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Bouquet de pissenlits

Déjà dans mon ventre, tu avais décidé que pour toi, la vie, se

Déjà dans mon ventre, tu avais décidé que pour toi, la vie, se passerait autrement. Des contractions à vingt semaines à peine, des saignements. Je ne compte même plus le nombre d’hospitalisations. À trente-quatre semaines, tu as décidé que tu ne sortirais pas naturellement. J’ai eu un tourbillon dans la bedaine. Tu t’es assise en indien sur mon col, l’air de dire « Sortez-moi donc de là pour voir ». Même le pauvre gynécologue pratiquement à genou sur ma bedaine pour tenter une version n’a réussi qu’à te faire bouger de quelques centimètres.

Je crois que c’est à ce moment que j’ai compris que tu serais une petite rebelle. Bébé, tu étais si différente de ta grande sœur. Tu nous faisais rapidement comprendre la façon dont tu voulais être bercée, la façon dont tu voulais boire, dormir, manger.

Le terrible two est arrivé. Nous nous sommes dit que tu l’avais plus fort qu’un autre enfant, que ça finirait par passer.

Tu as maintenant cinq ans… presque six. L’opposition est toujours là, je dirais même plus que jamais. Faire partie de ta vie, c’est une montagne russe d’émotions. On ne sait pas quelle couleur aura notre journée. Chaque matin, on te regarde lorsque tu viens nous rejoindre après ton lever. Dans les premières secondes, on sait.

Il y a les journées noires, où rien ne va. Tu t’opposes sur tout. Tu n’en manques pas une. Ces journées-là sont difficiles. Tu as su cerner nos failles et tu les utilises contre nous. Dans ce genre de journée, lorsqu’enfin, tu t’endors, j’éprouve du soulagement. Parfois, ce soulagement se transforme en larmes, des larmes d’épuisement, de découragement. Des larmes d’impuissance, parce que j’ai l’impression que rien ne fonctionnera avec toi.

Il y a les journées blanches, celles où tu passes la journée dans la lumière. Des journées remplies de rires, de jeux. Tu files le parfait bonheur, avec nous et avec tes sœurs. C’est dans ces journées-là que, parfois, on se met à douter. Tout va tellement bien, ce n’était peut-être qu’une mauvaise passe. On s’accroche à ce petit fil si fragile. C’est une période de lune de miel.

Et c’est le retour des journées grises. Celles où tu passes d’un extrême à l’autre. Celles où notre matin sera coloré de noir, mais s’éclaircira au cours de la journée. Celles qui se terminent avec toi qui entres dans la maison, le visage illuminé de bonheur et la main dans le dos. Celle où tu me tends un bouquet de pissenlits en me disant :

« Je t’aime maman! Tu es la plus merveilleuse maman du monde, même de tous les mondes réunis ».

Et où je te réponds : « Et moi, je t’aime plus que tous les univers réunis. »

Mélanie Paradis

 

Je voudrais être une meilleure maman pour toi

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Je dois l’avouer. Ce supposé diagnostic de TDA/TOP (trouble de l’attention et trouble oppositionnel avec provocation) m’a soulagée, m’a rassurée. Je ne sais pas si j’espérais que mettre des mots (ou des lettres) sur ce que nous vivions avec toi allait tout remettre en place. Que mettre le doigt sur le bobo allait le faire disparaître. Qu’il n’y aurait plus de colère, d’impulsivité de provocation. Je ne sais pas ce que je m’imaginais…

 

Aujourd’hui, c’est une mauvaise journée. Tu es plus sensible, tu nous provoques sur tout, tu t’opposes à propos de tout et moi, je suis fatiguée. Ça a été une dure journée au travail. Ma patience avait déjà atteint la limite avant même que je ne mette les pieds dans la maison. Ta journée à l’école a dû ressembler à la mienne parce que toi aussi, tu as tout donné à l’école. Ta petite coupe était déjà pleine et chaque petite goutte supplémentaire, si minime fût-elle, la faisait déborder. Tu as explosé, j’ai explosé et j’ai crié… Toi, tu as pleuré.

 

Aujourd’hui, toutes mes habiletés d’éducatrice à l’enfance et d’éducatrice spécialisée ont pris le bord. Je me suis retrouvée seulement avec la maman fatiguée. La maman qui en avait aussi plein la coupe. La maman dépourvue qui ne sait plus comment réagir aux comportements de sa fille. La maman qui a craqué sous la puissance de tes mots : « Si j’avais pu choisir ma maman, ce n’est pas toi que j’aurais choisie! »

 

Cette maman fatiguée n’a pas compris que c’est la colère et l’impulsivité qui te faisaient parler. Cette maman fatiguée a réagi à la peine. Je t’ai punie. Tu as dû mettre ton pyjama et aller au lit. Tu t’es endormie en pleurant. Je me suis assise sur mon lit pour pleurer.

