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Quand les travailleurs essentiels se rencontrent- Texte : Karine Lamarche

Se sentir privilégiée. De faire partie des travailleurs jugés ess

Se sentir privilégiée. De faire partie des travailleurs jugés essentiels, d’habiter un pays fortuné où la lutte à la pandémie est devenue une priorité.

Franchir les portes d’un centre de vaccination le cœur rempli d’espoir et de gratitude.

S’entretenir avec des dizaines de travailleurs de la santé. Savoir que depuis des mois, ils sont à bout de souffle.

Ressentir une joie immense en m’assoyant près de l’infirmière. Échanger un regard brillant, entendre toute sa reconnaissance envers les gens du milieu scolaire. 💕 Oublier la piqûre. 😉

Quitter le centre le cœur léger.

Espérer que rapidement, tous puissent traverser les mêmes étapes que moi et qu’enfin, la vie puisse reprendre son cours. 🙏

Karine Lamarche
Enseignante

Choisir ses vaccins

J’entends souvent des débats entre parents dans lesquels certains

J’entends souvent des débats entre parents dans lesquels certains sont de grands adeptes de la vaccination et d’autres y sont farouchement opposés. J’aime écouter les deux partis, les arguments en faveur de la vaccination et les inquiétudes de ceux qui la refusent. Personnellement, je ne me suis jamais considérée « pour » ni « contre » la vaccination pour mes enfants. Quand on me pose la question, je réponds tout simplement que je choisis mes vaccins.

Parce que oui, je suis d’accord que la vaccination a fait ses preuves. Je suis d’accord que la plupart des maladies dangereuses et mortelles sont dorénavant éradiquées, et ce, grâce aux vaccins de base que l’on donne à nos bébés et à nos enfants. Dans ce sens, je suis « pour » la vaccination. Je peux alors m’assurer que mes enfants ne mourront pas de la diphtérie, de la coqueluche, du tétanos, de l’hépatite, etc. Ça a bien du sens à mes yeux.

Mais non, je ne suis pas d’accord de faire vacciner mes enfants pour le rotavirus (gastro) ou la grippe. Là, je suis farouchement « contre ». Avoir la grippe, tout comme la gastro, c’est attraper un virus que le corps va combattre et créer des anticorps pour ensuite éviter la prochaine infection. Si tu laisses l’enfant se reposer, que tu dégages ses voies respiratoires et que tu le gardes bien hydraté, tout va bien se passer. Si l’enfant n’a pas de problème de santé grave, ces vaccins sont à mes yeux inutiles.

Pour concevoir le vaccin de la grippe, chaque année, des scientifiques se regroupent pour tenter de jouer à la loterie. Parce qu’il existe des milliers de souches possibles de grippe et qu’ils doivent essayer de prédire laquelle sortira cette année. Quelques fois, ils tombent dans le mile. Mais pendant des années, ils vont créer des vaccins qui seront totalement inutiles et ils tomberont à côté de la plaque. Des milliers de gens se feront alors vacciner pour rien. Même quand ils arrivent à prédire la bonne souche de grippe, il est prouvé que le vaccin est efficace à 50 %… Au Canada, 3 500 personnes meurent chaque année de la grippe. Avec ou sans vaccination, les chiffres ne changent pas.

Avoir la grippe… La grippe, c’est être une semaine sur le dos, dans son lit. C’est survivre avec de la solution saline et beaucoup d’eau. C’est plate. Mais si la personne n’a pas de problème de santé à la base, ça s’arrête là. Je suis d’accord que les personnes à risque se fassent vacciner. Mais je ne suis pas d’accord qu’on banalise la situation et qu’on vaccine tous les enfants. Un enfant en santé n’est pas une personne à risque selon moi.

Avoir la gastro… La gastro, c’est vomir ou avoir la diarrhée pendant quelques jours. Encore une fois, c’est plate. Mais encore une fois, si tu te gardes hydraté, que tu t’isoles et que tu désinfectes la maison, ça s’arrête là. Je ne vois donc pas l’utilité de faire vacciner tous nos bébés pour ça… D’autant plus que le vaccin lui-même rend le bébé contagieux ensuite… Donc à mes yeux, le vaccin ne sert qu’à choisir le moment où ton enfant aura la gastro… alors qu’il ne l’aurait peut-être pas eu du tout cette année-là…

Alors voilà. Je choisis mes vaccins. Je suis « pour » les vaccins contre les maladies mortelles et dangereuses, dans la mesure où on peut éviter une pandémie grave. Je suis « contre » les vaccins pour les maladies annuelles qui sont anodines chez la grande majorité de la population qui est en santé.

** Attention ** Ce texte reflète mon opinion personnelle et tout à fait assumée. Je ne suis pas médecin ni infirmière. Je ne suis qu’une maman, qui comme toutes les mamans, pense faire le bon choix pour ses enfants. Je ne demande à personne de penser comme moi. Je pense avoir donné mon humble avis ici, sans avoir manqué de respect à quiconque. Je vous invite donc à en faire de même. Tous les points de vue sont bons, s’ils sont écrits dans le respect.

Joanie Fournier

 

Phobie, nous te vaincrons !

Pour ma grande Peanut de 13 ans, une seringue, c’est l’équivale

Pour ma grande Peanut de 13 ans, une seringue, c’est l’équivalent d’un missile-laser-longue-portée-nucléaire. L’idée de recevoir un vaccin ou de devoir faire une prise de sang l’angoisse profondément, la fait hyperventiler, la plonge dans l’insomnie, lui donne des maux de ventre et de tête, lui fait faire des cauchemars. Même si elle essaie de se calmer le pompon. Mais aujourd’hui, elle a vaincu.

Retour en arrière.

