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Le sexe après les enfants

Avant, on faisait l’amour au moins cinq fois par semaine…

Avant, on faisait l’amour au moins cinq fois par semaine…

Avant quoi? Avant les enfants, les lapins nous enviaient, mon chum et moi. On faisait l’amour souvent, parfois même deux à trois fois par jour. Et il y a eu les enfants. Trois jolies petites filles qui ont apporté avec elles un morceau de notre vie sexuelle.

Je suis certaine que je ne suis pas la seule. Je crois même que Christian Grey le vivrait s’il existait. Il n’y a pas eu de suite au troisième tome. Pourquoi, pensez-vous? Ils ont eu des enfants. Disparue, l’époque où ils pouvaient faire l’amour n’importe où à n’importe quel moment au gré de leurs envies. FINI! La salle de jeux érotiques… c’est devenu une salle de jeux tout court.

Quand tu as des enfants, faire l’amour devient compliqué. Je cours déjà après mon temps, le travail, les tâches domestiques, le parasco, les rendez-vous de tous; le temps qu’il me reste, souvent, je l’utilise pour dormir.

Je parle ici de faire l’amour, pas les p’tites vites sur le bord du lit pendant que les enfants écoutent un film. Ou encore l’envie subite que l’on a, l’homme et moi, d’aller prendre une douche ensemble. Pourquoi, dans les films faire l’amour, dans une douche, c’est toujours gracieux et facile?! Parce que moi, c’est loin d’être comme ça! Le pied qui glisse le long du mur, l’impossibilité pour mon chum de me tenir dans ses bras jusqu’à ce que la chose soit faite. Et en plus, c’est froid, de la maudite céramique. On n’a rien de gracieux dans l’exécution! Faut presque se donner des ordres sur la façon de se placer correctement. NOOON! Rien ne se passe facilement comme dans les films.

Si je ne me retenais pas, je dessinerais des pénis sur le calendrier familial. On écrit bien les rendez-vous chez le doc ou autre! Pourquoi pas ne pas écrire nos rendez-vous de baise?! Et être là, complètement là, quand on réussit à se trouver du temps… Suis-je la seule qui trouve ça difficile d’être focus? De ne pas penser à ma liste d’épicerie, aux factures à payer, à l’appel que tu dois faire à l’école, alouettteeee!

Aux couples qui réussissent à maintenir une vie sexuelle aussi épanouie qu’avant l’arrivée de vos enfants, c’est quoi votre truc?

Je vous vois venir avec les « faites garder les enfants un week-end par les grands-parents! » Moi, ça me met mal à l’aise de demander à ma mère ou ma belle-mère de s’occuper de mes enfants parce que ma vie sexuelle n’est pas aussi en santé que je le voudrais. Et les week-ends à l’hôtel, ça revient cher pour pouvoir faire l’amour, non?

Et moi qui croyais qu’une fois que mes filles seraient plus vieilles, ce serait plus facile. Ben y paraît que non. Encore aussi difficile de le faire, car les ados, ça se couche tard, pis ça comprend très bien ce qui se passe derrière la porte de chambre fermée.

Et après, ce sera quoi? La sécheresse vaginale ou la dysfonction érectile.

M’en sortirai-je un jour?

Mélanie Paradis

 

Petits fantasmes magiques d’une femme enceinte: confession hormonale

Mon mari a un métier qui traditionnellement vient de pair avec une

Mon mari a un métier qui traditionnellement vient de pair avec une absence saisonnière du nid familial. Il est marin, et est donc en mer de six à huit mois par année (pas consécutifs, heureusement!) Je suis donc la même période seule à la maison avec les enfants, le chien, le chat, le poisson bêta (ou plutôt LES poissons bêta, car je suis incapable d’en garder un vivant plus longtemps qu’un mois et demi!)… et, présentement, avec ma bedaine de femme enceinte.

Et qui dit bedaine de femme enceinte dit HORMONES de femme enceinte[1].

19 h 30. Je couche mes enfants. Pour occuper mes soirées dont l’ennui et la mélancolie peuvent parfois être la base, je navigue sur les internet. Un bon jour, je suis tombée sur une émission qui met en scène des illusionnistes, des magiciens. À force d’écoute, je me suis rendue à ce qui m’apparaissait comme une évidence fatale (à moins que ce ne soient mes hormones et mes hormones seules qui aient tiré pareille conclusion?)… Damn, c’est sexy, des magiciens! Ils sont charismatiques (pas le choix pour pouvoir nous envoûter et nous berner), ténébreux, détenteurs d’un savoir inaccessible… et (tant qu’à en parler, allons-y à fond) ils sont habiles de leurs mains! De quoi émoustiller et stimuler l’imagination de la mère au foyer monoparentale saisonnière tout hormonale que j’étais!

L’un de ces prestidigitateurs m’est particulièrement tombé dans l’œil et a carrément fait surgir de sa latence la petite adolescente de treize ans qui capote un peu trop sur les gars de Mixmania qui sommeillait en moi depuis une quinzaine d’années. Ses jeux d’apparition et de disparition de pièces de monnaie ou de cartes me faisaient rougir comme une fraise en saison, glousser comme un dindon en rut et baver comme un St-Bernard déshydraté en pleine canicule. Mais c’était surtout son sourire, aaaaaah, son sourire! qui me faisait tant craquer que je vivais sous la menace constante d’accoucher prématurément sous le choc brutal de la vue de cette bouche en amusement!

