Vos enfants aiment-ils les policiers?

De nombreuses fois dans ma carrière de policier, j’ai vu ou entendu des parents dire des commentaires très douteux à leurs enfants à propos des policiers. J’ose espérer que la plupart de ces parents ne comprenaient pas l’importance de ce qu’ils disaient des policiers aux yeux de leurs enfants. Je suis loin de détenir la vérité et je n’ai aucun diplôme en éducation quelconque, mais je tenais quand même à vous parler de ce sujet en vous donnant quelques exemples.

Comme parents, nous savons tous qu’aux yeux de nos enfants, nous sommes des exemples et détenons la vérité. Nous pouvons leur faire croire n’importe quoi quand ils ont deux ou trois ans, ce qui est magnifique quand c’est le temps de leur raconter des histoires. Nous pouvons les émerveiller avec un rien et c’est aussi à nous de leur apprendre le bien et le mal, connaissance qui leur sera essentielle tout au long de leur vie. Voilà dans mon article où ça se gâte : l’apprentissage du bien et du mal. 

Il m’est arrivé de donner une contravention à un parent trop pressé le matin qui passait sur un STOP ou qui roulait un peu trop vite dans une zone scolaire. J’ai entendu à quelques reprises des adultes dire à leurs enfants devant moi : « Tu vois comment ils sont méchants les policiers? » ou encore me dire devant eux : « Gang de chiens sales, vous êtes là pour écœurer les honnêtes citoyens au lieu de les aider! »

J’ai aussi eu des demandes d’adultes qui voulaient discipliner leurs enfants à ne pas se détacher dans la voiture : « Pouvez-vous dire à mon enfant que s’ils se détachent pendant qu’on roule, vous pouvez l’emmener en prison? » ou encore « Vous allez le chicaner. »  J’ai aussi eu le droit à un « Si tu te détaches et que la police attrape papa, papa va aller en prison et tu resteras tout seul. »

J’ai même eu droit, lors de visite communautaire dans les parcs pour enfants, à des « Tiens les cochons, vous cherchez des tickets à donner? », tout cela devant les enfants qui glissaient et se balançaient, mais qui écoutaient également. Moi qui ne voulais qu’aller parler aux enfants et leur montrer la voiture de police.

Bref, des exemples comme ceux-là, la plupart des policiers que vous connaissez ou que vous pouvez rencontrer vous diront qu’ils en ont vécu.

Je me souviens également d’un dossier d’enfant disparu. Je tentais de rassurer la mère en lui disant qu’on inondait le secteur de véhicule patrouille et que son fils verrait tôt ou tard une voiture de police et qu’il irait leur dire qu’il est perdu. La maman tout à l’envers me dit qu’il n’ira jamais voir une voiture de police, car il a peur des policiers. Devinez pourquoi cet enfant avait peur des policiers!

Chers parents, vous êtes-vous déjà posé la question de l’image des policiers qu’ont vos enfants? Les enfants qui entendent des commentaires comme ceux cités plus haut à propos des policiers se font une image négative de la police. Ces enfants ne penseront jamais à contacter les policiers ou à aller rencontrer un policier s’ils sont en danger ou s’ils ont peur de quelque chose. NON, car vous avez décidé de créer cette image (volontairement ou, je le souhaite, involontairement).

Personnellement, je crois que généralement, les enfants sont fascinés par les policiers. À la base, ils les aiment. Je pense qu’ils doivent apprendre que nous sommes là pour les aider et qu’en cas de besoin, nous sommes les premières personnes qu’ils doivent aller voir et à qui ils peuvent faire confiance. J’adore quand les parents arrêtent voir l’auto-patrouille afin d’expliquer à leurs enfants ce qu’est un policier. Sachez que les patrouilleurs se feront un plaisir d’allumer les gyrophares et de leur faire entendre la sirène. J’aime quand les enfants voient une voiture de police passer et envoient la main aux policiers. Je pense que les parents de ces enfants vont gagner à long terme sur le comportement de leurs enfants.

Il y a des adolescents qui détestent les policiers sans aucune raison. Simplement parce que c’est la police et que les policiers sont les ennemis. Il y a également des adolescents qui adorent nous parler et nous remercient pour notre travail. Quel genre d’adolescents voulez-vous que vos enfants deviennent? C’est le temps d’y penser pendant qu’ils sont tout petits. Je ne pense pas que les simples commentaires négatifs des parents devant leurs jeunes enfants décident du genre d’adolescents qu’ils deviendront, mais pourquoi ne pas mettre les chances de notre côté? Loin de moi l’idée de vous dire comment élever vos enfants, mais je tenais quand même à sensibiliser certains d’entre vous qui n’auraient peut-être pas pensé aux conséquences de ces commentaires gratuits et inutiles.

Qu’en pensez-vous? Et vous, collègues, en avez-vous des histoires comme celle-là? 

 

Yan Bissonnette



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