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Ton entrée à la maternelle – Texte : Roxane Larocque

Tu es arrivé sur terre il y a 5 ans. Notre premier travail d’équipe officiel. On apprenait déj

Tu es arrivé sur terre il y a 5 ans. Notre premier travail d’équipe officiel. On apprenait déjà à se connaître depuis 9 mois, chacun occupé à grandir, à devenir. Tu te transformais en humain, je me transformais en maman. Mais ce jour de ta naissance, c’était la première fois que tes yeux rencontraient les miens, ta peau gluante et chaude dans mes bras qui ne voulaient plus te quitter, nos deux regards dépassés par les événements qui se croisaient pour la première fois et qui se demandaient comment on allait se remettre de tout ça. Ton odeur de bébé tout neuf que je respirais profondément à travers tes petits cheveux tout fins.

Depuis ce jour, nous tissons notre relation, quelques mailles de travers à refaire, mais surtout bien du bonheur, de la douceur et de l’amour. On apprend à se défusionner, doucement, depuis ce jour où tu as quitté mon corps. Mon envie de retrouver mon corps, mon temps, mes esprits. Ton envie d’avoir plus d’autonomie, de découvrir le monde qui t’entoure et de partir à l’aventure loin de moi.

Comme il passe vite, le temps.

J’étais celle qui guérissait tous tes maux par ma seule présence, celle qui devinait tes besoins avant même que tu les nommes. Te voilà maintenant hors de cette période de survie depuis longtemps, à vouloir toujours plus de liberté, à réclamer ton intimité, à construire ton univers. C’est parfait, c’est ce que je nous souhaitais, c’est le cours normal de la vie. Mais il reste que mon cœur de maman est rempli d’émotions mélangées en ce moment, puisque tu es maintenant à la veille de ton entrée scolaire.

La fierté, celle de connaître de plus en plus ta belle âme, ton intelligence, ta douceur. La confiance, puisque je te sais prêt, mais aussi la peur, celle que tu sois blessé, que tu souffres, que tu aies mal.

C’est un grand saut vers la société que tu t’apprêtes à faire. Et cette société est un peu mal en point, faut le dire. Elle a bien besoin de vous, petits enfants pourtant déjà si sages. Allumés, près de vos émotions, criant notre vérité, celle que l’on ne veut pas toujours entendre.

Je vous souhaite, à tes copains de classe et toi, d’en apprendre plus sur qui vous êtes et non sur ce qu’on voudrait que vous soyez. Je vous souhaite de croiser sur votre route des enseignants qui vous aideront à garder votre unicité, vos talents, plutôt que d’essayer de vous conformer à des standards vides de sens. Je vous souhaite de recevoir suffisamment d’amour pour avoir envie d’en redonner partout autour de vous. J’espère que l’on verra qui vous êtes et non juste vos diagnostics, les réels et ceux qu’on invente quand on ne vous comprend pas. J’espère que ce milieu saura vous faire briller et non vous éteindre. Vous permettre de découvrir d’autres modes de pensées, d’autres façons de voir la vie. Je vous souhaite un milieu stimulant qui accepte vos souffrances plutôt que de vouloir les effacer.

Ton chemin sera unique. Il y aura des embûches, des défis, des moments difficiles, mais c’est à travers tout ça que tu découvriras tout ton potentiel. Ce que tu aimes, ce que tu détestes, les valeurs qui t’habitent. Et il aura nous, ta famille. Nous serons toujours là pour toi. Ta tribu, ton clan, ton refuge. À juste distance, en bienveillance.

Bonne rentrée scolaire !

 

Roxane Larocque

La prof qui n’a pas oublié mon enfant – Texte : Joanie Fournier

J’ai trois enfants dans le système scolaire au niveau primaire. Ça fait déjà sept ans qu’on

J’ai trois enfants dans le système scolaire au niveau primaire. Ça fait déjà sept ans qu’on y est, dans ce système oublié par le ministère et amputé dans tous ses services. Les professionnels dévoués peinent à faire descendre les piles de demandes sur leurs bureaux. Ils doivent prioriser tellement d’enfants pour tenter de leur donner un maximum de chance de réussite. Tellement d’enfants qui ont besoin d’accompagnement, d’outils, de temps… Tout le monde le sait que le système actuel est insuffisant pour ces enfants-là. On voit les parents autour de nous courir sans cesse pour obtenir des services supplémentaires pour aider leurs enfants et essayer de contacter tous les professionnels au dossier de leur enfant.

