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Ce qui m’a sauvée de ma dépression

Après un mois de suivi avec ma psychologue, mon psychiatre et la tr

Après un mois de suivi avec ma psychologue, mon psychiatre et la travailleuse sociale, j’ai appris qu’une dépression est, très souvent, liée au fait que nous avons cessé de penser à nous, à nos besoins, à notre bien-être. Alors j’ai dû réapprendre à me connaître. Je me suis remise à faire du dessin, ce que j’adorais faire plus jeune. J’ai recommencé à chanter.

J’ai essayé l’entraînement, mais ce n’était pas pour moi, j’avais besoin de calme et d’équilibre. J’avais de l’anxiété généralisée, je devais trouver un moyen de calmer mon esprit. Alors, une annonce de yoga est passée et je me suis inscrite. Le cours était dans une maison au coin de ma rue. J’ai adoré, un coup de foudre. En plus, ma mère m’accompagnait. Nous faisions une activité ensemble. J’étais tellement heureuse. Le yoga m’aidait à connaître mon nouveau corps, celui qui a fait deux magnifiques enfants et qui n’a pas perdu son poids. Ça m’a permis d’apprendre à aimer ce nouveau corps. Mais durant mes cours de yoga, au lieu de me concentrer sur ma respiration, je pensais aux tâches à faire, à l’épicerie. J’étais incapable de mettre mon cerveau à off.

La professeure nous a proposé un atelier sur la méditation. J’étais sceptique. Mon cerveau n’arrête jamais. Même la nuit, je ne dormais pas parce que j’avais mille choses en tête. Après l’atelier, j’ai compris que ça pourrait fonctionner. J’ai téléchargé les applications Petit Bambou et Namatata. J’ai adoré les deux, mais j’ai un gros coup de cœur pour Petit Bambou. Une application facile, qui montre comment débuter la méditation, autant pour les débutants que pour les personnes plus expérimentées. Maintenant, il y a des listes de lectures de méditation sur Spotify qui sont incroyables. Donc aujourd’hui, je suis capable de méditer avec de la musique, mais dans le silence, je n’y arrive pas encore. Puis, je fais du yoga chaud chez Idolem, une seconde maison pour moi.

Durant mon rétablissement, j’ai découvert que l’écriture était libératrice pour moi. Ça me permettait de sortir mes pensées, mes émotions. J’ai même écrit 2 livres et 2 autres sont en construction.

J’ai aussi essayé la lithothérapie. C’est croire en la puissance des pierres guérisseuses. Ça m’a aidée pendant un bout de temps. Je méditais avec mes pierres.

Ensuite, les huiles essentielles. J’ai appris lesquelles étaient bonnes pour combattre la dépression et l’anxiété et pour favoriser le sommeil. J’ai porté longtemps un collier diffuseur, qui avait de la bergamote, de l’eucalyptus ou de la sauge à l’intérieur.

Il y a plusieurs façons de guérir d’une dépression, mais le plus important est de se laisser du temps et de se battre. Ce n’est pas le psychologue ou le psychiatre ou les médicaments qui vont nous guérir, mais les efforts que nous allons mettre pour guérir. Ces gens et les médicaments ne sont que des outils pour nous aider à nous battre. Quand j’ai eu mon diagnostic en octobre 2016, j’étais convaincue qu’un an après, je serais guérie. Mais c’est seulement en février 2020 que j’ai eu la confirmation que j’étais guérie. 4 ans. Ça m’a pris 4 ans. Je sais que je ne suis pas à l’abri d’une rechute, mais je suis salement plus équipée aujourd’hui pour affronter cette maladie. Il faut essayer des choses pour nous aider, il faut essayer de se trouver une chose qui nous fait du bien et s’y accrocher.

Il y a beaucoup de mères qui souffrent de cette maladie. C’est un fléau, je dirais. En plus d’être tabou. Une mère avec une dépression post-partum est une mère qui est lâche. C’est ce qui est dit. Qui ne se donne pas un coup de pied au derrière alors qu’elle a toutes les raisons du monde d’être heureuse. Oui, c’est vrai, mais quand la noirceur envahit ton esprit, quand les hormones te jouent des tours, la maman ne voit plus correctement. Toute personne suicidaire pense être un fardeau, un boulet que ses proches traînent. Elle ne voit pas l’amour de ces derniers, elle ne voit pas leur inquiétude. Elle ne ressent que sa douleur. Intense. Mais une main qui est tendue lorsqu’on s’y attend le moins peut sauver des vies. Dont la mienne.

