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Être une équipe

Il arrive qu’on traverse certaines passes moins faciles que d’au

Il arrive qu’on traverse certaines passes moins faciles que d’autres dans un couple. Ces périodes qui amènent leurs lots de disputes, d’émotions fortes et de remises en question. Parce qu’évidemment, à travers la routine et les tâches infinies, c’est tout à fait possible de s’oublier en tant que couple. Mais ces moments rough sont indispensables selon moi, parce que c’est grâce à eux qu’on ne se tient pas pour acquis.

Ça nous arrive tous de nous réveiller et de nous demander : « C’est quand, dont, la dernière fois qu’on s’est vraiment vus tous les deux ? » Je ne parle pas de sexe ni de faire la vaisselle ensemble. Je parle de ces moments où tu regardes la personne que tu as choisie en te répétant que tu as justement fait le bon choix. Ce moment où tu as la certitude absolue de faire ta vie avec la bonne personne. Ce moment où cette même personne te regarde avec un amour infini. Là, vous vous voyez. Et oui, il y a des jours où on n’arrive plus à se souvenir de la dernière fois qu’on a vécu ça…

Ces moments ont mené plusieurs couples à la rupture… Et chez nous, on s’y refuse. Quand on tombe dans une phase plate et qu’on en prend conscience, eh bien, on s’assoit et on en jase. On parle de nos sentiments… déception, colère, impatience, tristesse. On parle de nos impressions… l’impression d’être oublié, d’être transparent, de ne pas être apprécié. On parle de nos peurs… la peur de se perdre, de s’oublier comme individu. Et surtout, on parle de nos objectifs. Et heureusement, la séparation n’en a jamais fait partie.

Alors on s’assoit ensemble, on parle, on pleure, on se serre dans nos bras et on fait l’amour. Le plus souvent, dans cet ordre-là… parce qu’après toutes ces années passées ensemble, c’est facile de tenir l’autre pour acquis. Il n’y a rien de facile dans ces discussions-là. Ça prend de l’énergie, du temps, de l’espoir et beaucoup d’amour pour remonter la pente ensemble. Il faut remonter un énorme escalier en posant le pied sur chacune des marches.

Et on y arrive. Chaque fois. Parce qu’on est une équipe. Et on retrouve ces moments… ceux où l’on sent les papillons au ventre chaque fois qu’on se frôle dans la cuisine. Ceux où on regarde l’heure toutes les cinq minutes parce qu’on a hâte au coucher des enfants pour pouvoir se retrouver. Ceux où on passe des heures à parler, à débattre, à rire et à vivre. Ceux où on s’enlace comme si c’était la première fois. Et chaque fois, on y arrive. Parce qu’on est une équipe.

 

Maman, gestionnaire de conflits !

MAMAN ! Ma sœur m’a frôlé le pied sous la table, elle fait ex

MAMAN ! Ma sœur m’a frôlé le pied sous la table, elle fait exprès.

MAMAN ! Mon frère m’a poussée.

MAMAN, mes sœurs font exprès de me gosser.

MAMAN, MAMAN, MAMAN !…….. Hey bien, elle n’est plus là maman okay ! Faites comme si je n’existais pas cinq minutes parce que vos conflits pour des maudites niaiseries, hey bien j’suis pu capable !

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, la majorité du temps, je dois toujours régler de la chicane entre mes enfants ! Ça se chicane pour tout, chaque jour, chaque heure. Probablement aux cinq à dix minutes. Je capote et parfois, je m’arracherais bien toute la crinière que j’ai sur la tête. Une chance, ils sont tous rendus à l’école, ce qui me donne un p’tit break d’arbitrage dans leurs guerres pour des petits riens.

