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Une rentrée sans « si » – Texte: Sophie Barnabé

Première journée d’école. À la radio, on demande aux parents comment ils vivent cette étapeâ€

Première journée d’école. À la radio, on demande aux parents comment ils vivent cette étape… Il y a quelques rares spécimens qui semblent plus confiants ; leur enfant est un p’tit vite et tant mieux ! Toutefois, à écouter les commentaires, ça ne ment pas : l’anxiété est sur toutes les lèvres ! Même toi, t’en parles pas trop, mais tu le ressens déjà. Ton p’tit est anxieux pis ça te tord en dedans quand tu le vois rouler ses mains moites dans le bas de son chandail. Et tôt ou tard, il aura mal au ventre…

J’te comprends donc ! Les miens n’y ont pas échappé… J’avais pourtant lu tous les livres sur la parentalité, appliqué leurs meilleures astuces, écouté les conseils de l’une puis de l’autre… J’me revois encore le premier matin d’école, marcher main dans la main avec mon plus vieux. Qu’il était donc fier avec ses souliers qui faisaient de la lumière ! Il y a plus de quinze ans maintenant. Ce matin‑là, mon cœur jouait au yoyo entre l’envie de le laisser aller et celle de le retenir… juste un peu. Mon esprit imaginait la cour d’école comme une fausse aux lions.

En chemin, j’lui répétais ce qu’il avait dans son lunch, qu’il devait remettre la fiche santé à son professeur, bla bla bla, tu connais ça. Bienveillante, j’lui prodiguais de bons conseils parce que je voulais que tout se passe bien. « Si un ami n’est pas gentil, tu iras voir ton professeur ? », « Si jamais tu te sens stressé, respire. », « Si ça va trop vite, demande à ton professeur de ralentir un peu… ». Si… Si… Quand on commence une phrase avec un « si », c’est souvent comme si on appuyait sur le bouton panique avant même que le danger ne se présente. À force de vouloir prodiguer à mes enfants de Si bons conseils pour que tout aille bien, je leur ai inculqué l’anxSIété ! Oui, oui, l’anxSIété ! Souviens-toi de ça !

À force de « si », j’ai inculqué à mes enfants qu’il y avait potentiellement un danger partout et je leur ai fait penser à des situations qui n’arriveraient peut-être jamais ! Je voulais juste bien faire… On veut toutes bien faire.

Depuis quinze ans, des matins où ils restaient figés, des crises de larmes, des crayons que la rage a brisés, des devoirs chiffonnés, j’en ai vu, t’as pas idée ! Combien de fois le sentiment d’impuissance devant leur souffrance ou celui de l’incompétence m’a fait pleurer en silence ?! Et si c’était moi qui avais provoqué, du moins en partie, cette maudite anxiété ?

Avec le recul, j’estime que mes enfants ont peut-être vécu une quinzaine de situations conflictuelles par année scolaire. Ils se sont fait écœurer par les grands, rejeter par les amis, ont eu le souffle coupé après avoir reçu la garnotte de l’année au ballon chasseur… Malgré tous mes « si »… ben oui !

Avoir su que tout ce que j’anticipais était inévitable, je me serais contentée de gérer le problème au moment où il arrivait pour ensuite passer à un autre appel. Tout compte fait, cette quinzaine de situations par année a mis un nuage sur l’équivalent d’une trentaine de journées sur les cent quatre-vingts jours prévus au calendrier scolaire. Est‑ce que ça valait vraiment la peine que je prévienne mes enfants et qu’ils soient sur leurs gardes pratiquement tous les jours, juste au cas ? Pas du tout ! À trop vouloir prévenir, sans m’en rendre compte, j’entretenais l’anxiété à grands coups de Si !

À bien y penser, peut-être vaut-il mieux remplacer les « si » par des silences, par un « ben oui mon grand, ça arrive ! » ou par le mot « essaie »… Les défis qui appartiennent à ton enfant n’appartiennent à personne d’autre, même pas à toi. C’est ça apprendre la vie. Tout ce que tu fais instinctivement pour l’empêcher de souffrir peut même lui nuire ! Lâche prise. Plus facile à dire qu’à faire, tu m’diras, mais crois-moi, je suis passée par là.

Ton p’tit vient d’entrer à l’école… Reste tout près, garde l’œil ouvert bien sûr, mais laisse-le expérimenter. Contente-toi d’être la maman, c’est déjà bien assez ! J’te l’dis, j’aurais dû laisser mes enfants tomber pour qu’ils apprennent à se relever par eux-mêmes plus tôt dans leur vie. Ça leur aurait bien servi !

Notre job de mère, ce n’est pas celle d’un agent de sécurité ni celle d’un psy. Ce n’est pas non plus de paver le chemin que notre enfant décide de prendre. Notre job, c’est de le guider, de l’encourager quand sa route sera cahoteuse, de lui ouvrir nos bras quand il aura besoin de pleurer et de lui apprendre à s’aimer tel qu’il est.

Bonne rentrée sans trop d’anxSIété !

