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Pendant qu’il est encore temps.

Un jour. Mes parents vont mourir. C’est ce que j’ai réalisé, e

Un jour. Mes parents vont mourir. C’est ce que j’ai réalisé, en couchant ma fille après une journée difficile à tout faire pour l’« entertainer » tout en gérant ses multiples crises de terrible two. Même scénario que je répète depuis le jour 1 du confinement que je respecte, que je défends et que j’applique pour éviter que ma fille subisse les conséquences de ma possible négligence. Ça va bien aller, qu’ils disent.

Mes parents me manquent. Et pour la première fois de ma vie, entre le nettoyage du tiroir de bébelles et le lavage des rideaux, j’ai laissé mes pensées faire une place au fait que mes parents ne sont pas éternels. Que d’une foutue maladie, du temps, d’un accident ou d’un virus, ils pourraient en une fraction de seconde quitter ce monde.

Mes parents vont mourir. Un jour. Et ça me met la boule au ventre. Dans la dernière année, suite à une interminable séparation, j’ai été la fille la plus silencieuse, secrète, discrète et distante. Ils m’ont ouvert la porte de leur maison comme celle de leur cœur qui se nourrit maintenant du bonheur de leur petit-enfant. J’ai instauré un silence entre eux et moi pour éviter de parler de choses que je n’arrivais pas à expliquer suite à l’étape la plus difficile de ma vie. Le fait de dormir quelques soirs chez eux nous a physiquement rapprochés, mais ma froideur nous aura éloignées par ma faute.

Ils ont toujours été là, sans rien demander. Un fort jamais bien loin auquel on revient souvent, guidé par la chaleur et la douceur de leur maison.

Me voilà maintenant privée de leur présence, seule avec ma fille, et ils me manquent.

Je ne sais pas si c’est la COVID ou le printemps qui me dégèle le cœur, mais j’ai hâte de passer du temps avec eux. C’est bien Facetime, Zoom, les coups de téléphone, mais il n’y a rien qui va remplacer un après-midi dans leur cour au soleil. J’ai hâte de leur dire que je vais bien, mais qu’avant, ça n’allait pas. J’ai hâte de mettre des mots sur mon silence. J’ai hâte que ma fille puisse à nouveau courir dans leurs bras pour profiter de leur présence comme mes parents m’ont permis de le faire avec mes grands-parents. Pendant qu’il est encore temps. Un temps, qu’on n’appréciera plus jamais de la même manière.

Eva Staire

Trop loin

Maman, j’aimerais tellement habiter plus près quand la vie t’en

Maman, j’aimerais tellement habiter plus près quand la vie t’envoie un coup dur. Je croyais que ce serait plus facile lorsque je rentrerais au Québec. Que les 650 km qui séparent le Saguenay de l’Outaouais seraient de la petite bière comparés à l’océan qui faisait barrage entre nous pendant deux ans. Mais que je sois sur un autre continent ou à la frontière de l’Ontario, c’est toujours aussi difficile. Tu m’annonces une mauvaise nouvelle et je voudrais te serrer dans mes bras… sauf que je dois me contenter d’un téléphone pour essayer de te réconforter et ça me déchire en dedans.

En plus, je sais que je possède le meilleur remède pour te remonter le moral. C’est peut-être toi qui m’as tricotée, mais je connais les aiguilles et la chaude laine de la tricoteuse! Je sais bien ce qui pourrait t’aider : tes deux petits-fils qui débordent de joie de vivre et savent nous faire oublier la souffrance le temps d’un éclat de rire. Mais je ne peux pas t’offrir ce précieux antidote aux idées noires présentement. Lui aussi, je l’ai apporté trop loin.

L’épreuve qui a frappé notre famille aujourd’hui, c’est que la vie de ta mère, ma grand-mère, s’est soudainement retrouvée menacée. Bouleversée, j’ai replongé dans le même sentiment d’impuissance qui m’avait dévastée il y a deux ans quand tu m’annonçais ta biopsie. Je m’en souviens encore comme si c’était hier…

 

Le téléphone avait sonné… Bruit insolite dans ma maison italienne. Habituellement, famille et amis nous contactaient par vidéo… On s’installait devant l’ordinateur, à heure convenue, pour retrouver nos êtres chers. Ce coup de fil surprise m’avait donc automatiquement rendue nerveuse.