J’aime mes enfants, c’est vrai, je donnerais ma vie pour eux, mais sont dont bien exaspérants par bout ! Entre les crises de préadolescences (ben oui, j’ai fini par me dire que de nos jours, ils ne font pas juste des crises d’ado), la joie des devoirs et le chialage qu’ils se font entre eux… vive le vin. On va dire ça comme ça. Une chance qu’un petit verre de vin rouge apaise un peu notre esprit dans les moments difficiles. (Je tiens ici à préciser que je suis très raisonnable sur l’alcool, ce ne sont pas les paroles d’une alcoolique finie. Juste d’une maman à bout certains jours !)

J’ai essayé de les laisser gérer leurs conflits en essayant de les guider sur la façon de s’y prendre dans des situations conflictuelles. Par contre, ça a bien l’air que ça fonctionne entre amis(es), mais pas entre frères et sœurs. Non, entre frères et sœurs ça dégénère pour obliger les parents à intervenir encore et encore. J’ai essayé aussi plusieurs systèmes de récompenses, j’ai essayé l’encouragement, bref je crois bien que j’ai tout essayé ! Sauf que rien ne fonctionne !

Dit comme ça, ça peut paraître intense, voire déplaisant, mais les fois que ça va bien, sans chicanes, je SAVOURE ! Ça fait tout oublier le reste et dans ces moments‑là, j’ai quasi l’impression d’avoir une famille normale… Ah oui, parce qu’on se demande souvent si c’est comme ça partout. On pense qu’il y a juste nos enfants qui ont l’air de se détester et qui ne sont pas capables de vivre ensemble. Reste que dans le fond, je suis sûre qu’ils s’aiment… ils ne le savent juste pas encore. En vieillissant, ils vont devenir plus matures (j’espère !) et voir qu’une sœur et un frère, c’est important dans une vie.

Je vais donc retourner de ce pas à mon rôle de commando familial et arbitre de chicanes… en gros, à mon rôle de parent.

Mireille Coutu Lessard

 

Quand les larmes sonnent l’alarme

Dans deux semaines, mon militaire de mari reviendra de sa troisième

Dans deux semaines, mon militaire de mari reviendra de sa troisième mission à l’étranger. Six mois au Kosovo. Je ne suis pas une ennuyeuse de nature, alors je savais que l’éloignement ne serait pas trop souffrant pour moi. Mais l’épuisement parental, lui, devient rapidement douloureux quand on est seul pour gérer une marmaille intense qui, elle, réagit à l’absence.

Les premiers temps, la vie se gérait bien. L’adaptation à la vie monoparentale s’est déroulée bien mieux que je l’imaginais. Entre la rentrée scolaire, l’entrée en maternelle et au secondaire et les préparatifs d’Halloween, les journées se déroulaient dans la joie et la facilité. J’étais fière de moi, j’étais soulagée, et j’étais tellement fière de mes enfants! Ils semblaient plus stables, peut-être parce que l’autorité émanait d’une seule personne.

Puis, le party a commencé. Pas dans le sens de party où on se fait du fun et qu’on n’a pas le goût de quitter. Plutôt le genre « open house » : tu sais quand ça commence, mais tu ne sais plus comment y mettre fin. Tu sais que tu es la personne qui a lancé le OK pour faire le party, mais ça devient trop, trop vite. Tu perds le contrôle, tu perds les pédales, tu vois les dégâts qui s’accumulent et tu ne sais plus comment mettre un stop à tout ça. Et tu penses à appeler la police ou à t’auto-amener à l’urgence psychiatrique avant que ça ressemble à Hiroshima.

L’hiver a été pénible. Pas pour le pelletage, ça, j’aime ça et mon gentil voisin s’est occupé de la bordure de glace que je n’étais pas capable de pelleter. L’hiver a été pénible parce que les voitures ont brisé à tour de rôle (mille mercis, CAA! Je vous dois ma santé mentale!) Mais surtout parce que certains de nos enfants ont complètement dérapé malgré les filets de sécurité qu’on avait mis en place : psy, communication avec les profs, horaire dégagé de tout ce qui n’était pas nécessaire, Skype régulier avec papa.

