forces armées canadiennes. Mon deuxième se faisait bercer dans le ventre bien chaud de maman.
Oui, je me sens triste, aussi, de ne pas pouvoir faire tout ce que j’aimais faire avant. J’aimais courir et faire des poids et haltères. J’aimais aussi travailler sur ma maison et faire des rénovations. Maintenant, je dois engager du personnel pour le faire. L’armée a usé mon corps et il ne répond plus à la demande.
Parfois, je me sens triste de ne pas pouvoir accompagner ma femme partout où elle va. Souvent, soit je l’attends dans l’auto, soit je reste à la maison. À la maison, ça va beaucoup mieux depuis que je prends ma médication. Le travail d’équipe va très bien entre ma femme et moi. Quand il est question de sortir ensemble ou de faire des activités familiales, je me sens comme handicapé. En public, c’est la détresse et c’est incontrôlable. J’ai des symptômes graves qui me font souffrir terriblement.
Oui, je suis triste et j’aimerais tellement être comme tout le monde. Mais savez-vous quoi? Je me dis que mes enfants sont chanceux de m’avoir encore en vie. Je suis un bon exemple pour eux : ne pas baisser les bras et me battre. C’est ce que je vais faire. Ils auront besoin de moi. Pour ma femme, je crois que je suis un exemple de combattant et qu’elle apprécie beaucoup mes efforts quotidiens. Chaque jour, je me dis que ça ira de mieux en mieux.
Ma vie a été remplie d’obstacles et je n’ai jamais lâché. Je ne compte pas lâcher cette fois‑ci non plus. Je combats encore.
Carl Audet