Le syndrome du frigo en inox

« Je te le jure promis juré! Si on achète un frigo en inox, je vais le nettoyer tous les deux jours. Tu ne verras JAMAIS de traces de doigts dessus. Pleeeeaaaase! »

Ben oui, c’est ça. Tu sais qu’il ne tiendra pas sa promesse. Tu sais même que tu seras déçue. Mais tu ne considères pas que refuser un frigo en inox fait partie de tes droits de veto. En couple, on décide à deux, et il a tellement l’air d’y tenir!

« On verra bien combien de temps ça tiendra… »

Comme plusieurs promesses, ça dure une semaine, tout au plus. Après, c’est le retour des traces de doigts et des coulisses de lait sur la porte du frigo. As if qu’il aurait nettoyé quelque chose tous les deux jours.

Les enfants ont la même maladie : la promesse-en-l’airite. « Je te jure! Je vais faire mon ménage de chambre dès que je serai revenue de jouer chez mes amies! Je vais même passer mon balai sans que tu me le demandes… » Euh… non. Expérience de parent oblige, je sais parfaitement qu’une fois revenue à la maison, tu seras trop 1 — fatiguée 2 — épuisée 3 — affamée 4 — soudainement alzheimer (« J’ai jamais promis ça! »). Je me suis déjà fait avoir par tes beaux yeux suppliants de petit caniche battu. Une balle, une prise. Après, retirée. Alors là, ça s’appelle ménage ET devoirs. Quand tu m’auras prouvé à plusieurs reprises que tu es fiable et que je n’ai pas à te menacer supplier pour que tu ranges ton bordel ta chambre, on pourra assouplir la règle.

Pour moi, les promesses sont importantes. Ce sont des engagements pris sur la tête de notre respect mutuel. Si je dis que je vais arriver à l’heure ou préparer ton repas préféré pour ton anniversaire, ça prendra un méchant tsunami pour m’en empêcher. Mais pas nécessaire de m’appeler Sainte Maman. La personne envers qui je tiens le moins mes promesses, c’est moi. Je vais me coucher plus tôt. Je vais marcher pendant la pause du midi. Je vais respirer par le nez. Je vais prendre le temps de boire mon thé chaud le samedi matin. Je vais arrêter de m’arracher la peau des doigts… oups! Je passe souvent tout droit sur mes promesses à moi-même.

Est-ce signe que je m’auto-manque de respect? Que je m’oublie? Que je ne mets pas la même valeur à la relation que j’entretiens avec moi-même qu’à mes relations avec les autres? Peut‑être. Peut‑être aussi que j’ai besoin d’une personne qui m’aime assez pour m’aider à tenir mes promesses. Peut‑être tout simplement que je devrais vivre dans le « je-maintenant » et non dans le « je-vais ». Je me couche maintenant, il est tôt. Bravo à moi. Je marche ce midi. Bravo à moi. Je respire par le nez. Afuuu afuuu. Bravo encore. C’est samedi, mon thé est chaud, je le bois. Menoum! Ark, de la peau de doigt! Maintenant, je tiens mes promesses.

Et j’aimerais que les personnes de mon entourage sentent tout mon soutien et mon amour. Qu’elles le sentent assez pour tenir les promesses qu’elles me font. Ou admettent qu’elles ne frotteront pas l’inox tous les deux jours. Ou rangent leur chambre sans négociation. Out, le syndrome du frigo en inox!

 

 

Nathalie Courcy

 

 

 



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