Mais pour une fois, je veux parler des autres enfants. Les z’oubliés. Ceux qui fonctionnent « bien », ceux qui apprennent « vite », ceux qui n’ont « pas besoin » d’accompagnement. J’en ai trois, moi, des z’oubliés. Parce qu’on nous répète qu’on a beaucoup de chance que nos enfants réussissent bien. Mais il y a toujours un revers à la médaille… À chaque fin d’étape, depuis sept ans, on reçoit un petit bout de papier sur lequel il est écrit : « Rien ne semble problématique pour votre enfant jusqu’ici. Il ne sera donc pas nécessaire de vous déplacer pour une rencontre de parents. » La première fois, on était fiers comme parents de lire ce papier. La deuxième fois, on était déçus de ne pas pouvoir rencontrer l’enseignante de notre enfant. La troisième fois, on a commencé à se demander si c’était normal de ne jamais avoir de suivi pour notre enfant. Puis, les années et les enfants se sont accumulés et en sept ans, nous n’avons jamais été conviés en personne à une rencontre de parents…

La plupart du temps, on se répète qu’on est vraiment chanceux. Nos enfants semblent bien fonctionner dans ce système scolaire. Pis une maudite chance, parce que les services seraient insuffisants si ce n’était pas le cas. Mais chaque année, quand l’année se termine, on a un petit sentiment que ce système a oublié nos enfants. On imagine tellement l’enseignante de la classe en sueur en train de se démener pour que tous les enfants devant elle réussissent. Et on a une image en tête de notre enfant derrière la classe, effacé et oublié, parce que lui t’sais, « il va bien ».

Quand mon aînée est entrée en 5e année, elle a eu pour la première fois de sa vie une prof qui ne l’a jamais oubliée. Et aujourd’hui, je veux parler de cette enseignante qui a refusé de l’oublier. Elle l’a motivée, écoutée, interpellée. Elle l’a vue. Vue pour de vrai. Elle a fait ressentir à ma fille qu’elle aussi, elle avait sa place dans une classe. Elle l’a fait se sentir importante. Elle lui a donné des lectures supplémentaires, des exercices de plus, des devoirs plus difficiles. Elle s’est assurée de la pousser au maximum de ses capacités et pour la première fois de son primaire, ma fille a eu des défis. Des vraies montagnes à gravir. Ces grandes tâches où on sent que l’adulte nous fait confiance et qu’on est fier d’avoir accompli à la fin. Pour la première fois de son primaire, elle ne faisait plus ses devoirs en cinq minutes en clamant que c’était trop facile pour elle.

Miss Émilie, je veux vous remercier. Je veux vous remercier d’avoir vu ma fille. De l’avoir considérée. De ne pas avoir tenu pour acquis que « parce qu’elle allait bien », elle n’avait pas besoin de vous. Votre présence durant cette année a été salutaire pour ma grande fille. Avant de vous rencontrer, j’ai eu peur que cette enfant termine son primaire sans avoir eu la chance d’avoir un adulte significatif pour elle. Un adulte qui fait la différence. Vous avez été cet adulte-là. Vous lui avez fait goûter à quelque chose d’inestimable : le sentiment d’exister et d’être importante. Je ne vous remercierai pas assez.

Peut-être même que vous lisez ces lignes et que vous vous dites : « Ben voyons donc… ? Pourtant je n’ai rien fait de différent avec cette enfant-là… ? » Je vous assure que oui. Vous avez fait ce qu’aucun autre enseignant n’a fait pour elle.

Attention, je ne blâme personne ici. Tous les autres enseignants ont fait de leur mieux et j’en suis consciente. Ils sont tous débordés, essoufflés et ensevelis sous les demandes. Ce n’est aucunement un reproche.

Je veux simplement, Miss Émilie, que vous sachiez que vous avez fait une grande différence. Vous avez redonné envie aux enfants d’apprendre et de relever des défis. Des vrais défis. Vous avez été à l’écoute, chaleureuse, humaine. Vous connaissiez les intérêts de chacun des enfants de la classe… parce que vous vous y intéressiez sincèrement. Peut-être que c’est banal pour vous comme approche, mais encore une fois, sachez que ça a fait toute la différence. Au-delà de ne pas avoir oublié ma fille, je pense surtout que vous avez refusé de le faire.

Merci encore pour tout.

