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Ma meilleure amie m’a laissée

Ma meilleure amie m'a laissée.  Du moins, je l’ai toujours consi

Ma meilleure amie m’a laissée.  Du moins, je l’ai toujours considérée comme l’une de mes meilleures amies. J’ai le motton dans la gorge depuis un bout, j’ai les yeux pleins d’eau en pensant à ce que je m’apprête à raconter. J’essaie aussi de me convaincre que je n’ai rien à me reprocher, mais ma tactique n’est pas super winner à date.

On se connait depuis presque seize ans. Nous sommes arrivées à Montréal pour les études en même temps et puisque nous étions deux p’tites nouvelles dans la gran’Ville, nous nous sommes liées d’amitié assez rapidement. J’ai toujours cru qu’on s’aimait pas possible, que les planètes s’étaient alignées pour qu’on se rencontre et qu’on soit amies forever.  Nous étions jeunes et fringantes et les opportunités nous souriaient à pleines dents tandis que nos âmes de femmes fortes se forgeaient.

Tu vois, je n’avais plus de ses nouvelles depuis plus de quatre mois. Nous habitons à environ deux heures l’une de l’autre et avec chacune deux enfants pis une vie de malade, je me souviens à peine de la dernière fois que je l’ai vue. Si je ne me trompe pas, c’était au début de 2016 et c’est peut-être parce que je m’ennuyais d’elle pas possible, mais j’ai pleuré ma vie en la voyant arriver. Pas des tites-larmes cute là, NA-NON. Du gros torrent laid qui te scrap le make-up solide. Je suis sortie dehors en courant et je l’ai serrée tellement fort, tellement longtemps. Finalement, c’est peut-être ça qui lui a fait peur… #joke (or not)

Elle m’a déjà laissée dans le passé. On travaillait ensemble et un jour, j’ai perdu ma job (je le méritais, j’étais jeune et conne). Les jours se suivirent et j’avais de moins en moins de nouvelles d’elle. Jusqu’à ce que je reçoive un courriel qui m’annonçait qu’elle avait décidé de ne pas continuer notre amitié. Ça fait plus de 10 ans de ça, je ne me souviens pas très bien les détails (#mommybrain), mais je ne l’ai pas revue pour deux bonnes années je crois. Puis, un jour, on a repris contact sur Facebook et nous sommes allées prendre un verre. Les années passèrent sans jamais que nous reparlions de notre « rupture ».

Pis je suis devenue maman et j’ai rushé ma vie solide après l’arrivée de ma première fille. Je m’ennuyais de ma vie d’avant où j’étais « libre », où nous pouvions aller boire sans lendemain, où JE décidais de mes allées et venues. Méchante dépression post-partum qui a duré plus de deux ans. On se voyait moins elle et moi, mais elle venait toujours me rendre visite avec des clopes, du vin et des sushis. That’s what real friends do. Elle m’a toujours appuyée et j’ose croire que j’ai toujours été là du mieux que j’ai pu pour elle aussi. Mais si elle m’a laissée à deux reprises, peut-être que j’ai crissement qqchose à me reprocher. Mais quoi ?

L’arrivée de mon bébé 2 a bousculé encore plus ma vie et mes temps libres (HA ! Temps libres. Est bonne !). De son côté, elle a rencontré l’homme de sa vie puis un jour, mon téléphone a sonné et elle m’apprenait la magnifique nouvelle de sa grossesse. J’ai pleuré de joie, je me pouvais pu de pouvoir éventuellement partager les beautés et les grosses merdes de la vie de maman avec elle, malgré la distance. Dans mon cœur, les kilomètres n’ont jamais eu d’importance. J’ai des amis partout dans le monde, certains que je ne vois qu’aux 2-3 ans, mais qui restent des amis quand même. Je les aime d’amour et je sais que si je ne leur donne pas de nouvelles à toutes les semaines, ce n’est pas grave, parce que ce n’est pas ça qui définit mes amitiés. Peut-être que oui finalement, je ne sais plus.

Et là, depuis quatre mois, pu rien. Niet, nada, fuckall. Faut dire que je n’ai pas été la personne la plus présente en 2016. J’ai souffert de beaucoup de problèmes de santé et j’ai négligé tout le monde autour de moi. Je l’ai négligée elle aussi, je n’ai pas pris autant de nouvelles que j’aurais dû. Flush me once, shame on you, mais flush me twice, shame on me de pas avoir compris avant que finalement, mon histoire d’amitié avec elle était terminée. Elle le savait, mais pas moi.

Car un beau matin d’octobre, j’ai vu son nom apparaître dans ma boîte Gmail. Le cœur m’a lâché. Elle désire continuer son chemin sans moi et m’assure n’avoir aucune colère et qu’aucun événement en particulier n’a influencé sa décision. Ok, fak c’est l’ensemble de mon œuvre le problème ? J’essaie de me dire que ses sentiments à mon égard ne m’appartiennent pas. Mais dans un monde où nous avons tous besoin de validation, se faire crisser là, c’est moyen agréable. Je remets toutes mes amitiés en question.

Puis, suite à son email, c’est avec un enfant qui hurlait dans son siège arrière que j’ai vécu les cinq premières étapes du deuil en moins d’une minute.

  • Le choc : « Ben voyons. C’est vrai ça là ? »
  • Le déni :« Ben non voyons. C’pas vrai ! »
  • La colère : « Ah ben TABARNAK. » (x 1000)
  • La tristesse : « C’est fini pour vrai… »
  • La résignation : « Bon, je m’y attendais. C’est la vie. Elle a raison. »

PS : l’enfant hurle toujours pendant que je process l’officialité de la nouvelle dans un parking miteux en bordure de l’autoroute 20.

