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C’est ta fête, mon fils

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C’est ta fête, mon fils Pour la plupart des couples, une naissance est un événement heureux. Pas la tienne, mon fils. Et ce n’est pas de ta faute.

 

Tu n’as pas été conçu par amour, mais par l’ivresse d’un Nouvel An trop arrosé. Un lendemain de veille qui a gardé de la veille les rancœurs, la jalousie et le mépris.

 

Au lieu de partir sur de nouvelles résolutions, ton père et moi, nous sommes restés avec les restes de la veille, et avec les bouteilles vides de nostalgie de l’année que l’on venait d’enterrer.

 

Malgré cette nuit de rapprochements, nous n’avons pas réussi à nous débarrasser de nos vieilles pantoufles usées, pourtant si inconfortables.

 

Et puis, il y a eu le test de grossesse qui a scellé notre union aux effluves d’alcool rance.

 

Un + qui nous a divisés au lieu de nous réunir.

Un + qui a soustrait l’amour au lieu de le multiplier.

Un + qui a été la croix que ton père a utilisé pour me crucifier.

 

Car ton père était persuadé que tu n’étais pas sien. Que tu étais l’enfant d’un autre. Que tu étais la preuve de mon adultère alors que c’est lui qui cumulait les maîtresses.

 

Cette grossesse était devenue celle de la honte et de la culpabilité.

 

Plus tu grandissais dans mon ventre, moins il me touchait.

Plus il me rejetait, moins je te voulais.

 

Ma bedaine, je l’ai traînée comme un boulet pendant neuf longs mois.

 

Sans le savoir, sans le vouloir, tu étais devenu la chaine qui me retenait attachée à cette union.

 

Sans le savoir, sans le vouloir, tu m’avais volé la clé de ma liberté.

 

Et puis un jour d’automne, tu as décidé, toi aussi, de te séparer de moi. De couper le cordon qui nous unissait l’un à l’autre.

 

Tu es sorti de mon ventre, sans douleur, sans un cri, sans être attendu.

 

On t’a posé contre moi et on s’est regardés comme deux étrangers qui ne se reconnaissaient pas

 

C’est alors que j’ai remarqué la tache écarlate sur ton dos. Cette tache qui, il y a quelques siècles, aurait été considérée comme la marque de mon adultère.

 

Une ironie de la vie.

 

Mais pour moi, cette tache écarlate que tu portes est celle de la honte. La honte de celui à qui tu tourneras le dos un jour pour ne pas t’avoir reconnu. La honte d’avoir pu douter que tu puisses être le fruit de ses entrailles.

 

Une autre ironie de la vie, c’est que tu es le portrait craché de ton père.

 

Moi, je le savais depuis le début qui était ton père. Je n’en ai jamais douté un seul instant. Même si lui ne me croyait pas et tentait de me faire avouer une faute que je n’avais pas commise.

 

Tu comprendras toi aussi, un jour, que ton père n’est pas un père, mais que c’est bien ton père.

 

Alors, sache, mon fils, qu’en ce jour de ton cinquième anniversaire, je t’aime. Je suis heureuse que tu sois dans ma vie et moi dans la tienne.

 

Car même si ce n’est pas l’amour qui t’a donné la vie, il y a cinq ans, toi, mon fils, tu as donné vie à l’amour.

 

Bonne fête mon amour!

 

Eva Staire

Poussière d’ange

Juste au mauvais moment

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Juste au mauvais moment

Une poussière d’ange t’est tombée dedans

Tu ferais une super maman mais pas maintenant non pas maintenant…

Ce sont les paroles d’une chanson d’Ariane Moffat. Elle m’a brisé le cœur quand je l’ai écoutée. Pas entendue. Écoutée. J’ai tellement pleuré.

