Se sentir mal d’avoir des enfants? Non.

Récemment, je me suis retrouvée dans une situation où je me suis sentie très mal. J’avais l’impression qu’une amie trouvait très contraignant, voire un peu lourd, que j’aie une famille. Je me suis sentie déchirée entre mes priorités familiales et ne pas vouloir décevoir mes amies.

Et puis, j’ai regardé mon fils… J’ai pensé au fait que je n’ai jamais autant ri que depuis que je suis maman, qu’il n’y a pas une journée qui passe sans que son père ou moi disions à quel point nous l’aimons ou à quel point nous le trouvons merveilleux, que nous ne pouvons nous empêcher d’être impressionnés et d’en parler. Je souriais en me flattant la bedaine parce que bébé 2 dansait la samba. Je me suis dit que c’était ça ma vie maintenant, et qu’il était hors de question que je m’en excuse.

J’ai alors décidé que c’était la dernière fois que je laissais ce sentiment de culpabilité m’envahir.

J’ai longtemps été l’amie sans enfant. Jamais je n’ai trouvé désagréable que mes amies mamans aient des contraintes familiales. J’ai saisi rapidement que les brunchs à midi ou 13 h n’étaient pas vraiment l’idéal avec la sieste d’après-midi et que les soupers « enfants-friendly » qui commencent à 19 h quand les petits se couchent à 19 h 30, ce n’est pas l’idée du siècle. C’était avec plaisir que je prenais tout ça en considération et que je prenais l’initiative de proposer des activités qui respectaient tout ça. C’est certain que j’ai eu des oublis, mais je comprenais et tentais de faire attention. On n’a pas eu à me répéter systématiquement pendant quatre ans que la sieste était entre 13 h et 15 h ou que des enfants de moins de cinq ans se couchent tôt, comme je le vis actuellement avec une amie.

Heureusement, sans nécessairement connaître mon horaire familial sur le bout des doigts, la grande majorité de mes ami(e)s est sensible à notre réalité de parents. Ils apprécient quand on peut faire garder et quand on se déplace, mais ils comprennent aussi que c’est parfois plus facile quand ils passent à la maison, et ils le font avec plaisir. On trouve un bel équilibre.

Par contre, je réalise que certains n’ont aucune sensibilité à ce sujet. Proposer uniquement des activités dans des bars ou après 20 h à des parents d’un enfant de presque deux ans en attente et d’un deuxième… ce n’est vraiment pas les prendre en considération ou se soucier qu’ils profitent également du moment. En fait, c’est assez égoïste de demander à une femme enceinte de prévoir une fin de semaine à l’extérieur alors que bébé n’aura même pas trois mois, qu’elle allaitera, qu’elle n’a aucune idée de comment sera ce bébé  : prendra-t-il le biberon? Dormira-t-il? Fera-t-il une jaunisse? L’accouchement aura-t-il bien été? Comment le plus vieux de deux ans s’adaptera-t-il à sa nouvelle réalité de grand frère? Papa, si fabuleux soit-il, sera-t-il à l’aise d’être seul pendant trois jours avec un enfant de deux ans qui déborde d’énergie et un mini bébé?

Bref, cet événement récent m’a fait réfléchir. J’ai de bons amis. Même si ce n’est pas toujours évident, j’essaie très fort de trouver un équilibre en continuant d’être là pour eux et en prenant le temps de faire quelques sorties pour que notre amitié ne se déroule pas uniquement dans mon salon à regarder mon fils jouer. Par contre, j’ai une famille maintenant. Cette famille est et sera toujours ma priorité. C’est mon choix, c’est vrai, et je l’assume pleinement.

Je crois qu’il est tout à fait réaliste que mes amitiés évoluent de manière à ce que ce soit compatible, tout comme je l’ai fait pour d’autres parents par le passé. Je ne demande pas à mes ami(e)s sans enfant de laisser de côté tous leurs intérêts, je demande simplement qu’on se trouve au milieu, qu’on fasse attention les uns aux autres. À partir de maintenant, je refuse de me sentir coupable de ne pas pouvoir faire certaines choses parce qu’elles ne sont pas compatibles avec ma vie familiale ou, même, qu’elles y nuisent. Je sais que ça se fait déjà naturellement avec la majorité, je me croise les doigts pour que ce soit aussi simple avec tous. Si ce ne l’est pas, ce sera peut-être signe que nos chemins se séparent…

Jessica Archambault



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