Souvent, j’avais l’impression de me tenir sur le bout d’un seul orteil au bord du Grand Canyon. La respiration, les massages et quelques bons amis m’ont empêchée de tomber malgré toutes les fois où mes enfants me poussaient vers le précipice à grands coups de « T’es folle » et de « Je vais te tuer ». Chaque nouvelle obstination inutile (« Ça sert à rien de ranger mes vêtements, il va falloir que je recommence la semaine prochaine »; « Il est 9 : 02, pas 9 : 00 ») me mettait dans tous mes états. Ma carapace était usée, élimée. Je marchais sur le fil auquel ma famille s’accrochait en le brassant de tous les côtés. Chaque refus de collaborer m’amenait plus près du trou noir dans lequel le stress, la fatigue physique et mentale et l’absence de soutien m’entraînaient. Je ne compte pas les fois où j’ai eu le goût de mourir pour tout arrêter. Mais quand on est le seul soutien pour ses enfants, on ne peut pas mourir. On doit rester fort pour garder le fort.

La semaine dernière, j’ai éclaté. Ce n’était pas la première fois. Mais c’était la première fois devant les enfants. J’avais beau mettre toutes les chances de notre côté, tout faire pour intervenir de la bonne façon, prendre soin de moi pour prendre soin d’eux (ajuster mon masque à oxygène en premier pour ensuite ajuster celui des autres…), la situation familiale se dégradait. La mission était trop avancée pour exiger que mon mari soit rapatrié. Il restait un mois et je n’étais pas certaine de survivre.

À bout de ressources et de souffle, je me suis mise en time-out. Je me suis assise en position fœtale dans le coin du divan, une doudou douce autour des épaules, un coussin dans les bras. Et j’ai pleuré. Non. Sangloté. Je me suis vidée du trop-plein d’émotions sombres que je contenais. Je l’écris et le nez me pique tellement le souvenir est émotif.

Ma grande fille est venue me prendre dans ses bras, flatter mon dos, me répéter des « Je t’aime, maman ». Ma deuxième cocotte me parlait comme si de rien n’était. « Pourquoi tu ne réponds pas? Maman, je te parle! » Jusqu’à ce qu’elle voie que je pleurais. Si je ne répondais plus, c’est que j’en étais incapable. Toute mon énergie était réservée pour survivre à ces minutes de panique intérieure où tout en moi était à bout d’espoir. « Maman, pleure pas! Sois pas triste comme ça! », ce à quoi ma plus vieille a répondu : « Laisse-la pleurer. Elle a toutes les raisons de pleurer, et elle a le droit de pleurer. Ça fait tellement longtemps qu’elle se retient! »

Puis, mes deux garçons se sont approchés. « Pourquoi tu pleures, maman? »; « Tu as mal, maman? » Ma grande fille a trouvé les mots pour leur expliquer que maman était épuisée. Que maman n’était plus capable d’endurer les chicanes constantes, les « non » incessants et les menaces. Que maman avait besoin que chacun collabore à l’harmonie familiale. Que maman avait tout donné depuis des mois et que là, il était plus que temps qu’elle reçoive, elle aussi. Que maman avait besoin de ses enfants.

« On est là, maman. On a fait beaucoup d’erreurs. On aurait dû t’écouter depuis longtemps. Ça fait longtemps que tu nous demandes de faire notre part dans la maison et d’arrêter de se chicaner. On s’excuse. Ça va changer. Maintenant. On t’aime, maman! »

Ce soir-là, mes filles ont raconté l’histoire du dodo aux plus jeunes. Elles les ont bordés. « Maman, les garçons aimeraient que tu ailles leur donner un bisou. Mais ils comprennent que tu le feras juste quand tu auras repris des forces. Nous aussi, on va se coucher. On espère que tu dormiras vraiment bien même si tu as beaucoup de peine. Tu as raison d’être épuisée et de nous le montrer. On aurait dû comprendre plus tôt. Bonne nuit, maman. »

