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Le soldat qui ne dormait jamais

Je n’ai jamais été d’un tempérament anxieux. J’étais plutÃ

Je n’ai jamais été d’un tempérament anxieux. J’étais plutôt une optimiste, une « je-fais-confiance-à-la-vie », une téméraire, une heureuse. Je prenais la vie une journée à la fois, bravais les tempêtes, accueillais le soleil. Un jour, tout s’est brisé.

Ce jour‑là, je me suis séparée de mon ancien conjoint. Il n’a pas pris la rupture. Il y a eu beaucoup de violence. Pas de violence physique. La psychologique. Celle qui ne laisse pas de bleus sur la peau, mais qui meurtrit l’âme. Celle qui fait douter de soi. Celle qui part avec l’estime personnelle et qui te laisse étrangère à toi-même. Celle qui fait que tu ne te reconnais plus. Mes enfants ont comme expression : « T’es cassée ». Je l’étais solide.

C’est dans cette période que les premiers symptômes de l’anxiété sont apparus. Sournoisement. L’insomnie, la fatigue, la perte d’appétit, les étourdissements, l’anticipation et l’hyper vigilance. Il n’y avait pas qu’un hamster dans ma tête. C’était plutôt des familles de hamsters qui roulaient jour et nuit. Ça m’épuisait à force de rouler comme ça. Pas moyen de me donner une pause.

Mes perceptions de la vie changeaient. Et moi aussi. Je redoutais la prochaine catastrophe. Les hamsters et les scénarios continuaient de se bousculer dans ma tête. J’avais perdu le contrôle. J’étais devenue un soldat en guerre équipé pour le pire qui ne venait jamais. Un soldat au front, toujours prêt. Le soldat qui ne dormait jamais dans le fond de sa tranchée s’est épuisé.

Et est venue cette boule. Cette oppression au milieu de la poitrine. Au cœur du plexus solaire. Le milieu des émotions, qu’on dit. Cette difficulté à respirer, à ressentir la vie, à la goûter. Tout était devenu danger. Tout pouvait arriver. Et ce n’était plus pour le meilleur et pour le pire. C’était pour le pire et c’est tout. Cette impression de suffoquer, le cœur qui s’emballe et qui fait mal. Mon dieu je vais mourir. Mais je ne meurs pas. Ça s’appelle une crise d’angoisse. Pas une crise cardiaque. Dieu merci, j’avais survécu à celle-là.

J’ai essayé le verre de vin, puis la bouteille. J’ai essayé l’arrêt de travail et les médicaments. J’ai essayé les techniques de respiration et même le yoga. Temporairement, j’arrivais à me mettre en pause. À m’anesthésier. Mais la boule revenait. Ces moyens‑là ne me suffisaient pas. Il fallait faire différent. Il fallait que je reconnaisse que seule avec mes hamsters, je n’y arrivais plus. J’ai appelé une psychologue, j’ai ouvert la porte, je suis entrée dans son bureau et j’y suis toujours.

J’arrive aujourd’hui à gérer davantage mes scénarios et mes pensées. Vous dire que je ne suis plus un soldat serait mentir. Je suis toujours un soldat. Mais le soldat va maintenant dormir lorsque c’est son tour. Le soldat sait qu’il peut y avoir un danger mais pas toujours. Que la vie, ça peut vraiment être beau et simple des fois.

Eva Staire

Un garçon aussi

Un garçon aussi peut avoir une faible estime de soi. Un garçon aussi peut être très anxieux. Un

Un garçon aussi peut avoir une faible estime de soi. Un garçon aussi peut être très anxieux. Un garçon aussi peut être dépressif. Un garçon a le droit de pleurer. Un garçon a le droit de consulter. Un garçon aussi peut avoir des troubles alimentaires. Un garçon aussi peut avoir des complexes. Mon fils est un de ceux‑là. Un de ceux que l’on peut ignorer en prétextant que ce ne sont que des enfants. Que ça va passer. Au contraire, on ne doit pas sous-estimer ces enfants.