 

Sophie Barnabé

La petite fille perdue

Cet été, on a profité des vacances, comme des milliers de Québécois,

Cet été, on a profité des vacances, comme des milliers de Québécois, pour aller visiter le zoo. On a réservé nos billets en ligne, rempli la glacière, préparé les maillots, les serviettes, la crème solaire, alouette ! Avant de partir de la maison, j’ai collé un pansement sur le bras de mes quatre enfants, en prenant soin d’y écrire à l’encre mon numéro de cellulaire. Un geste qui semble bien anodin, qui prend deux secondes à faire, mais qui permettrait à mes enfants de me retrouver plus facilement s’ils se perdaient. Ils connaissent mon numéro par cœur, mais s’ils devaient se perdre, on ne sait pas comment ils pourraient réagir. Un enfant évanoui ou en panique ne se souviendra pas de la série de chiffres tant répétée à la maison. L’an passé, on a d’ailleurs remarqué que les bracelets donnés à l’admission du zoo ont justement une ligne vierge prévue à cet effet. Mais qui pense à traîner son crayon permanent sur lui à l’admission… ? Bref, c’est ma méthode pour toutes les sorties.

Revenons donc à notre sortie annuelle. Nous avions pris le temps de voir les animaux de tous les continents et le temps était venu d’aller profiter des bassins d’eau pour se rafraîchir. Avec plusieurs enfants, on finit souvent par se séparer les enfants par adulte. Un adulte reste avec les petits à la pataugeoire, pendant que l’autre va profiter des glissades d’eau avec les grands. Bref, vous voyez la scène. Cette année, Mamie est venue avec nous. Avec son masque et la distanciation, pas de panique. Alors on avait un adulte de plus pour surveiller les piscines, ce qui est toujours bienvenu.

Papa part avec les deux grandes pour faire les hautes glissades d’eau. Bébé s’endort sagement sur sa couverture, bien à l’ombre. Mamie propose donc de rester pour le surveiller pour que je puisse profiter de la piscine avec ma fille, moi aussi. Je saute sur l’occasion. Arrivées sur le bord de la piscine à vague, une petite fille attire mon attention.

Les cheveux blonds comme le blé, elle a l’air d’un petit ange. Elle doit avoir deux ou trois ans, tout au plus. Elle se promène sur le bord de l’eau. Mais un détail attire mon œil : elle porte une serviette. Pas de flotteurs. Je regarde aux alentours… Je ne vois pas d’adulte avec elle. On est sur le bord de la grosse piscine… Je me dis qu’un adulte va arriver en courant derrière elle dans quelques secondes… Puis les secondes passent et personne ne vient. Elle marche sur le bord de l’eau, sans flotteurs, et mon cœur de maman fait trois tours.

J’agrippe ma fille par la main et je décide de suivre la petite fille blonde. Ses grands yeux bleus ont l’air paniqués… J’essaie de l’approcher pour lui demander si elle a besoin d’aide, mais je semble lui faire encore plus peur… Alors je la suis, pas trop proche, pas trop loin. Je la surveille sur le bord de l’eau. Elle fait le tour du grand bassin d’eau. Deux fois. Dix minutes sont passées. Toujours pas d’adulte qui court vers elle… Je finis par l’apprivoiser un peu, en approchant tout doucement…

Je lui demande son nom. Pas de réponse. Je lui demande si elle cherche sa maman. Pas de réponse. Je lui demande si elle a besoin d’aide. Pas de réponse. J’essaie en anglais. Pas de réponse. Elle me regarde avec ses grands yeux bleus toujours aussi paniqués. Elle refuse de me tenir la main, refuse de venir dans mes bras, et moi, je refuse de la laisser seule sur le bord de la piscine.

Je fais signe à un sauveteur sur le bord de la piscine, qui comprend vite la situation. Mais le sauveteur en question, du haut de ses 17 ans je dirais, ne peut pas quitter son poste et encore moins quitter la piscine de vue… Il appelle au walkie-talkie, mais m’explique que je devrais la surveiller en attendant que quelqu’un vienne pour elle…

La petite fille, toujours muette, me donne finalement la main. J’explique au sauveteur que je vais refaire un tour du bassin d’eau avec elle, au cas où je trouverais ses parents. Autour du bassin, je questionne chaque famille que je croise. Peut-être que quelqu’un l’a remarquée plus tôt avec sa famille… Peut-être que quelqu’un sait où sa mère la cherche… Peut-être que quelqu’un a vu quelque chose… Et je me fais répondre, plusieurs fois : « Ho ! La petite fille perdue ? Nenon, je sais pas avec qui elle est… Ça fait un bout qu’elle est toute seul sur le bord d’la piscine… »

Mon cœur de maman est rempli de rage… Comment peut‑on voir une enfant de 2-3 ans seule, sans flotteur, sur le bord d’une piscine et ne pas aller l’aider ? Comment une mère peut laisser un autre enfant en danger ? Et si c’était votre enfant… Vous aimeriez que les autres la laissent en danger ? Me, myself and I… Ça m’enrage.

Je termine mon tour de piscine, ma fille qui me tient une main, et la petite fille perdue qui tient l’autre. Puis, je vois au loin un papa paniqué. Un papa aux cheveux blonds comme le blé. Il nous voit au loin et court vers nous. Avant qu’il arrive jusqu’à moi, je me penche vers la petite fille et le pointe du doigt. « C’est ton papa ? Tu le connais ? ». Les grands yeux bleus de la petite fille perdue s’illuminent. « Papà a me !!!! Papà a me !!! » Ouin. J’avais pas testé l’italien…

L’homme arrive à notre hauteur et à voir la petite cocotte s’élancer dans ses bras, il était évident qu’elle le connaissait. Le père essaie très fort de m’expliquer, dans un anglais boiteux, qu’il voulait acheter une crème glacée, mais qu’il avait perdu sa fille dans la file… Il me demande où était sa fille quand je l’ai trouvée. Je lui explique qu’elle était au bord de la piscine et qu’elle a fait trois fois le tour du bassin. Je sens son cœur de papa arrêter de battre. Parce qu’on sait tous les deux ce qui aurait pu se passer…

L’histoire finit bien. Personne ne s’est noyé. Personne ne s’est fait enlever. Le sauveteur était soulagé. Le papa heureux. La petite fille comblée. Ma fille et moi, nous sommes reparties nous baigner dans la grande piscine. Ma fille de 5 ans avait tellement hâte de pouvoir enfin aller dans l’eau. Mais je pense qu’elle aussi, elle a compris qu’une vie avait beaucoup plus de valeur qu’une baignade au zoo…

Joanie Fournier

 

Mascarade

  Sommes-nous vraiment rendus là?