Il faut dire que, malgré mon ravissement, je n’étais pas bien du tout dans cette situation. D’abord, il faut savoir que je m’autocensurais beaucoup. Ainsi, lorsque je fantasmais, je ne m’imaginais pas de « grossiers » actes sexuels sans complicité, sans préliminaire, sans le moindre effet de clair-obscur. Je m’en tenais surtout à crier dans ma tête YÉÉÉ CUUUUUTE! Dans le « pire » des cas, je me suis peut-être brièvement imaginé flirter avec lui et l’embrasser, mais mon cerveau crashait indubitablement passé cette étape, comme le vieil ordinateur surutilisé d’un étudiant sur le point de graduer. Vous me direz peut-être que puisque je n’imaginais pas de scènes sexuelles avec mon muse, mon histoire n’a rien à voir avec l’hypersexualité parfois caractéristique de la grossesse. À cela, je voudrais répondre que la sexualité est bien plus complexe et englobante qu’un simple pénis qui pénètre des orifices (par exemple). Dans mon cas, ici, c’est surtout la question du désir de l’autre qui est sollicitée : de l’hyperdésir.

Je ne me sentais donc clairement pas libre dans cette fantasmatisation. Je me sentais mal d’avoir hâte de coucher mes filles le soir pour partir en quête de vidéos et d’images de lui en ricanant comme une gamine. Je me sentais ridicule d’avoir développé tout un système d’annotation des moments où il m’apparaissait plus hot que jamais (5 min 34 s wow son souriiiiire, 12 min 3 s il passe sa main dans ses cheveux, je bave!) Une vraie groupie cruche pas de vie, quoi!

Mais, surtout, je me sentais coupable face à mon mari. D’autant plus que, lors de son dernier séjour à la maison, je n’avais pas été des plus chaleureuse sous la couette, étant alors nauséeuse en début de grossesse. Fantasmer sur un autre que lui (qui plus est, alors que je portais son enfant) me donnait l’impression désagréable de lui être infidèle. Ce qui est bien sûr d’une absurdité déconcertante! Un nombre écrasant d’hommes (et de femmes aussi, il faut le dire) se masturbent en regardant des porn stars sur internet sur une base quotidienne sans qu’on crie à l’adultère, alors pourquoi est-ce que je ne m’octroyais pas le droit de virer un peu gaga pour un énigmatique magicien?

Enfin, j’étais loin d’être en harmonie avec tout ça. En huit ans d’amour, jamais mon esprit n’avait vraiment erré vers un autre homme que MON homme. Bien sûr, il m’est arrivé de prendre connaissance du charme de certains damoiseaux croisant mon chemin, mais le temps que je formule dans ma tête Tiens, voilà un beau gars que déjà, il n’existait plus pour moi. Pour me faire vivre une « première », il aura fallu que mes hormones de mi-grossesse et le manque de mon chéri fassent un pacte avec le diable, déguisé pour lors en intrigant illusionniste. J’ai par ailleurs cru, durant un instant certain de folie, qu’il n’était pas en fait un magicien, mais plutôt un hypnotiseur, ou un genre de Fantôme de l’Opéra contemporain. My power over you grows stronger yet… The Phantom of the Opera is there inside your mind…

Au sommet de l’aliénation mentale, j’ai confié mon terrible secret à une amie reconnue certes pour son ouverture, mais d’abord et avant tout pour sa légendaire franchise. Je lui ai montré des vidéos de la source de mes divagations quasi orgasmiques, et lui ai posé une question dont la réponse avait le potentiel de me damner : suis-je en train de virer folle? Mon amie a, en l’espace d’un instant, analysé la situation et m’a fourni une réponse que je n’espérais pas, même dans mes rêves les plus fous — même dans ceux avec le magicien en question!

Non Véro, tu n’es pas folle. Tu es enceinte et tu t’ennuies de ton mari, que tu recherches visiblement à travers tes fantasmes, parce que, sérieux, je trouve qu’il dégage quelque chose de ton chum… Un je-ne-sais-pas-quoi que ton mari a…

Sa réponse m’a déculottée! Je n’en revenais pas, j’étais bouche bée. Je n’avais jamais vu la chose de cet angle, mais je n’ai eu d’autres choix que de m’incliner devant mon amie et sa grande vérité. Mon beau mari et le sexy magicien avaient effectivement une bonne quantité de points communs fort repérables lorsqu’on n’est pas affligé d’un terrible sentiment de culpabilité comme je l’étais.

D’abord, les cheveux de l’illusionniste ressemblaient beaucoup à ceux de mon amoureux à nos débuts; tous les deux ont un beau sourire qui vient plus souvent qu’autrement de pair avec le gonflement d’une petite veine du front lors de moments d’hilarité (sooo sexy!); ils ne sont pas très grands tous les deux; ont une préférence marquée pour la même couleur de vêtements; sont tous les deux geeks à souhait…

Bref, fantasmer sur ce bel inconnu a débouché sur un renouvellement de mon amour et de mon désir pour mon mari. Ça m’a rappelé ce qui m’a attirée, m’attire et continuera de m’attirer chez lui. Je ne me sens donc plus aussi coupable de télécharger les émissions du beau magicien que pour admirer sa petite veine popper out de son front quand il rit. Je soupire alors d’aise et j’envoie des ondes amoureuses à « mon bel amour navigateur ». Et j’avoue bien humblement sentir ma chaleur intérieure se calmer le pompon. Je trouve toujours le magicien mignon, mais il ne me fait plus foncer dans les murs comme une poule pu d’tête! Ouf!