Voici un texte que j’ai écrit lorsque je suis sortie de l’hôpital après ma crise psychotique.

La dépression

Un trou noir sans fond.

Une douleur saisissante.

De l’amour et de la haine.

Un bonheur et une détresse.

Une envie de disparaître.

Un désir de rester.

Se sentir seule même entourée de gens.

Se battre avec des soldats blessés.

Se battre sans une armée.

Avoir envie de se battre.

Parfois vouloir tout abandonner.

Croire que la vie serait mieux sans moi.

Voir ses enfants et la vie devient belle.

Lentement le trou grossit.

Des émotions nouvelles surgissent.

La colère, la haine, l’agressivité se sont invitées.

Impatience, irritabilité, tristesse.

Ont envahi ma forteresse.

Le besoin de guérir, d’aller mieux.

Devient un cercle vicieux.

Sourire, rire, être heureuse.

Ne sont que des facettes piteuses.

Est-ce que je vais vraiment bien ?

Je me sens comme une bombe sans lendemain.

À quand l’explosion ?

Ce fut durant un moment de sentiment d’abandon.

Le choc, la bombe explose.

Le cerveau lâche, le corps surchauffe.

Le cœur veut succomber.

L’esprit et l’âme crient à l’aide.

Une main est tendue

Je m’accroche à elle.

Un faible rayon de soleil

Dans les ténèbres.

Un sentiment que je croyais perdu à jamais surgit.

Voilà l’espoir.

Cindy LB

Ma dépression post-partum majeure qui a failli me coûter la vie : Texte : Cindy LB

En 2002, j’ai été abusée sexuellement par un copain. En 2005, m

En 2002, j’ai été abusée sexuellement par un copain. En 2005, mon père est décédé du cœur à 45 ans et c’est moi qui ai téléphoné au 911, tout s’est déroulé devant moi. En 2013, j’ai fait une fausse couche horriblement traumatisante. En 2014, j’ai accouché de ma fille et ce fut tout aussi traumatisant. Ça s’est terminé en césarienne d’urgence, j’étais endormie. Ma fille et moi avons failli mourir. En 2015, j’ai fait une seconde fausse couche. Je suis tombée enceinte de mon fils plus tard dans l’année. Cette grossesse fut extrêmement difficile, j’ai été malade tout le long et j’ai subi du harcèlement psychologique au travail. J’ai été arrêtée pendant toute ma grossesse, car j’en pouvais plus d’être malade et d’avoir une ambiance toxique au travail. Heureusement, ma césarienne avec mon fils s’est déroulée paisiblement et dans le bonheur.

Les premières semaines après la naissance de mon fils, tout se déroulait merveilleusement bien. Puis, mon fils est tombé malade à un mois et demi (bronchiolite) et il a été hospitalisé 4 jours. Ensuite, ce fut mon tour d’être malade. Les médecins ont découvert des pierres à la vésicule biliaire. Après plusieurs visites à l’urgence, je me suis enfin fait opérer pour la retirer. La convalescence fut difficile, je me remettais tout juste de celle de ma césarienne et je retombais en convalescence, à être incapable de soulever quoi que ce soit. Difficile avec 2 enfants, une de 2 ans et un de 4 mois.

Mon humeur avait commencé à changer après l’hospitalisation de mon fils, j’étais facilement frustrée, mais après ma chirurgie, c’est devenu pire. J’avais de très grosses sautes d’humeur, toujours en colère contre mon conjoint, incapable de rien faire, toujours fatiguée, jamais envie de sortir ou de voir des amis. Les disputes avec mon conjoint étaient intenses. Je n’ai jamais été une personne colérique ni agressive, mais à ce moment, j’aurais pu le devenir. Je ne sais pas pourquoi, mais c’était toujours contre mon conjoint.

Quand mon fils a eu 9 mois, mon conjoint nous a payé un séjour en amoureux à l’Esterel. J’étais tellement heureuse et soulagée. Le séjour s’est déroulé à merveille, je n’avais même pas envie de retourner à la maison. J’avais l’impression de ne pas m’ennuyer de mes enfants et c’est là que j’ai commencé à penser que je faisais peut-être une dépression post-partum. À notre retour à la maison, la situation est revenue comme avant le séjour.