Des dirigeants municipau

 

Sommes-nous vraiment rendus là?

Des dirigeants municipaux vont décider pour nous. Gérer notre vie familiale. Tout simplement, ils nous disent sans masque que nous n’avons aucun jugement. Juste ça. Mais tout ça!

Aujourd’hui c’est le 31 octobre. C’est l’Halloween!

Pas hier, pas demain. Que la météo soit favorable ou non. Noël non plus, ce n’est pas le 24 décembre ni le 26. Qu’il y ait tempête de neige, verglas ou toute autre catastrophe naturelle.

Les enfants — les miens, les vôtres, en fait — seraient déçus si la fête était impossible, qu’ils nous répondent. Mieux vaut remettre le tout à demain. Leur sécurité doit primer. Sans dire que la météo, pour demain, c’est à peine mieux.

Mais quand avons-nous voté pour que les élus décident à notre place de tout ce qui concerne la sécurité de nos enfants?

Je crois, vous aussi sans doute, avoir suffisamment de jugement pour en décider. Et, à écouter certains reportages sur les délibérations de nos élus, je suis certain d’avoir souvent plus de jugement qu’eux. Sur une multitude de sujets.

Quand on constate la gestion des travaux routiers, on peut également rire d’une telle préoccupation pour la sécurité de tous, enfants inclus.

À tous les dirigeants de municipalités qui veulent changer la date de l’Halloween, je dis non merci! Je n’ai pas besoin de vous pour décider pour moi. Si je décide que cette année, c’est juste les trois maisons d’à côté, juste celle de mamie ou qu’il faut rester à la maison, ça sera mon choix!

Après tout, comme quand ils sont malades, c’est moi qui devrai les gérer. Personne d’autre.

michel

Le risque chez les enfants… ou comment entourer nos enfants de papier bulle

J’avoue, j’ai fait partie de la gang! Celle qui met un petit 

J’avoue, j’ai fait partie de la gang! Celle qui met un petit Robocop sur son vélo tellement il est protégé. Je ne parle pas de l’essentiel, le casque. Mais bien de tout ce que l’on a ajouté avec le temps, les protège-coudes, genoux, poignets et compagnie. Nous, parents, n’avons jamais été aussi protecteurs de nos enfants. On veut leur éviter toutes les blessures, tous les échecs, tous les pleurs. On veut les protéger de tout.

Je me souviens, lorsque j’ai appris à faire du vélo à deux roues. Mon père, a enlevé les petites roues, a mis mon vélo direct dans la rue, a couru derrière moi genre deux secondes et demie. C’est là qu’il m’a dit : « Regarde en avant, pis pédale parce que sinon tu vas tomber ». Naturellement, je suis tombée, j’ai eu le genou écorché, mais j’ai survécu. Et la fois d’après, j’ai pédalé et regardé en avant.

Et après, on s’étonne que nos enfants ne jouent plus dehors. On s’étonne que leur tablette soit devenue si importante. On leur a enlevé tout le plaisir, en voulant les protéger.

Pourtant, la prise de risques est saine pour nos enfants. Nos enfants sont intelligents, ils ne veulent pas se faire mal. En les laissant prendre des risques, on leur enseigne à écouter leur sixième sens. Ils ne se lanceront pas dans une aventure sans être capables de la réaliser.

Ils apprendront de leurs expériences passées. Ils s’en serviront pour réaliser des mouvements plus complexes. Ils auront créé dans leur cerveau des connexions qui leur serviront. Leur cerveau et leur corps deviendront plus compétents pour relever de nouveaux défis à la hauteur de leurs compétences.

C’est dans la prise de risques qu’ils apprendront à tester leurs limites, qu’ils apprendront à connaître leurs capacités et à développer leur confiance.

Pour un enfant, le risque égale défi que l’enfant, si on le laisse faire, choisira de relever ou non.

Laissons nos enfants jouer librement. Ils inventeront, choisiront et organiseront leur jeu à leur façon. Ils apprendront à se connaître en choisissant à quoi et avec qui ils jouent. Ils seront plus actifs.

Étouffons la mère poule en nous, prête à crier « NON! », « Tu vas te faire mal », « Ne grimpe pas là », « C’est trop haut pour sauter! ».

Oui, il y aura sûrement des bleus, du sang, des pleurs, mais aussi tellement d’apprentissages qui serviront à nos enfants dans le futur.

Laissons-les partir à l’aventure!

On s’en est tous sortis vivant après tout!