Tu n’avais pas étiré le supplice inutilement et m’avais rapidement annoncé l’objet de ton appel. Suite à deux mammographies anormales, tu avais dû passer une biopsie. Tu attendais maintenant les résultats… Qu’on t’annonce si tu avais un cancer du sein ou non.

La première vague d’émotions fut si forte que je n’aurais pu prononcer un seul mot sans me mettre à pleurer. Heureusement pour moi, tu as tout de suite enchaîné avec le récit des deux dernières semaines. Tout s’était déroulé pendant mon voyage en France. Tu attendais mon retour à la maison pour ne pas gâcher mes vacances de Pâques (une vraie maman!). Mais tu savais que je serais en colère si tu me cachais plus longtemps l’attente insupportable que tu devais endurer. Ta vie avait viré boutte pour boutte en deux semaines.

Mon premier réflexe était de vouloir être près de toi. Foutu téléphone! Il y a des choses déjà tellement difficiles à dire, tu ne devrais pas avoir à les répéter. « Excuse-moi, la ligne a coupé. Tu as dit que tu croyais que c’était grave ou que ce n’était pas grave? » Et maintenant, c’était à mon tour de parler. Mais la ligne était tellement mauvaise que tu n’entendais rien de ce que je disais.

Je peux t’imaginer, dans ton salon, fixant un banc de neige gris par la fenêtre… Tu viens d’annoncer à ta fille que le cancer est revenu dans ta vie et tu n’as même pas bien compris ce qu’elle t’a répondu. J’aurais voulu que tu sentes qu’on était avec toi. Qu’on te soutiendrait autant que la première fois que ces maudites cellules atypiques étaient apparues. Du temps où on habitait dans la même ville et qu’on pouvait remplir ton congélateur de bons petits plats avant l’opération. Qu’on pouvait t’organiser un Noël de rêve pour t’entourer d’amour et te faire sourire.

Ce qui avait été un soulagement la première fois (réaliser qu’on pouvait aider par notre simple présence) était maintenant ma plus grande source d’abattement. Je devais faire le deuil de pouvoir offrir un câlin à ma mère au moment où elle en avait le plus besoin. Le soleil éblouissant de la côte méditerranéenne m’agressait. La grisaille se serait mieux accordée à mes états d’âme.

Quand les kilomètres nous séparent de nos proches et nous empêchent de traverser une épreuve ensemble, le poids de cette épreuve est cent fois plus lourd. Comment faire quand des gens si près de notre cœur vivent si loin de nous?

Pour vous laisser sur une note plus positive, je veux quand même préciser que les résultats de la biopsie, reçus quelques semaines plus tard, nous annonçaient une bonne nouvelle : pas de cancer. Ça ne change pas grand-chose à la distance entre une mère et sa fille, mais ça fait toute la différence du monde quand tu as peur de perdre ta maman.

Elizabeth Gobeil Tremblay

 

Le jour où j’ai envoyé mes enfants seuls dans un avion

Vivre loin de sa famille, c’est accepter qu’à un moment donné,

Vivre loin de sa famille, c’est accepter qu’à un moment donné, tes enfants vont partir loin sans toi… Je redoutais cet instant, je refusais d’y penser et, beaucoup trop vite, ce moment est arrivé… J’ai mis mes trois enfants, seuls, dans un avion, direction l’autre côté de l’océan…

Ce jour‑là, en arrivant à l’aéroport, tout mon corps tremblait, mais je m’efforçais de sourire… car pour les enfants, c’était la fête : ils s’en allaient rejoindre leurs grands‑parents pour des vacances de rêve !

C’est à l’autre bout du monde… Et si l’avion s’écrase? Et s’ils se perdent? Si quelqu’un les enlève? Ils seront si loin…

L’euphorie grandissait au fur et à mesure que l’heure du décollage approchait. C’est quand nous avons commencé à nous diriger vers la douane que mon plus jeune s’est mis à avoir mal au ventre… – Maman, je ne veux pas partir sans toi… – On en a beaucoup parlé et tu étais prêt, non ? Ton frère et ta sœur vont être là avec toi. Tout ira bien. Ne t’en fais pas. Il n’y a aucun danger.