Joanie Fournier

Lettre à mon élève — Texte : Nancy Pedneault

Mon cher élève,   <span da

Mon cher élève,  

Depuis mars 2020, je te regarde aller. Je te vois changer. Je remarque que, comme moi, tu perds ta légèreté. Je sais qu’on doit faire tout ce qu’il faut pour préserver la santé de la population. Je comprends et toi aussi. Mais je dois t’avouer quelque chose, je m’ennuie. 

Je m’ennuie sincèrement de ton sourire. J’ai tellement hâte de te voir rire à mes blagues avec tes dents, pour vrai. Je m’ennuie de lire sur ton visage les différents sentiments que tu vis au cours de la journée.  

Si tu savais comme je m’ennuie de tes câlins sans peur de se donner la maladie. Je sais que toi aussi ; tu me le répètes souvent.  

Je m’ennuie d’entendre ta voix. Ta petite voix douce et délicate franchit difficilement le masque. Je ne t’entends pas bien. Je te fais répéter. J’ai tellement hâte de t’entendre clairement.  

Je m’ennuie de la légèreté. Tu sais, ce temps où ma principale peur était de ne pas t’avoir enseigné tout ce que tu dois savoir pour cette année scolaire. Je ne veux plus que tu aies peur chaque fois qu’un élève tousse ou ne se sent pas bien. 

Je m’ennuie de respirer dans ma classe, sans masque. Respirer, juste respirer. Je sais que toi aussi, tu en as tellement envie. 

Tu sais, mon cher élève, j’ai envie de retrouver ma classe d’avant. Celle où on peut rire et improviser. Cette classe où tu étais présent en vrai, pas en vidéo. Je ne veux plus avoir peur chaque fois que tu t’absentes.  

Bref, mon travail avec toi, celui d’avant la COVID, me manque énormément. Les « toutes autres tâches connexes » ont pris beaucoup de place depuis deux ans. Je suis maintenant pro du nettoyage, de l’aération, de la qualité de l’air, du lavage de mains, de l’enseignent en synchrone, en ligne, en vrai, en demi-groupe, dans d’autres groupes, etc. Mon temps et mon énergie pour toi s’amenuisent et cela m’attriste.  

J’ai envie de t’enseigner, comme avant. Je veux travailler pour toi. Je veux avoir le temps de te donner le meilleur service possible. Je veux être là avec toute ma tête et tout mon cœur.  

Aujourd’hui, je n’ai pas de moyen pour que ça change. J’ai juste besoin de te le dire. Parfois, le dire, ça fait du bien. 

 Alors pour toi, mon cher élève, je souhaite que la vie revienne à la normale, la vraie normale. Je te souhaite de rester un enfant, de rire, de t’amuser et surtout, d’apprendre sans souci.  

Mme Nancy 

 

Réinventer 180 jours

Depuis plusieurs semaines maintenant, j’ai une invitée qui veut e

Depuis plusieurs semaines maintenant, j’ai une invitée qui veut entrer dans ma classe. Je fais tout pour qu’elle ne vienne pas, qu’elle ne s’insère pas entre nos murs, mais elle est là, telle une menace au-dessus de nos têtes. Et j’avoue, j’ai peur.

Dans ma classe, je suis responsable de 22 petits êtres humains. Les parents me les confient pour 180 jours. Ce n’est pas rien. J’ai la mission d’instruire, de socialiser et de qualifier. Mais cette année, j’ai plusieurs mandats supplémentaires. Comme pour plusieurs métiers, l’arrivée de Mme Covid a alourdi ma tâche. J’ai maintenant le devoir de protéger, de rassurer, d’éduquer, mais aussi de nettoyer. Et, je dois le dire, j’ai peur.

L’organisation est un défi colossal. Faire circuler 300 élèves (parfois plus) du primaire, sans qu’ils ne s’approchent à moins de 2 mètres, c’est une vraie folie. On dirait une chorégraphie, un ballet savamment réfléchi par l’équipe-école. Il n’y a plus de place pour l’improvisation. Le tic tac de l’horloge est devenu notre chef d’orchestre. Tic, on va aux toilettes en sortant à droite. Tac, on va à la récré, n’oublie pas tes mitaines. Tu devras laisser passer tous les élèves de l’école pour retourner à ta case sans croiser personne. Mais si ça arrivait… j’ai peur.