J’ai hâte au jour où je passerai à l’étape 6 et 7, soit l’acception et la reconstruction. Où l’odeur de son parfum me rappellera nos bons souvenirs et non son absence. J’ai hâte au jour où l’évocation de son nom ne me donnera plus de petits pincements en d’dans.

Au moment où je viendrai finalement à bout de parler d’elle sans être triste, je saurai que finalement, j’ai tourné la page. Et peut être qu’éventuellement, je pourrai raconter à mes enfants que l’amitié peut parfois faire mal, mais que c’est si précieux et qu’il faut en prendre soin. En tout cas, je serai éternellement reconnaissante de son passage dans ma vie, de tous les moments où elle a été à mes côtés lorsque j’avais besoin d’une amie de confiance et je lui souhaite tout le bonheur qu’elle mérite. Pis je vais toujours l’aimer.

Trois amies, trois bedaines et deux bébés

Il y a quatre ans, mes deux amies et moi avons vécu une chance ines

Il y a quatre ans, mes deux amies et moi avons vécu une chance inespérée. Nous étions enceintes, toutes les trois, en même temps! Je n’aurais même pas osé en rêver; vivre des moments aussi magiques, entourée de deux complices. Pour moi, c’était un deuxième enfant, pour l’une un quatrième et pour l’autre, un premier bébé tout neuf !

Les nausées, les premiers coups de pieds, les nuits blanches à se retourner, les envies de rien et de tout à la fois, les angoisses, les espoirs… tout ça multiplié par trois mamans comblées. Nous avons regardé nos ventres devenir énormes. Nous avons découvert que je portais un petit garçon et que mes deux amies allaient mettre au monde de jolies princesses.

Je devais accoucher la même date que l’une d’elles, mais sa fille fut ponctuelle et mon garçon, retardataire. Il est arrivé neuf jours plus tard que prévu. Nous avons donc patienté pour la venue de la troisième de notre trio, qui devait se pointer le bout du nez en mai, en berçant nos deux petits trésors en tous points parfaits.

De mon côté, les semaines passaient à une vitesse folle (les nouvelles mamans comprendront).  Le temps de le dire, nous étions déjà en mai. Le soleil avait commencé à réchauffer nos journées. Mon amie et moi attendions avec impatience que le téléphone sonne pour nous aviser de nous rendre à l’hôpital afin d’accueillir la petite dernière de notre trio.

Dans mon coin de pays (j’habite Havre-Saint-Pierre), les naissances ne se font pas dans notre village, faute de ressources. Nous devons nous rendre à l’hôpital de la ville la plus proche, située à environ deux heures de route, et ce, deux semaines avant la date prévue de notre accouchement. Une attente interminable lorsqu’on est loin de chez soi et souvent, sans son amoureux, sa famille et ses amis.

Nous étions donc prêtes à prendre la route pour rejoindre notre amie à tout moment.  Nous avions tellement hâte!

Puis, un matin, arriva la seule et unique chose qu’aucune d’entre nous n’aurait pu imaginer comme étant la suite logique des derniers mois incroyables que nous venions de vivre. Pendant une échographie, le médecin annonça è notre amie que le cœur de celle que je considérais déjà comme ma nièce avait cessé de battre.

Je me souviens encore du cri que j’ai poussé, faisant écho à celui de mon amie, lorsqu’elle m’a hurlé la nouvelle du fond de la pièce. Quand je suis allée chez elle, sa maison qui d’habitude est chaleureuse et pleine de vie grâce à ses quatre magnifiques filles, m’a semblé, tout à coup, si sombre et éteinte.

J’ai eu l’impression que l’éternité s’était installée, entre le voyage en voiture et nous deux dans le couloir de l’hôpital, à attendre la venue au monde de ce bébé qui ne pleurerait pas.

Cette nuit-là a été interminable. Je me rappelle précisément de tous les détails de la chambre d’hôpital dans laquelle nous étions assises à attendre. Je me rappelle le vide que je ressentais, le silence lourd et parsemé de sanglots qui habitait cette grande pièce froide. Je me rappelle que chaque seconde qui s’écoulait était empreinte d’une tristesse que je n’avais jamais ressentie auparavant.

Les semaines qui ont suivi ont été remplies de questionnements, de rage et d’impuissance. Tout doucement, les semaines sont devenues des mois et la noirceur s’est légèrement éclairée.

Ce qui faisait le plus de bien à mon amie ? Voir nos bébés, les cajoler, les aimer. Elle nous parlait souvent de sa fille, son ange, de comment elle était: grande et chevelue. Elle faisait partie de nous, de nos moments ensemble, qu’ils soient tristes ou joyeux.

Un jour, le désir d’un autre enfant s’est installé et ce n’était pas chose facile. Plusieurs fausses couches, plusieurs inséminations, tout était complexe, comme la fois précédente. Malgré les obstacles, j’ai vu mon amie se battre contre ciel et terre pour vivre le bonheur de prendre son enfant dans ses bras et le voir grandir. Entre tous ces efforts et ces échecs, un grand drame frappa à nouveau sa famille. Deux ans après que mon père se soit éteint d’un cancer, ce fut au tour du sien. Il quitta sa vie ici, serein, empreint d’une mission bien précise.

Un mois après son départ, sans science ni médecin, simplement par amour, une deuxième ligne rouge apparut sur son test de grossesse.

Les semaines passèrent et ce petit être s’accrocha à la vie. Neuf mois plus tard, un magnifique garçon, parfait en tous points, montra le bout de son nez tout rose, en pleurant à pleins poumons.

Aujourd’hui, c’est un petit bonhomme attachant, joufflu et plein de vie. Aujourd’hui, il est le petit frère d’une princesse qui veillera sur lui pour toute sa vie.