Un soir où nous nous étions disputés vraiment fort, mon amoureux m’a dit : « Sérieusement, tu n’es plus pareille. Tu as changé. Peut-être que tu devrais prendre un rendez-vous avec ton médecin. » Le fait que lui me le dise m’a insulté ; pourtant je le savais que quelque chose clochait. J’ai pris le téléphone et j’ai appelé à la clinique, un soir de semaine à 17 h 45. Quelles étaient les chances que quelqu’un réponde ? Eh bien, une secrétaire a répondu. Je lui ai expliqué la situation et elle m’a dit qu’elle allait en parler avec mon médecin et me rappeler. À 19 h 30, la secrétaire me rappelait pour me donner un rendez-vous le surlendemain. J’étais sous le choc.

Quand je suis arrivée à la clinique, j’étais convaincue que c’était seulement de la fatigue. J’allaitais mon fils de 9 mois et demi aux deux heures jour et nuit. Mais lorsque je suis entrée dans le bureau et qu’elle m’a demandé comment j’allais, j’ai éclaté en sanglots. Elle m’a regardée et m’a dit : « Je n’ai même pas besoin de te passer le questionnaire, tu es en dépression post-partum modérée. » Elle m’a obligée à arrêter l’allaitement, j’ai débuté la médication et je devais trouver une psychologue.

Je suis sortie de la clinique et j’ai téléphoné à mon conjoint pour lui dire la bombe. Il a été rassurant, même si je savais qu’il ne croyait pas tant à la dépression, mais il devait admettre que je n’allais pas bien. Pendant le chemin du retour, je me rappelais que plusieurs personnes m’avaient dit que d’avoir 30 ans les avait affectées énormément. Et là, me voilà à 2 jours de ma fête de 30 ans, nouvellement diagnostiquée avec une dépression post-partum modérée. Je me disais que ça ne pouvait pas me rentrer dedans plus que ça. Hum… j’avais tout faux.

J’ai rapidement trouvé une psychologue en qui j’avais confiance et à qui je me suis livrée comme jamais. Je savais que j’avais une chance en or de pouvoir me payer une psychologue au privé et d’en avoir trouvé une qui fit avec moi. Mais malgré la thérapie, la médication et le repos, je m’enfonçais dans un gouffre sans fin. La noirceur était partout. J’ai donc décidé de me lancer dans mille projets et d’aider n’importe qui dans le besoin. Mais 9 mois après mon diagnostic et avec une thérapie qui avançait très bien, ça n’allait pas du tout. Mes amies s’éloignaient de moi, je me sentais plus seule de jour en jour. Puis, mes idées suicidaires sont devenues de plus en plus convaincantes.

Un matin, je suis allée porter mes enfants à la garderie. J’avais décidé que c’était cette journée-là que ça se passerait. Que j’allais passer à l’acte. J’étais convaincue que mes enfants et mon conjoint seraient mieux sans moi, que je les ferais moins souffrir si je n’étais plus là à traîner ma noirceur. Je ne me sentais pas à la hauteur comme mère, j’avais l’impression d’avoir échoué, car mes enfants voyaient une maman triste, en colère et qui ne jouait pas avec eux, qui n’avait pas d’énergie. J’avais une séance avec ma psychologue en matinée, je n’avais pas envie d’y aller, mais une force ou une petite voix m’a poussée à y aller.

Lorsque je suis entrée dans son bureau, elle m’a regardée et l’expression sur son visage a changé. Je me suis installée sur le divan en face d’elle. Elle me posait des questions et je répondais le minimum. Puis, elle a commencé à me piquer, à me chercher, à me faire sortir de mon état de silence. Et ça marchait, elle me gossait royalement. Elle s’est mise à me répéter une question : « Qu’est‑ce que tu veux ? » Je ne répondais pas. Mais elle répétait sans arrêt, de plus en plus fort, de plus en plus comme un ordre. Et d’un coup, j’ai explosé. « JE VEUX MOURIR, JE VEUX DISPARAÎTRE, JE VEUX PLUS ÊTRE UN FARDEAU, JE VEUX M’OUVRIR LES VEINES AVEC TON OUVRE-ENVELOPPE, JE VEUX SAUTER EN BAS DE TA FENÊTRE, JE VAIS ALLER M’ÉCRASER CONTRE UN MUR DE BÉTON AVEC MON AUTO. » Et là, je tremblais, je me berçais, je criais des sons ou des mots incompréhensibles. Elle m’a demandé si elle pouvait contacter mon conjoint, j’ai dit non, d’appeler ma mère. Puis c’est flou. Ma mère est venue me chercher au bureau de ma psychologue et elle m’a amenée à l’hôpital. Je n’ai aucun souvenir du chemin, je ne faisais que pleurer. Ma mère me parlait, mais aucun souvenir de ce qu’elle m’a dit.

