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Elle se suicidait

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Depuis quelque temps, nous parlons beaucoup de maladies mentales. Quand j’étais enfant, j’aurais tellement aimé que l’on m’explique, qu’on arrête de me cacher la vérité et de me dire que tout allait bien. Car non, tout n’allait pas bien. Maman se suicidait…

Je me souviens de l’avoir trouvée si pâle, la respiration si rapide, les lèvres si bleues, les yeux si vides. Je me souviens d’avoir crié : « Maman! Maman! » Je me souviens de l’avoir secouée si fort.


─ Ma maman est morte.
J’avais sept ans.
Mon petit frère de quatre ans pleurait.
─ Ma maman est morte et je ne sais pas quoi faire.
La voix rassurante dans le téléphone me disait de ne pas m’en faire, que les secours étaient en route.
Quand ils sont arrivés, ils l’ont branchée à plein de fils. Puis ils l’ont emmenée.
Maman est partie.

Je me souviens de ce soir-là, quand mon père est venu m’embrasser.
─ Qu’est-ce qu’elle a, maman?
─ Elle est juste un peu fatiguée, ce n’est rien du tout, ça va aller.
Il a refermé la porte de ma chambre.
J’avais envie de hurler.
Ça ne va pas du tout! Menteur! Menteur! Maman veut mourir! Et ce n’est pas la première fois! Menteur!

Je me suis promis, ce soir-là, de ne plus jamais croire les grands. Jamais. Et je me suis promis de ne jamais mentir à mes enfants.
Car un enfant imagine le pire… Dans ma tête à moi, ma maman ne voulait plus vivre à cause de moi.

─ Je ne suis pas assez gentille. Je pense que je ne l’intéresse pas. Je ne suis pas assez bien pour que maman ait envie de vivre. Elle n’aime pas la vie avec moi.

Je me sentais abandonnée. Sans savoir poser des mots sur ces sentiments-là. J’ai grandi tout croche à cause de ces non-dits.
L’angoisse d’abandon ne m’a plus jamais quittée.

Ma maman souffrait d’une sévère dépression. Un sujet tabou. Alors. On n’en parlait pas. Alors, enfant, j’ai avancé avec ce vide. J’ai toujours pensé qu’elle pleurait par ma faute. J’ai longtemps eu une image de moi catastrophique.

La maladie mentale est terriblement difficile pour les proches (je sais combien mon papa s’est inquiété si souvent). Elle est dévastatrice pour les enfants.

J’ai eu longtemps très peu de compassion pour les gens qui tentaient de mettre fin à leur jour. Je les trouvais égoïstes. J’en ai longtemps voulu à ma maman.

Si quelqu’un, juste une personne, s’était assis à côté de moi et m’avait expliqué. Si on avait pris le temps de m’en parler, de parler… J’aurai eu de la peine, mais j’aurais compris. Que son mal-être était si grand et que je n’en étais aucunement responsable…

Parlez à vos enfants. Expliquez-leur. Pleurez avec eux s’il le faut. Mettez les vrais mots sur les maux. Soyez honnêtes. Ils en seront plus forts et plus sereins.

 

Eva Staire

Malade dans ma tête

Comme le chanterait Lara Fabian : Je suis malaaaaaadeuuuu!

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Comme le chanterait Lara Fabian : Je suis malaaaaaadeuuuu!

Mais ça ne paraît pas. Littéralement, c’est entre mes deux oreilles, comme le diraient ceux qui jugent vite. Une question de chimie du cerveau, de neurones qui capotent et qui envoient des signaux chaotiques dans mon corps. Les maladies mentales, ça s’invite chez vous après avoir visité plusieurs personnes dans votre parenté, ou ça défonce la porte sans s’annoncer, à cause des circonstances qui vous font la vie dure.

Quand ça m’arrive, ça me donne l’impression que la mort m’attend si je dois grimper sur un escabeau de deux marches pour arroser les plantes. Ou que mon cœur va partir se promener au milieu de l’autoroute tellement il bat vite. Ou que la foule présente lors d’une activité familiale va m’avaler et kidnapper mes enfants et mettre le feu à la bâtisse… On appelle ça de l’anxiété. C’est dans ma tête, mais ça existe pour vrai. Malheureusement.

