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Les moutons

Les moutons

Un mouton,

Les moutons

Un mouton, deux moutons, trois moutons…

Même plus besoin de les compter dans mon lit, ils me sautent dans la figure tous les jours sur les réseaux sociaux, par les temps qui courent.

« Hey gang de moutons » est devenu l’insulte de l’heure ! Une insulte dirigée contre ceux qui ont des croyances différentes quant à la situation actuelle. Étonnement, lorsqu’on tente d’entreprendre une discussion, le seul argument énoncé concerne les plateformes de nouvelles et des images visant à dénigrer l’interlocuteur.

J’en ai vu passer de la publication en ce genre, toujours le même baratin d’insultes.

Entendons-nous, je ne suis pas ici pour faire le procès de ces gens dont les croyances diffèrent des miennes. S’il y a bien quelque chose que je respecte, même si je n’y consens pas, ce sont les idéaux d’une personne. Ce que je veux dire par là ? Ce n’est pas de mes affaires ! Cela dit, il serait important que l’on respecte les autres, aussi ! Quand il y a des attaques, ça ne donne pas l’impression qu’on assiste à un partage de points de vue, mais plutôt à un recrutement. J’ai pu lire sur des pages de personnalités publiques des insultes et des préjugés quant à l’intelligence ou aux habitudes de vie d’une personne en raison de ses croyances. Voyons ! C’est fort quand même, de croire qu’on détient la vérité à ce point.

Certes, je ne savais pas que d’avoir un point de vue différent était si confrontant. La seule chose qui me confronte, c’est de voir les insultes fuser de toute part.

Si une personne porte un masque en public, c’est parce qu’elle juge bon de le faire pour des raisons qui lui appartiennent. À l’inverse, si quelqu’un s’y oppose, ses raisons lui appartiennent tout autant. Bien qu’il s’agisse d’un exemple, cela s’applique à tout ce qui se passe actuellement. Tout est question de choix et de perspective et je ne vois pas de sous-intelligence ici. Juste des gens qui respectent ce en quoi ils croient.  

Que l’on se donne le droit de s’attaquer à l’intégrité des autres, pour une question de croyance, cela me questionne grandement sur l’humanité de ces individus et que l’on reproche aux gens d’être des moutons me laisse d’autant plus perplexe. S’identifier à un groupe qui partage nos croyances est un comportement purement humain et à cet effet, je ne vois pas en quoi l’un des groupes est plus mouton que l’autre. 

Respect les amis ! Personne ne détient la vérité, nous sommes influencés par notre expérience et nos croyances. Faites ce qui est bon pour vous. Pas besoin de mettre de l’énergie à vouloir convaincre. Ce n’est pas parce que quelqu’un emprunte un autre chemin que le vôtre qu’il est inférieur à vous.

Marilyne Lepage

Est-ce que le père Noël existe ?

Ce Noël restera à jamais gravé dans nos mémoires. Il aura été

Ce Noël restera à jamais gravé dans nos mémoires. Il aura été le dernier Noël magique de ma grande fille. J’aurais aimé qu’elle veuille y croire encore un peu… J’aurais voulu qu’elle ne pose pas tout de suite LA question… J’aurais préféré ne pas avoir à y répondre…

Cette année, ça m’a vraiment prise de court. Pourtant, j’aurais dû m’en douter. Les questionnements étaient commencés. Le mois passé, dans la voiture, elle a demandé, tout haut, si le père Noël existait. Elle a expliqué que les autres enfants à l’école lui avaient raconté qu’il n’existait pas. Ses deux petites sœurs l’écoutaient attentivement ce jour‑là dans la voiture… J’ai refusé de briser la magie. Je lui ai retourné la question, en lui demandant ce qu’elle en pensait. Elle m’a alors répondu qu’elle voulait vraiment qu’il existe. Et moi, je lui ai dit que c’était tout ce qui comptait.