Mélanie Paradis

 

Messenger Kids

Si on m’avait prédit l’an dernier que j’écrirais un jour une

Si on m’avait prédit l’an dernier que j’écrirais un jour une opinion en faveur d’une application pour enfants, je ne l’aurais jamais cru. En ce qui concerne mes enfants, je trouve qu’il n’y a rien de plus beau que de les regarder jouer, jouer pour vrai. Je suis une adepte de la nature, du jeu libre et actif et une grande amoureuse du jeu symbolique. Je suis aussi une anti-écran. Oui, oui, une anti-écran. Mes enfants n’ont pas de tablette. Pas d’écouteurs. Pas d’écran dans la voiture. Aucun jeu vidéo. Nous avons un ordinateur commun, situé dans une aire ouverte de la maison. Nous avons d’ailleurs une seule télévision dans la maison, qui sert exclusivement aux soirées film-popcorn en famille. Elle n’est jamais allumée sans raison ni pour une longue période. Nous avons aussi un seul cellulaire pour toute la famille, mais ça, c’est un autre débat.

J’ai découvert cette semaine l’application Messenger Kids et j’avoue que je suis sous le charme, rien de moins. Comme toute nouvelle application, il arrive encore que certains bogues fassent leur apparition. Il faut prendre le temps de se familiariser avec l’application avant de débuter, mais son utilisation reste très conviviale. C’est une application gratuite qui permet à l’enfant d’avoir sa propre boîte de messagerie. Il peut écrire des messages, en recevoir, effectuer des appels vidéo, etc. Jusqu’ici, rien d’extraordinaire… mais… l’application a été créée grâce à l’avis précieux de nombreux parents, qui cherchaient une façon sécuritaire de communiquer avec leurs proches, tout en ayant un contrôle total sur les communications. Donc, on retrouve une application conviviale et rassurante qui nous permet d’accompagner l’enfant dans l’apprentissage des réseaux sociaux et de la communication virtuelle.

Voici les dix raisons qui font que je suis enchantée par cette nouveauté :

1- Aucun compte Facebook ne sera créé pour l’enfant. Ça, c’est le plus bel avantage en soi. L’enfant n’a pas besoin de se connecter avec un mot de passe et n’a pas besoin de fournir de numéro de téléphone.

2- L’enfant ne peut contacter que des personnes que ses parents ont approuvées! Tout est vérifié grâce au compte du parent sur Facebook. Le parent contrôle totalement la liste de contacts et doit approuver chaque personne autorisée à parler à son enfant. En cas de doute sur les communications, les messages ne disparaissent pas et ne peuvent pas être masqués. Le parent y a accès en tout temps par son propre téléphone.

3- Son utilisation est très simple. On connecte l’enfant. On ajoute des amis d’école, des cousins, des grands-parents, des amis proches, etc. L’enfant peut ensuite parler à tout ce beau monde en toute sécurité.

4- Le parent peut également vérifier tous les contrôles parentaux à distance. Il choisit avec qui son enfant peut correspondre. Il peut ajouter des contacts, choisir un horaire d’utilisation limité et mettre en veille l’application quand il le veut.

5- Il nomme ses contacts comme il le veut, par exemple « Lau » au lieu de « Laurence Tremblay », et peut personnaliser son application avec les couleurs qu’il aime. Il peut choisir des collants rigolos, des GIF animés et des dessins spécialement conçus pour les enfants.

6- Si l’enfant veut ajouter un nouveau contact, le parent sera toujours avisé immédiatement sur son compte Facebook et choisira d’accepter ou non l’ajout du contact avant une première discussion. Aucune chance qu’un inconnu ou un pédophile contacte l’enfant.

7- Une grande sensibilisation est faite concernant la cyberintimidation. L’enfant peut bloquer quelqu’un de sa liste de contacts quand il le souhaite. Il peut également faire un signalement s’il sent qu’un ami lui transmet du contenu inapproprié ou s’il se sent harcelé. Tous les signalements mènent automatiquement à une alerte sur le compte du parent. Et si des enfants partagent du contenu indésirable ou s’ils ne respectent pas les règles établies par l’application, ils n’auront tout simplement plus accès à l’application.

8- Aucune publicité ne passe dans Messenger Kids! L’application est gratuite, accessible et aucun achat n’est possible à travers celle-ci.

9- Les concepteurs semblent avoir pensé à toutes les facettes de la sécurité des enfants. Le parent doit approuver à distance par son compte Facebook tout appareil avec lequel l’enfant demande à se connecter! Donc aucune chance qu’il se connecte de l’école, par exemple, sans que le parent le sache.

10- Lors de sa première connexion, l’enfant doit approuver un contrat d’utilisation, en présence de son parent. Ce contrat le sensibilise au respect de l’autre dans ses communications. Il prône également la discussion avec le parent si l’enfant a des questionnements, s’il se sent mal à l’aise ou menacé. Il encourage l’enfant à communiquer dans le respect et le plaisir.

Nos enfants grandiront dans ce monde où les réseaux prennent une grande place. Je ne suis pas d’accord avec le fait de les lancer trop tôt dans un monde virtuel dont ils seront un jour dépendants, qu’on le veuille ou non. Ceci étant dit, je trouve enfin une application qui me permet de contrôler l’accès des enfants et de leur permettre d’apprivoiser en douceur et sans surstimulation ce monde virtuel.

Dorénavant, ma fille de huit ans peut inviter son amie à jouer sans que j’aie à appeler le père de cette amie sur son cellulaire. Elle peut aussi contacter ses anciennes amies, celles qu’elle aimait tant mais dont elle a dû se séparer suite au déménagement. Elle peut aussi prendre des nouvelles de ses cousines d’amour, sans me harceler pour les appeler. Elle peut le faire seule. J’apprends à lui faire confiance moi aussi.

Ma fille de six ans aussi apprécie l’application. Elle commence tout juste à écrire des mots. Cette semaine, elle a envoyé un magnifique « Je t’aime » à sa mamie qui habite loin et un beau dessin à son amie de la maternelle.