J’ai pris du temps pour moi, comme je le fais chaque soir. Mais ce soir-là, quelque chose en moi s’est reconstruit. Des briques qui s’effritaient de jour en jour depuis l’automne se sont recollées. Un peu. Quand je suis allée me coucher, j’ai trouvé sur mon oreiller un pendentif en forme de cœur que ma fille avait confectionné. Et une note : « Ma chère maman, j’avais pensé te donner ce collier pour la fête des Mères, mais je pense que c’est maintenant que tu en as besoin. Je t’aime. »

Depuis ce soir-là, je n’ai presque plus à répéter, à gérer de conflits, à empêcher la troisième guerre mondiale d’éclater sous mon toit. Je n’ai plus entendu de « Tu es la pire mère de la Terre » ni de « C’est de ta faute! » Je n’ai plus entendu mes enfants dire « Je veux mourir ». Ni moi.

Il arrive que les larmes qui dévalent lavent les traces de désespoir et de colère. Il arrive que les larmes sonnent l’alarme.

Nathalie Courcy

SPM 101 pour hommes

Ce que les hommes doivent savoir...

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Ce que les hommes doivent savoir…

Avertissement pour tous les hommes qui liront ce texte : ceci est du contenu véridique basé sur des histoires vécues par des femmes (la vôtre entre autres).

(À lire avec la voix de Monsieur Charles Tisseyre en tête)

SPM = Symptôme PMenstruel. Contrairement à ce que la majorité d’entre vous pensez, il est bien réel et en rien exagéré. Et au grand malheur des femmes et de vous messieurs, il est annonciateur de jours pénibles.

Vous avez sûrement remarqué le caractère changeant de votre femme à ce moment. Il est important pour vous de savoir que certaines phrases dangereuses sont à proscrire. En voici quelques exemples :

  1. Tu as donc ben mauvais caractère.
  2. Voyons! Qu’est-ce qui se passe? Endure-toi!
  3. Calme tes nerfs!
  4. Voyons! Vas-tu être menstruée?
  5. Hey! Crisse, change d’air!
  6. Calme tes hormones…
  7. Coudonc, es-tu dans ta semaine?
  8. Tu as un caractère de marde, on est déjà rendus là dans le mois?
  9. Es-tu de bonne humeur? Tu serais aussi bien de le dire à ta face parce qu’elle le sait pas.
  10. Oupss… Je pense que ça s’en vient…

(Ces phrases sont quelques exemples seulement. Il est à noter que les variations sont aussi dangereuses.)

Votre femme, conjointe, peu importe le nom que vous lui donnez, vit un débalancement hormonal à ce moment du mois, ce qui la perturbe légèrement. En quelques occasions, elle pourrait avoir envie de vous manger la face lorsque que des absurdités sortent de votre bouche (voir les phrases mentionnées plus haut). Donc il est fortement conseillé pour vous, messieurs, de vous taire ou comme vous le dirait si gentiment l’amour de votre vie lors de son SPM : Ferme ta gueule!

Lorsqu’un conflit éclate, qu’elle ait raison ou tort, cessez d’argumenter immédiatement et sortez de la pièce. Il se pourrait qu’elle soit tentée de vous suivre pour poursuivre l’argumentation. À ce moment-là, écoutez, ne dites rien et surtout, n’utilisez pas le terme «exagéré» dans toutes ces variations. Exemple : «Tu n’exagères pas un peu?» Votre chérie est convaincue à ce moment précis que ce détail, peut-être futile à vos yeux, est la priorité numéro un de votre vie de couple. Et ce, même s’il s’agit de la sorte de céréales que vous devez acheter pour vos enfants.