Puis elle a reposé la question. Et encore une autre fois, je lui ai retourné la question, chaque fois, pour voir où elle en était dans sa réflexion. Un matin, elle est entrée dans ma chambre en pleurs. Ses petites sœurs parlaient des cadeaux qui arriveraient comme par magie sous le sapin. Mais pas elle. Plus maintenant. Elle m’a donc rejointe dans ma chambre. Et dans la plus grande intimité, elle m’a suppliée de lui dire la vérité. Ce sont ses mots… « Maman, je t’en supplie. Il faut que je sache la vérité. La vraie vérité. Est-ce que le père Noël existe? » Le temps était venu.

Dans mon cœur, je n’étais pas prête. Tellement pas prête. Mais ses grands yeux mouillés et sa sincérité m’ont bien forcée à lui révéler la vérité. Je lui ai dit qu’en fait, il n’existait pas qu’un seul père Noël. Je lui ai expliqué que nous étions tous le père Noël de quelqu’un. Et je savais que mes mots seraient les bons à ce moment-là : « On est tous le père Noël de quelqu’un. C’est vrai qu’il n’existe pas un vieil homme habillé en rouge qui apporte des cadeaux aux enfants. Mais c’est aussi vrai que tous les parents, le soir le Noël, offrent quelque chose à leurs enfants pour les rendre heureux. Parce qu’on est tous le père Noël de quelqu’un. Papa et moi, on offre des cadeaux à tes sœurs et toi, mais on vous offre aussi de la magie et du bonheur. Papi et Mamie aussi vous offrent quelque chose dans le seul but de vous rendre heureux, chaque année. Et maintenant que tu connais la vérité, c’est ton tour d’être le père Noël de quelqu’un. Tu peux jouer la magie avec tes petites sœurs. Tu peux offrir des cadeaux aux gens autour de toi, juste pour les remercier d’être dans ta vie. C’est ça, être un père Noël. »

Même si je savais que j’agissais bien en lui disant la vérité, mon cœur était serré et mes yeux embrouillés. Elle m’a regardée. Ses larmes coulaient sur ses joues. Elle est venue se blottir contre moi et a chuchoté : « Je pense que je ne voulais pas vraiment savoir la vérité… » Mon cœur s’est serré encore plus. Elle avait de la peine. De la vraie peine. Et moi aussi. Mais il n’y avait plus de retour en arrière. Les mots étaient prononcés. Nous sommes restées dans les bras l’une de l’autre quelques instants. Sa magie venait de s’éteindre pour la première fois. Elle avait un deuil à faire. Et je voyais ma grande fille perdre une petite étincelle de naïveté dans ses yeux. J’avais aussi un deuil à faire.

Nous sommes redescendues pour rejoindre toute la famille près du sapin. Ses petites sœurs se sont élancées vers elle pour lui parler des cadeaux du père Noël. Elle m’a lancé un regard complice et a joué le jeu. Je pense qu’elle a senti le bombardement de bonheur que ça apportait dans la maison. Je pense qu’elle a compris à quel point c’était important pour ses petites sœurs, autant que ça avait pu l’être pour elle. Et quand sa Mamie lui a offert un cadeau venant du père Noël, elle l’a remerciée sincèrement et tout simplement. Elle n’a rien dit de plus. Elle a encore joué le jeu. Je pense qu’elle a aussi compris à quel point les adultes aiment faire vivre cette magie aux enfants.

Ma grande fille a huit ans. Elle sait maintenant que Le père Noël n’existe pas. L’an prochain, elle pourra m’aider à créer de la magie pour ses petites sœurs, ses cousins et ses cousines.

Si je peux me permettre de vous donner un conseil, faites durer la magie. Le plus longtemps possible. Car quand ce jour viendra où il faudra dire la vérité, sachez que le deuil n’est pas facile à faire… même pour les parents. Sur ce, la fée des dents a une job à aller faire…

Joanie Fournier

 

L’Église cathodique

Quand j’étais jeune (pas que je ne le suis plus… mais disons qu

Quand j’étais jeune (pas que je ne le suis plus… mais disons que je le suis moins), l’Église catholique et la religion occupaient beaucoup de place dans les chaumières de la province. Dans mon village, comme dans bien des villages, le clocher de l’église était situé au centre de la communauté. On le voyait des kilomètres à la ronde, on l’entendait appeler les fidèles tous les jours. Un peu comme la cloche de l’école qui rythme les journées des enfants ou les nouvelles de 18h. Un repère.