Alors, trinquons au cocktail hormonal!

Véronique Foisy

[1] Bon, je ne suis ni obstétricienne, ni sage-femme, ni sexologue, mais apparemment que la libido fluctue énormément durant une grossesse. Si de façon générale elle se tient plus tranquille durant le premier trimestre pour cause de nausées et durant le troisième pour cause d’inconfort, le deuxième trimestre, quant à lui, est souvent vécu comme un affranchissement. Un tas de femmes, emplies de volupté par leurs nouvelles courbes, se sentent alors comme des déesses éthérées. En plus de l’augmentation potentielle de la libido, apparemment que le désir sexuel peut même être intensifié par une plus grande circulation sanguine dans la région canoniquement impliquée dans une relation sexuelle hétérosexuelle : notre bon ami le vagin.

 

Ze conversation sur le sexe

« Maman, j’ai une question. Qu’est-ce que ça veut dire, fair

« Maman, j’ai une question. Qu’est-ce que ça veut dire, faire l’amour? »

Je vous vois déjà blêmir. Si vous êtes sur le bord de perdre connaissance, prenez le temps de vous asseoir, ça ne fera pas mal. Une simple conversation. Des mots, c’est tout. Une belle complicité. Même des fous rires. Et ça se termine avec un doux câlin mère-fille. Prenez une grande respiration. Voilà. Vous êtes revenus de vos émotions? On peut continuer?

Alors, je disais donc : c’est quoi, faire l’amour?

Cette question se fait toujours entendre à un moment où on ne l’attendait pas. Je m’estime chanceuse que ma fille de onze ans me l’ait servie sur un plateau d’intimité, dans la chambre parentale, tout de suite après le bain. Ça aurait pu être pendant un souper de parenté ou dans l’autobus, entre une petite vieille scandalisée et un jeune ado aux grandes oreilles indiscrètes. Mes plus jeunes mettaient leur pyjama dans leur chambre, ma plus vieille était dans sa bulle au sous-sol : on avait donc quelques minutes à consacrer à cette discussion. Parce qu’il faut quand même s’assurer d’avoir suffisamment de temps. On ne voudrait surtout pas s’arrêter au milieu de la saga du spermatozoïde et que tout ça vire en coït interrompu.

Vous comprenez par mon ton que j’ai accueilli la question de ma cocotte avec plaisir. Pour moi, ce n’est pas gênant de parler de sexualité avec mes enfants. En grande partie parce que la sexualité n’est pas cachée chez nous. Ils savent à quoi ressemble un corps humain, ils voient leurs parents s’embrasser et se faire des mamours (du niveau de l’acceptable en société familiale, wo les nerfs!), on a toujours nommé un chat, un chat. Et un pénis, un pénis. (D’ailleurs, c’est plutôt récent que mes enfants se sont donné le mot pour réclamer qu’on appelle l’engin masculin un « tagadapouettepouette ».)

J’ai toujours dit à mes enfants qu’ils pouvaient se sentir libres de nous poser des questions sur tous les sujets, que si on n’avait pas la réponse, qu’on les aiderait à la trouver. J’ai toujours répondu à leurs questions avec respect, en gardant un peu d’humour pour détendre les conversations plus délicates. Alors quand ma grande de onze ans, qui commence à s’intéresser aux garçons mais qui est encore dans un cocon de fées et de licornes, me pose une question simplement, au bon moment, avec les bons mots et en me faisant confiance, je n’ai aucune raison de redouter ce qui va suivre.

Ça va de soi, je lui ai retourné la question : « Toi, qu’en penses-tu? » « Dans quel contexte as-tu entendu l’expression “faire l’amour”? » Puis, les félicitations de routine : « Ça me touche que tu me fasses assez confiance pour poser cette question. Je suis fière de toi, tu as osé mettre des mots sur une question qui pourrait être gênante. »

Mais bon. Ça ne répond pas à sa question. « Faire l’amour, c’est quand deux personnes s’aiment d’une façon bien spéciale et ressentent beaucoup d’attirance l’un pour l’autre. »

–          Ah, comme quand j’ai des papillons en pensant à A…?

–          Oui, mais en mille fois plus fort. C’est quand on a tout le temps le goût d’être collé sur l’autre personne, qu’on a le goût de se faire des caresses spéciales, des baisers.

–          Ah, comme quand papa et toi, vous vous donnez des câlins?

–          Oui, c’est vrai que papa et moi, on ressent beaucoup d’attirance l’un pour l’autre. Mais on peut se faire des caresses et des bisous sans nécessairement faire l’amour. Quand deux personnes font l’amour, souvent, elles sont couchées ensemble et elles sont nues.

–          Mais qu’est-ce qui se passe exactement?