À travers les nombreux lavages de mains, de bureaux et de high touch (anglicisme désignant les surfaces fréquemment touchées), je dois enseigner. J’ai l’espoir de reprendre le temps manqué lors de la fin de l’année dernière. Certains diront : « Tu ne sauves pas des vies ! » C’est vrai, mais j’enseigne aux adultes de demain. Ce sont eux qui prendront des décisions dans quelques années. Ils nous soigneront, géreront notre pays, défendront nos droits ou enseigneront à leur tour à nos petits-enfants. J’aimerais bien qu’ils soient heureux et qu’ils ne ressentent pas trop toute l’anxiété du moment. J’ai peur qu’ils n’apprennent pas.

En moins d’un an, j’ai appris à enseigner à distance. La techno est maintenant essentielle pour garder un lien avec mes élèves qui doivent rester à la maison. J’enseigne en même temps à ceux à la maison qu’à ceux qui sont à l’école. Même que parfois, maman assiste à mes leçons, ou même grand-maman, comme si elles assistaient à un spectacle. Il y a des semaines où j’enseigne de chez moi, de ma cuisine. Qui aurait pensé que c’était possible l’année dernière ? Je ne ferai pas de miracle. Mais je fais de mon mieux pour que mes élèves apprennent. J’ai peur de ne pas y arriver.

J’essaie de garder ma folie, ma légèreté, mais souvent, la peur m’envahit. J’ai peur que mes élèves se partagent le virus, qu’ils le rapportent chez eux et le donnent à leur famille. J’ai peur pour moi aussi. J’ai peur de rendre ma famille malade. Et si mes parents ou mes beaux-parents l’attrapaient à cause de moi, je m’en voudrais. Comment garder le cap avec cette épée de Damoclès qui menace de s’abattre sur nous tous ?

La peur m’épuise. J’essaie de la contrôler, mais mon énergie baisse. Mon cerveau est débordé. Cette année en est une de défis, d’organisation et de lâcher-prise. Je la terminerai probablement la langue à terre, mais j’y arriverai, je porterai mes élèves à bon port.

Pour finir, j’ai une demande à vous faire : soyez bienveillants avec les enseignants qui accompagnent vos enfants en cette année folle. Ils ont besoin de travailler en équipe avec vous, de vos bons mots et de votre compréhension. Chaque jour, des profs dévoués essaient tant bien que mal de faire oublier la visite possible de Mme Covid afin que vos enfants progressent et soient heureux. Soyons solidaires.

Nancy Pedneault

Je t’aime déjà !

Et voilà ! La glace est brisée, nous nous sommes rencontrés !

Et voilà ! La glace est brisée, nous nous sommes rencontrés ! 🤗

Tu t’es installé dans ma classe, dans TA classe et tu y as fait ton nid pour quelques mois. Je te connais un peu, mais j’ai hâte d’en savoir plus et de découvrir qui tu es !

Après quelques jours, je te sens déjà plus rassuré et plus confiant. J’ai le sentiment que tu sais que je vais tout faire pour que ton année à mes côtés soit riche et mémorable.💫

J’aime que tu me parles de tes enseignantes des dernières années, ce sont mes amies ! 🌷 Je sais combien elles t’ont aimé. Elles m’ont déjà beaucoup parlé de toi, le sai ‑-tu ? 😉

Lors de ton départ aujourd’hui, quand tu m’as dit que tu avais déjà hâte de revenir en classe, tu m’as fait le plus beau des cadeaux ! Lorsqu’on est enseignant, on souhaite votre bonheur avant toute chose ! Merci pour cette confidence.❤️

L’année est à peine commencée et tu sais quoi ? Je t’aime déjà !

Karine Lamarche

Une excursion dans une classe du primaire

Depuis quelques semaines, on parle beaucoup d’éducation dans les

Depuis quelques semaines, on parle beaucoup d’éducation dans les médias. Des coupes par-ci, des investissements par-là, des cris du cœur. Des spécialistes partagent leurs points de vue, leurs émotions, leurs dénonciations. Mais surtout, des non-spécialistes critiquent beaucoup les milieux, les enseignants, les élèves. Ce n’est pas facile avec tout ce brouhaha de comprendre ce qui se passe.

Je suis enseignante au primaire. C’est ma première année, j’ai eu mon premier contrat. Et j’écoute ce qui se passe. Et ça me fâche. Vraiment. Je ne pense pas être la mieux placée pour dire ce qui doit être fait dans nos écoles québécoises. Je peux toutefois vous partager ce que je connais. Du genre nos difficultés. Je ne vous parlerai pas de salaire. Je ne vous parlerai pas du temps supplémentaire fait par tous les enseignants. Je ne vous parlerai pas de nos « vacances ». Je vous parlerai simplement de ce qui se passe dans les classes. De 8 h 30 à 15 h 30.

