Père… sévère?

J’admets qu’il m’a pris totalement par surprise…

J’avais bien eu un indice. La semaine dernière. Au lendemain de la première activité de mise en forme. Il ne se sentait pas suffisamment bien pour la seconde. Plutôt inhabituel.

Avant de quitter, la veille, j’avais entendu un des responsables souligner aux jeunes qu’ils ne pouvaient décider de prendre des pauses quand bon leur semble. J’avais compris que la pratique avait été exténuante. Et toi, tu as pris des pauses? Il m’avait répondu de ce regard vide, celui de ceux qui ont tout laissé sur la glace. Comme son idole, le n11 du grand club.

Aucun problème, mon gars, si tu ne te sens pas bien aujourd’hui, tu iras à l’activité de sélection de dimanche! Avec, évidemment, le sous-entendu qu’il faudra alors encore tout donner.

Le hockey, c’est son choix. Je n’avais aucun intérêt pour l’attente interminable et frigorifiée. Les levers avant le soleil, la fin de semaine. Le rush trafic et pratique à 17 h, souper et devoirs ensuite. La routine familiale prise en otage. Les tournois dans des coins perdus.

Pire, que je sois forcé de me racheter un bâton et des gants, parce que la presque totalité des autres pères ne veut pas s’impliquer. Jusqu’à recevoir des rondelles perdues sur les tibias. Non protégés. Ou tolérer, à peine, quelques jeunes irrespectueux.

Je ne parle même pas du gouffre financier.

Mais, comme tout parent, je veux encourager mon enfant. Je veux qu’il participe aux activités sportives. Surtout celles d’équipe. Pour développer tout ce que celles‑ci permettent. Le support, l’entraide. La camaraderie. Avec d’autres jeunes, différents, qu’il ne côtoie pas à l’école.

Le Novice, l’Atome, le Pee-Wee. Là, rendu Bantam…

Déjà, l’an dernier, certains de son âge avaient pris une bonne longueur d’avance. Côté poids et grandeur. Mais il continuait de tenir son bout. Un des rares à tout donner. Père réaliste, je voyais ses lacunes, mais j’appréciais tellement son implication totale. Présences après présences.

Papa, je veux arrêter le hockey, j’aime pu ça…

Je risque l’habituelle réponse. Tu m’as demandé de t’inscrire, fais au moins cette saison; tu arrêteras l’an prochain! Il me renvoie sa déception. Sans filtre. J’essaie, alors, l’autre truc de parent. Penses-y quelques jours, tu me reviendras!

Habile, il me souligne que l’école, cette année, ce sera plus exigeant. Qu’il a déjà le baseball, son option sport. Que ses goûts peuvent changer. Ont changé.

Pendant ces quelques jours, j’ai aussi réfléchi. La persévérance, je la vois déjà. Dans tout ce qu’il fait. Autant que les efforts et la volonté de toujours bien faire. Si je l’ai laissé choisir cette activité, pourquoi, là, je déciderais pour lui? Malgré lui.

Au fond, ça vient juste me chercher. Dans ma perception des sports d’équipe. Ne jamais laisser tomber les coéquipiers. Jamais. Mais ça, c’est moi. Lui, il veut surtout avoir du plaisir. S’amuser.

Je t’aime mon gars, bye bye les arénas…

 

michel

 



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