Ce qui se passe à l’étage du haut, juste en dessous de ma calotte crânienne, affecte ce qui se passe dans tout mon corps. Vous essaierez, vous, de vous endormir ou de calmer votre respiration quand vous pensez à cinquante mille choses en même temps. Je n’exagère même pas. « Est-ce que j’ai barré la porte? Pas sûre… Je devrais aller vérifier. Si j’y vais, ça va réveiller tout le monde. Les enfants ont besoin de sommeil pour grandir et apprendre. Je vais avoir froid. Comme pendant le verglas de 1998. Je pensais mourir. Si je ne dors pas bientôt, je vais arriver en retard au travail. Merde! Je suis sûre que j’ai une réunion à huit heures. Si je vérifie sur mon cellulaire, je vais nuire à mon sommeil. Les ondes qui se dégagent de ça ne sont pas bonnes pour la santé. Est-ce que j’ai mangé assez de légumes aujourd’hui? Peut-être que ça pourrait compenser? Ah! non, j’avais promis au petit de laver ses pantalons préférés. Je suis une mauvaise mère. Et… » Vous voyez le portrait.

Avec une colonie de gerboises qui spinnent en dedans vingt-quatre heures par jour, on s’épuise. Mentalement et physiquement. On développe des tensions musculaires, des maux de tête, des crises d’urticaire, des maux de ventre. Et on dort encore moins. Et on stresse encore plus. Et on a le gros orteil sur le bord d’un précipice appelé dépression ou épuisement. Et on tombe dedans, éventuellement.

La dépression, je l’ai rencontrée dans mon miroir, mais aussi chez plusieurs personnes que je connais. Certaines avec qui je partage des gènes, d’autres avec qui je partage une amitié. Certaines sont encore ici, d’autres ont choisi sans choisir de mourir. Une quinzaine de suicides autour de moi. Des internements. Des crises pas possibles. Ça fesse. Ça porte à réfléchir. Ça amène à me demander si un mauvais moment donné, ce sera mon tour.

Je choisis l’autre option : la vie. La vie pas tout le temps facile, celle qui passe par le travail de guérison, l’acception de qui je suis avec mes côtés ensoleillés et mes bibittes à grandes pattes poilues qui rampent partout. La vie, ça passe par la communication et les demandes d’aide, par les projets qui me donnent le goût de me lever le matin. Mais pendant longtemps, ça passait par l’effort surhumain pour m’habiller et pour sourire. Ça me prenait tout mon petit change pour me rendre à l’épicerie et en revenir, parce que quand je revenais, je retrouvais ce qui m’épuisait. Ça me déprimait encore plus que le prix des bananes et les nouvelles de vingt-deux heures. Ça m’a pris du temps, ben, ben de l’énergie, une grosse gang d’amis et de thérapeutes respectueux de mon rythme, capables de me pousser juste assez pour que je reprenne mon élan sans crasher.

Si vous êtes malades dans votre tête, ça se peut que ça vous prenne tout ça et même plus. Ça se peut que l’idée de vous jeter par-dessus bord de votre vie vous passe par la tête. Une fois, deux fois… chaque jour, chaque seconde. Mais ça passe, parce que la maladie, ce n’est pas vous. Ce n’est pas votre identité. Au pire, faites comme Anna dans la Reine des neiges : couchez-vous par terre en claquant la langue à chaque seconde. Vous allez voir : le temps avance, les choses progressent. Un jour, quelqu’un nous tend la main et nous aide à nous reprendre en main, un pas à la fois.

Les maladies mentales, c’est comme les maladies physiques : ça se guérit avec le temps, l’aide appropriée et beaucoup d’amour. Un bon bouillon de poulet ne peut pas nuire. Ça nous ramène du côté de la santé mentale et de ce que j’appelais l’« heureusité » quand j’étais petite.

L’Association québécoise de prévention du suicide

http://www.aqps.info/

Besoin d’aide? 1-866-J’APPELLE (1-866-277-3553)

 

http://apammrs.org/semaine-nationale-de-sensibilisation-a-la-maladie-mentale/
Êtes-vous prêt pour le 25 janvier?
http://cause.bell.ca/fr/nouvelles/1072/etes-vous-pret-pour-le-25-janvier

Le processus pour obtenir des soins en santé mentale

Lorsqu’on souffre de maladies mentales, il est TRÈS facile de sâ€

Lorsqu’on souffre de maladies mentales, il est TRÈS facile de s’y perdre quand vient le temps de crier à l’aide. Le processus pour obtenir des soins est complexe et parfois long, mais il est la première étape pour apprendre à gérer les crises, à accepter les diagnostics et à éventuellement, vivre de nouveau.