J’ai trois enfants. Deux ados qui ne veulent plus de parents et une mini fée qui veut encore heureusement sa maman. Je suis sauvée. Du moins pour quelques années. J’adore mes enfants. Ils sont imparfaits tout comme je le suis. Ils me dérangent dans leurs principes et leurs déclarations parfois. Dans mon schème de valeurs aussi. Mais bon; je suis un dinosaure malgré que je sois sur Facebook, Snapchat, Ask et Instagram. Retenez ça : les applications ne font pas l’individu. Je suis complètement désuète pour mes ados malgré mes quarante ans. Out la mamie.

Trois enfants. Quinze ans dans une précédente relation et plus de deux dans celle-ci. Crise de quarantaine peut-être? J’ai tout plaqué de ma vie d’avant; non sans heurts. Donc, j’ai un formidable amoureux. Je suis heureuse. Je suis remplie de paradoxes. Je suis une cérébrale qui suit son cœur. Toujours. Je sais. Ça ne fait aucun sens, mais c’est comme ça. Ma tête me protège. Mon cœur me fait vivre.

Depuis plus d’un an, je vis avec les inconforts d’une préménopause. Je sais, ça paraît long, mais je dois vous mettre en contexte. Mon corps réagit, les chaleurs sont prédominantes, je ne dors plus la nuit, les règles sont éparses, le bordel est pogné comme dirait l’autre.

Deux mois que je n’ai pas eu mes règles. Je ne me suis pas inquiétée outre mesure. Mon amoureux a eu une vasectomie il y a quatre ans. Cinq enfants qu’il a déjà. Trois pour moi. Fonder une famille, avoir des enfants ensemble n’a jamais fait partie de nos projets. On aimait ceux qui étaient là et c’était très bien ainsi.

Vous me voyez venir? Parfois, je manque de subtilité. Pour dissiper le doute, j’ai passé un test de grossesse. Toute seule parce que c’était invraisemblable de toute façon. Éliminer les possibilités. Vasectomisé, l’amoureux. 99 % de contraception.

J’ai pleuré ma vie. Bien plus tard. Après avoir absorbé le choc. Deux lignes sur un test de grossesse. Je n’y ai pas cru. Ça m’a pris plus de quarante-huit heures. J’étais enceinte. Je portais un bébé dans mon ventre. À trente-neuf ans. En préménopause depuis quelques mois. Avec deux ados qui ne voulaient plus de mère et une de six ans qui en réclamait une.

Il faut qu’on se parle. C’est ce que je lui ai dit deux jours plus tard. On haït tous ça, cette phrase-là. C’était ça pareil. J’étais désemparée. J’avais besoin de lui. Je ne comprenais pas. J’avais déjà lu les articles et les statiques sur le Net. 3 % des femmes tombaient enceintes après une vasectomie. La plupart, trois à cinq ans après la vasectomie du monsieur. Les canaux qui se collent. Ça devait me consoler tout ça?

Ça ne m’a pas consolée. On a parlé, on a fait dix mille scénarios dans nos têtes, on a échangé sur les possibilités. J’ai beaucoup pleuré. Lui non. Il absorbait le choc tout comme moi quelques jours auparavant. Il était solide et rationnel. J’étais en miettes et brisée. On a décidé de se donner quelques jours, quelques semaines.

J’ai appelé à la clinique l’Alternative à Montréal. Il m’a accompagnée. Il m’a serrée fort dans ses bras. Il m’a dit qu’il m’aimait. Il m’a demandé si c’était correct pour moi. Si je changeais d’idée. Il a essuyé mes larmes au travers de mon sourire incertain. Il aurait été un formidable papa. J’aurais été une formidable maman.

Je l’ai fait. J’ai dit non à mon bébé. J’ai demandé à la voir. Elle aurait été une fille. J’en suis intimement convaincue. Je ne le saurai jamais. J’ai demandé à voir sa petite enveloppe qui ressemblait à un œuf. Je lui ai demandé pardon. Elle m’avait choisie comme maison; et moi, parce que ça ne marchait pas, parce que je ne pouvais pas, parce que je ne voulais plus, j’ai dit non à la maison.