 

Ce soir, mon fils de neuf ans m’a dit : « Maman, ça ne me donne rien d’être là, ici avec vous, je ne sers à rien dans la vie. Personne ne me fait me sentir aimé. J’ai deux bons amis, c’est tout. Je ne m’en fais pas, des amis, moi. Je ne suis pas bon à l’école, je suis bon dans rien. »

 

La gorge nouée, j’ai pris de grandes respirations et je lui ai expliqué que ces paroles me faisaient très mal à entendre, mais que j’étais reconnaissante qu’il partage ses pensées avec moi. Il m’a lancé ces paroles dans le chaos de la routine du dodo. J’ai essayé de discuter avec lui immédiatement, mais je n’y arrivais tout simplement pas. « Maman a besoin de ton iPod, je vais aller réfléchir en prenant une marche dehors et on discutera à mon retour. »

 

J’ai quitté d’un pas ferme en ne sachant pas où j’allais exactement, écouteurs aux oreilles à écouter sa playlist. Des chansons tristes et des chansons joyeuses. Des chansons qui font mal à mon cœur de mère. Des chansons qu’on a choisies ensemble, lui et moi, il y a moins d’un mois. Ces chansons qui, lorsque je les écoute dans le contexte de son état présent, me donnent le vertige.

 

Je me pose et repose sans cesse les mêmes questions. Pourquoi ? À neuf ans, comment peut-on déjà penser qu’on ne vaut rien pour personne, même pas pour ses propres parents ? Comment se peut-il qu’avoir des moyennes générales de 90 % à l’école sans lever un petit doigt soit encore signe de découragement ? Jamais assez bon. Jamais fier de lui.

 

Mon cœur a mal, mais je n’arrive pas à pleurer. J’ai plutôt une certaine colère qui m’envahit. Et ça aussi, je ne le comprends pas. Je repasse en boucle une panoplie d’images de nos sorties, de nos fous rires, et la réalité me rattrape. Je devrai consulter, il est ma priorité numéro un. J’ai mal. Je me résigne à retourner à la maison, il se fait tard.

 

Il s’est endormi. Je le regarde et je ne comprends toujours pas tous ses complexes, toute sa souffrance. Mon fils n’a jamais manqué de rien. Jamais. Il est aimé, il est bon à l’école, il est sportif, il a une qualité d’adaptation exceptionnelle. Il est beau comme un cœur, c’est un bon humain, tout le monde l’aime. Nous sommes très proches de lui, autant son père que moi. Nous sommes des livres ouverts.

 

Tout ce dont j’ai besoin ce soir est de le coller et de m’endormir en petite boule d’amour contre lui, car je sais que même s’il dort, il entendra mes murmures à son oreille. Ceux lui disant que je l’aime plus que tout et qu’il est la plus belle chose qui me soit arrivée. Il sentira mes larmes couler sur ses petites joues trop parfaites. Il sentira que sa maman est là pour lui, qu’elle ne le juge pas. J’espère qu’il acceptera les démarches que nous entamerons afin de l’aider à cheminer dans la joie, le bonheur et l’amour.

 

Mon fils, tu peux pleurer. Merci de me faire confiance, de discuter avec moi, de me partager tes émotions. Je te promets que je m’investirai dans chaque démarche afin de te redonner ton petit sourire qui me faisait tant craquer. Je t’aime, et ensemble, on y arrivera. Aime-toi. Aime qui tu es et qui tu deviens. Tu es un garçon et toi aussi, tu as le droit d’être heureux.

 

Eva Staire

Une séance photo « boudoir »? De kessé?

C’est beau.

C’est d’abord

C’est beau.

C’est d’abord une expérience à s’offrir, en tant que femme. Ce sont des photos qui mettent en valeur la sensualité et la beauté de la femme. Elles sont généralement prises en lingerie ou en sous-vêtements, mais peuvent également être faites tout habillée. Le but est de rendre hommage à la femme, à son corps; la montrer dans toute sa splendeur. Naturelle, maquillée, coiffée ou pas, les photos reflètent avant tout la beauté et la douceur du modèle.

J’avais une petite crainte avant d’écrire ce texte. Trouvera-t-on l’approche superficielle? De gentilles personnes m’ont répondu : « Se trouver belle, c’est pas superficiel! »

Alors soit!

Avec la Saint-Valentin qui arrive à grands pas, cela peut être une belle occasion de jouer le jeu!

