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À toi mon Bébé-Covid

Mon bébé, tu as choisi une drôle de date pour venir au monde… En ce ve

Mon bébé, tu as choisi une drôle de date pour venir au monde… En ce vendredi 13 de l’année 2020, où on nous annonçait la fermeture de toutes les écoles du Québec, moi, j’entrais à l’hôpital pour te mettre au monde. En ressortant de l’hôpital, après cette épreuve de courage, de force, d’endurance et d’amour, le Québec avait changé.

Au début du confinement, je voyais tellement de positif à tout cela. Je me disais que j’avais de la chance de pouvoir t’accueillir dans notre famille, entouré de tes frères et sÅ“urs 24 h/24. Je me disais que nous avions de la chance de pouvoir vivre toutes tes premières fois tous ensemble. Pas d’école pour les grands, pas de garderie pour les petits.

Bien sûr, je savais que ce serait très demandant pour moi. Bien sûr, j’étais aussi inquiète que tu attrapes ce vilain virus. Tu me semblais si fragile. Mais somme toute, je me trouvais chanceuse de vivre ce confinement avec tous mes enfants. En plus, mon congé de maternité m’apportait une sécurité financière que bien des familles n’ont pas eu la chance d’avoir pendant cette période‑là…

Puis, les mois ont passé. Tu as déjà 4 mois, mon Bébé-Covid. Et je comprends aujourd’hui que cette période historique dans laquelle tu es née a déjà une influence sur le bébé que tu deviens.

Avant, tous les bébés adoraient leur siège d’auto. Cette coquille dans laquelle tous les bébés faisaient des allers-retours matins et soirs pour aller à l’épicerie, pour aller chercher les grands à l’école ou pour aller au centre d’amusement. Cette coquille qui pour tous les autres bébés semblait rassurante, tellement ils étaient habitués de s’y endormir. Toi, mon Bébé-Covid, tu as horreur de ton siège d’auto. Les seules fois où tu l’as utilisé, c’était pour des rendez-vous médicaux et ça se compte encore sur les doigts d’une main. Chaque fois qu’on t’y installe, tu hurles jusqu’à ce que l’on t’en sorte. Et ta coquille a fini par prendre la poussière…

Avant, tous les bébés avaient des photos de leurs premiers jours à l’hôpital dans les bras de leurs grands-parents. Toi, mon Bébé-Covid, tu n’auras jamais eu cette chance. Parce que toutes les visites étaient interdites à l’hôpital. Et une fois rendus à la maison, les visites étaient tout aussi interdites… alors tu n’as pas encore connu les bras d’amour de tes grands-parents.

Pour tous mes autres bébés, j’ai pu avoir un semblant de vie sociale. Un cours de cardiopoussette, un cours de piscine pour maman et bébé, des sorties entre mamans, des amies qui viennent prendre un café à la maison… Mais pour toi, mon Bébé-Covid, tout cet univers n’existe pas. Tu n’as pas connu les discussions entre mamans qui ne finissent plus. Tu n’as pas croisé d’autres bébés. Nous ne sommes pas sortis du tout. Et une chance que tu avais des frères et sœurs, parce que je n’ose pas imaginer la solitude si tu avais été un premier bébé…

J’ai une compassion immense pour les mamans qui ont eu un Bébé-Covid comme premier bébé… Elles ont dû tellement se sentir seules… Elles n’ont jamais pu avoir de mamie pour les aider avec le ménage. Elles n’ont eu que des appels téléphoniques pour des conseils d’allaitement ou pour répondre à leurs questions. Elles ont tellement dû se sentir seules avec toutes leurs inquiétudes de premier bébé… Et si vous êtes l’une de ces mamans, sachez que vous êtes courageuse et extrêmement forte.

Et toi, mon Bébé-Covid, tu seras le premier d’une nouvelle génération. Cette génération qui n’aura connu que sa maison. Qui n’aura entendu que les voix de son papa et de sa maman. Qui n’aura senti que l’odeur de son petit environnement. Qui n’aura pas connu d’autres visages encore… Et qui bientôt, on l’espère, connaîtra toutes les petites joies de l’extérieur. Mais sache, mon Bébé-Covid, que tu as le droit d’aimer être chez toi aussi. C’est normal que tu sois plus anxieux quand tu rencontres de nouvelles personnes, de nouvelles odeurs, de nouvelles voix… C’est normal d’être curieux et d’avoir peur de toute cette nouveauté à la fois. Je suis certaine que ta génération sera unique en son genre.

Et vous ? Avez-vous remarqué que vos Bébé-Covid étaient différents ?

Joanie Fournier



Cette génération d’humains

Pendant le congé des fêtes nous avons décidé d’être plus

Pendant le congé des fêtes nous avons décidé d’être plus cool avec nos enfants et de ne pas limiter le temps d’utilisation des cellulaires. C’était les fêtes après tout, et chacun faisait ce qu’il voulait.

Nous avons constaté avec effroi que notre fils de treize ans a passé quarante heures par semaine à regarder des vidéos sur Internet. Quarante heures où il a ingéré de l’information plus ou moins pertinente sans rien produire ni créer. Il est devenu complètement passif.

J’ai trouvé ça effrayant. Contrairement à de nombreux parents d’ados, nous limitons habituellement le temps d’utilisation du téléphone (ainsi que les jeux vidéos). Sauf si nous constatons que l’enfant a de bons résultats scolaires, une vie sociale animée et des activités connexes, nous sommes alors plus tolérants.