Une seconde sorte de SPM est aussi répertoriée. Il se peut que votre conjointe se trouve laide, grosse vieille ou même les trois. Dans cette période, elle peut croire que personne ne l’aime, qu’elle en fait trop pour les autres ou pas assez. Une remise en question de ses choix de vie est parfois même de la partie. C’est une période ultime d’apitoiement sur soi. Dans certains cas, des larmes peuvent jaillir de ses yeux pour une raison plutôt stupide. Alors si elle pleure parce qu’elle a pris le dernier mouchoir de la boîte, contentez-vous de la prendre et de la serrer dans vos bras sans rien dire. Il vous est permis de rire, si vous êtes certain qu’elle n’est pas dans la même pièce que vous et qu’elle ne peut pas vous entendre.

La femme vit en une semaine un tsunami d’émotions qui peuvent passer du bonheur à la tristesse, de la zénitude à la colère en une fraction de seconde. N’essayez pas de la comprendre, elle ne se comprend pas elle-même. Si vous tenez à la vie, il est d’une importance capitale de ne pas le lui faire remarquer. Contentez-vous de hocher la tête et encore une fois, sortez de la pièce.

Les plus intelligents d’entre vous, messieurs, ont déjà un moyen pour reconnaître ou avertir que cette semaine horrifiante se pointera bientôt. Certains ont même créé une application pour vous aider à identifier la semaine en question. Il vous suffit d’être attentif et lorsque vous entendrez « Fuck! je suis menstruée », prenez la date en note dans l’application. Lorsque votre téléphone vous donnera l’avertissement, vous comprendrez que vous devez devenir low profile. Couvrir votre dulcinée de petites attentions (comme lui faire couler un bain chaud) ou de compliments («Tu es belle, mon amour»), pourraient sans doute améliorer vos chances de rester en vie.

Si par malheur, la tentation de lui faire remarquer son humeur exécrable est plus forte que vous, il vous est fortement conseillé de COURIR sans regarder vers l’arrière…

Mélanie Paradis

La tradition de Noël vient de se poser entre mes mains

Je suis enfant unique. Ma mère a un frère et mon père, un frère

Je suis enfant unique. Ma mère a un frère et mon père, un frère ainé. J’ai souvenir d’être toute jeune, de célébrer le réveillon avec sept convives, pas plus. Les deux familles fêtaient chacune de leur côté. Mes parents n’ont jamais été des « veilleux » de soirée. Je pense qu’ils ne se sont jamais rendus à la phrase double sens « Bon…, un dernier p’tit café avant de partir ? » Honnêtement, je n’ai jamais connu l’ouverture des cadeaux à minuit; 9h30 max, peut-être 10h00, tout le monde était reparti chez soi. La poudre de fée était temporaire. Je pense qu’elle existait juste pour me permettre de vivre mon enfance avec un semblant de magie.

 

En 1994, mon grand-père est décédé. C’est aussi l’année que mon SEUL cousin est né du côté de ma mère. Ma grand-mère maternelle est ma dernière « précieuse » en vie. Elle a 76 ans aujourd’hui et elle vient tout juste de prendre sa retraite l’an dernier.

Étant jeune, je regardais avec envie les films de Noël; les bottes qui se multipliaient dans la baignoire, la montagne de manteaux qui formait le Kilimandjaro dans la chambre des maîtres, les cousins cousines qui entraient de dehors les joues complètement rougies par l’hiver québécois… Je n’ai jamais connu ça! Pour moi, ça existe juste dans les vues. Pourtant, j’aurais tant souhaité, moi aussi, avoir MON Noël bonbon digne des familles parfaites.

L’an dernier, ma grand-mère a osé faire une grande annonce. Elle se désistait pour préparer le prochain Noël, donc celui de cette année, car « c’est prenant, éreintant ». Elle souhaite aller au restaurant et décorer minimalement pour éviter d’avoir à serrer des tonnes de décorations brillantes et bruyantes en plein mois de janvier.

Je comprends, je la comprends tellement. C’est vrai que c’est tout un contrat organiser Noël. Elle a maintenu le phare si longtemps, elle peut bien se permettre d’accrocher ses lumières, non?

