Si on essayait d’être heureux?
<span style="margin: 0px; line-height: 107%; font-family: 'Times New
Vous avez sûrement souvent entendu la phrase « Être parent, c’est faire passer le bonheur de son enfant avant le sien ». On a souvent entendu cette phrase aussi en amour : « Être amoureux, c’est faire passer le bonheur de son conjoint avant le sien ». Est-ce vraiment cela la vie? Faire passer le bonheur de tous et chacun avant le sien?
Depuis que je suis enfant, j’ai développé le syndrome du « Si les autres sont heureux autour de moi, alors je le serai aussi ». Pourquoi? Je n’en ai sincèrement aucune idée. J’avais vraiment l’impression que si je rendais tout le monde heureux autour de moi, si tout le monde était content de moi, alors je serais heureuse. Pendant des années, j’ai pensé comme ça. Des années, que dis-je, la majeure partie de ma vie à penser comme ça!
À 43 ans et ¾, je suis épuisée de tenter de plaire à tout le monde. Premièrement, c’est juste carrément impossible de le faire, je le sais : j’ai essayé ! Est-ce que tout le monde me plaît? Bien non et c’est juste normal! Il y a des gens dont le visage ne me revient juste pas, pour zéro raison donc l’inverse doit être vrai aussi : des gens à qui « ma face » ne revient pas pour zéro raison aussi. Donc ok, plaire à tous, c’est impossible, on raye ça de la liste.
Plaire à la famille, aux amis, et aux gens plus près de moi, est-ce que cela va me rendre heureuse? Encore une fois, c’est impossible de rendre tout ce monde‑là heureux. Il y a toujours une décision que je vais prendre qui ne plaira pas à l’un ou à l’autre. Je pense seulement aux avis contradictoires que je reçois quand j’essaie de nouveaux vêtements en magasin et que je demande un avis parce que je ne suis pas certaine de ce que le miroir me montre. Pour certains, c’est trop décolleté, pour d’autre c’est trop conservateur, ça ne met pas mes courbes en valeurs ou alors, on ne voit que mes bourrelets (à bien y réfléchir, je devrais aller magasiner seule à l’avenir).
Plaire à tout prix à mes enfants? Plaire à des enfants se résume souvent à dire « oui » à tout ce qu’ils demandent, ce qui n’a honnêtement aucun sens. Pensez‑y une seconde : à quoi ressemblerait une journée où vous allez plaire du matin au soir à vos enfants? Déjà, si vous en avez plus d’un, bonne chance, car c’est contre nature que deux enfants veulent la même chose en même temps! Je suis leur mère, pas leur copine; je vais inévitablement avoir le rôle de « méchante qui dit non » plus souvent qu’à mon tour!
Hier soir, j’ai fait une introspection. Ça fait des années que je suis épuisée de me fendre en quatre pour répondre aux attentes des gens autour de moi et réaliser qu’au final, très peu de gens répondaient aux miennes. Est-ce que mes attentes étaient déraisonnables? Pas vraiment, enfin je ne crois pas… Une psychologue m’a dit que pour que l’on réponde à mes attentes, je dois les exprimer clairement. Ça semble élémentaire comme principe, non? Je dois humblement avouer que je souhaitais dans la vie que des personnes voient au fond de mes yeux que ça ne va pas même si j’affirme le contraire, voient les larmes qui se cachent derrière les sourires. Je m’attendais à ce que les gens devinent ce dont j’ai envie, ce qui me fait plaisir, sans avoir que j’aie à l’exprimer. Bref, je voulais que les gens portent attention aux détails ou aux indices que je donnais de la même façon que je porte cette attention envers eux. Les gens me déçoivent, mais moi, je ne me donne pas le droit de les décevoir, espérant que le vent tourne.
Hier soir, j’ai réalisé que c’est cette image que mes enfants ont de moi : une maman qui est épuisée et qui pleure parce que déçue des gens et de la vie. Hier soir, j’ai réalisé que mes enfants s’engageaient sur le même chemin que moi en voulant plaire à tout prix et ne pas décevoir. Ils ont peur de me dire qu’ils n’aiment pas un aliment que je glisse dans leur lunch. Ils me donnent plein d’excuses valables pour expliquer que la compote revient intacte tous les soirs depuis deux semaines. Ils ont peur de me dire qu’ils n’ont plus envie d’avoir des compotes dans leurs lunchs, de peur de me déplaire. Alors hier soir, je leur ai dit ceci : « Dites toujours ce qu’il y a au fond de votre cœur même si ce n’est pas ce que l’autre personne veut entendre. Vous ne pouvez pas plaire à tout le monde et vous allez être malheureux ou avoir des lunchs poches si vous n’exprimez pas les choses comme elles sont par peur de décevoir les autres. C’est trop tard pour réaliser cela une fois adulte ». Mon fils de presque 10 ans et ¾ et qui est autiste m’a répondu : « C’est de toi aussi que tu parles maman? » Hier soir, j’ai décidé que si j’étais heureuse, les gens autour de moi le seraient aussi et non l’inverse. À 43 ans et ¾, j’ai finalement compris!
Annie St-Onge