Je me questionne beaucoup ces temps-ci face à ces cellulaires auxquels nous sommes tous greffés. J’ai réussi à limiter mon temps d’utilisation en supprimant absolument toutes mes notifications, non seulement celles qui proviennent des réseaux sociaux mais aussi des courriels et des nouvelles. Je n’ai que les messages textes et les appels qui rentrent. Bref, c’est redevenu un téléphone! Et je suis beaucoup moins portée à le regarder, je l’oublie souvent et je me sens libérée!

Si moi, adulte, je me sentais dépendante de mon cellulaire, imaginez l’impact sur un enfant ou un adolescent…

L’utilisation des écrans rend nos enfants contre-productifs, ça détruit leur imagination, les enfants ne s’ennuient plus et n’inventent plus de jeux ni d’histoires. Ils absorbent passivement. C’est cette génération d’humains que nous sommes en train de créer. 

Et moi, ça me fait peur.

Vous parents, limitez-vous les écrans pour vos enfants et vos ados?

Êtes-vous, vous-mêmes, dépendants de votre cell?

 

Gwendoline Duchaine

 

Les jeunes de nos jours!

Les jeunes de nos jours sont curieux, empathiques, allumés et génÃ

Les jeunes de nos jours sont curieux, empathiques, allumés et généreux.

Le titre vous donnait sûrement l’impression qu’un texte sur les ados qui sont donc exaspérants allait suivre, mais non! Bien au contraire, je crois fermement que ceux qui se plaignent des ados n’en côtoient pas. S’ils prenaient le temps de s’intéresser à eux un peu, leur opinion changerait très certainement.

Quand j’ai commencé à enseigner au secondaire il y a neuf ans, j’avais 21 ans. Mon adolescence était donc assez proche pour que j’en aie un souvenir très clair. Ils ne sont pas pires que les générations précédentes, du moins pas pires que la mienne!

Leur réalité diffère de la nôtre sur certains points, c’est vrai. L’aspect technologique constitue le principal point d’incompréhension pour leurs aînés. Ils gèrent donc leur vie sociale, leurs conflits et leurs joies pas tout à fait de la même façon que nous. Ça fait, par exemple, que les problèmes les suivent à la maison au lieu de rester à l’école. Ça fait aussi que leurs amis peuvent leur envoyer une photo du devoir à remettre le lendemain qu’ils ont oublié à l’école. C’est certain que, comme pour plusieurs autres sphères telles que la sexualité, les relations interpersonnelles et la consommation, ils doivent être éduqués. Les côtés négatifs ou risqués d’une nouvelle réalité n’enlèvent pas pour autant les côtés positifs à ces différences générationnelles. Sensibilisez-les aux risques, outillez-les au lieu de dénigrer leurs façons de faire.

Oui, les ados peuvent se montrer bêtes ou insolents. Ils développent leur personnalité, apprennent à s’affirmer, à communiquer, à dire non… On doit les accompagner dans les méthodes qu’ils utilisent pour y arriver. Oui, ils peuvent être « mous » et paraître sans intérêt. Ils grandissent, vieillissent. Ce qu’ils aimaient plus jeunes ne leur plaît peut-être plus, sans qu’ils aient nécessairement trouvé autre chose qui les allume. On peut leur faire découvrir de nouvelles choses, contribuer à élargir leurs horizons. Il ne faut pas oublier non plus que ce n’est pas parce qu’on ne partage pas leurs centres d’intérêt qu’ils n’en ont pas.

Ils peuvent sembler égocentriques. Ils le sont même souvent. Cette période ingrate, où tout change, où ils ne se comprennent pas eux-mêmes, rappelez-vous que vous l’avez aussi traversée. Tout ce qui leur arrive ­— peine d’amour, chicane entre amis, vie sociale — tout prend des proportions immenses, tout ce qui leur arrive leur semble la fin du monde. C’était la même chose pour nous. Ils en sont à apprendre à faire la part des choses et à porter attention à ceux qui les entourent. Ils y arriveront mieux et plus rapidement s’ils sont guidés à travers ces apprentissages.

Évidemment qu’il y a des exceptions à la règle. Bien sûr que vous avez le droit de vous plaindre de vos ados de temps en temps! C’est humain, c’est normal! Des parents qui se plaignent de leur « terrible two » quand ils sont brûlés l’aiment évidemment plus que tout et sont de bons parents quand même. Je suis aussi tout à fait consciente que cette période peut être très difficile à gérer pour l’entourage. Simplement, n’oubliez pas que les ados entendent et comprennent tout, qu’ils apprennent encore beaucoup par mimétisme. Assurez-vous de ne pas les dénigrer et que même si vous chialez une fois de temps en temps, vous les valorisez autant, sinon plus.

Les jeunes de nos jours s’intéressent à un paquet de choses et, bien que leur culture générale puisse nous sembler bien limitée, ils peuvent nous en apprendre sur pas mal de sujets qu’on ne maîtrise pas du tout.

Intéressez-vous à eux, parlez-leur! Parlez-leur de tout, surtout des sujets sensibles comme la drogue et la sexualité. Vous allez voir qu’ils sont trippants! Que ce soit votre nièce, votre filleul, votre voisine, ceux que vous coachez, celui qui tond votre pelouse… ça prend un village, comme on dit! Vous contribuerez certainement à rendre ces adultes de demain des êtres dont vous serez fiers et en qui vous aurez confiance pour gérer notre monde!

Jessica Archambault