Puisque j’ai vécu le processus à plusieurs reprises, je me permets de vous faire de belles listes pour aider à tendre la main à ceux et celles qui ne savent pas où commencer.

*** Il est à noter que ces étapes peuvent être différentes, selon la région où vous vous situez, de vos besoins et du fonctionnement des équipes. Tsé, un système de santé uniforme, là?! #sarcasme.

  1. Prendre rendez-vous et consulter votre médecin de famille HA! Tu vas dire que 25 % des Québécois n’ont pas de médecin de famille. L’attente pour en obtenir un est très longue, mais vous pouvez faire votre demande ici : http://sante.gouv.qc.ca/programmes-et-mesures-daide/inscription-aupres-d-un-medecin-de-famille/. Advenant que vous n’ayez pas la chance d’avoir un médecin de famille, dirigez-vous vers une clinique sans rendez-vous. Pis si ça urge, genre que tu ne peux pu vivre là-là-maintenant, appelle le 911 ou va-t’en à l’urgence sans tarder.

Lorsque tu verras le médecin, ce qu’il faut retenir est que ce dernier est là pour t’AIDER. Discute avec lui de ce qui se passe, dis-lui tout, pas de cachette. Il est fort probable que tu te fasses prescrire des médicaments. N’oublie pas que les médicaments peuvent aider, mais qu’ils ne sont pas une solution miracle. Combine ça à une thérapie, de l’activité physique (juste une marche peut aider si tu n’es pas trop du type sportif) et une bonne alimentation, et ton cocktail sera winner.

  1. Obtenir une référence pour le Guichet d’accès en santé mentale du CLSC le plus près de chez vous Habituellement, c’est ton médecin qui s’occupe de cette étape, en adressant le beau ti-papier de référence directement au Guichet d’accès en santé mentale de ton CLSC. Ensuite, l’étape 3 viendra. À un moment donné. De mon côté, mon doc m’a donné le Golden Ticket pis j’ai dû faire le reste des démarches moi-même. Elle ne savait même pas quelles étaient les prochaines étapes et j’ai vécu La maison qui rend fou d’Astérix, mais x 1 000.
  1. Ta demande est évaluée par l’équipe du Guichet d’accès en santé mentale Une infirmière ou une travailleuse sociale te contactera pour compléter ton dossier et une date de rendez-vous te sera assignée pour faire une première évaluation en personne. Ensuite, ça peut se décliner en plusieurs étapes :
  • Si tu n’as pas d’assurance ou si l’infirmière/travailleuse sociale juge nécessaire que tu sois suivi (e) sur place, le CLSC peut t’offrir les services d’un psychologue pour entreprendre une thérapie. À noter que l’attente peut être longue, encore une fois.
  • Il se peut que ton dossier soit transféré du CLSC au service de psychiatrie de l’hôpital le plus près de chez toi. Si le psychiatre juge qu’il serait bon de te rencontrer, tu seras contacté pour la prise d’un rendez-vous.
  • L’infirmière ou la travailleuse sociale fait un compte rendu de ta rencontre au psychiatre de l’hôpital le plus près de chez toi. Ensuite, c’est le psychiatre qui fait ton diagnostic et détermine le type de soins psychiatriques spécialisés dont tu as besoin. Le rapport d’évaluation et les recommandations de traitements sont envoyés à ton médecin, qui te contactera ensuite pour prendre un rendez-vous avec toi et pour en discuter.

Pour ma part, j’ai eu un premier rendez-vous avec une infirmière en santé mentale du CLSC du Lac-Saint-Louis. À la suite de cette première rencontre, on m’a offert une deuxième rencontre avec l’infirmière, mais aussi avec… TADAAAAAAAA! La psychiatre en personne! Fuckée, tu dis?

J’ai été écoutée et les diagnostics sont tombés. Live, dans ma face, comme une bombe. Bah! Ce n’était rien de surprenant, je les connaissais tous déjà. Mais de savoir que maintenant, je serais suivie en psychiatrie hebdomadairement, par la Chef du département en personne, je me sentais spéciale, mais pas pour les bonnes raisons. Plus du genre « Heille wow! Je suis une méchante folle pour vrai de vrai… », parce que quand on chill dans un département de psychiatrie d’hôpital une fois par semaine, on se rend compte assez rapidement que ce n’est pas tout le temps « bien vu » d’être malade dans sa tête. Pis pourtant, le département déborde… donc techniquement, je ne suis pas seule! Soigner sa tête est aussi important que soigner son corps.

