Point final – Texte: Audrey Boissonneault

Je me trouvais à plat sur le sol. Le visage tout enflé et rouge. On pouvait apercevoir la trace de mes larmes, qui s’étaient créé un chemin, quelques minutes avant. Le regard vide, je réfléchissais au geste qui mettrait le point final à ma vie.

Je me souviens d’avoir remué, sans cesse, les idées noires qui parcouraient mes pensées, je ne pouvais plus m’empêcher d’être en accord avec ce qu’il disait. J’ai laissé un message à ma meilleure amie, juste pour lui dire que ça n’allait pas et que je l’aimais. J’ai refusé son appel, en lui disant que j’étais en chemin vers la maison. Personne n’était, réellement, au courant, jusqu’à tant que je dise à ma mère : « Maman, je n’y arrive plus, je veux partir. »

Il y a quelques années, je voulais m’enlever la vie.

J’ai gardé le silence sur ce sujet. En toute honnêteté, j’ai l’impression qu’il s’agit, encore, d’un sujet tabou. J’avais honte, je me sentais égoïste. Pour rien au monde, je ne voulais que l’on voie les cicatrices sur ma cuisse. Je ne voulais pas être décrite comme une faiblesse. Je préférais me refermer, au lieu d’être accusée de chercher l’attention. Depuis quelques mois, j’ai décidé de m’ouvrir sur la situation à quelques personnes. J’ai eu la chance de parler à plusieurs professionnels qui m’ont, tous, apporté un petit quelque chose pour continuer à avancer.

Par chance, mes envies sont restées sans actions. J’ai aussi la joie de dire que j’ai cessé de m’infliger des gestes d’automutilation à l’aide d’objets coupants. Lors des douze derniers mois, j’ai lancé des appels à l’aide, j’ai été en thérapie, quasi, chaque semaine. J’ai su voir le bon et le mauvais autour de moi, j’ai appris sur les personnes qui m’entouraient et j’ai découvert leurs intentions. J’ai appris que certaines personnes peuvent devenir de la famille et j’ai vu certaines personnes devenir des inconnus.

J’ai touché le fond et j’y suis restée un bon moment. J’ai ressenti que ma présence, dans ce monde, n’était plus nécessaire. Je n’arrivais plus à sentir les émotions qui me traversaient, alors que la douleur mentale envahissait chaque partie qu’elle pouvait. J’ai réalisé que la vie est loin de celle que je m’étais imaginée. Je ressentais que garder le silence était, littéralement, la seule chose qui avait du sens.

La vie te fait monter et redescendre, puis quand tu restes coincé à un niveau, tu comprends que tu es la seule personne qui peut te sortir de cet endroit. La vie t’amène sur certains chemins où tu n’arrives plus à te retrouver et c’est à ce moment que tu te demandes si un jour, tu vas voir la lumière au bout du tunnel.

L’envie de chercher cette lueur d’espoir n’y était plus. Je cherchais, désespérément, une façon de soulager ma douleur, je cherchais à ce que tout s’éteigne. Mais j’ai pris la décision de prendre soin de moi et la première étape était d’éliminer chacune de ces pensées embrouillées.

Parce que je souhaitais mettre un point final.

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Audrey Boissonneault



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