Notre « chez‑nous »
La première fois que je m’assieds devant mon ordi pour composer ce qui mijote dans ma tête depuis un bon moment déjà. Je prends mon courage à deux mains et décide de laisser aller ma plume pour te parler de « nous ».
Difficile à décrire comme sensation lorsqu’on prend conscience que certaines personnes vont peut-être nous lire ou pire encore… nous « juger ».
J’essaie justement d’enseigner à mes enfants à fermer les yeux devant les critiques ou à foncer lorsque c’est nécessaire, mais pour cela… je dois prêcher par l’exemple, moi, la maman !
Voilà, tout le monde fait dodo sauf moi. Je m’installe au comptoir avec un verre d’eau et j’ai dix mille idées qui me viennent en tête, mais aucune ne semble être assez bonne pour te les transmettre.
Je prends quatre respirations, je lâche le tout et je décide que mon texte sera celui qui me convient à moi, un point c’est tout ! Je « me » parle et je « te » parle de notre maisonnée.
Bon, je commence ainsi. Pour saisir sur quelle famille « gonflée » tu vas tomber rendu chez nous, tu dois comprendre que l’enfance est aux premières loges. Je ne te parle pas du fait que nous avons quatre enfants, que la maison est remplie de gamins qui courent partout, que nous avons une compagnie de jeux gonflables ou que les petits voisins semblent avoir trouvé refuge dans notre cabane.
NONNN ! Je te parle d’enfance dans son état pur et bon lorsqu’il est bien cultivé. Je sais que dans notre monde, on oublie de laisser place à cet espace fantastique. Notre descendance doit grandir vite et à notre rythme en laissant une parcelle de leurs jeunes années s’évanouir. Et pourtant… ce passage est essentiel et il est merveilleux seulement lorsque nous le respectons et l’embellissons.
Tu t’attendais peut-être à ce que je te parle de mes enfants l’un après l’autre, de la dernière crise de mon dernier au magasin d’à côté, des crottes de nez collées que j’ai retrouvées (ou que l’un d’eux a mangées) ou des bons et mauvais côtés de la maternité…
NONNN ! Je vais te parler de notre mentalité, car elle définit notre maisonnée.
Je t’explique : notre famille est synonyme d’enfance dans son ensemble, ce qui fait place à la magie d’Harry Potter, à l’imagination sans fin et au quotidien mythique. Cet ensorcellement donne droit à la beauté des arcs-en-ciel, une fascination pour les licornes, une poursuite à pas de géants et un décor de fées magique.
Le bon côté de cet envoûtement, c’est qu’il pourrait changer un monde de guerre en prière. Le mauvais côté, c’est que nous avons oublié de le cultiver.
Ici, chez « Les gonflés », nous essayons d’arroser ce bon côté chaque jour. Nous laissons aux enfants la chance d’être des gamins bien vivants et nous en profitons pour leur offrir une jeunesse si importante à nos yeux. Nous leur laissons la liberté d’avoir des taches de gazon sur leurs pantalons, des mots doux collés un peu partout, des bisous envolés et des gâteaux renversés ainsi que des bougies soufflées chaque année.
Si tu viens chez « nous », ne fais pas le saut, car probablement qu’une petite fille t’ouvrira la porte avec le visage maquillé comme chef indien. Il y aura des jouets qui traînent partout. Tu pourras peut-être voir des enfants courir autour de la table de cuisine pour se sauver du dragon des mers, ou encore tu pourras les voir un peu trop énervés, sautant sur nos divans comme si c’était des trampolines. Bref, tu seras probablement découragé par moment pour nous.
Peut-être que tu porteras des jugements sur mes enfants ou sur notre rôle en tant que parent, mais sache que tu seras accueilli avec un cœur léger ayant comme odeur la meilleure qui soit : celle où on laisse une jeunesse être heureuse dans toute sa splendeur.
Ne t’imagine pas que nous sommes parfaits. Pas du tout.
Crois-moi, je suis de la même génération que toi, donc ça me dérange lorsqu’il y a des jouets éparpillés dans chaque pièce de mon foyer. J’entends hurler en voyant ma progéniture courir pour la manette de télé. Je suis découragée de voir des traces de doigts sur mes meubles ou des dessins improvisés sur les murs fraîchement peinturés, et je suis fatiguée de ramasser des papiers de gâteries cachés.
Chez nous, comme chez toi, il y a des désastres quotidiens, du chaos passager, des câlins dégoulinants, des « non » pour rien, des histoires abracadabrantes, du chialage journalier. Nous faisons de notre mieux en souhaitant inculquer à nos enfants des valeurs humaines authentiques, les laisser s’imprégner de bonheurs inoubliables, cultiver des moments de tendresse incroyables, des éclats de rire et le plus important, des « je t’aime » à l’infini.
Naturellement, il y a des points à améliorer, mais en fait, c’est ce qui fait de mon rêve la plus belle réalité, celle d’avoir notre « chez-nous » gonflé à bloc.
Maman gonflée