Il ne faut pas oublier que les demandes sont analysées en fonction de la gravité de la situation. Si ta demande prend plus de temps qu’une autre, ce n’est pas parce qu’on te considère moins malade ou moins important. C’est plutôt parce que la vie d’une autre personne est probablement en danger. Si tu vois que ta situation s’aggrave et que tu crois que tu devrais être vu(e) plus rapidement, n’hésite pas à contacter l’infirmière ou la travailleuse sociale de ton CLSC. Ou le 911. Parce que les services d’urgence sont là pour ça aussi, ne l’oublie pas.

Tendre la main n’est pas un signe de faiblesse, mais plutôt un signe de force intérieure incroyable. #briserlestabous #tunespasseul

http://sante.gouv.qc.ca/dossiers/dossier-sante-mentale/

http://sante.gouv.qc.ca/repertoire-ressources/clsc/

 

Une dépression, ce n’est pas un paquet de steak haché!

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Une dépression, ce n’est pas un paquet de steak haché! Il n’y a ni date de préparation ni date de péremption. J’aurais beau me casser la tête afin de déterminer le moment où ma chute a commencé, c’est impossible! Je ne me suis pas couchée un soir, le sourire aux lèvres, pour me réveiller le lendemain avec le visage paralysé en mode baboune. C’est quelque chose qui s’est construit petit à petit.

Une dépression, c’est sournois. Tu vis ta vie, t’encaisses les balles courbes qu’elle t’envoie, t’essaies de focaliser sur le beau pour ne pas t’apitoyer sur ta petite personne. Tu fais la forte parce que c’est ce à quoi on s’attend de toi. Tu broies du noir, mais t’en parles pas trop fort, parce qu’au fond, y’en a des ben pires que toi et se plaindre le ventre plein, c’est ingrat. Tu t’habitues à répondre que tout est tiguidou lorsqu’on prend de tes nouvelles, mais tu t’arranges peu à peu pour être le moins souvent possible confrontée au fameux « Comment ça va? », parce que t’as peur que ta face finisse par te trahir.

Tu te dis que c’est passager… que ça va passer. Après la pluie vient le beau temps, non? Et ton entourage renchérit en prétextant que c’est juste une « mauvaise passe » : tu dois manquer de lumière, tu ne manges pas assez de fer, t’as de la fatigue accumulée, t’es due pour des vacances, etc. Les jours passent et tu te rends compte que les jokes de tes amis sont moins drôles, que le beurre de peanut goûte moins bon et que tu n’as plus le goût de danser dans le salon quand « ta toune » embarque.

Tu continues à te lever le matin, souvent parce que t’as pas le choix : des gens dépendent de toi! Alors tu fais acte de présence : tu t’habilles, tu te brosses les dents, tu fais les lunchs des petits, tu te pointes à la job, tu reviens à la maison en mode automatique, tu fais le souper et t’aides les enfants avec leurs devoirs en jetant constamment un coup d’œil à l’horloge dans l’espoir que la journée finisse par finir. Dormir devient le moment ultime de ta journée : le doux moment où tu peux te permettre de mettre ton cerveau et ton corps à off.

Éventuellement, tu te rends compte que sortir du lit devient une tâche plus ardue, et t’habiller devient superflu. La moindre obligation devient une montagne, la moindre confrontation te démolit et le moindre échec t’amène à te remettre en question. T’as tout simplement le goût de rien! Les larmes viennent plus facilement et t’as l’impression de n’être qu’un fardeau. Donc, tu t’effaces un peu plus. Tu deviens confrontée au fait que tu n’es plus une personne productive, pas plus au travail qu’au sein de ta famille, ce qui te jette encore plus à terre! Et là, ça te rentre dedans comme une tonne de brique : t’es pas juste triste ou fatiguée, et ça ne passera pas après une bonne nuit de sommeil ou une semaine à Cuba. Non! T’es malade!