(J’avoue que là, j’ai eu une petite hésitation à entrer dans les détails. Mais j’ai comme principe qu’un enfant qui pose une question aussi précise est prêt à entendre la réponse. J’ai pris le temps d’aiguiser mon œil de lynx maternel pour détecter tout malaise ou bouchage d’oreilles soudain, et j’ai continué.)

–          Tu sais comment on fait les bébés, n’est-ce pas?

–          Oui, il y a le pénis, les spermatozoïdes et les ovules, les cellules se multiplient jusqu’à ce que le bébé soit prêt à naître…

–          C’est ça. Ben, la plupart du temps, les personnes qui font un bébé, c’est parce qu’ils ont fait l’amour. Le pénis de l’homme entre dans le vagin de la femme pendant qu’ils font l’amour. Mais faire l’amour, ce n’est pas juste une question d’organes, c’est toute une relation d’amour et de tendresse. Et faire l’amour, ça ne fait pas toujours des bébés. Mais ça peut.

–          Tu sais maman, j’ai vu l’autre jour que dans un autre pays, une petite fille de huit ans avait donné naissance à un bébé…

Ici, il y a eu une parenthèse sur le fait que normalement, il y a un âge acceptable (flexible, certes, mais huit ans, même onze ans, c’est tôt en titi pour ressentir le désir de faire l’amour) pour commencer à avoir des relations sexuelles, et qu’il y a aussi des risques. Comme les infections transmissibles sexuellement.

–          Ah, c’est à ça que ça sert, les petits ronds en genre de plastique-caoutchouc un peu transparent avec un anneau autour… mais comment ça marche? Je ne comprends pas…

Une question menant à une autre, j’étais bien contente que ce soir-là, mes garçons aient choisi de jouer tranquillement dans leur chambre plus longtemps qu’à l’habitude. Dans mon cœur de maman, je ressentais un amour infini pour cette petite puce prépubère qui découvre le monde avec un filet de sécurité, en choisissant de s’informer auprès de nous au lieu de se fier à ce qu’elle entend à l’école ou ce qu’elle voit sur Internet (pas de panique, c’est surveillé! Mais on ne peut pas filtrer 100 % de ce qui arrive aux oreilles et aux yeux de nos enfants!) J’étais immensément fière de ma fille qui a mis des mots sur ses interrogations et qui a pris le temps d’écouter mes explications. Et j’étais fière de nous, ses parents, qui avons bâti le socle de sa confiance en nous.

On aura encore des conversations de ce genre. Ma fille me l’a promis. Après qu’elle ait déclaré haut et fort à ses petits frères : « Pas de souci, les gars. Maman et moi, on parlait juste de sexe! »

Et je sais aussi qu’il y aura une suite à ze discussion parce que, quelques jours plus tard, en regardant un film, elle a allumé qu’il y avait sûrement eu une histoire impliquant un tagadapouettepouette entre le père et la mère pour que leur enfant vienne au monde :

« Hey! Ses parents, ils ont sûrement fait l’amour! »

Bruit de criquet dans la maisonnée (et rire étouffé).

« Mais maman, comment ils ont fait pour faire l’amour? Ça ne peut pas marcher, elle porte une robe! »

Ça, ma cocotte, ça ira dans le deuxième tome de l’explication! Il faut bien garder un peu de mystère…

P.S. : Ne cherchez pas le terme « tagadapouettepouette » dans le dictionnaire. Mon logiciel de correction m’indique que ce n’est pas encore accepté par l’Académie française…

Nathalie Courcy

Il leur mettra une ceinture de chasteté

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Dernièrement, l’homme et moi avons eu une conversation sur la sexualité de l’ado de la maison. J’ai découvert que papa était plutôt ouvert sur le sujet. Que permettrions-nous? Est-ce que la petite amie pourrait dormir à la maison? Si oui, à partir de quel âge? De petites questions tout à fait normales. Il faut commencer à y penser : l’ado a tout de même treize ans. Tout allait bien, la discussion allait bon train. C’est alors que j’ai prononcé ces paroles :

 

« Penses-y mon amour, ce que tu vas permettre à ton gars, tu devras aussi le permettre à tes filles. »

 

Je vous jure, je l’ai vu blêmir. J’ai vu que tout d’un coup, il était beaucoup moins permissif avec ses filles. Les règles changeaient. Ce qui était ok pour l’ado de treize ans ne l’était pas du tout pour ses filles. Les règles devenaient beaucoup plus strictes, voire irréalistes. Je suis certaine qu’il a envisagé de leur faire faire des vœux de chasteté jusqu’au mariage. Je l’ai vu élaborer (dans sa tête) les plans des ceintures de chasteté qu’il souderait lui-même (on ne peut pas sortir le soudeur du père). Je crois qu’il remettra les clés des fameuses ceintures le jour même du mariage de chacune de ses filles.

 

Il ne voulait même pas envisager qu’il est fort probable que nos filles aient des relations sexuelles dans un avenir pas si lointain. Aucun gars ne touchera à ses filles. Grâce à lui, la mode des chaperons reviendra en force. Il se portera volontaire pour s’asseoir entre sa fille et le courageux garçon qui aura osé passer le cadre de la porte. Il veillera avec eux tout en nettoyant ses armes à feu, pour être certain que le jeune comprenne bien que personne ne pourra faire pleurer ses filles (bon, j’exagère légèrement). Il se contentera peut-être de porter le fameux chandail « J’ai une fille merveilleuse, mais j’ai aussi un flingue, une pelle et un alibi. »

 

J’ai essayé tant bien que mal de la ramener doucement à la raison. Je n’y arrivais pas. C’est là que j’ai dû utiliser la manière forte, sans ménagement.

