Votre vision de MA dépression

Le verdict est tombé. Épuisée, fatiguée et larmoyante. On m’avise que je ne suis pas folle, que je fais tout bonnement une dépression. Enfin, pour le médecin tout ça semble commun, voire anodin.

– C’est plate une dépression, mais ne t’en fais pas. Deux, trois pilules et dans quelques mois, tu seras sur pieds.

On m’explique de long en large que la dépression se passe au niveau du cerveau et que parfois on ne peut rien y faire. On ne peut que consulter et souhaiter tomber sur le bon antidépresseur pour que la vie redevienne comme avant. Quelques séances chez la psychologue vous seront nécessaires, me dit le médecin. Franchement, si une thérapie et des pilules peuvent me rendent le bonheur qui m’habitait, je saute à pieds joints dans le projet.

Et puis, le temps passe et les gens autour de moi savent. Et je vous entends, vous savez! Toutes les raisons sont bonnes pour me culpabiliser d’être en dépression. Parce qu’être en dépression ce n’est pas ‘’normal’. Être en dépression c’est faire partie des faibles.

Combien de fois j’ai pu entendre “manges mieux, fais plus d’exercice, gère plus ton temps… À vous tous, pensez-vous que vous êtes les premiers à penser à ces aspects? Pensez-vous que moi-même je n’y ai pas pensé? Ce serait pas mal plus simple de manger deux pommes, de la viande, des produits laitiers, des légumes et puis de partir courir pour terminer la journée par un p’tit 5km et un grand verre. Je me donnerais ensuite une bonne tape sur l’épaule d’avoir réussi à gérer ma dépression. Mais vous savez quoi, chers apprentis médecins? Vous n’avez pas tout faux, mais votre super approche naturelle n’est qu’une mince partie de la solution.

Moi, ce que je vous propose, c’est de me laisser respirer un peu.  D’arrêter de me sur-analyser. Parfois, je vais être fatiguée au point de vouloir juste m’asseoir par terre et pleurer. Puis ça n’aura pas de lien avec ma dépression. Juste la fatigue. Juste mon côté humain. Parce que sous ce mot DÉPRESSION, il y a une personne qui vit toujours. Un peu plus difficilement, mais, qui vit quand même. Si je me réveille toute croche, ce n’est pas l’effet d’un quelconque médicament prescrit par mon charlatan de médecin qui veut seulement me bourrer de médicaments pour avoir sa cut.

Je me réveille toute croche, parce que tu le fais toi aussi des fois. Pis à ce que je sache, t’es pas en dépression non?  Si je pogne les nerfs après les enfants et que j’ai moins de patience, ce n’est pas la dépression. C’est parce que je suis humainement incapable d’entendre deux enfants hurler à tue-tête pour rien et que comme tout parent, j’ai ma semaine dans le corps!

Vos mots ne m’aident pas. Vos mots m’éloignent de vous. Vos paroles me blessent et me donnent envie de partir parler avec des gens qui ne savent rien de moi et qui m’aimeront comme je suis sans me juger et sans faire référence au fait que mon cerveau fait des siennes. J’ai un nom, vous savez. J’ai des sens. Je vous vois, je vous entends et, parfois je me dis que j’ai juste envie de redevenir une humaine normale. Pas une dépressive de foire.

 

 

  • Crédit photo jesuisbipolaire.com



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