La chute ne commence pas là, mais disons que la descente devient plus abrupte. C’est aussi là que ta « guérison » débute, lentement, pendant que tu tombes. Personne ne peut te dire combien de temps ça durera. T’as beau avoir toute la volonté du monde, le bonheur se reconstruit aussi lentement que la dépression s’est installée.

À un moment donné, tu te surprends à rire plus souvent, sans faire semblant. Tu te lèves un matin avant le cadran et le soleil te semble moins agressant. Quand le téléphone sonne, tu réponds. Tu réalises que le beurre de peanut, ça goûte le ciel! T’as envie de lire, de cuisiner, d’aller bruncher avec des amies, de te maquiller, d’aller voir un film… t’as le goût de quelque chose, pour vrai! Pis un bon jour, tu te mets à te déchaîner dans ton salon en entendant « ta toune », et tu sais, à ce moment précis, que ça va bien aller!

 

Je suis une maman avec des maladies mentales

Je suis une maman qui souffre de maladies mentales. Neuf, pour être

Je suis une maman qui souffre de maladies mentales. Neuf, pour être exacte. Tous ces beaux diagnostics m’ont été faits par des médecins spécialistes et une psychiatre. Je ne me suis pas autodiagnostiquée un beau matin en me disant « me semble que ça manque de piquant par icitte! » ou encore pour attirer l’attention. Les maladies mentales, ce n’est mauditement pas une partie de plaisir, surtout quand tu es maman.

 

Voici ma liste 

 

Troubles anxieux

  • L’anxiété généralisée (TAG)
  • Le trouble panique
  • Le trouble obsessionnel compulsif
  • Le trouble de stress post-traumatique

Troubles de l’humeur

  • La dépression

Troubles du comportement alimentaire (TCA)

  • La boulimie
  • L’hyperphagie boulimique
  • L’anorexie

Syndrome de déréalisation (DR)

Du plus loin que je me souvienne, j’avais trois ans. Je sentais que ma tête était à côté de mon corps, que mon âme n’était plus là. J’essayais tant bien que mal d’expliquer ça à ma maman, mais dans les années ’80, les maladies mentales « ça n’existait pas ». Elle n’avait jamais entendu de propos comme les miens auparavant. J’ai donc appris très tôt à ne pas parler de mes états d’esprit bizarres. Dans ma tête de petite fille, je sentais que quelque chose clochait, mais qu’il ne fallait pas que j’en parle.

Dans ma maison de jeunesse, toute la nourriture était contrôlée. J’ai souvent volé du p’tit change à mon père pour aller acheter un gâteau McCain au dépanneur et le bouffer au complet dans le parc. Mes crises de boulimie n’étaient pas toujours liées à des gros binges. Parfois, une pomme pouvait être « de trop » et déclencher des épisodes de vomissements. Et vers 17 ans, j’ai cessé de manger puis j’ai débuter l’entrainement excessif, soit environ plus de quatre heures par jour, à tous les jours. J’étais en surpoids XXL et en quelques mois à peine, j’avais perdu plus de 100 lbs. Pis un matin, j’avais faim. Je suis allée à l’épicerie et j’ai acheté tout ce qui s’y trouvait. C’est assise dans mon char que j’ai tout engouffré jusqu’à ce que la culpabilité embarque et que la poubelle d’un parc accueille mes vomissements. L’engrenage a ainsi commencé.

Fastforward ça à l’automne 2007. C’est assise ben amochée, sur un coin de rue dans un quartier quelconque de Manhattan, avec mon amoureux (futur mari et père des deux fruits de mes entrailles) que j’ai avoué, pour la première fois, souffrir de troubles alimentaires. À notre retour à Montréal, nous en avons reparlé et il a dit une phrase qui restera marquée forever dans mon esprit « Imagine si nous avons des filles plus tard et que tes troubles alimentaires deviennent les leurs… » #BestHusbandEver

C’est alors que j’ai entrepris ma première thérapie à vie. Au début, je l’ai faite pour lui et pour nos futurs enfants, mais éventuellement, je l’ai faite pour moi. Une thérapie qui a duré deux ans et qui m’a coûté 15 000 $. J’étais à la clinique, en thérapie de groupe ou individuelle de 9 h à 16 h , puis à 17 h, je travaillais comme barmaid au centre-ville jusqu’aux petites heures du mat’, du lundi au vendredi. Faut VRAIMENT vouloir guérir. Mais en guérit-on vraiment? À 36 ans, mon problème principal est l’hyperphagie boulimique, qui est officiellement reconnue dans le DSM-5 comme une entité clinique distincte tout comme l’anorexie nerveuse et la boulimie. En gros, il s’agit de compulsion alimentaire. S’empiffrer de 40 biscuits soda, suivi de 400g de noix pis de la plus grosse portion de salade que t’as vu dans ta vie, en moins de 15 minutes, c’est du déjà-vu pour moi. Suite à la recommandation de ma psychiatre, je vais commencer une thérapie dans les prochaines semaines au CLSC avec une psychologue spécialisée en TCA.