Il s’est collé contre moi, ne se doutant pas que ces mots, je les ai prononcés sans y croire. Car tout mon être paniquait… Ce sentiment d’insécurité me rongeait par en dedans…

– Allez, allez, un dernier câlin…

Puis, ils sont partis, main dans la main, avec leur petit sac sur le dos et leur passeport autour du cou. Je les ai regardés s’éloigner avec effroi… Ils se sont retournés souriants et joyeux, envoyant la main pour un dernier salut…

Je me suis efforcée de sourire…

Juste après, mes enfants ont passé le portique de sécurité, puis ils ont disparu derrière le mur…

Le sol s’est alors dérobé sous mes pieds… et j’ai fondu en larmes dans l’aérogare…

Les reverrai-je un jour? Je n’ai pas de mots pour décrire la panique et l’angoisse qui m’ont submergée.

Nous sommes rentrés à la maison le cœur lourd…

– Nous n’aurions peut-être pas dû les envoyer tous les trois dans le même avion ? – Euh, pourquoi tu dis ça, chéri ? – Si l’avion s’écrase, nous n’aurons plus d’enfants.

NE JAMAIS DIRE ÇA À UNE MÈRE ! Je ne me souviens plus quand j’ai arrêté de pleurer…

Bien sûr, dans ma maison trop vide, je n’ai pas fermé l’œil cette nuit‑là. Je crois que j’ai recommencé à respirer quand ma maman m’a envoyé un message qui disait « petits colis récupérés, tout va bien ».

Quand j’ai pu entendre leurs voix enjouées, j’ai enfin arrêté de trembler…

Est-ce que mes enfants se sont amusés et ont eu de merveilleuses vacances ? Oui.

Est-ce que tout s’est bien passé ? Oui.

Est-ce que nous avons recommencé ? Oui, chaque année.

Est-ce que je me suis habituée ? Non.

Je déteste envoyer mes enfants seuls à l’autre bout du monde, et dans ces moments‑là, je déteste ma vie d’expatriée…

Gwendoline Duchaine

 

Six semaines…

Dès son jeune âge, Antoine s’est intéressé à l’histoire. Pa

Dès son jeune âge, Antoine s’est intéressé à l’histoire. Particulièrement à celle des vieux pays d’Europe. Il rêve depuis toujours de visiter la France et les pays qui l’entourent. Voyager et vivre l’aventure l’attire. Connaître l’historique, admirer le paysage, l’architecture et visiter le passionne.

L’hiver dernier, une occasion qu’il ne pouvait pas manquer s’est présentée. Il s’est inscrit au programme J’explore, qui offre la chance aux étudiants de choisir une ville du Canada qu’ils aimeraient visiter, tout en suivant un cours d’anglais intensif. Une forme d’apprentissage que j’approuve à 100 %. Je l’ai donc encouragé à s’inscrire. Un tel programme est une occasion en or !

C’est ainsi que le 16 juin dernier, mon grand de vingt ans s’est envolé vers Vancouver, pour un séjour de six semaines, afin de vivre une expérience enrichissante. Ouf ! Par chance, j’ai eu quelques semaines pour me faire à l’idée qu’il serait loin de moi une partie de l’été. Un détachement pour le cœur d’une mère.

Parfois avec mes ados (maintenant jeunes adultes), je prendrais des journées de congé. Leur attitude et leurs comportements m’agacent, mais quand ils sont absents ou qu’il en manque un… je m’ennuie. Il y a un vide dans la maison. Leurs shows d’humour, leurs rires, nos discussions sur divers sujets, etc.

Depuis son départ, je vis toutes sortes d’émotions. Je suis heureuse et fière de lui bien sûr, mais je suis aussi inquiète : est-ce qu’il est bien ? A-t-il suffisamment d’argent pour profiter pleinement de son séjour ? Qu’est-ce qu’il fait ? Où est-il ? Comment va son cours ? Comment ça se passe avec la famille qui l’héberge ? J’espère qu’il ne sera pas malade et qu’il ne se blessera pas.

Il faut croire que tout va bien. Du moins, c’est ce qu’il me laisse entendre dans ces quelques textos reçus.