Je frôle ma 34e année de vie. Ironiquement, je viens de passer dans le camp des organisateurs. La tradition de Noël vient de se poser entre mes mains. C’est à moi de jouer. Euh… ok! Et je dois faire quoi au juste pour garder en vie les traditions ?!?

Le sapin est fait, les décorations sont installées dans la demeure, les centaines de lumières ornent plus ou moins parfaitement le pourtour de ma maison. Wonderful Christmas Time commence lentement à envahir les différentes radios et j’ai déjà raté deux recettes de sucre à la crème, trop mou/pas assez dur.

Alors, pourquoi c’est si tough de se réunir autour d’une dinde avec le sourire? Pourquoi avec les années, on doit se forcer à se voir une fois par année? Parce que si je ne le fais pas, PERSONNE ne le fera. Je verrai Noël mourir entre mes mains et je me considère beaucoup trop jeune pour fermer la lumière.

Chez nous, ma mère ne trippe pas sur le cas de son frère. Ma mère est en conflit d’intérêts avec ma grand-mère ce qui fait que la cohabitation est impossible, même pour le temps d’un ragoût de boulettes! Imaginez les heures de plaisir. Et dire que personne n’a parlé de son opinion sur Safia Nolin encore! 😉

Fut une époque où Noël reposait carrément sur les épaules des générations antérieures. Ils avaient le flambeau des mœurs et leur mission était de s’assurer de la pérennité de ce que la famille avait instauré comme rituel. La messe de minuit, le chocolat chaud, les enfants qui font dodo jusqu’à 22h00 en pyjamas à pattes, les oncles et les tantes qui dansent en rond un peu pompette dans la cuisine. Grand-maman qui sort la mitaine de four pour le fameux jeu du cadeau suremballé. L’échange de cadeaux qui semble durer une éternité. Courir 234 fois à la fenêtre pour observer le vrai Père Noël arriver pour sa distribution. Des sourires francs, une convivialité évidente. Ouais, ouais, ouais.

L’an dernier, le Noël vert en a surpris plus d’un. J’ai accompagné mon fils à l’extérieur avec son manteau pas trop chaud. Le iPad bien ouvert à l’application Norad pour suivre le trajet GPS du Père Noël dans le ciel du monde entier. Il était émerveillé et il cherchait vraiment à le voir passer.

J’ai pris une photo avec mon cœur. J’ai cligné des yeux trois fois pour emmagasiner cette image dans ma mémoire, à tout jamais. Je savais que ce serait la dernière fois. L’an prochain, il apprendrait peut-être la vérité. Et si c’était sa dernière année avec la foi magique ?

Une table ronde fera l’affaire; je n’aurai pas besoin de cuisiner pour une armée. Je risque de m’endormir sur le divan à 22h56, le 24 décembre au soir… Je vais réveillonner avec tout le monde, mais juste pas la même journée, dans la même maison.

-Est-ce que je vais prendre une cuisse ou une poitrine pour Noël ? Ma plus grande question!
-Crémeuse ou traditionnelle la salade ?
-Ahhhhhh, pis j’me gâte solide! Un mixte des deux, why not!

 

Le resto, le 25 décembre, je trouve ça triste. Mais je vous promets une chose. La magie de Noël opérera. Je suis de celle qui recycle le bonheur. J’ai des cargaisons de « Joyeux Noël » pour le futur. Je regarde en avant et je tente d’être au-dessus de ce chamaillage de bébé lala!

Je viens de comprendre la vie. Ma grand-mère avait raison. Dans la vie, quand tu veux du sucre à la crème, bien tu t’en fais. Essai numéro trois : mon sucre à la crème est excellent. Il goûte comme dans mes souvenirs d’antan. Pareil!

La fois où j’ai retrouvé ma fille

Quand ma belle Cocotte est née, je m’attendais naïvement à revi

Quand ma belle Cocotte est née, je m’attendais naïvement à revivre la facilité expérimentée avec ma fille aînée : des sourires quotidiens, un bébé qui s’adapte à tout et à tous, des nuits de 13 heures dès l’âge de sept semaines. Mais non. Je me suis fait surprendre par un saut en bungee entre une dépendance intense et un refus total des contacts.