Mes parents étaient croyants. De fidèles pratiquants. Mon père a cru en Dieu jusqu’à la fin même s’il a dû lui en vouloir en silence de venir le chercher si tôt. Ma mère était agente de pastorale, donnait les catéchèses du Sacrement du Pardon et de la Première Communion, préparait les messes. Dans le coin du salon, il y avait un coin de prières avec un lampion, une Bible, un chapelet, une nappe en dentelle. Je me souviens de soirées pendant lesquelles on récitait des rosaires, pendant le mois de Marie. Les onze autres mois, on préférait jouer aux cartes en mangeant des bonbons.

Sans me rebeller intensément comme bien d’autres de mon âge, je me suis éloignée de la religion au fur et à mesure que je me rapprochais de l’adolescence. Le sermon de 32 minutes que prononçait le curé était… soporifique, disons. Je préférais passer mes dimanches dans les activités de cadets ou à lire plutôt qu’assise sur un banc en bois dans une église qui pue sent l’encens. Par contre, j’ai toujours respecté le choix des autres de prier, ou pas.

Quand j’habitais en Israël, en Égypte, au Burkina Faso, et même en Alberta, j’ai rencontré différentes façons de vivre les religions. Parfois dérangeantes, parfois bouleversantes, parfois apaisantes. Je revenais toujours à la même conclusion : si c’est fait dans le respect, pourquoi pas!

2001 est arrivé, avec son 11 septembre et ses drames terrorisants. Puis les tueries, les séances intensives d’intimidation envers les voiles ou les kirpans. Mais ça n’a pas changé mon rapport à la religion, à la mienne et à celle des autres. Je me disais qu’il y avait derrière ces gestes des humains malades, toutes religions confondues. Les croyances ont leur place… tant que c’est fait dans le respect…

Je gardais quand même un malaise à prier ou à me tourner vers un ou des dieux, de la même façon que je n’osais pas me dire athée. Ça aurait été tout un revirement identitaire! C’était tellement omniprésent pendant mon enfance… j’avais aussi honte de m’adresser à plus grand que moi qu’à tourner le dos aux saints. Tout d’un coup que je me tromperais? Si ça existait, et que je m’en moquais? Tout d’un coup que ça n’existerait pas, tout ça?

Tout ça, quoi, au juste? Le vieux barbu en soutane blanche sur son nuage? Les anges qui jouent de la harpe en chantant des hymnes au Créateur de toute chose? Les belles histoires d’Adam et Ève et de leur rencontre fatidique avec le serpent démoniaque?

J’ai décidé de troquer la religion pour la spiritualité. J’ai décidé de m’adresser à « quelqu’un » ou « quelque chose », à l’Univers ou à mes anges (les universels, mais aussi mes défunts protecteurs et mes vivants à qui je demande des ondes positives et à qui j’en envoie). J’ai décidé que je n’étais pas seule, que je pouvais demander de l’aide et remercier. Que je pouvais croire même si je n’avais pas de preuve tangible.

J’ai décidé qu’à une époque où l’écran cathodique et tous ses dérivés sont devenus une religion, je pouvais me connecter à une paix intérieure qui m’aide à être heureuse. Je pouvais méditer, respirer, admirer la nature, croire aux fées ou aux licornes si ça me faisait du bien. J’ai décidé de ne plus avoir honte de parler d’énergies, de forces, de lumière et d’intuition guidée.

Et j’ai décidé de faire tout ça dans le respect, sans imposer ma vision du monde, sans la défendre, mais aussi sans la cacher. Il m’arrive d’en glisser un mot à mes enfants, il leur arrive de me poser des questions et d’entamer une discussion philosophique sur les croyances. Je leur transmets ainsi beaucoup plus des valeurs associées à la spiritualité (vivre le moment présent, aimer et prendre soin des autres, s’aimer soi-même, respecter la nature, demander de l’aide, exprimer de la gratitude, se faire confiance) qu’une religion. Et pendant qu’on parle de ça, on n’a pas le nez collé sur un écran!

Nathalie Courcy