 

« Mon amour, que tu le veuilles ou non, un jour, tes filles auront un pénis dans les mains ou dans la… »

 

C’est à ce moment qu’il est redevenu un p’tit gars de trois ans. Il s’est mis les doigts dans les oreilles tout en chantant à tue-tête pour ne pas entendre la fin de ma phrase…

 

 Mélanie Paradis

Je n’étais pas prête

Sans voir rien venir, je me suis retrouvée parachutée dans le sexe des adolescents

Sans voir rien venir, je me suis retrouvée parachutée dans le sexe des adolescents. C’est comme si ma fille de quinze ans m’avait envoyé un gros coup de poing dans le ventre. Le souffle coupé, le corps plié en deux et l’âme en détresse, je criais à l’aide…

Mon bébé n’était plus. Elle avait franchi le cap, si vite. Trop vite pour moi. Je n’étais pas prête. J’ai eu envie de hurler à ces mains qui la touchent, à ce sexe qui lui a enlevé sa virginité : tu étais trop vite! Je n’étais pas prête!

Je sais bien que c’est sa vie, qu’elle était rendue là et qu’elle est heureuse. Je n’aurais jamais pensé que la vie sexuelle de ma fille pourrait me rendre si triste.

Je n’aurais jamais pensé avoir si peur. L’angoisse étouffante d’avoir un être qui pousse dans son ventre… La crainte des maladies… La trouille de voir son cœur entier se briser quand l’amour fera mal…

Je n’étais pas prête à faire un test de grossesse avec elle. Toutes deux, nous regardions l’urine monter tranquillement le long du bâtonnet. Nous avons arrêté de respirer pendant toutes ces longues secondes… Puis nos larmes quand nous n’avons vu qu’une seule barre mauve…

Je n’étais pas prête à lui faire installer un stérilet : cet objet étranger dans son petit corps… Je l’ai pourtant accompagnée, soutenue, écoutée. Mais mon âme tout entière hurlait…

Je n’ai pas eu le temps de me préparer. C’est allé trop vite. Tout passe si vite.
J’ai devant moi une femme. Des amoureux. Qui font l’amour. Deux corps brûlants d’hormones sous mon toit…

Il est où le mode d’emploi de maman dans ces moments-là? Qu’est-ce que je peux tolérer, encourager, comprendre, accepter?

Je me suis retrouvée parachutée dans la vie sexuelle des ados, avec des tests, des rendez-vous médicaux, des traitements, des doutes, des peurs, de la colère… mais surtout… avec beaucoup d’amour…

 

Eva Staire

Couple : Idées pour pimenter notre intimité

Notre journée débute vers 5h30. Mon Chéri part travailler et moi,

Notre journée débute vers 5h30. Mon Chéri part travailler et moi, je pars de mon côté . Suite à notre journée de fou, nous rentrons à la maison pour notre charmant 5 à 7 familial. Une fois les enfants couchés, nous allons sous la douche de peine et de misère puisque nous sommes épuisés. Nous nous écrasons finalement dans notre lit et c’est là que….

 

Nos regards se croisent !!!

 

Mon bas-ventre m’envoie un signal, mais le reste de mon corps ne le reçoit pas du tout. En fait, il le reçoit très bien, mais ne répond tout simplement pas! Je suis exténuée, brûlée… Et vous savez quoi? Mon Chéri aussi!

Qui aurait cru en être là un jour ? Un simple regard complice et tout est dit. Nous rêvons tout simplement de ne RIEN faire. Regarder une série télé ou bien se montrer des absurdités sur internet. Bref, mettre nos cerveaux à off et ne pas lever le petit doigt, ne serait-ce que vingt PETITES minutes, avant de tomber dans les bras de Morphée. C’est correct! Oui c’est normal! Il ne faut juste pas devenir paresseux! 

Lorsque nous devenons parents, la plupart du temps, le couple passe bien dernier sur la liste des priorités.  Mais pour qu’un couple reste fort, il faut y mettre des efforts

 

Voici quelques idées pour pimenter notre intimité

 

Savoir prendre les choses en mains si notre chéri est fatigué (oh! le jeu de mots!)            

Occupez vous de lui, et s’il répond qu’il est fatigué, alors dites-lui que c’est à SON tour de relaxer. Embrassez-le dans le cou et descendez TRÈS lentement tout en continuant de le lécher, l’embrasser… Surtout, prenez votre temps avant de vous rendre plus bas. Plus vous le ferez languir, plus il deviendra impatient. Idem pour vous. Chéri en sera reconnaissant et comblé. Le jour où NOUS serons fatigués, nous dirons à notre conjoint que c’est à son tour de s’occuper de nous!

 

Avoir confiance en nous

Chéri ne remarquera pas nos vergetures ni nos 5 livres en trop si on a pleinement confiance en nos moyens. Y a-t-il quelque chose de plus sexy que quelqu’un en plein contrôle de ses pouvoirs ? Nous avions le contrôle avant d’avoir nos enfants, alors reprenons-le!

