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Les rénos éternelles

Dites-moi, est-ce qu’il n’y a que chez nous que les rénovations de la

Dites-moi, est-ce qu’il n’y a que chez nous que les rénovations de la maison ne finissent jamais ? J’ai l’impression que dès qu’on finit une pièce, on a le don de se trouver un nouveau projet. Pis chaque fois qu’on voit l’aboutissement d’un projet, on est tellement fiers de nous ! Mais on dirait qu’on rechute à chaque fois…

On devait changer la clôture extérieure qui contourne notre terrain. Mais t’sais, pendant qu’il n’y a plus de clôture, juste avant de poser la nouvelle, ce serait comme le temps idéal pour installer une piscine familiale… Go ! Mais là, une nouvelle piscine, ça prend aussi un patio pour sauter dedans… Pis tant qu’à se faire un patio, on va en construire un gros, comme ça on pourra aussi souper dessus… Ouin… ça va aussi nous prendre des meubles de patio.

Youpi. La piscine est là, la clôture est installée, le patio est presque fini. Pis on réalise que tous ces tracteurs‑là et les allers-retours sur le terrain, ça a tué le gazon ! Faque faut reposer de la tourbe. Mais t’sais, tant qu’à faire, on va mettre de la meilleure terre en dessous. Pis là, tant qu’à faire venir de la terre en vrac, on va s’aménager un beau jardin, avec des légumes pis des fines herbes…

Si vous êtes déjà étourdis, arrêtez de lire maintenant. Parce que je ne parle pas encore de notre projet de construire un parc pour les enfants ou d’aménager un poulailler en arrière de tout ça…

Dites-moi que ce n’est pas que chez nous que les projets s’enlignent comme ça ! Dites-moi qu’on n’est pas seuls… Et je ne veux pas entendre de commentaires poches du genre : « Pfffff… Ben là ! Fallait pas acheter de maison si tu ne voulais pas l’entretenir ! », ou encore « Ben, vous aviez juste à acheter une maison neuve ! ». Parce que premièrement, on n’a pas les moyens d’acheter une maison neuve. Pis deuxièmement, oui on le savait qu’une maison aurait toujours besoin d’entretien… mais pas qu’on se trouverait des projets à faire à longueur d’année…

On s’entend là… On construit tout de nos mains, on magasine des matériaux en spécial, on achète des meubles usagers… On économise gros. On dépense aussi beaucoup… Mais c’est surtout en énergie et en temps que ça nous coûte le plus !

On se console en se disant qu’on donne de la valeur à la maison à chaque rénovation. On se répète qu’un jour, on va s’assoir sur notre patio et qu’on va en rire, en se rappelant toutes nos anecdotes de rénos. On aime se dire qu’à notre retraite, il n’y aura plus rien à faire dans la maison. On le sait qu’on se ment juste un peu à nous-mêmes quand on se dit ça… parce que t’sais, dans une maison, il y a toujours quelque chose à faire !

Mais bon, à travers toutes ces rénovations, on construit aussi de beaux moments en famille et de grands apprentissages pour les enfants. Pis on se répète qu’on se construit une maudite belle vie.

Grâce aux rénovations, ma plus grande a appris à mesurer des planches de bois avec un ruban à mesurer. Ma deuxième a appris à visser des vis à bois avec une visseuse électrique. Ma plus jeune a appris à courir à travers des outils comme un parcours à obstacles… Faut bien en rire !

Le pire, c’est que ces projets‑là prennent souvent des années à finir… Ça fait deux ans qu’on travaille sur la cour extérieure dès qu’on a un peu de temps. Et je pense bien qu’il nous en reste pour une ou deux années encore avant qu’on la trouve parfaite… Imaginez à quel point on va s’amuser à rénover à l’intérieur après ça !

Et vous ? Quels sont vos projets en cours ? Êtes-vous aussi découragés que moi parfois ? Ou si ça vous allume et vous nourrit, tous ces projets ?

Joanie Fournier


Les racines du mal

C’est la première fleur que j’ai offerte à une femme...

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C’est la première fleur que j’ai offerte à une femme…

À ma mère, comme beaucoup d’enfants de trois ou quatre ans. De tout mon cœur. Fasciné par ce jaune presque fluorescent. Un petit soleil sur tige. La sève blanche, collante. Surpris parfois d’une fourmi qui en surgissait. Convaincu d’un doux parfum. J’étais aussi impressionné que ma mère réussisse à en faire du « vin ».