La cloche sonne. Je prends mes présences. Il me manque un élève. Je le note absent. La secrétaire m’appelle deux minutes plus tard.

– Oui, Stéphanie ? Ton élève n’est pas absent. Il était en crise dans la cour d’école. La technicienne en éducation spécialisée l’a pris en charge.

Bon, beau début de journée. L’élève revient quinze minutes plus tard. On le sent fragile.

En groupe, on corrige le devoir que les élèves avaient à faire. La moitié de la classe l’a fait. C’était un travail important. Donc on ne le corrige pas. Les élèves qui ne l’ont pas fait viendront en récupération pour le faire.

À la deuxième période, l’orthopédagogue vient me voir. Elle m’annonce qu’elle ne pourra plus prendre trois élèves avec elle, car du temps d’orthopédagogie a été coupé et qu’ils doivent se concentrer sur les élèves en grandes difficultés. En plus, elle travaille aussi dans une autre école, alors elle doit maximiser son temps.

Au retour de la récréation, l’élève en crise du matin revient de nouveau en crise. Il frappe un élève. J’appelle la T. E.S. Aucune réponse. Je vois une chaise qui se fait lancer dans la classe. Un élève pleure. Je ne sais pas quoi faire. J’empêche les élèves d’entrer dans la classe pour leur sécurité. Ma collègue d’en face me propose d’aller trouver la T.E.S. dans l’école. Elle arrive cinq minutes plus tard avec la directrice. Cette dernière amène l’élève à son bureau.

C’est le temps de la période de bibliothèque. Cinq élèves me montrent que le livre qu’ils ont choisi est brisé. Je les mets de côté en voyant leur visage triste de ne pas pouvoir le lire. On a assez de livres, semble-t-il.

La récupération du midi. Je laisse les élèves travailler sous ma supervision. Je constate que plusieurs n’ont absolument rien compris de ce qu’ils devaient faire. Même si le travail a été expliqué pendant vingt minutes la veille et que j’ai demandé aux élèves de me dire s’ils ne comprenaient pas. Je leur enseigne de nouveau la matière. Moi qui pensais avoir un dîner tranquille.

Au retour du dîner, c’est l’évaluation d’écriture. Pendant que les élèves sont en détente, je prépare tout. J’allume les cinq ordinateurs pour mes élèves dyslexiques et dysphasiques afin qu’ils puissent utiliser le logiciel nécessaire. Je sépare les documents de travail. Je n’ai que quinze élèves qui feront la tâche en entier. Deux auront droit à du temps supplémentaire, une mesure d’adaptation choisie en plan d’intervention. Les trois autres voient leur tâche réduite. Au lieu de 150 mots, c’est 75 mots. Ils sont évalués dans un niveau inférieur dans le bulletin. C’est une modification choisie pour le plan d’intervention aussi. Je devrai aussi corriger différemment. Par exemple, si dans leur niveau, ils n’apprennent pas le verbe avoir au passé composé, je ne peux pas leur mettre une erreur. Je dois bien connaître ma progression des apprentissages pour évaluer convenablement.

À la dernière période, ce sont les ateliers. Chaque élève a un atelier à faire chaque jour. Quatre élèves en français, quatre élèves en mathématiques, quatre élèves en univers social. Avec les quatre autres, je fais du soutien personnalisé. On revient avec ce qui été vu précédemment, on fait des entrevues de lecture, des tests. Pendant ce temps, j’ai des dizaines d’élèves qui lèvent la main pour se faire corriger, pour une question ou simplement pour me dire qu’ils m’aiment ou me trouvent belle.

« Simplement pour me dire qu’ils m’aiment ou me trouvent belle. » Pas simplement. Plutôt heureusement. Parce que c’est ça ma paie. Malgré cette journée difficile (qui est isolée, il faut se le dire, ce n’est pas comme ça TOUS LES JOURS), je trouve quand même la force de leur sourire, de leur dire qu’ils sont bons, qu’ils sont capables, qu’ils sont des champions. Parce que ce n’est pas facile pour eux non plus tout cela. Malgré tout, je ne me verrais pas faire un autre métier. Je débute dans la profession, je n’ai pas vécu le plus difficile encore. Toutefois, je les aime d’un amour infini mes élèves, même s’ils me créent parfois de grands questionnements. Ma devise en enseignement : Un élève à la fois.