Et je l’avoue… j’ai osé jouer! Et je m’y suis fait prendre : je me suis trouvée belle!

Pour ma part, j’avais décidé d’offrir ce genre de photos à mon mari pour son anniversaire. D’abord pour le surprendre. Mais surtout, j’avais envie de lui offrir un souvenir de moi qui me sens bien avec ce corps-là, avec mon corps.

En fait, j’avais aussi envie de m’offrir ce souvenir. Celui de la femme que je suis après avoir donné naissance à trois enfants. J’avais envie de voir la femme qu’il aime. Celle que je n’arrive pas toujours à voir.

Mon « problème » n’en est peut-être pas un pour d’autres, mais il en est un pour moi. À chacune ses complexes! Je me trouve trop maigre. Et ça, on me le dit sans s’en soucier. Ben quoi, je n’ai pas de surplus de poids; pas de soucis à juger une femme qu’on trouve « trop p’tite ». Je l’ai déjà lu… « Les vraies femmes ont des courbes. Les os, c’est pour les chiens »… Ce genre de phrases qui circulent souvent sur les zinternets. Pis moi, ben des courbes, j’en ai juste pas. Mais j’ai quand même un ventre mou. Bah…

J’ai allaité trois enfants. Le peu de seins que j’avais s’est envolé avec le lait que je ne produis plus. Je n’aime pas mes seins. Qu’importe. Je suis moi. J’ai une fille qui devra aussi un jour accepter la femme qu’elle est. Je ne veux pas lui imposer l’image d’une maman qui ne s’accepte pas. Sans être fan de mon corps, je pense que de lui rendre hommage après avoir travaillé si fort pour créer trois humains, ce n’est pas superficiel.

Alors j’ai osé. Osé l’immortaliser le temps d’une séance photo. Mais pour ça, j’avais besoin d’une personne de confiance, avec qui j’allais pouvoir livrer ce corps qu’est le mien, sans me sentir jugée. Je vous conseille de choisir un ou une photographe dont vous aimez le travail, mais surtout, qui saura vous mettre à l’aise. Pour ma part, Izabel* était LA personne toute désignée. J’avais confiance en son talent, mais surtout, en sa personne.

C’était facile de me laisser guider par elle. Elle a ce don de mettre les gens en confiance. Et elle a cette capacité à voir le beau et de le mettre en image. Elle est parvenue à me démontrer que mon corps est beau dans ses imperfections. Disons-le, j’étais plutôt nerveuse avant la séance. Mais ce stress s’est vite envolé dès les premières photos. Et là, je ne parle pas de la fierté quand j’ai vu les fameux clichés. Au départ, je regardais ce que je n’aimais pas sur moi. Et puis, je me suis fait prendre à me voir MOI. Juste moi, mise en valeur par l’appareil photo d’Izabel, ou plutôt, grâce à son talent.

Là, je te parle de la Saint-Valentin qui arrive, mais on va se le dire, c’est juste une excuse pour le faire. (Tout comme moi quand j’ai dit à mon homme que je lui offrais ces photos pour sa fête.) En le lui disant, je ne pouvais plus reculer. J’ai foncé, j’ai assumé. Je te conseille de te servir de la Saint-Valentin comme excuse. Même si tu n’as personne dans ta vie. C’est la fête de l’amour, non? Ton corps et ta tête méritent que tu te donnes cette belle dose d’amour.

Au final, je peux dire que je me suis fait un cadeau inestimable. J’ai pu dire que je me trouvais belle, que mon corps est beau dans ses imperfections, même si trop souvent, j’ai eu tendance à le dénigrer. C’est le mien, j’en ai un seul. Aussi bien l’accepter! Et… l’homme est pas mal content de son cadeau de fête! Haha!

Que tu sois sportive ou pas, grande ou petite, que tu aies trop de courbes-un peu-ou-pas-pantoute, de la cellulite ou des vergetures, lingerie ou pas, whatever…

Se trouver belle, ce n’est pas superficiel, n’est-ce pas?

Oseras-tu tenter l’expérience d’une séance photo boudoir?

 Site : Izabel Pare photographe

Caroline Gauthier