La phobie scolaire existe-t-elle vraiment?

Dans l’édition du 2 septembre 2019 de La Presse+, un titre accrocheur : « Phobie scolaire — Quand l’enfant ne veut plus aller à l’école ». Une liste de symptômes : refus d’aller à l’école, maux de ventre, crises… On y cite la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, Dre Christine Grou : « La pire chose à faire, c’est de l’évitement. » Donc il vaut mieux éviter de garder l’enfant à la maison et plutôt travailler avec l’équipe-école dans le but de le rassurer.

On peut dire que la neuropsychologue que nous avons consultée en 2014 pour le refus scolaire de notre fils suivait la ligne de parti cent milles à l’heure. « Voyons madame, c’est pas normal de ne pas aimer l’école. Le retirer de l’école, ce serait de l’évitement. Ce n’est pas comme ça qu’on arrive à surmonter nos peurs. »

Ben oui, j’ai lu les mêmes livres que vous sur l’anxiété. C’est assez simple. Je crois que j’ai compris le principe. On surmonte nos phobies en s’exposant graduellement à ce qui nous stresse. On gère notre peur, à chaque succès, un petit pas à la fois. On apprivoise le dentiste, l’avion, les araignées…

Mais l’école n’offrait rien de graduel à mon garçon de six ans, rien de rassurant. La seule option de mon coco était de plonger à 100 %, quotidiennement, dans un environnement inadapté qui le stressait. Il avait beau avoir des enseignantes en or qui voulaient l’aider et refusaient de l’abandonner… mais sa détresse était loin d’être prioritaire à côté du p’tit gars qui venait de faire évacuer l’école parce qu’il avait déclenché l’alarme d’incendie. Se tordre les mains, mourir à petit feu, ça ne dérange personne. Ça peut être bien sage et silencieux.

J’ai fait le pari d’écouter mon fils et d’envisager la possibilité que certains enfants trouvent leur compte à l’école alors que d’autres y sont misérables. Comme certains adultes adoreront être emballeurs à l’épicerie alors que d’autres préfèreront être chirurgiens, acteurs ou éleveurs de porcs… Il ne me viendrait pas à l’idée d’essayer de convaincre un plombier qu’il souffre d’une phobie irrationnelle en refusant de passer ses journées dans une porcherie. Alors pourquoi tout le monde traitait mon fils ainsi?

J’ai finalement accepté de le retirer de l’école, à sa demande, en deuxième année. Et vous savez quoi? À travers son expérience de scolarisation à domicile, mon fils s’est épanoui. Comme une fusée, son potentiel a explosé! Ses quatre années d’école-maison lui ont permis de développer une confiance en lui exceptionnelle. Et il a demandé à retourner à l’école pour y faire sa sixième année. Il est revenu, hier, de sa première journée d’école : convaincu qu’il a le meilleur professeur du monde et débordant d’enthousiasme devant cette aventure qu’il se sent prêt à entreprendre.

Oui, dans un monde idéal, l’école bénéficierait de ressources illimitées et conviendrait à tous les enfants. Ou mieux encore : dans un monde réellement fantastique, les enfants pourraient choisir d’aller à l’école ou non.

Elizabeth Gobeil Tremblay



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