 

Malgré ma formation, malgré le fait que je suis équipée pour savoir comment réagir, ce soir, je n’ai pas été la meilleure maman pour toi. Je m’excuse, ma puce.

 

Demain, on en reparlera. Je m’excuserai de ne pas avoir su te comprendre, d’avoir laissé cette maman fatiguée prendre le contrôle de mes actes, de l’avoir laissé crier. Je te dirai que je t’aime plus que tous les univers réunis. J’irai encore pousser les portes de notre système de santé, de notre système d’éducation pour qu’il m’outille encore mieux pour t’aider.

 

Demain soir, tu t’endormiras après avoir reçu une tonne de câlins et de bisous. Je redeviendrai la Super Maman qui a parfois la cape trouée…

 

Mélanie Paradis

 

 

 

 

Tu es tellement plus que ça…

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Je tiens ta main en sortant du bureau du médecin. Tu souris et me parles de tout et de rien. Moi je souris pour ne pas t’inquiéter. Pourtant, tout se bouscule tellement dans ma tête. J’ai envie de crier parce que j’aurais voulu que la vie soit facile pour toi. J’ai envie de pleurer de soulagement parce que quelqu’un m’a écoutée, m’a soutenue, m’a expliqué ce qui était. J’avais une partie de réponse. Je n’étais pas folle. Il y avait une explication ou plutôt des explications à tes comportements. TDA (trouble du déficit de l’attention) et TOP (trouble oppositionnel avec provocation) faisaient possiblement partie de ta vie.

 

Je voudrais être dans ta tête, ma puce. Je voudrais comprendre comment ça marche dans ton cerveau. Je voudrais comprendre pourquoi tu exploses comme un petit volcan. Je voudrais savoir d’où viennent toute cette impulsivité et cette colère.

 

Cette impulsivité et cette colère qui te font perdre tout contrôle. C’est elles qui provoquent ces comportements si déplaisants. C’est elles qui te transforment et qui font que pendant quelques instants, papa et moi, on ne te reconnaît plus. Tu sais ma puce, je t’aime. Je t’aime plus que tous les univers réunis. Dans ces moments, je voudrais seulement te serrer très fort dans mes bras. Te calmer en te disant que je t’aime, que tout va bien aller, que je suis et serai là pour toi chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde de ta vie. Du haut de tes cinq ans, tu arrives à me dire que dans ta tête, tout va trop vite. Que le petit minou que tu as dans le ventre se change en une fraction de seconde en un gros lion que tu ne peux pas retenir.

 

Après chaque colère, tu regrettes, tu pleures, tu te dis les pires choses. Les choses que les oreilles d’une maman ne veulent pas entendre. Mon cœur saigne à t’entendre te dévaloriser ainsi. Tu es une petite fille si merveilleuse. Ta seule présence met du soleil dans nos journées et dans les journées des gens qui te côtoient. Tu as ce petit quelque chose de spécial qui fait que les personnes qui passent sur ton chemin sont touchées en plein cœur. Tu laisses dans leur cœur une petite trace de toi. Ton sourire éclaire la plus sombre des journées. Si seulement tu pouvais te voir avec mes yeux pendant quelques instants, tu verrais quel précieux trésor tu es dans notre vie et dans celle des gens autour de toi.

 

Tu sais mon amour, tout ça, nous allons le travailler ensemble. Pour que toi aussi, tu voies tout le potentiel qui t’habite. Tu ne te définis pas par ces pertes de contrôle. Les émotions, même pour un adulte comme moi, c’est parfois difficile à gérer, à comprendre et à exprimer.

 

Ces murs que tu dresses parfois devant toi, je t’aiderai à les abattre. Je te ferai comprendre que tu es un être merveilleux, que les embûches, tu les affronteras parfois difficilement, mais tu t’en sortiras. Et si parfois tu tombes et que tu oublies que tu peux tout faire, regarde derrière toi, maman sera là et je te tendrai la main. Je te rappellerai que tu peux soulever toutes les montagnes parce que tu es exceptionnelle.

 

Je t’aime tellement!

 

Maman

 

Mélanie Paradis