Arrivée à l’hôpital, on m’a prise en charge très rapidement, en moins de 30 minutes, j’étais assise dans le bureau du psychiatre et un plan était établi. Thérapie plus intensive alternée entre ma psychologue et lui. Il ne prenait plus de patients, mais il a décidé de me suivre en externe. Puis, changement dans ma médication et suivi avec une travailleuse sociale. Je ne faisais plus une dépression post-partum modérée, mais une majeure.

Si ma psychologue, en qui j’avais totalement confiance, n’avait pas remarqué mon changement d’attitude, je ne serais probablement pas là à vous écrire. Mes enfants n’auraient plus de maman et mon conjoint n’aurait plus sa petite femme.

Cindy LB

Mon fils

Mon fils, mon petit homme. Je tiens à m’excuser. Je n’ai pas é

Mon fils, mon petit homme. Je tiens à m’excuser. Je n’ai pas été la maman idéale pour toi. Durant ma grossesse, j’avais beaucoup d’anxiété, d’angoisse, de peur et de frustration. Pourtant mon cœur, tu es le rayon de soleil dans ma vie. Tu es tout ce que j’ai rêvé d’avoir comme petit garçon. Contrairement à ta sœur, ton arrivée dans ce monde s’est passée très calmement, très sereinement. Ton papa et moi avons même eu le privilège d’entendre ton premier cri lors de ta naissance.

Les premières semaines après ta naissance ont été merveilleuses, comme dans un rêve. Tout se passait parfaitement bien. Ton intégration dans la famille a été facile. Ta sœur t’adorait et te donnait sans cesse des câlins et des bisous. Je pouvais déjà voir que vos petits 21 mois de différences allaient faire de vous une équipe proche, solide et remplie de complicité. Malheureusement, ma tête a commencé à me dire des choses horribles. Mon corps a commencé à me lâcher. J’étais toujours épuisée. Je me disais que c’était normal, j’avais deux bébés à m’occuper et ton papa avait un horaire de travail très demandant à ce moment là.

Ensuite, tu es tombé malade, une grosse bronchiolite qui t’a obligé à rester 4 ou 5 jours à l’hôpital. Mon allaitement en a pris un gros coup. Ce fut difficile de repartir ma production ; pourtant, tu étais un champion au sein. Quand tu as guéri et que notre allaitement eut repris normalement, ce fut mon tour d’être malade. J’ai été opérée pour retirer ma vésicule biliaire. Une autre semaine sans toi, mon petit bébé d’à peine 3 ou 4 mois. J’avais beau tirer mon lait dans mon lit d’hôpital, ça ne calmait pas mes montées de lait.

Je suis sortie et on s’est battus ensemble pour reprendre la routine normale. Tu as commencé à faire de grosses crises de larmes. Nous ne comprenions pas ce qui se passait. Nous sommes allés voir ton pédiatre qui nous a dit que tu devais souffrir d’une intolérance aux protéines bovines. J’ai alors tout coupé dans mon alimentation, mais ça ne changeait pas beaucoup tes crises. Durant cette période, ton papa et moi avions commencé à nous chicaner beaucoup. Maman n’avait plus de patience, je pleurais beaucoup. Je ne comprenais plus ma tête. Des pensées me passaient dans la tête sans mon consentement.

Quand tu as eu 9 mois, ton papa m’a amenée en vacances 3 jours, juste lui et moi. J’ai tellement aimé ces vacances! Je voulais rester là bas. Je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas hâte de vous retrouver ta sœur et toi. Je me sentais tellement mal, je pensais que je ne vous méritais pas, que vous seriez tellement mieux sans moi. Sans mes crises de colère, sans mes crises de larmes, sans mes idées paranoïaques. J’avais tellement l’impression de gâcher votre enfance.

Au retour des vacances, tu avais commencé à boire du lait maternisé et du même coup à faire tes nuits. Faut dire que toi, à 9 mois et demi, je t’allaitais encore aux 2 heures jour et nuit. Un soir, je me suis chicanée très fort avec ton papa, parce que je voulais reprendre l’allaitement, mais ton papa ne voulait pas. Il m’a dit que je devrais peut-être prendre un rendez-vous avec mon médecin de famille, qu’il ne me reconnaissait plus. Je l’ai écouté et j’ai appelé mon médecin. J’avais rendez-vous deux jours plus tard. J’ai été diagnostiquée avec une dépression post-partum majeure.