Ce monde virtuel a aussi du bon. Si on m’avait prédit l’an dernier que j’écrirais un jour une opinion en faveur d’une application pour enfants, je ne l’aurais jamais cru. Puis, Messenger Kids est arrivé…

Joanie Fournier

 

Les loups ne sont pas toujours ceux qu’on pense

Hésitation. Peur. Et pourtant, conviction.

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Hésitation. Peur. Et pourtant, conviction.

J’ai peur du torrent de jugements et de reproches que pourrait susciter ce texte. J’ai peur de me faire dire, encore, que j’exagère. Que j’invente. Que je capote pour rien. Et pourtant. Je sais.

La DPJ a mauvaise réputation. Certains d’entre vous ont vécu des histoires tristes ou bouleversantes liées à la Direction de la Protection de la Jeunesse. C’est sûr que les représentants de cet organisme se pointent rarement dans notre vie quand tout est rose.

Je ne dirai pas qu’il n’y a jamais d’abus ou de mauvaises décisions de leur part. L’affaire est gérée par des humains, comme vous, comme moi. Donc, l’erreur est possible. Il y a tout un système derrière les décisions prises, derrière le retrait d’un enfant de sa famille, derrière un signalement non retenu. Et comme tout système, il y a des failles, des principes qui s’appliquent par défaut à des situations qui auraient dû être traitées de façon particulière.

Soit.

Ce texte vous racontera une histoire qui se finit bien mieux que celle du Petit Chaperon rouge. Personne ne finit dans le ventre d’un loup, le panier de petits gâteaux n’est pas renversé au milieu de la forêt, le grand méchant loup ne finit pas éventré par le chasseur.

Ce texte vous racontera aussi une histoire qui aurait pu se terminer beaucoup plus tôt si j’avais osé faire appel à la DPJ avant. Si j’avais osé parler sans hésitation, sans peur et avec conviction.

Des menaces ont mené à des événements qui ont mené à des craintes, à des promesses de changer et à des événements répétés. Progressivement, ça va de soi. Une violence subtile, en mots, en gestes, mais rien qui laisse des marques visibles. Ou si peu.

Des enfants qui s’embarrent dans une pièce parce qu’ils ont peur. Un enfant qui tremble dans le noir en position fœtale. Des cris toujours plus durs et plus fréquents. Et moi qui veux à la fois protéger mes enfants et celui que j’aime. Moi qui veux comprendre, nuancer, croire que ça va changer. « Il n’a jamais été violent… » Moi qui me sens impuissante, presque complice parce que je n’impose pas de pancarte « Stop ».

Moi qui me promets que la prochaine fois, je prends mes petits sous le bras et je quitte. Moi qui jure de dénoncer. Moi qui hésite, encore. Moi qui ai peur, encore. Pas des représailles, non. Du jugement. Des reproches de ceux qui croiraient que je manipule, que j’exagère, que j’invente. C’est puissant, la peur.

Jusqu’à cette nuit où j’ai fait le saut vers la vérité. J’ai dénoncé. J’ai appelé la DPJ. J’ai crié à l’aide. J’étais convaincue que rien n’arrêterait sans ça. Le déni de violence était trop grand.

La travailleuse sociale de la DPJ a rencontré mon enfant à l’école. Elle m’a fait venir d’urgence dans ses bureaux. Elle est débarquée chez lui, sans avertissement. Elle a rencontré les autres membres de la famille. Connaître l’ampleur du mal, limiter la menace, protéger les enfants. Empêcher le mal de se reproduire et de tuer l’enfance. Assurer le développement et la sécurité.

Il n’y a pas eu d’accusation. Pas d’arrestation. Un retrait volontaire. Une promesse de garder la paix. Un engagement à s’instruire à propos de la pédagogie positive et de faire une thérapie familiale.

La plainte a été retenue, puis le dossier a été fermé. La suite nous appartient. La DPJ n’a pas tout réglé. Son travail n’est pas de faire un suivi une fois que les engagements ont été respectés, mais bien de protéger les enfants et les familles.

Quand j’ai signalé le numéro de la DPJ, j’ai ressenti un stress gigantesque. Une nervosité comme si je jouais ma vie. C’était un peu ça. Mais j’ai surtout ressenti un soutien sincère. J’ai constaté des méthodes d’enquête compétentes, un désir réel d’aider ceux qui en ont besoin, en gardant en tout temps l’enfant au cœur des préoccupations.

J’ai senti que je n’étais plus seule devant l’urgence de protéger mes petits.

Eva Staire

Sois plus brillant que ton véhicule. Allume tes phares !

(J’ai utilisé le masculin pour ce texte, ne sachant toutefois pas

(J’ai utilisé le masculin pour ce texte, ne sachant toutefois pas s’il s’agissait d’un conducteur ou d’une conductrice. Paraît que le masculin l’emporte !)

C’était un soir de grands vents. J’ai emprunté le rang tant redouté qui me mène à ma petite ville. J’habite un milieu rural. Peu importe le chemin que j’emprunte, il s’agit soit d’un rang, soit d’un chemin de campagne qui traverse les champs.

Il fait noir. La route est un « patchwork » de conditions hivernales. Tantôt asphaltée, tantôt glacée. Parfois enneigée et parfois, un amas de toutes les conditions possibles.

À force d’emprunter cette route, on finit par se faire des repères. Lorsque la poudrerie prend le dessus, les boîtes aux lettres sont notre salut pour nous épargner une petite virée dans les fossés plus profonds qu’une hauteur de voiture. La visibilité étant réduite à ton seul espoir de garder les quatre pneus sur la route, tu fais tout ton possible pour garder le contrôle de la situation.