Au moment où Cocotte naissait, Papa préparait ses bagages pour plusieurs mois d’entraînement militaire et de mission afghane. Grande Peanut s’était fait mettre à la porte de sa garderie pour « conflit de personnalité » avec l’éducatrice. Je venais de terminer mes études et je n’avais rien devant moi.

Cocotte a absorbé tout ce qu’il y avait de négatif autour d’elle. Elle a passé quatre mois à pleurer (que dis-je ? À hurler!). C’est ce qu’on appelle un BABI, un bébé à besoins intenses. Son premier besoin s’appelait « Sécurité ».

Impossible pour moi de la promener ou de lui chanter des berceuses. Le mouvement et le bruit (ce qui incluait ma voix) l’irritaient. Même dans le porte-bébé, elle se trouvait trop loin de moi. Elle dormait dans mon pyjama, collée sur ma peau, épuisée. 24 heures par jour, je devais rester immobile et respirer le moins possible pour ne pas la réveiller. Pendant ce temps, sa grande sœur réclamait l’attention volée.

La première fois où j’ai vu ma Cocotte dormir ailleurs que dans mes bras, j’en ai presque pleuré. Je n’avais plus de larmes, alors j’ai simplement souri de soulagement. C’était la fin de l’été; elle était née au début du printemps. Je me disais qu’enfin, elle se sentait en sécurité. Mais non.

Pendant les années qui ont suivi, Cocotte a subi les agressions répétées de sa grande sœur. J’ai par la suite expérimenté les conflits fraternels « normaux » (mais oh! combien désagréables !). Je peux jurer que le traitement qu’elle réservait à ma Cocotte était hors norme. Heureusement, leur relation s’est adoucie. Merci aux psychologues et au temps!

Pendant des années, ma Cocotte traumatisée a refusé tout contact humain. Elle ne s’exprimait plus, elle grognait comme un lion enfermé dans une cage de gerboise. Elle griffait, mordait, se protégeait.

C’était pénible de donner le câlin du soir à mes trois autres enfants et de me faire fermer la porte au cœur par ma Cocotte. Je la savais si fragile… J’aurais voulu réparer son âme et son passé, mais dans ce domaine, la baguette magique n’existe pas.

J’ai dû me tenir loin, observer, à l’affût d’un signe d’ouverture. Un soir, ma sincérité de maman a parlé:

- Ma Cocotte, c’est pénible de ne pas te prendre dans mes bras. Tu me manques… J’aimerais te proposer quelque chose… On ne tolère pas que tu grognes sans arrêt. Tu n’es pas un animal.

– Mais oui, Maman, les humains sont des mammifères!

-Je te demande d’utiliser des mots. En échange, je vais faire d’énormes efforts pour ne pas entrer dans ta bulle. Je ne te toucherai pas et je ne te donnerai pas de bisous. Quand tu seras prête, tu reviendras vers moi. D’accord ?

Le contrat était scellé. Pas de poignée de main envahissante, seulement un silence qui contrastait avec les hurlements habituels.

Quelques mois plus tard, ma Cocotte a accepté que je m’assoie une minute au pied de son lit. Juste pour être près d’elle. Une autre journée, elle a « échappé » une caresse qui l’a prise par surprise. Un bisou, une sieste partagée, quelques confidences…

Petit à petit, elle s’est ouverte aux autres. J’ai maintenant droit à plusieurs « je t’aime » chaque jour, sans devoir la supplier.

Le plus bouleversant, c’est que Cocotte et Peanut se prennent au jeu de s’aimer et de se le montrer. Quand ça arrive, j’entends parfois le grognement d’un chaton qui voyage sur le dos d’un ronron. Quand ça arrive, je me dis que j’ai retrouvé mes filles. Et elles, ELLES se sont enfin trouvées.

 

Nathalie Courcy