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Se souvenir et espérer – Texte : Nathalie Courcy

Aujourd’hui, 1er juillet 2021, nous fêtons le Canada. C’est la fête de notre grand

Aujourd’hui, 1er juillet 2021, nous fêtons le Canada. C’est la fête de notre grand pays. Nous célébrons le fait d’être Canadiens et Canadiennes.

Le drapeau unifolié sera à mi-mât cette année. Notre drapeau en deuil de nos enfants.

Un peu partout sur notre immense territoire, des tombes de bébés et d’enfants des Premières Nations ont été et seront découvertes, après avoir été recouvertes par la terre et le secret pendant des décennies.

Ce jour de fête se transforme en jour de deuil national. Les chandails rouges et blancs qui envahissaient habituellement la Colline parlementaire d’Ottawa prendront des teintes orangées cette année. Les visages maquillés en rouge et blanc seront tristes. Des manifestations de peine et d’appel à la justice seront sûrement entendues, aujourd’hui et dans les années à venir.

Appelons à la mémoire. Appelons à l’harmonie. Appelons au pardon, mais pas un pardon naïf qui se retourne et oublie. Appelons à l’humanité et à la diversité. La vraie, pas juste la politique ou la « pour faire beau ».

Appelons à la Vérité ; pas celle enseignée dans les cours d’histoire, qui donne juste une version, juste une partie. Ouvrons la discussion. Répondons aux questions de nos enfants. Osons une prière ou une pensée sincère pour ces enfants, pour ces familles. Pour nos enfants, pour nos familles.

On ne peut pas changer le passé. D’autres générations, motivées par d’autres croyances et d’autres principes, ont commis des crimes odieux. Le Canada a changé, mais le racisme existe encore. Le racisme blesse et tue encore. La discrimination fait des victimes chaque jour, malgré la bonne volonté des citoyens et des dirigeants. Mais ça ne sert à rien de se sentir coupable et de continuer notre chemin. Il faut agir, même à hauteur individuelle.

Pourquoi ne pas profiter de ce jour de commémoration pour regarder des reportages en ligne sur l’histoire des pensionnats autochtones ou pour lire le livre d’un auteur des Premières Nations ? Combien d’artistes autochtones connaissez-vous ? Elisapie Isaac, Norval (Oiseau-Tonnerre de cuivre) Morrisseau, Kathia Rock, Alanis Obomsawin, Q052, Hannah Claus, Ayimach, Kent Monkman, Jemmy Echaquan Dubé, Natasha Kanapé-Fontaine… Ça vaut franchement la peine de s’intéresser à eux et à leur travail. La sensibilisation passe souvent par l’art, c’est une occasion à ne pas manquer de jouer notre rôle dans la construction d’un meilleur monde, d’un pays plus juste. On ne veut surtout pas que l’histoire se répète, peu importe la couleur de la peau, les croyances, l’origine, la langue.

Cette année, on peut utiliser le 1er juillet pour plus grand qu’un congé ou un déménagement. On peut l’utiliser pour se souvenir et espérer. Espérer que ça n’arrivera plus jamais, à aucune nation.

Si vous êtes un membre des Premières Nations ou si vous êtes bouleversés par l’actualité, vous êtes invités à contacter la Ligne d’écoute d’espoir (sac-isc.gc.ca) (1-855-242-3310 ou clavardage à https://www.espoirpourlemieuxetre.ca/).

Nathalie Courcy

De camps et d’amitiés – Texte : Nathalie Courcy

Au moment où plusieurs enfants amorcent leur été de camps de jour, je me revois, à neuf ans, dé

Au moment où plusieurs enfants amorcent leur été de camps de jour, je me revois, à neuf ans, débarquer dans mon premier camp. Un an après le décès de mon papa, ma maman prenait enfin une pause tout en nous permettant de vivre de magnifiques aventures en toute sécurité. Elle m’amenait dans un camp en pleine campagne, parfait paradis d’amitiés à naître et d’anecdotes à raconter.

Je revois mon bagage déposé sur le lit au milieu de plein d’autres lits. Je me souviens même de la gigue sonore des maringouins dans mes oreilles quand j’essayais de dormir. Et de la fois où je suis débarquée dans le dortoir des garçons parce que je m’étais perdue en revenant des toilettes dans le noir (il y a des choses qui ne changent pas, je suis encore pourrie en orientation, mais j’essaie d’éviter les toilettes des gars…)

Je ne partais qu’une semaine et pourtant, j’avais apporté du papier à lettres et des enveloppes préadressées. Un timbre de 32 sous collé au coin droit. Oui, le coût de la vie a pas mal augmenté depuis ! Et que dire des méthodes de communication… même si j’ose avouer que j’ai encore quelques correspondants traditionnels même en 2021 !

C’était une colonie de vacances axée sur le plein air, l’amitié, les bricolages, les chansons à répondre et les histoires de feux de camp. Rien de bien original, me direz-vous. Que de souvenirs j’y ai construits ! Que de nouvelles aptitudes j’y ai développées ! Rabaska, tir à l’arc, tir à la carabine, javelot, improvisation, équitation…

Mais j’y ai aussi découvert que les valeurs catholiques qui y étaient enseignées (ben oui ! Ça existait et ça existe encore, des camps à vocation religieuse, et je ne suis pas devenue crack pot pour autant) se mariaient à merveille avec les valeurs autochtones qui y étaient aussi mises de l’avant.