Les vents parcourent des fois des acres de terres agricoles, prenant ainsi de la vitesse et de l’ampleur, avant de se perdre sur les chemins et d’arriver avec fracas sur nos voitures. Ce vent pousse la neige sur la route, créant des lames de neige perpendiculaires aux chemins.

Je parcourais donc mon rang en ayant baissé le son de ma musique pour me permettre de mieux chercher mon chemin (comme s’il y avait vraiment une corrélation entre le fait de ne rien entendre pour mieux voir), mais bon, j’avais toute ma concentration sur me destination.

Au loin, au travers des bourrasques, je voyais à l’occasion des feux arrière de voiture. Rien de régulier dans cette vision, ce qui me dit qu’il devait y avoir de grands vents entre eux et moi. Je gardais tout de même cette mini vision pour me guider comme l’étoile de Bethléem qui aurait, jadis, guidé les rois mages.

Je suis arrivée à la hauteur de la route que je redoute le plus. Celle-là même où les boisés cessent et où les champs agricoles occupent l’espace environnant. Une bourrasque en avant de moi soulève tout à coup la neige. Je me serais crue dans un blizzard tellement tout autour de moi est rapidement devenu blanc. À la sortie de cette tourmente, ma vision a perçu une voiture à quelques mètres de moi avec ses feux éteints. J’avais pourtant les yeux rivés sur la route. JAMAIS au grand jamais je n’avais vu cette voiture devant moi. J’ai pris mes distances par rapport à ce véhicule. Il ne pouvait tout de même pas être capable de rouler avec ses phares de jour seulement ? Pourtant, si.

Soyez plus brillant que votre véhicule, allumez vos phares ! Plusieurs automobilistes démarrent leur voiture et quittent sans jamais se demander s’ils sont visibles pour autrui. Être visible, c’est pour soi et pour les autres aussi. Cela devrait être un automatisme. Être visible de jour comme de nuit. Être visible en tout temps.

Ce soir‑là où j’ai craint de percuter ce véhicule. Où je perdais rapidement sa trace lorsqu’il passait au travers d’une lame de neige. Où j’ai bien tenté de lui démontrer que ses phares étaient éteints sans qu’il comprenne mes manœuvres. J’ai prié. Je crois bien avoir prié pour qu’il parvienne à se rendre chez lui sans heurt, sans accident. Qu’il arrive chez lui au même titre que tous ceux qui allaient croiser sa route.

Été comme hiver, avant de mettre votre véhicule en marche, demandez-vous donc si vous êtes parfaitement visible. Votre vie est importante et celle de ceux qui vous croisent aussi.

Mylène Groleau

La fameuse butte…

La fameuse butte...

Tous les pr

La fameuse butte…

Tous les profs de ce monde vous le diront : la butte de neige en hiver, c’est juste un gros paquet de problèmes, de chicanes, de conflits et de « je l’avais pas vu quand j’ai sauté »!

Cette année, surprise, surprise, chers enseignants! Il y a de la neige en novembre, ce qui signifie l’arrivée, beaucoup trop hâtive, de cette grosse montagne de neige qui occasionne des maux de tête à n’en plus finir!

À chaque réunion mensuelle où les enseignants et la direction sont réunis, la butte de neige est inscrite à l’ordre du jour. Qu’est-ce qu’on peut faire pour améliorer son accès, pour la rendre moins dangereuse, pour que tous les élèves puissent y jouer, pour que ceux qui veulent glisser puissent le faire sans risque de se faire sauter sur la tête?

Un casse-tête, vous dites? C’est fou, même en 2018, aucune solution n’a été apportée pour rendre cette butte agréable à chacune des récréations. C’est le jour de la marmotte depuis de nombreuses années. Les enseignants sont maintenant devenus des policiers de butte. Je crois que ça fait partie des autres tâches connexes à l’emploi, mais ce n’est pas encore clair! Ces chers enseignants et éducateurs spécialisés doivent grimper sur la butte et se placer de chaque côté afin d’éviter tout conflit.

Mais si tu crois qu’il se passe une récré sans conflits, tu dois absolument aller observer le zoo qui règne sur une butte durant l’hiver. Même la secrétaire de l’école y participe… oui, oui! Elle doit soigner des prunes sur des têtes, des nez qui saignent et des bras écrasés sous le poids d’enfants plus lourds.

Verglas = fermeture de la butte. Alors, nos nouveaux policiers doivent mettre des cônes orange indiquant la fermeture brutale de celle-ci et émettent des contraventions à tous les élèves qui osent y mettre un pied. Question de sécurité ici…

Quand arrive le printemps, vite, on appelle le déneigeur pour qu’il vienne nous aplatir cette montagne devenue noire. Ça coûte plus cher? Pas grave, on va trouver de l’argent, car plus aucun adulte de l’école n’a le goût de surveiller à la récré et de s’époumoner que la butte est fermée.

Alors, chers collègues du milieu de l’éducation, prenez votre mal en patience, car l’hiver risque d’être long cette année. Peut-être que notre nouveau ministre de l’Éducation a une solution pour cette fameuse butte…

Karine Filiatrault

 🙂

Marginal?

Encore un autre sujet où je perds sans doute trop d’énergie à n

Encore un autre sujet où je perds sans doute trop d’énergie à nager contre le courant…

L’anonymat ou le réconfort du banc, très peu pour moi. Tout le monde le fait, fais‑le donc… Encore moins! Dans le pré, vous me verrez de loin. Surtout si vous êtes raciste. Mais je vis très bien avec ma façon de faire les choses.

