Première année sans toi
Le 6 octobre 2016, je suis allée dans ta chambre, en marchant tranquillement pour aller te réveiller, en ouvrant sans bruit ta porte afin que ton matin se passe en douceur. Toute souriante, je me suis penchée pour te prendre dans mes bras et c’est là que ma vie a changé à tout jamais…
Ton réveil en douceur, ta journée remplie de fous rires, de joie et peine, tu ne les as pas eus. Je n’ai pas eu mon câlin du matin, la fameuse crise matinale parce que tu voulais te servir tes céréales toute seule, manger directement dans la boîte et en mettre un million sur le sol. Je n’ai pas eu la journée que j’espérais avec toi le 6 octobre. La journée s’est transformée en cauchemar, car j’ai dû apprendre tranquillement à vivre sans toi, à me dire que chaque seconde désormais serait sans toi.
Vivre sans toi, vivre sans mon enfant, vivre avec un vide immense.
On ne réalise pas à quel point la vie est fragile tant qu’on n’est pas confronté à une tragédie. Désormais, les drames d’autrui me semblent si anodins! J’ai envie de hurler à la personne qui me parle de ses ennuis de la vie quotidienne que je lui donnerais ma vie, je lui donnerais ma vie, je vivrais ses énormes problèmes; à celle qui me parle de son travail qui est ennuyant, des nuits blanches avec les enfants, des ennuis de son couple qui bat de l’aile, de la rentrée scolaire qui est difficile, je donnerais ma vie pour vivre tous les ennuis du monde aux côtés de ma fille. Je voudrais lui apprendre à tout surmonter, lui dire que dans la vie, tout finit par s’arranger.
Après un an, j’apprends à vivre sans toi, trop lentement pour certains, de manière parfaite pour d’autres.
Pour ma part, je ne crois qu’il y a de manière parfaite de vivre le deuil d’un enfant. Tu ne veux pas en parler, n’en parle pas! Tu veux partir en voyage, pars! Tu veux aller dans des groupes de soutien, vas-y! Ce que j’ai appris durant cette année, c’est qu’il faut prendre soin de soi. La première année, nous sommes notre priorité; il faut éviter de prendre le malheur des autres sur nos épaules, elles sont déjà assez lourdes comme ça.
La vie sans toi, ma fille, c’est plate en titi! Mais ne t’en fais pas, maman rit encore beaucoup et elle apprend tout doucement sa nouvelle vie sans toi.