Au début du camp, les campeurs recevaient un bracelet sur lequel leurs bons comportements allaient permettre d’ajouter quatre billes :

P pour politesse

O pour obéissance

F pour franchise

S pour service.

On nous encourageait à être de bons petits POFS, bref, de bons citoyens. Je n’ai jamais réussi à avoir les quatre billes malgré mes quelques étés au camp (ça devait accrocher dans le coin du O…) et j’en suis encore bien déçue, mais j’ai appris qu’on avait le choix de bien ou de mal agir, et aussi qu’on n’était pas obligés d’être parfaits. C’est un pas pire apprentissage, à un si jeune âge !

Chaque été, des membres de la nation abénaquise d’Odanak, près de Nicolet, nous rendaient visite à quelques reprises. Nous dansions avec eux, nous écoutions les histoires de leur communauté, nous buvions leurs paroles, nous admirions leurs habits et goûtions à leur nourriture traditionnelle. Certains enfants de la réserve étaient aussi campeurs. Je ne me souviens plus, parmi mes amis, qui était Amérindien et qui ne l’était pas. Tout le monde était « pareil », dans le sens où tout le monde était différent sans qu’on en fasse de cas. Entre l’ami de Saint-François-du-Lac, l’ami d’Odanak et moi qui venais de Saint-Grégoire, il n’y avait pas de différences : on était tous là pour jouer, apprendre et manger des guimauves sur le feu.

Les Abénaquis qui participaient aux activités du camp n’étaient pas des artefacts de musées. Ils étaient des humains qui apportaient beaucoup à notre expérience. À neuf ans, c’était la première fois que je rencontrais des Autochtones, bien que j’aie moi-même des origines lointaines enracinées dans les Premières Nations. Dès l’année suivante, ils faisaient partie de notre vie, de notre quotidien de camp. Ils nous nourrissaient l’âme et l’esprit comme la cuisinière de la cafétéria nous nourrissait l’estomac.

Je n’ai jamais reçu toutes mes billes de POFS, mais chaque année, j’ai accumulé des souvenirs de camps. J’en garde la conviction que la cohabitation, l’ouverture du cœur et de l’esprit et le respect commencent tôt. Mélangeons-nous avec d’autres, intéressons-nous aux histoires des autres, partageons notre quotidien et nos repas : c’est le meilleur moyen de faire disparaître les différences et apparaître la diversité.

Nathalie Courcy

Chère Joyce Echaquan

Depuis une semaine, je tente de suivre les informations concernant le décès immonde de Joyce Echaquan. Tout comme beaucoup de personnes, je suis choquée, triste et frustrée. Cette femme de 37 ans est maman de 7 enfants, dont un bébé.

Il y a un an, j’ai fait des recherches sur mon arbre généalogique. Je savais que du côté de ma grand-mère maternelle, j’avais des Amérindiens, mais j’ai découvert que toute la lignée maternelle est amérindienne et que ça débute avec mon arrière-grand-mère. Depuis mon enfance, j’ai toujours eu une forte attirance pour la culture amérindienne; je sais aujourd’hui que c’est parce qu’une partie de cette culture coule dans mes veines.

Cet événement horrible que Joyce Echaquan a subi est totalement inacceptable. Les Autochtones ont droit au respect, à la dignité, à l’amour, au soutien… bref, à tout ce qu’un Québécois dit « pure laine » a droit. Ils ont occupé ces terres bien avant nous, mais outre l’histoire du Québec et des Premières Nations, Joyce Echaquan et tous les autres Autochtones du Canada et d’ailleurs sont avant tout des humains. Contrairement aux propos haineux, dégradants qu’on entend parfois, ils ne sont pas de vulgaires déchets, ils ne sont pas des profiteurs du système, ils ne sont pas des criminels, ils sont des êtres humains. Ils méritent d’être traités ainsi et doivent l’être, sans prendre en compte leur origine, la couleur de leur peau ou leur religion. Nous sommes dans une ère de changement du #BLACKLIVESMATTER. Personnes n’a compris le sens de ce mouvement ? Je suis bouleversée.

LETTRE À JOYCE ECHAQUAN

Chère Joyce,

Nous ne nous connaissons pas, mais d’après les bons commentaires de ta famille, tu sembles avoir été une femme douce, aimante, fière de ta culture, fière de ta famille. Tu aimais tes enfants plus que tout, comme toutes les mères du monde. Joyce, j’ai vu les images, j’ai entendu les propos qui t’ont été adressés, j’ai vu ta douleur, ta souffrance. Mon âme s’est brisée de honte, de tristesse et de colère. J’aurais aimé être à tes côtés pour me battre avec toi, pour te défendre contre ces personnes insensibles et pour que tu sois entourée de sérénité et d’amour, pour que tes derniers instants, s’ils étaient vraiment arrivés, se passent dans la paix et l’amour. Les dernières paroles que tu as entendues ne sont pas la réalité de la personne que tu étais réellement. Ces membres du personnel du réseau de la santé n’ont pas été dignes de leur profession. J’espère du fond de mon cœur que là où tu es, tu trouveras la paix. Je suis en colère, je suis indignée, je suis tellement triste.

J’offre mes plus sincères condoléances à son conjoint, ses enfants, sa famille, ses amis et sa communauté. Mes pensées vous accompagnent et vous avez mon soutien.

#INDIGENOUSLIVESMATTER                         #LESVIESAUTOCHTONESCOMPTENT

#JESUISAVECJOYCEECHAQUAN               

 

 

Cindy LB