Le racisme, je l’exprime au moment de faire un chèque en blanc!

Vous avez deviné, je suis « le » parent. Celui qui ne donne jamais l’autorisation pour qu’on use (abuse) de l’image de son enfant. Celui qu’on regarde de travers dans le système scolaire. Tu veux mon portrait? Que je semble leur répondre en fronçant les sourcils.

Sans même souligner que le formulaire, habituellement, il a été rédigé par des avocats en mal de mots. À ceux-ci, je suggère simplement d’écrire des romans. Tant qu’à ne pas savoir quoi rédiger d’intelligent… Là, au moins, votre personnage pourra porter bretelles et ceinture!

Vous voulez rire? Malgré une demande, un formulaire, des frais d’avocats inutiles (vous mettez l’inutile avant ou après), une expression catégorique de mon droit; l’école secondaire de ma fille a mis sa photo… sur l’agenda scolaire de cette année! Je l’ai trouvé bien drôle. Surtout en cherchant le nom des mêmes avocats, pour faire la procédure qui corrigerait le tout…

Je suis déjà habitué. Ce document, je le complète chaque année depuis plus de quinze ans. Tout comme, chaque année, je constate qu’une enseignante, qu’une éducatrice ou tout autre impliqué, prend et partage des photographies de l’un ou l’autre de mes enfants.

En même temps, souvent, qu’on me prévient qu’un individu louche a été vu rôdant autour de l’école. Qu’il a même abordé des jeunes, avec les tactiques habituelles de chasse…

On me demande d’être très vigilant!

C’est là notre belle société. On rédige des lois, on encadre des droits et des obligations. On crée des beaux formulaires. Pour, au final, faire n’importe quoi! Et après, on se surprend du laconisme persistant.

Évidemment que je trouve mes enfants beaux. Photogéniques. Certains de leurs défauts ne s’expriment pas en deux dimensions! (émoticône de papa souvent à bout)

Alors, je pense à toutes ces nouvelles tristes d’enfants enlevés. Abusés, tués. Aux conseils que nous donnent les forces de l’ordre : Ne jamais faciliter la tâche des prédateurs! Ne rien faire qui leur permet, si rapidement, d’agir. L’identification publique qui servira à autre chose que de souligner le bricolage fait en classe. Quand il sera malheureusement trop tard pour revenir en arrière.

Mais c’est juste pour partager entre les parents… Et moi de répondre, en fronçant les sourcils (ça va me prendre du Botox) : « Les gens dangereux, ils n’ont jamais de famille, ils vivent isolés de tout? »

Je suis certain que bien des parents n’écrivent plus de nom sur le sac d’école. Pourtant, les photos identifiées circulent à plein. Sans contrôle!

Ce texte, il part d’un échange sur les limites de ce qu’on doit mettre sur Facebook. J’ai eu, alors, cette même impression d’être le seul martien. Même si c’est son martien favori. Pourtant, je ne veux qu’exprimer les risques d’une trop sombre réalité…

Je ne suis pas naïf, j’imagine bien que mon ado de fille fait bien pire. À moi de tenter de le lui faire comprendre. D’espérer un peu de jugement de sa part. Mais, surtout, à moi de ne rien faire qui pourrait être, sans le vouloir, l’occasion.

Et vous pouvez compter sur moi pour « partager » au maximum!

michel

 

J’ai envie de percuter un enfant

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« J’ai envie de percuter un enfant ». C’est ce que je pense qui traverse l’esprit des gens qui circulent à haute vitesse lorsqu’ils croisent ma route. Moi, l’éducatrice qui marche sur le bord de la rue avec à ma charge six bambins. Moi qu’ils décoiffent avec leurs vitesses excessives qui nous aspirent dans leurs courses folles.

À toi le coureur automobile des quartiers tranquilles. À toi qui ignores qu’un enfant peut être plus rapide que toi et te déjouer dans tes anticipations. Pourquoi ne ralentis‑tu pas ta cadence? Lève‑toi plus tôt si tu es toujours en retard. Achète‑toi une montre. Mets l’alarme sur ton cellulaire. J’ignore la raison qui fait que tu dois circuler aussi rapidement, mais de grâce, ralentis un peu lorsqu’il y a des enfants sur ta route.

Un enfant, c’est soudain. C’est imprévisible. Ça surprend. C’est curieux. C’est tout à la fois sauf ce que tu crois, ce que tu t’imagines lorsque tu roules à nos côtés.

Je ne sais pas ce à quoi tu penses assis dans ton bolide, derrière ton volant à t’imaginer être seul au monde. À t’imaginer sur une piste de course. Tu te crois assurément rebelle. Tu crois me faire peur. Eh bien oui, j’ai peur. Peur que tu percutes un enfant.

J’ai appris depuis belle lurette aux enfants que je garde ainsi qu’à mes propres enfants à être visibles pour les conducteurs. À regarder à gauche et à droite lorsque l’on se balade et que l’on doit sortir de la cour ou traverser la rue. À être attentifs aux bruits des voitures. À jouer à la statue lorsque l’on croise une voiture. Qu’il y a des endroits pour courir et avoir du plaisir et que non, ce n’est pas la rue. Que nous partageons cette voie avec des autos, des camions, des bicyclettes et d’autres marcheurs. Qu’il y a un côté de la rue pour se rendre au parc et le côté des boîtes aux lettres lorsque l’on revient.