Je ne me suis jamais sentie aussi mal de ma vie. J’avais l’impression d’avoir tout échoué avec toi. Que je t’avais fait souffrir plus que personne d’autre au monde. Je t’avais constamment dans les bras, collé contre moi. Nous étions en symbiose. Je suis convaincue que je suis en partie responsable de tes crises de colère.

Tu as maintenant 4 ans, je suis officiellement guérie depuis peu. Tu fais d’énormes crises de colère et je ne sais pas comment t’aider. Je sais que c’est ma faute, tu as ressenti tout ce qui se passait en moi.

Je m’excuse mon petit homme, mais je te promets de t’accompagner tout le long de ta vie et de t’aider avec toute la force, l’amour que j’ai en moi. Ensemble, ton papa, ta sœur et moi allons t’aider à calmer cette colère.

Je m’excuse mon cœur. Je peux te promettre une chose, c’est que maman n’a jamais rien voulu d’autre que ton bien. Je t’aime tellement que ça fait mal. Je t’aime mon Émile.

Cindy LB

Je n’ai pas eu de coup de coeur pour mon enfant à sa naissance

Quand peut-on se donner le titre de maman : quand on voit deux petit

Quand peut-on se donner le titre de maman : quand on voit deux petites lignes sur un test de grossesse ? Quand on sent bébé bouger pour la première fois ? Quand on soigne son premier bobo ? Et si ce n’était aucune de ces réponses …

Je fais partie de ces mamans qui ont des grossesses difficiles. Oui, je sais que porter la vie est un privilège unique, mais oh combien pesant et lourd ce fut pour moi. Lourd, dans tous les sens : un moral sur le neutre, un corps qui ne m’appartenait plus et j’en passe.

Les pages du calendrier tournaient tranquillement et voilà que le neuvième mois arriva. Enfin délivrée… du moins, c’est ce que je pensais!

Le 23 août, naissait cette petite fille aux grands yeux bleus, calme et endormie.

Après l’accouchement, des larmes sont apparues.  Pas des larmes de joie, plutôt de tristesse. Je me sentais sans émotion face à cette petite fille, MA fille… Pourquoi personne ne m’avait-il expliqué que ça pouvait arriver ? Je croyais que je ferais comme dans les films, vouloir tout donner pour elle, mais NON…

Un matin, quelques jours plus tard, je me suis retournée dans mon lit et j’ai eu la chance de voir mon conjoint, un papa, plus que comblé, complètement fasciné par SA fille, NOTRE fille. Il s’est montré tellement disponible et attentionné. Pendant notre séjour à l’hôpital, il lui a donné son premier bain, mis son premier pyjama, etc. Il était heureux, il prenait sa place. Le voir s’épanouir et fier m’a donné enfin de ressentir ça à mon tour. Grâce à son écoute et à sa compréhension, j’ai compris tout le sens du mot famille et j’ai ressenti toute la force de notre clan. J’ai compris qu’un couple uni travaille en harmonie pour s’aider et se soutenir, comme dans l’apprivoisement de leur nouveau rôle de parents. Et comme le dit si bien l’expression : « À deux, c’est mieux! »

Plus elle grandissait, plus elle m’épatait. Je sentais ma fierté de mère se développer à vue d’oeil juste d’être auprès d’elle, mais encore plus de dire qu’elle venait de moi…

Sur le coup, je n’ai pas vraiment discuté de ce sentiment avec mon conjoint ou mon entourage. Pour un père, il est difficile de mettre des mots sur nos comportements après l’accouchement. On les embarque dans nos montées d’hormones, de post-partum, d’allaitement et j’en passe. Voilà pourquoi je n’ai jamais ressenti de jugement de sa part (sur le coup), mais il vous dirait, sans remord, que l’arrivée de la petite fut tout un test pour notre couple.

Notre fille avait environ deux ans. Mon conjoint et moi étions en train de regarder la télévision lorsque je lui ai avoué ne pas avoir eu de coup de cœur pour elle, à sa naissance. Pour nous, il était important de faire la différence que oui j’avais la fibre maternelle, que je m’occupais d’elle de façon exemplaire, mais que je n’avais pas ce sentiment viscéral qui m’attachait à elle.

C’est à peine depuis quelque temps que j’assume pleinement avoir vécu ces moments et que je m’ouvre un peu plus sur cette période, car je pense que nous sommes plusieurs à l’avoir vécu, mais que la peur du jugement nous amène parfois à les refouler et à les ignorer.

Aujourd’hui, notre fille Danika  a 4 ans. Je suis fière et surtout très heureuse d’être SA mamou!
Tellement de belles aventures nous attendent!