Là, quand je ferme les yeux — le soir avant de m’endormir — je ne vois qu’eux. Comme si l’image de la plante était imprégnée dans ma rétine. Verte, en étoile, avec ses bourgeons. La conséquence d’un geste répétitif. Qu’on sait pourtant inutile.

Je le fais pour mes voisins.

Il y a de ces conventions de banlieue. Obligatoires. On ne passe pas la tondeuse sur l’heure des repas. Tout comme on fait traiter son terrain ou on enlève ses pissenlits. On tente de garder l’harmonie. Un monde idéal, qui n’existe jamais complètement. Vous savez, ce voisin qui, lui, ne fait qu’à sa tête.

Chaque année, un par un, je tente d’être un bon voisin. Malgré le manque de temps. Surtout, alors que je sais très bien que ce sera à refaire. Plusieurs fois. Trop de fois, pour un été aussi bref. Allez michel, Don Quichotte-toi de nouveau. Encore et encore. Une plante qui pousserait très bien après une explosion nucléaire. Sa résistance est, de loin, supérieure à la mienne.

Puis, je prends l’auto…

Sur ma route, quelques maisons plus loin, un terrain baigné totalement de ce jaune. Comme celui de l’école, à quelques rues. Dans le sens du vent. Je fais alors l’impossible pour me convaincre de ne pas être ce voisin. Que, sous les pieds nus, c’est beaucoup mieux sans. Bien que ni mes enfants, ni moi, nous ne marchons jamais pieds nus dans la cour. Certain que cette volonté du gazon digne d’un terrain de golf, ce n’est que du paraître. Que je devrais plutôt en faire de la salade… ou du vin. Je suis déjà si peu motivé. Chaque année, de moins en moins.

Je vous laisse, il y en a quelques-uns qui se sont manifestés depuis hier…

michel

 

Locataire indésirable !

Le préc

Le précédent était plus convenable…

Mignon, même. Avec sa veste en fourrure rayée. Nous ne le croisions presque jamais. Tout au plus, nous l’avons aperçu à quelques reprises l’hiver dernier. Par la fenêtre. Seules des traces dans la neige pouvaient nous indiquer toutes ses activités.

Un petit ami à côtoyer – permettez-moi le calembour.

Il avait pris le demi‑sous‑sol. Non meublé, non chauffé. Pour lui, un loft immense. Devant la maison, sous le porche d’entrée. Je me demandais uniquement s’il résisterait longtemps aux matous du voisinage. Ces matamores qui fréquentent occasionnellement mon terrain.

Puis, il a été porté disparu.

Ce printemps, le logement est de nouveau convoité. Il faut dire que nous sommes dans un beau secteur. Même si le transport en commun est limité. Sans doute qu’ils sont plus casaniers que nous. Se satisfaisant facilement de tout ce qu’ils trouvent dans l’environnement immédiat. Je collabore moins, j’ai cessé de faire un potager.

Je le surprends, à agrandir furieusement une des portes d’entrée. Bruyamment, il se défile rapidement sous le couvert des buissons. Je constate les dégâts. Franchement. Ça sent le recours à la Régie du logement. Je devine tous les dommages qu’il pourrait faire à la structure. On ne sait jamais, avec ces gens‑là.

Pas de temps à perdre à la Cour, je vais me faire justice.

Je placarde l’entrée principale. Je bouche aussi l’entrée secondaire, avec des plaques métalliques. On n’est jamais trop prudent. J’affirme fermement et publiquement mes droits.

J’ai sous‑estimé sa détermination et l’attrait du logement. Il réussit à passer à côté de la portion placardée. Il se fraye également un nouveau passage malgré les plaques métalliques. On se la refait à quelques reprises. Le jour de la marmotte. Je dois changer de stratégie.

De la mousse expansible ?

Ça va même isoler un peu. Victoire, pour l’accès principal ! Le locataire expulsé se rabat uniquement sur l’entrée de côté. Celle des plaques métalliques. Je renforce. Il gagne. J’augmente la protection, à coup de boiseries et de briques. Un petit sourire en coin.

Ma voisine me parle de la solution finale. Le fusil de chasse. Au moins, le problème serait résolu. Je n’ai pas d’arme. Je pense plutôt à le piéger avec une cage. Mon côté sensible. Tuer froidement un tel intrus, ce n’est pas moi.

Petit répit. Plusieurs jours sans combat. J’ai triomphé, ou il a été une autre victime de la route ?

Je le saurai bien assez vite…

michel