On constate à travers mon texte qu’il manque d’aide et de soutien dans les classes pour des raisons totalement hors de mon contrôle. Donc avant de critiquer les enseignants et leurs élèves, je vous invite à passer une journée dans une classe, primaire ou secondaire. Vous verrez que ce n’est vraiment pas ce que le gouvernement a comme vision d’une classe.

Stéphanie Parent

Merci, chers enseignants !!

En ce merveilleux et coloré jour d’automne, nous fêtons aujourdâ

En ce merveilleux et coloré jour d’automne, nous fêtons aujourd’hui la journée mondiale des enseignants et des enseignantes. L’opportunité de remercier tout le corps professoral qui nous entoure nous est donnée. Nous ne laisserons pas passer notre chance de faire le point sur cette merveilleuse profession.

Peu importe de quel milieu vous venez. Peu importe de quel endroit vous venez. Peu importe votre âge. Peu importe votre métier. S’il y a une chose de certaine, c’est que vous avez eu la chance de côtoyer plusieurs enseignants dans votre vie. Plusieurs ont dû vous marquer.

Étonnamment, pendant leurs études, les étudiants ont un don particulier pour se plaindre des travaux, des règles, et surtout, des enseignants. Pour une raison qui m’échappe, les étudiants ne sautent jamais de joie devant une interdiction de manger en classe, ou l’annonce d’un examen…

MAIS. Mais une fois sortis de l’école… Ces mêmes étudiants ont vieilli, évolué, maturé. Et ils remarquent que les souvenirs qui restent sont ceux des enseignants dévoués.

Le dévouement. La passion. Le dynamisme. La volonté de partager ses connaissances. L’amour de la profession. Tant de qualités dont nos enseignants savent faire preuve. Tant de qualités qui font d’eux des personnes ressources, des modèles de vie, des gens qu’on n’oublie pas.

Aujourd’hui, nous avons la chance de saluer le travail remarquable qu’ils accomplissent tous les jours pour nous. Car n’oubliez pas que les enseignants œuvrent à tout âge et dans tous les milieux ! Ils enseignent à nos tout-petits, à nos enfants, à nos adolescents, à nos adultes, à nos immigrants, à nos aînés… Peu importe l’apprenant, l’enseignant est là, prêt à lui transmettre ses connaissances.

Nos enseignants transmettent évidemment leur savoir et leur savoir-faire… Lire, écrire, compter, calculer, composer, jouer, etc. Mais en plus, les meilleurs d’entre eux inculquent le savoir-être. Et ça, ça n’a pas de prix ! Grâce à eux, la politesse, l’empathie, le don de soi, la compassion et le respect font encore partie de notre société. Ils en sont les premiers exemples.

Souvenons-nous des enseignants marquants de nos vies. Madame Auger, qui se déguisait en moine pour nous raconter l’histoire. Monsieur Pierre, qui dessinait des ciseaux pour diviser les centaines. Madame Leclerc, qui nous laissait nous exprimer et nous défouler dans les arts. Madame Malenfant, qui nous chantait des comptines. Madame Fournier, qui nous a tous fait pleurer en lisant une simple histoire. Monsieur Lemieux, qui prenait des pauses de mathématiques pour nous laisser débattre sur l’actualité.

Les meilleurs enseignants resteront gravés dans la mémoire de chacun de leurs élèves, comme dans la mémoire collective. Et les plus doués d’entre eux savent toucher l’Enfant. Vous savez… l’Enfant qui a besoin qu’on l’écoute, qu’on l’entende, qu’on l’aime… Et un seul adulte peut changer toute une vie quand il enseigne avec dévotion.

Merci. Merci à vous, chers enseignants de tous les niveaux. Merci d’apprendre à nos citoyens à vivre en société, à socialiser et à prendre soin les uns des autres. Merci de leur transmettre votre passion pour l’Apprentissage, avec un grand A. Merci de leur donner envie d’en connaître toujours plus, de se dépasser, de se surpasser. Merci de les pousser toujours plus loin, parce que vous savez qu’ils en sont capables. Merci.

Merci de la part de tous ceux qui ont foulé vos planchers de classe. Merci de la part de ceux qui y sont encore. Merci de la part de tous ceux qui suivront. C’est grâce à vous tous que nous avons des ingénieurs, des médecins, des psychologues, des comptables, des directeurs, et surtout, des enseignants.