Rencontres parents-profs… pour vous, c’est l’angoisse assurée
Rencontres parents-profs… pour vous, c’est l’angoisse assurée? La broue dans le toupet? Ou, comme ce l’est pour moi, une immense partie de plaisir?
Quatre enfants, trois écoles, dans trois secteurs de la ville. Ça trace le portrait d’une fin d’étape digne de Forrest Gump.
Je dois manquer du temps de travail, délaisser mes enfants en soirée, courir d’un endroit à l’autre et chronométrer chaque rencontre pour avoir le temps de faire le tour de tous les enseignants. Sans compter les spécialistes, les directions, les intervenants impliqués dans les plans d’intervention. Appelons ça un défi. Ou un entraînement olympique, c’est selon.
Mais j’aime ça. Et j’y tiens.
Quand j’étais ado, ma mère m’a déjà dit : « Nathalie, je sais déjà ce que tes profs vont me dire. Avec tes résultats, je sais bien qu’ils n’auront pas grand-chose à dire, ça va bien. Mais je vais quand même aux rencontres de profs, parce que je valorise le fait que tu réussisses bien et que tout se passe bien à l’école. Ce n’est pas juste quand il y a des difficultés qu’il faut se déplacer! »
Bien des années plus tard, j’adhère encore à cette idée. Valoriser, au lieu de dénigrer. Agir, au lieu de seulement réagir. Prévenir, pour l’avenir. Se permettre, comme parent, d’entendre le bon à propos de nos enfants. Et aussi, quand c’est nécessaire, le moins bon, pour pouvoir corriger le tir.
Je disais donc, quatre enfants, tous avec leurs particularités, leur personnalité intense, leur façon de penser et de cheminer autrement. Qui se font parfois (souvent) regarder comme des extraterrestres. Qui dérangent par leurs comportements ou par leur vision du monde qui détonne.
Ils n’ont pas tout le temps les notes qu’ils pourraient avoir ni l’attitude qu’on voudrait qu’ils aient. Les enseignants le voient bien, peu importe qu’ils aient deux ou trente ans d’expérience. En classe, ils participent parfois un peu trop, parfois pas du tout, selon l’humeur du jour ou l’intérêt du roman qu’ils cachent sur leurs genoux. Ils font leurs devoirs au gré de leurs envies malgré les stratégies mises en place, la surveillance accrue. Non, ils ne sont pas des élèves modèles. Ils ne rentrent pas dans le moule dessiné par le système scolaire. Ils sont les élèves qu’ils sont.
Et les enseignants? Ils voient l’humain derrière l’élève en dents de scie. Ils perçoivent la bonne volonté, la passion, la culture, les petits et les grands pas qui avancent et qui reculent parfois. Ils voient l’élève qui ira loin, qui laisse entendre les cordes vocales de son cœur immense, qui navigue au gré de son hypersensibilité, de son intelligence et des circonstances de la vie.
Ils voient aussi les besoins humains qui doivent être comblés pour que l’apprentissage règne en maître. Ils voient le petit cœur qui a été blessé par le passé, l’ado hyper mature qui replonge à l’occasion dans sa petite enfance sous le coup d’une insécurité ou d’une solitude. Ils voient l’élève qui n’est pas son diagnostic, qui n’est pas son pourcentage au bulletin, qui n’est pas son air endormi du lundi matin. Ils voient au‑delà.
Les enseignants que j’ai rencontrés, dans le fond, ils voient la même chose que moi : des humains qui ont besoin d’être aimés pour pouvoir apprendre. Et je vous le jure, ces enseignants, ils aiment nos enfants, les protègent, les poussent plus haut et plus loin. Ces enseignants, ils sont de magnifiques humains.
Nathalie Courcy