Lui, il apprend de plus en plus à être indépendant et autonome. Il vit des expériences qui forgent son caractère, son attitude, sa personnalité et en plus, il sera bilingue ! Un atout indispensable dans le monde d’aujourd’hui. Une expérience qui sera sûrement gravée dans son cœur pour le reste de ses jours.

Je dis souvent aux parents qui m’entourent que les enfants nous font grandir. Et moi, j’ai encore grandi. J’apprends aussi. Eh oui ! J’apprends encore… à vivre sans lui dans la maison, à le laisser réaliser sa vie comme il l’entend, sans lui mettre des bâtons dans les roues tout en restant près s’il a besoin, à lâcher prise et à lui faire confiance. J’apprends aussi à me débrouiller sans lui, à sortir les poubelles, à faire les tâches ménagères et les repas seulement avec ma fille. Le bon côté de cela, c’est que ça coute moins cher d’épicerie ! Il faut bien en rire un peu.

Ceci me démontre que peu importe l’âge de notre jeune, chaque nouvelle expérience est une étape de vie qui fait vibrer notre cœur.

Est-ce le premier voyage de plusieurs à venir ?

Vivement le premier août pour qu’il me raconte son aventure !

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                                           Linda Cusson Coach, auteure et conférencière

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Partir en voyage SANS les enfants…

En octobre dernier, mon mari et moi sommes partis dans le Sud... SAN

En octobre dernier, mon mari et moi sommes partis dans le Sud… SANS les enfants!

Oui, oui, vous avez bien lu, nous avons osé laisser derrière nous notre progéniture pendant une semaine complète, soit sept jours bien pleins!

Il faut dire qu’ils sont ados, quatorze et quinze ans maintenant, et leur vie se résume à l’école et aux jeux vidéo…

Mais bon, c’était la première fois que nous les laissions si longtemps et que nous partions si loin. Durant leur enfance (et même lorsqu’ils étaient des bambins), nous avons bien pris quelques weekends en amoureux, jamais plus de deux nuits en dehors de la maison et jamais plus loin qu’une heure de route.

Tout de même, moi, je suis une maman peureuse. Depuis qu’ils sont nés. Donc, les laisser une semaine, c’était m’imaginer les pires scénarios. Il a fallu que je m’assure que notre testament était à jour, que le frigo et le garde-manger débordaient de nourriture, qu’au moins dix numéros de téléphone d’urgence soient affichés en caractères gras sur la porte du frigo et que je repasse avec eux les consignes de base (« Tu fais tes devoirs même si on n’est pas là », « Tu écoutes ta grand-mère », « Tu te couches quand même à 9 h les soirs de semaine », etc.) Ils ont roulé des yeux au plafond tellement souvent que je pensais que ces derniers allaient finir par sortir de leurs orbites. J’étais tellement stressée de partir sans eux que je stressais mon mari et il s’imaginait que j’allais passer la semaine sur la plage à pleurer mes fils.

Et pourtant, tous ces préparatifs ont fait en sorte que je suis partie l’esprit (relativement) tranquille. Mais je leur ai promis de téléphoner.

Premier soir, on est à l’hôtel près de l’aéroport. Tout va bien, ils s’amusent et ma mère me dit que tout est numéro un. Tout de même, je sens déjà un peu d’ennui dans la voix de mon plus vieux… Je pense qu’il aurait aimé venir avec nous. Et je le comprends.

Moi, je profite de cette première nuit loin de la maison. C’est comme un petit congé, je me dis que le voyage va être le fun. Bref, j’essaie de relaxer.

Je n’ai pas téléphoné tous les jours, car j’avais peur de provoquer un ennui démesuré tant de leur côté que du mien. Alors, rendus dans le Sud, nous avons profité de nos vacances pendant trois jours. Ensuite, je n’en pouvais plus, il fallait que je sache si mes fils étaient encore en vie, en santé et heureux! Outre la très petite voix triste de mon dernier, tout allait bien. Il s’ennuyait beaucoup, beaucoup. Et je me sentais triste aussi.

Le reste des vacances s’est bien déroulé. Après quinze ans en amoureux sans jamais avoir pris une semaine à nous deux, nous avions grandement mérité cette pause en couple. Nous nous sommes reposés en masse et fait des projets pour les prochaines années. Au retour, les enfants étaient super heureux de nous revoir et de retrouver la vie normale avec papa et maman.