Je me suis fait avorter. Écrire cette phrase-là me fait mal. Avorter. Verbe dénué de sens et d’émotions. J’ai trois enfants. Je sais ce qu’elle aurait pu être, devenir. Je sais ce que c’est que de porter un enfant, de l’attendre, de sentir sa vie dans mon ventre, de projeter mes désirs sur lui ou sur elle, de l’aimer. Je l’aurais appelé Ève. Source de vie. Elle aurait eu un an ce mois-ci.

Eva Staire

 

La contraception n’est pas seulement une affaire de femmes!

On est deux pour faire l'amour. Deux.

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On est deux pour faire l’amour. Deux.

Pourtant, ce sont trop souvent les femmes qui sont responsables de la contraception. Si cette dernière est un échec : ce sont elles qui sont prises avec de quoi qui pousse dans leur bedaine et se retrouvent confrontées à la plus grande décision de leur vie.

On peut bien me dire que les hommes sont présents pour nous accompagner, nous encourager, nous tenir la main, nous rappeler de prendre notre pilule, nous flatter le dos quand on a mal, mais… c’est notre corps à nous, femmes, qui doit subir la contraception…

Prise d’hormones, installation d’un corps étranger dans notre utérus, injection de spermicide dans notre vagin, etc… Toutes ces méthodes ont des effets secondaires que seuls notre corps de femmes doit encaisser… Sans parler des risques cardio-vasculaires et des fortes probabilités de développer un cancer du sein…

Je suis heureuse, fière et terriblement reconnaissante envers nos hommes qui décident de subir une vasectomie définitive, nous permettant d’avoir une vie sexuelle épanouie, sans avoir à gérer ce risque d’avoir un autre bébé. Ils font ainsi de la contraception une affaire de couple! MERCI!

Mon corps a subi trois césariennes en moins de quatre ans. Les médecins ont été unanimes : avoir un autre enfant serait impossible, extrêmement dangereux… J’ai donc pris la décision de me faire ligaturer les trompes. En France, à l’époque on ne connaissait pas la vasectomie. Quand le gynécologue nous en a parlé, mon chéri a dit :

– Tu as beaucoup donné. On t’a ouvert trois fois le ventre. Je ne veux pas que tu subisses une autre chirurgie. C’est mon tour. La vasectomie est une chirurgie mineure. Je vais faire ça. Pour toi. Pour moi. Pour nous.

À vingt-neuf ans, il a donc décidé de nous offrir cette sérénité-là. De nombreuses questions se sont posées :

– Et si je meurs avec les enfants, tu n’auras jamais la chance de fonder une autre famille?

– Vous êtes ma famille, je ne veux pas d’autres enfants.

– Et si on se sépare, que tu tombes amoureux et que tu souhaites des enfants à nouveau?

– Me lever à nouveau la nuit aux deux heures, non merci, j’achète MA paix!

– Et si on change d’idée?

– Tu ne peux plus avoir d’enfants, je refuse de te mettre en danger.

– Oui mais si on veut un autre enfant?

– On adoptera un enfant qui est si seul, on l’aimera aussi fort.

Il a eu réponse à TOUTES les questions. Il n’a jamais hésité une seconde. Et malgré les moqueries de ses amis, malgré l’incompréhension de notre entourage, malgré ce sujet un peu tabou : il a eu cette chirurgie appelée vasectomie!

Pour tous les gars qui s’inquiètent : non, ça ne goûte pas le décaféiné, non, ça ne donne pas de troubles de libido ni de problèmes d’érection et non, ça ne fait pas de vous des « castrés » ou des faux hommes! Au contraire! Quelle liberté de pouvoir faire l’amour sans stresser, sans se soucier de la contraception, et ce, à vie! Quel honneur de savoir que mon homme est assez viril pour prendre ça en main et nous donner ce merveilleux cadeau!

Alors non, la contraception n’est pas seulement une affaire de femmes! Bravo messieurs!