Imagine un instant que la main d’un enfant se détache de la mienne pour se retourner vers le vrombissement de ton auto et que cet enfant s’avance de deux petits pas vers toi et… ça pourrait être ce moment. Ce moment où ta vie prendra tout un virement. Un 180 degrés autant sur la chaussée que dans ta vie. Un 180 degrés qui ne pardonnera jamais. Qui te poursuivra. Te talonnera dans le pare‑chocs de ta destinée. Te poussera à ne jamais oublier. À poursuivre ta vie en ayant soustrait celle d’un autre. Qui sait?

C’est vraiment horrible ce que je vais te raconter, mais c’est ce que je crains toutes les fois où tu circules en m’ignorant. En nous ignorant tous et toutes, ceux et celles qui poussent notre progéniture dans une poussette. Qui tiennent par la main de petites vies animées par la curiosité.

Mais toi. Comment te dire? Malgré ton permis de conduire en poche, tu n’as pas compris que ta liberté de conduire pouvait s’arrêter brusquement? Ne pas ralentir lorsqu’il y a des enfants à proximité, c’est un peu comme se donner le droit de tout perdre.

As-tu pensé deux secondes au bruit d’un impact avec un petit bambin sur ta voiture? Ta si jolie bagnole. Un son que tu entendras toute ta vie par la suite, j’en suis convaincue. Un son qui te fera beaucoup moins vibrer que le bruit de ton moteur. La sensation de l’impact dans tes mains sur le volant? Le cœur qui doit certainement s’arrêter le temps que ton esprit assimile ce qui vient de se passer. Le frisson qui te traverse l’échine? La peur de regarder dans le rétroviseur et de voir la torpeur dans les yeux de l’adulte qui tenait la main et qui, maintenant, tient le vide. Le vide de sa vie. Le cri strident qui doit assurément suivre. Tu sais, celui qui vient du cœur, qui vient du ventre, qui vient de l’épouvante d’avoir perdu l’essentiel? La loi à laquelle tu devras faire face. Y as-tu pensé? Poursuis ta route de façon démesurée et peut-être n’auras‑tu pas besoin d’y penser, mais tu le vivras éternellement.

Moi, j’ai peur. Peur que tu croises ma route et que ça nous arrive. Derrière ma poussette, malgré mon expérience d’éducatrice, de maman, je ne suis pas invincible comme toi. J’ai à cœur la vie d’autrui.

Je sais qu’un coureur automobile des quartiers tranquilles ne lira pas cette missive. Mais toi, le parent d’un invincible, le témoin d’une course dans les rues de ton quartier, le voisin d’une Formule 1, c’est aussi un peu de ton devoir d’aviser une inconduite. De sensibiliser lorsqu’une conduite est imprudente. On le dit tous : « Les policiers ne sont jamais là au bon moment ». Ils ne peuvent malheureusement pas être là, tout le temps, au bon moment. Mais nous oui. Veillons tous ensemble sur l’innocence qui peut nous échapper des doigts, en deux secondes. Veillons sur les enfants en bordure de chemins, sur les trottoirs, aux traverses piétonnières.

J’ai écrit ceci pour les enfants, pour nous les adultes, les parents au cœur prudent et bienveillant, ainsi que pour les coureurs des quartiers tranquilles. Si nous pouvions nous épargner un bête accident aux lourdes conséquences résultant d’un manque de jugement…

 

Mylène Groleau

Quand il prend le volant

Un jour, avant même que tu aies eu le temps de réaliser, ton enfan

Un jour, avant même que tu aies eu le temps de réaliser, ton enfant prend le volant. Il s’assoit fièrement à gauche du véhicule, en avant… il met les clés dans le contact, attache sa ceinture, règles ses rétros et te regarde les yeux brillants :

– On y va maman? Tu es prête?

NON JE NE SUIS PAS PRÊTE!!!

Je lui souris tendrement…

– Bien sûr, je suis prête, quand tu veux champion!

Tu es assise à droite, la main serrée beaucoup trop fort sur la poignée de la porte, le pied collé sur un frein imaginaire, le cerveau en alerte, le cœur qui débat et la trouille au ventre.

Pourtant, tu souris paisiblement…

Tu dois mettre ta progéniture en confiance, l’accompagner, lui enseigner, lui faire confiance…

C’est quand mon enfant a, pour la première fois, pris le volant, que j’ai réalisé à quel point mes parents avaient été de bons accompagnants! Eux aussi ont frôlé la crise cardiaque lors de la première sortie! Pourtant, avec patience et calme, ils m’ont montré…

Jamais le terme « lâcher prise » n’a eu autant de sens pour moi. Les trois premières sorties, j’ai manqué d’air et j’ai failli mourir de peur dix fois! J’ai vite compris l’importance d’une communication claire et précise.

J’ai réalisé que, depuis des années, mon enfant m’observe quand je conduis… depuis qu’il est tout petit, il attend ce moment et me regarde aller. Il met en place les mêmes techniques. Il absorbe depuis tout ce temps mes qualités et aussi mes défauts…

Nous sommes un exemple. Soyons un exemple sécuritaire et respectueux sur les routes. Car nos enfants adoptent nos comportements…

Acceptons aussi de nous remettre en question. Nos enfants nous montrent eux aussi le chemin.

Avec la pratique et le temps, je me sens bien avec mon enfant derrière le volant. Je suis fière de ce cheminement vers son autonomie. Pis… j’ai pas vraiment hâte aux nouveaux défis que l’hiver va nous apporter sur la route!

Gwendoline Duchaine

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