Mais tout le long du voyage, nous n’avons pas arrêté de parler de nos fils, de dire qu’ils auraient aimé telle ou telle chose durant le voyage, de penser à eux… Nous nous sentions en totale contradiction entre notre besoin de nous retrouver seuls et notre envie d’être avec nos enfants pour partager ce moment de bonheur sur le bord de la mer.

Au point qu’une semaine après notre retour, nous avons réservé un autre voyage pour mars, mais… avec eux cette fois-ci!

Karinne B. Daigneault

Le meilleur du pire

À notre naissance, on est l

À notre naissance, on est la fille de nos parents. Ensuite, on est leur ado et on leur en fait vivre des vertes et des pas mûres… Et puis, quelque part au travers des hormones qui dérapent, des pétages de coche qui ne font pas de sens, des succès ET des échecs qu’on arrose… se forge une femme.

Puis un jour, on devient aussi une amoureuse. On se crée une bulle d’amour, on y met un toit et quatre murs (et l’on s’obstine sur le choix des couleurs…). Un bon matin, on fait pipi sur un petit bâton et notre union atteint son apogée : on sera finalement trois! Un petit nouveau fera son entrée dans notre maison, notre vie et dans notre lit…

Tout à coup, un petit bout de vie prend toute la place; on oublie la fille, la femme et inévitablement l’amoureuse. On est une maman. Les cheveux en bataille, en pantalon de jogging et la brassière prend le bord en même temps que notre estime! Et quand on croise un miroir, on hésite deux secondes :

 

« Qui c’est celle-là ? Eh merde… c’est moi ! »

 

Quand mon fils est venu au monde, la partie de moi qui a décampé en premier, c’est l’amoureuse. J’avais pourtant déjà exploré mon rôle de maman avec ma fille et je connaissais le bon chemin. Mais non, l’amoureuse a décidé de quitter le bateau, pas mes sentiments, bien au contraire, je l’aimais mon homme, mais j’avais perdu la twist de lui montrer. Lui plaire était le dernier de mes soucis, comme si j’avais le temps anyway !

Les mois ont défilé dans notre vie à la même vitesse que les heures entre deux boires au beau milieu de la nuit. Je savais qu’il se tannerait, à sa place je me serais tannée bien avant, mais heureusement… il est beaucoup plus patient que moi. Au bout de quatre mois, on s’est retrouvé l’un en face de l’autre en ayant l’impression de ne plus se connaître.

 

Mais qu’est-ce qu’on était devenus ?

 

On a vécu un chaos total : trahison, chicane, peine, douleur… Name it! On se regardait sans se voir depuis des mois, mais on s’aimait depuis si longtemps. Est-ce qu’on allait vraiment laisser notre négligence tout gâcher ? Je n’avais jamais imaginé vivre ma vie familiale ainsi et élever mes enfants avec un coloc… Aussi beau soit-il!

C’est à grands coups d’efforts qu’on s’est retrouvés et qu’on a triomphé de notre « nous » à l’abandon. De minuscules moments, juste à nous, entre le souper et la vaisselle : des « je t’aime » sincères entre ses grands yeux et les miens fatigués et des douches en duo, pour économiser l’eau chaude…

C’est aussi en prenant soin de moi que j’ai pris soin de nous. Des jambes pas épilées, ça ne garde pas aussi bien au chaud l’hiver qu’un câlin enflammé sous les drapsLa Senza a fait un retour triomphal dans ma vie en même temps que le mascara allongeant. J’ai sacré à la poubelle mes vieux joggings… Faites-vous pas d’illusions, j’en ai acheté des flambants neufs! J’suis pas folle, on est si bien là-dedans… Mais maintenant, je ne les porte plus tous les jours!

Quatre ans plus tard, on est plus forts que jamais. Comme si tout le mal qu’on s’était fait nous avait propulsés dans une autre dimension de notre relation. On se tape encore sur les nerfs par moment, rien n’est parfait, mais aujourd’hui, on est capable d’en rire. On affronte la vie, avec tout ce qu’elle a de plus beau et de plus sombre, un à côté de l’autre, avec nos enfants dans les pattes!