OK, le prochain n’est pas pour tout le monde. Mais encore une fois, pourquoi ne pas sortir de notre zone de confort? Qui sait, peut-être nous apprécierons!

 

Mettre un film porno

Tout d’abord, assurons-nous que notre marmaille soit bien assoupie pour éviter les phrases embarrassantes du genre : « c’était quoi les drôles de bruits maman? »

De nos jours il y en a vraiment pour tout les goûts. Je ne dis pas que ce sera facile de trouver le bon. Peut-être même finirons-nous par critiquer le film en entier avec notre tendre moitié ? Peut-être réveillera-t-il l’Angelina Jolie des années 2000 qui sommeille en nous ? Mais à coup sûr, nous aurons changé notre routine de Walking Dead!

 

Mettre un morceau de lingerie dans notre armoire à cosmétique

Ainsi, lorsque nous sortirons de la douche, nous n’aurons qu’à l’enfiler. Parce que disons-le, une fois en pyjama, les probabilités qu’on se lève pour aller enfiler de la lingerie sont très faible… Je dirais même nul!

 

Bander les yeux de notre chéri

Un gros 30 secondes bien investi! Le fait de ne pas voir stimule les autres sens et peut changer votre rapport sexuel au grand complet. Pas besoin d’avoir le masque érotique à 50$, prenez une cravate ou un foulard. Qui sait, peut-être notre foulard sera assez long pour se rendre jusqu’à ses mains?!! La prochaine fois, ce sera à notre tour!

 

Bien sûr, il y a des possibilités à l’infini. S’il y a intérêt, je partagerai avec plaisir d’autres idées avec vous. Il suffit parfois d’en entendre parler pour nous donner le goût. Une simple lecture peut nous donner envie de prendre soin de notre couple.

 

Surtout, prenons du temps pour nous! Réapprenons à nous connaître sexuellement. Notre corps change, nos goûts aussi! Mais par-dessus tout…


Lorsque nous sommes avec notre chéri, mettons notre cerveau à off  !!!

NOTRE VIE SEXUQUOI!?!

Vous avez vos enfants avec vous, jour et nuit, probablement 365 jour

Vous avez vos enfants avec vous, jour et nuit, probablement 365 jours par année ou presque. La vie de parent vous apporte de beaux moments inoubliables, mais avouez qu’à certaines étapes, l’intimité du couple prend une débarque…

Avez-vous pensé insonoriser votre chambre?
Avez-vous pensé créer un réseau de parents pour garder de nuit, à tour de rôle?
Avez-vous pensé faire votre chambre au sous-sol?

Nous aussi.

La journée où on décide d’avoir des enfants, on est à l’étape de la conception. C’est plutôt bien, même très, à ce moment-là! Le couple fait ce qu’il faut pour qu’un tout petit être fasse son apparition dans leur vie. Ensuite vient la grossesse. D’une femme enceinte à l’autre, c’est bien différent, mais pour la plupart, ça ne nuit en rien à la vie sexuelle.

Suite à l’accouchement, on sait tous que ça prend un certain laps de temps avant que le corps de la femme puisse revenir en service. J’imagine que certains couples sont plus patients que d’autres! Reste qu’une fois que nos beaux trésors sont arrivés dans nos vies, les choses peuvent devenir un peu plus compliquées. Les nuits sont courtes, même que des fois, on n’a juste pas de nuit du tout! Donc, au début la fatigue prend le dessus, souvent autant pour le père que pour la mère.

Après l’épisode des nuits courtes ou absentes, survient généralement un second souffle. Et oui, bébé fait dodo dans sa chambre et est capable de dormir plusieurs heures d’affilée jusqu’au lendemain matin. Un regain d’intimité est alors possible pour les parents et il faut en profiter parce que malheureusement, ça ne durera pas éternellement. Effectivement, un bébé, ça grandit, ça réussit à sortir de sa chambre et à venir vous voir quand bon lui semble. Alors là, il arrive qu’on pense à de petits détails comme mettre une barrure sur notre porte, pour éviter de se faire surprendre et devoir répondre à des questions embarrassantes.

Suite à ça, le mieux pour pouvoir VRAIMENT vous retrouver et avoir 100% de votre intimité est de les faire garder une nuit, ce qui n’est pas toujours évident. Je ne dis pas que ça vient au point mort, mais c’est différent, y’a plus de retenue, soyons franc. Effectivement, nos magnifiques enfants grandissent toujours et finissent par carrément se coucher en même temps que nous. Nous, qui sommes crevés de nos journées de fou entre le travail, le souper, leurs devoirs… De plus, quand ils sont grands, ils savent très bien ce qui se passe dans la chambre à coucher. Conseil : évitez les lits qui grincent si vous voulez passer inaperçu.

Rendu à ce stade, soyez patients (même si dans le fond vous trouvez qu’ils grandissent beaucoup trop vite), car l’âge de traîner avec leurs amis et de ne plus les voir à la maison approche. Vous retrouverez donc votre vie à deux et pourrez rattraper le temps perdu. Qu’on le veuille ou non, qu’on ose le dire ou pas, ça reste une réalité de la vie de parents. La preuve : planifiez-vous une nuit sans enfants avec votre conjoint ou conjointe. Vous allez voir que ce fameux soir-là, on a une certaine fébrilité d’avoir enfin du temps tranquille en amoureux, sans rien avoir à se soucier. On saute sur les lits, on court partout dans la maison et on sort le mousseux! On revit alors une soirée de couple, comme nous faisions avant d’être parents. On les aime tellement nos enfants, mais reste qu’il y a quand même un fait incontestable à prendre en compte pour le couple : un break une fois de temps à autre, ça fait vraiment du bien!