C’est suite à l’accouchement de ma deuxième que l’anxiété refoulée depuis 30 ans s’est décidée à sortir, chapeaux et trompettes, pour faire une entrée crissement remarquée. J’ai tellement eu peur de mourir de complications post-accouchement… Faque quand ta plus grande peur en tant que TAG est de mourir, le cocktail n’est pas super winner. À l’hôpital, j’ai eu des moments de névrose, où j’étais certaine qu’un maniaque viendrait tous nous tuer dans notre chambre. Tout ça se passait dans ma tête et ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai avoué à ma psychiatre ces moments de folie. Malgré que je fusse médicamentée depuis environ quatre ans et que je croyais mes crises sous contrôle, ce choc post-traumatique a éveillé en moi du gros caca mou dans l’cerveau.

J’ai consulté une psychologue qui traitait l’anxiété par l’hypnose. Ça n’a rien à voir avec ce que Messmer fait sur scène, là. Je n’ai jamais fait le poulet en criant des mots bizarres. Je suis plutôt retournée très loin en arrière et j’ai fait la paix avec ben ben des bibittes que je trainais depuis trop d’années. J’ai aussi consulté une deuxième psychologue, cette fois en méditation pleine conscience. Cette technique peut paraître bien simple, genre « Vis le moment présent, allumes de l’encens pis chantes kumbaya », mais c’est complexe pas à peu près de s’arrêter un moment quand ton brain lui, pourrait faire 74 marathons les uns en arrière des autres. Ces deux thérapies ont changé ma vie.

Après avoir passé l’été dernier à tester différents médicaments (call me : Rat de laboratoire), nous avons finalement trouvé LE grand gagnant. Ma dose de médoc est forte, pis c’est À VIE. J’entends souvent « Ça va passer, c’était une période difficile! », mais je vous confirme que non, ça ne passe pas. Il y a un déséquilibre chimique dans mon cerveau. Je suis née comme ça et je vais mourir comme ça. Le côté positif est que je suis à l’écoute fois 1000 de mes filles. Je connais ça l’anxiété, la souffrance mentale, l’hypersensibilité et la pauvre estime de soi. J’ose croire que la vie m’a choisie pour être la maman de ces deux grenouilles pour une raison simple : je suis la meilleure pour elles. Elles sont LA raison pour laquelle je me bats contre la stigmatisation.

Ce que je comprends des maladies mentales, c’est qu’elles font partie de moi, mais je ne suis pas elles. Ce qui me pousse dans le dos tous les jours, ce sont mes enfants. Je ne veux en aucun cas minimiser la maladie mentale chez un « non-parent », LOIN DE LÀ. La réalité est simplement différente. Faire une crise de panique où tu es certaine que tu vas mourir dans les dix prochaines secondes, en face de tes kids, ce n’est pas super évident à gérer. Les palpitations cardiaques excessives, les tremblements, les douleurs thoraciques, les nausées, les étourdissements, les engourdissements et picotements, ce sont tous des symptômes de mon quotidien. Ma grande sait que maman a des bobos dans sa tête et je ne lui cacherai jamais ces derniers. La petite, elle, ne comprend pas encore. #CestBeaulInnocence

Depuis deux ans, je réalise tous les tabous derrière les maladies mentales. Je me trouve souvent chiante de parler tout haut de ce dont personne n’ose parler, mais c’est important. La stigmatisation doit cesser. Il faut de tout pour faire un monde, peu importe ton sexe, ton orientation sexuelle, ta religion, ta stabilité psychologique, ton handicap ou ta couleur de peau. Si nous avions un peu plus de compassion les uns pour les autres, la terre se porterait beaucoup mieux.

 

N’hésitez pas, allez chercher de l’aide :

Clinique BACA

ANEB Québec

Mindspace clinic

Psychologie Montréal

Calm