On a volé ma libido

Je ne sais même plus le nombre de fois où j’ai utilisé cette ex

Je ne sais même plus le nombre de fois où j’ai utilisé cette expression : « Je suis fatiguée…pas ce soir… ». Souvent.  Probablement trop souvent.

Pourtant, tout allait très bien avant l’arrivée des filles. Ma libido était toujours au rendez-vous, prête à tout moment de la journée et même plusieurs fois par jour. Je te jure, nous n’avions rien à envier aux lapins. Comme tout jeune couple, nous avions une excellente moyenne. Nous aurions peut-être même pu faire rougir M. Grey (bah! OK, pas tant que ça tout de même…).

Même après mes deux premières cocottes, tout allait relativement bien. Oui, il y avait beaucoup de tentatives et d’interruptions (est-ce que les enfants ont un sixième sens pour savoir?), mais on s’en sortait. Notre moyenne avait un peu diminué, un peu beaucoup, mais selon les sondages, nous avions une vie sexuelle normale.

Et là, la petite dernière est arrivée… Et pouf, comme dans un tour de magie digne du grand Harry Potter, ma libido s’est éteinte, disparue, envolée… Peut-être me l’a-t-on volée ?!?

Depuis près de trois ans, je la cherche. Parfois, elle se pointe sans vraiment trop avertir et dans un moment mal choisi, mais disparaît aussitôt. J’adore mon chum, on est le team parfait lui et moi. Le problème ne vient pas de là.

Je me sens comme un vieux BBQ : celui qu’on essaie d’allumer avec le foutu bouton d’allumage, mais qui ne fonctionne plus… La job, le lavage, le ménage, la cuisine, les activités parascolaires, les devoirs, les crises des enfants, alouuuuuuettttttteeee! Tout ça m’épuise et je n’ai qu’un seul désir le soir venu: dormir.

J’ai même pensé aller voler la libido de la voisine. Tu sais, cette voisine de 25 ans toute pimpante, sans enfant, qui porte des talons hauts comme si c’était des espadrilles. Celle qui étend, sur la corde à linge, ses sous-vêtements en dentelle qui match alors que moi, je me sens plus comme si je portais de vieilles pantoufles avec des kits dépareillés et pas très sexy. Si on a volé la mienne, je pourrais peut-être voler la sienne! Le temps d’un week-end d’amoureux…

Existe-t-il une pilule miracle? Un sortilège? Une banque de libido? Si oui, je me la transfuse pour qu’elle reste en moi pour toujours. J’aimerais bien redevenir ce beau BBQ en stainless steel qui démarre à la première pression. Peut-être me suis-je oubliée dans tout ce chaos? Peut-être aie-je oublié que je n’étais pas seulement une maman? J’ai perdu de vue la femme, la conjointe, l’amante, l’amie… Lentement, mais sûrement, j’essaie de me retrouver.

Je ne perds pas espoir… les visites de ma libido deviennent de plus en plus régulières (après trois ans, il était plus que temps). OK, peut-être pas aussi régulièrement qu’au début, mais petit train va loin…

 

 

Sur ses genoux à lui…

J'ai peut-être huit ou dix ans. Le temps est flou. Il y a cette per

J’ai peut-être huit ou dix ans. Le temps est flou. Il y a cette personne dans mon entourage. Cet homme qui n’est pas comme les autres. Parfois, je m’assois sur les genoux des hommes de mon entourage, mais ses genoux à lui, ce n’est pas pareil. Il y a une boule qui se forme dans ma gorge chaque fois que je dois m’asseoir sur lui.

Cet homme, il boit beaucoup d’alcool. Sa peau sent la robine en tout temps. Parfois quand on va au lac, il nous fait passer sous l’eau, entre ses jambes. On fait le pont. Ce que les adultes ne voient pas, c’est que sous l’eau, il sort ses parties intimes de son maillot. Et souvent, quand on passe entre ses jambes, il plie les siennes pour qu’on le touche. Qu’on le touche… là.

Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens mal. Je sens bien que ce n’est pas normal. En même temps, les adultes ne disent rien, ne font rien, donc tout doit être correct. Le questionnement me ronge. Je ne veux jamais me lever de bonne heure, car lui, il se lève très tôt et à cette heure,  personne d’autre n’est réveillé. Je n’aime pas être seule avec lui, car il me demande toujours de m’asseoir sur lui. Je préfère faire semblant de dormir. Quand tout le monde est réveillé, il ne se passe rien. Quand il boit, je sais qu’il ne faut pas trainer trop près de lui. Il a la main baladeuse (j’ai su plus tard ce que cette expression voulait dire). Quand je descends au sous-sol, je longe le frigo pour être hors d’atteinte. Il n’est pas trop vite quand il a bu. Un jour, j’ai été assez grande pour y aller moins souvent. Le temps a effacé altéré ou plutôt occulté ses évènements. En vieillissant, j’ai acheté, dans ma tête, que puisque je n’avais pas été violée, ces évènements étaient sans importance.

Le temps a passé.

À l’âge adulte, jeune vingtaine, j’ai eu un chum violent. Parfois, il ne me demandait pas pour faire l’amour. Il prenait le droit sur moi. Les sentiments de ma jeunesse refaisaient surface. Ce sentiment que ce n’est pas correct, mais en même temps, mon estime était tellement basse que j’ai cru à certains moments que je le méritais. Un jour, après un viol d’une violence immense, le bras fêlé, je me suis sauvée. Ma mère m’a aidée à m’en sortir, m’a épaulée dans ce processus. J’ai pris ma vie en main et il a dû faire face à la justice (mais sa sentence fût plus légère que la mienne, vous comprenez). Le temps a passé, je me croyais guérie de toutes ces choses dégueulasses qui m’étaient arrivées. J’ai finalement compris plus tard que mes démons n’avaient pas complètement quitté mon être. J’ai eu des enfants. Le souvenir de ces moments était tellement flou.

Lorsque mes filles ont atteint l’âge que j’avais lors de ces abus, j’ai commencé à avoir des comportements suspicieux. Je ne faisais confiance à aucun homme se trouvant près de mes filles. Je voyais le mal dans tous les hommes de leur vie. Toujours sournoisement et rapidement, jamais très flagrant, mais toujours le nez et surtout l’œil pas loin. Je scrutais chaque geste, chaque baiser, chaque câlin.

Une journée, après avoir passé une soirée d’angoisse lors d’un souper familial, j’ai décidé que j’en avais assez. Je devais retourner en moi pour guérir cette blessure qui me transperçait encore après tout ce temps. Merci au beau Denis qui m’a permis de voir en moi. Merci à Ninon, qui, grâce à l’hypnose, m’a obligée à transcender et éliminer toute trace de ces mémoires cellulaires.

Je sais aujourd’hui, hors de tout doute, que je m’en suis sortie. Que ces gestes ne me définissent pas. J’aurai bien sûr l’œil ouvert pour mes enfants, mais je ne leur ferai plus porter le poids de mes expériences à moi. Une chose que je fais depuis longtemps avec mes filles, je ne les oblige pas à embrasser la visite, la famille ou les amis. Elles doivent, par contre, signifier leur respect, donner la main ou un bec soufflé. Pourquoi faire comme cela? Pour ne pas qu’elles se sentent obligées. Être obligé d’embrasser un peu tout le monde, nous enlève notre pouvoir, nous culpabilise quand cela ne nous tente pas et « distorsionne » la place que notre intuition doit prendre. Parce que de cette façon, je leur permets de dire « NON »!

Lettre à ma fille : Si jamais tu étais gaie

Au cours de ton développement, il y aura beaucoup d’impasses et d

Au cours de ton développement, il y aura beaucoup d’impasses et d’obstacles que nous allons surmonter ensemble. D’autres fois, tu devras grandir et surmonter les épreuves sans moi ni ton père. Dans ta vie, il y aura peut-être un moment stressant, une parcelle de ta vie que tu n’avais jamais dévoilée et qui devra faire surface. Tout sera rendu beaucoup trop évident dans ta tête pour penser que ce n’est qu’une phase comme la plupart des parents disent. Tu choisiras une date, une heure. Tu espionneras nos comportements pour être certaine que le moment parfait est arrivé pour nous en parler.

Sache que si cette journée existe dans notre famille, ce moment où tu décideras de nous exprimer ton choix d’être gaie ou trans, ce sera le plus beau jour de ma vie. Pour moi, mon travail de maman sera accompli avec succès. Tu seras une femme accomplie, une personne forte qui ne vit pas dans la peur ni selon les intentions de la société. J’accueillerai avec joie tes copines ou je t’accompagnerai dans tes changements.

J’espère que d’ici ce temps la société aura évolué et que le choix de vie de chacun sera accepté. Que les termes « sortir du garde-robe » ou « coming out » seront désuets et qu’à partir du plus jeune âge nous accepterons la différence. Je souhaite de tout mon oceur qu’il y ait en abondance des contes de princesse-qui-tombe-amoureuse-d’une-autre-princesse et que nous aurons le réflexe de dire ‘’Quand tu vas être plus grande et que tu vas avoir un chum OU une blonde…’’ plutôt que d’imposer une idée qui met des doutes dans la tête alors que ça ne devrait pas.

D’ici là, si les tabous ne sont pas tombés, pour nous, tu seras toujours notre raison de vivre et nous serons heureux peu importe ton choix. Ton orientation sexuelle ne changera pas qui tu es ni la manière dont je te perçois. Tu es et resteras toujours notre petite fille que nous aimons inconditionnellement. Les gens qui t’entourent pourront être cruels avec tes décisions, mais sache que si un jour tu dois nous faire ce type de révélation, nos bras, grands ouverts, t’attendront pour t’encourager, te consoler et t’aimer. Petite-fille, la façon dont tu décides de vivre ta vie est la tienne. Ne laisse jamais personne te dire le contraire. Tu feras déjà face à beaucoup d’épreuves difficiles à surmonter, ton orientation sexuelle ne devrait pas faire partie de ceux-ci mais devrait plutôt être une célébration. Nous t’acceptons comme tu es et comme tu seras.