Petite, grande Peanut accumulait les phobies comme une fillette collectionne les autocollants. C’était devenu impossible de sortir, de voir du monde, d’exister. Mais on le faisait quand même. À petites doses, progressivement. Je ne voulais pas qu’on reste prises dans le duo « fuir ou combattre ».

On en a fait, des mini pas de bébé pour que les choses s’améliorent. Au début, ça s’améliorait parfois et ça dégénérait souvent. Mais à la longue, on a fini par apercevoir un semblant de lueur entre deux séries d’orages.

Quand le temps est venu de recevoir les vaccins de quatrième année du primaire, on a établi un plan de match avec l’infirmière du CLSC. Elle avait bien vu, à l’école, que le cas était sérieux. On ne parlait pas ici d’une peur normale, même pas d’une peur anormale. On parlait d’une vraie phobie. Une peur démesurée, incontrôlable, créée par un sentiment que sa vie est menacée et que la souffrance sera immense et éternelle. Doudou, toutou, musique, Au clair de la lune, bouteille d’eau, visualisation, faire des jokes pour changer les idées : tout y a passé. Ça a pris trente minutes, elle a hurlé, pleuré, essayé de se sauver. Mais on a réussi. Ensemble. Et elle était fière d’elle. Elle avait survécu (littéralement, puisque telle était sa peur), et elle pouvait construire là-dessus pour la fois suivante.

On a célébré ce progrès. Il faut dire que la fois précédente, il avait fallu se mettre à quatre infirmières, une maman et une couverture de contention pour faire une prise de sang. Et ben, ben de la volonté. J’avais perdu cinq livres juste en transpiration. Alors là, trente minutes et juste mes muscles pour la tenir, c’était un grand pas.

Revenons au présent.

Ma fille devait faire une prise de sang ce matin. À treize ans, elle comprend que c’est nécessaire. Elle comprend que ça pique une seconde et qu’elle n’en mourra pas (d’ailleurs, c’est elle qui fait la préparation mentale pour ses frères pour diminuer leurs peurs avant la vaccination). Elle comprend tout ça. Sa tête comprend tout ça. Sa tête connaît aussi tous les trucs pour se calmer, pour éviter d’avoir la patate qui veut sortir de la poitrine, pour dormir malgré l’angoisse. Elle sait qu’il n’y a pas moyen de fuir et que combattre rendra la prise de sang plus difficile, voire douloureuse.

Sa tête sait tout ça. Son cœur veut sincèrement que ça se passe bien.

Ce matin, donc, on arrive au CLSC pour la prise de sang. On s’y rend avant 7 heures pour lui éviter d’angoisser toute la journée. Elle a bu, elle a mangé. Elle respire. Elle a apporté sa musique et ses écouteurs, son livre, mais elle n’a pas la tête à ça. Dès qu’elle voit la porte de la clinique, son corps se raidit, prêt à fuir ou à combattre.

– Maman, je sens le stress monter. J’ai encore plus mal au ventre que la nuit dernière.

Dans la salle d’attente, elle est agitée, elle bâille. Elle se colle sur moi, apprécie que je lui caresse le dos. Elle redevient cette fillette qui collectionnait les autocollants. Elle parle peu, chose inhabituelle mais compréhensible.

– Numéro 515 ? Salle E8.

C’est le temps. Dans quelques minutes, ce sera chose du passé. J’ai même osé porter une jupe, tellement j’ai la certitude que je n’aurai pas besoin de la maintenir de force.

– Maman, j’ai pas envie. Ça va faire mal, je le sais. Pas aujourd’hui, un autre jour. Je suis pas prête. Je peux pas. Ça fait plus ou moins mal qu’un vaccin ? Peux-tu chanter pour moi ? Non, chante pas. Ça me stresse encore plus. Tiens-moi dans tes bras. Faut pas que je voie l’aiguille. Est-ce qu’elle est longue ?

Son cerveau vire dans le vide. Je peux imaginer les influx nerveux se bousculer et s’entrechoquer. Une collision d’heure de pointe. Elle lutte entre sa volonté de rester calme et de faire ce qu’il faut pour être en santé, son désir instinctif de s’enfuir de la clinique (au moins pour une minute, ou pour une journée… mais le lendemain, le stress serait encore plus présent) et son besoin de combattre ceux qui essaient de la piquer.

Un deuxième infirmier arrive. Il l’a entendue pleurer doucement.

– Salut, je m’appelle Jonathan ! Toi, c’est comment ?

Ma fille n’est même pas en état de se rendre compte que quelqu’un lui parle.

La bonne nouvelle, c’est que l’histoire se termine très bien, presque sans larmes. Sans cris.

Une infirmière a tenu sa main pour garder son bras droit, tout en douceur. L’infirmier Jonathan, pas intimidé du tout par sa phobie (« T’sais quoi ? Quand j’avais ton âge, moi aussi ça me faisait paniquer, les aiguilles. Pis r’garde maintenant, je suis infirmier. On peut tout le temps dépasser nos peurs. Heille, c’est super ! C’est déjà terminé ! En plus, tu as du beau sang rouge, même pas vert ! Bonne nouvelle, tu n’es pas une extraterrestre ! »), a piqué et fait les prélèvements tout en lui changeant les idées. Et moi, maman toujours prête, je l’ai prise dans mes bras en détournant sa tête (et la mienne !) de l’aiguille.

Et maintenant, si on se déplace dans quelques mois ou dans quelques années, je peux vous dire que la prochaine fois qu’elle devra se faire piquer pour un vaccin ou pour un prélèvement, elle fera ça comme une championne. Encore plus qu’aujourd’hui ! Parce qu’elle a appris. Parce que son corps apprend à gérer la menace et à la relativiser. Parce que l’empreinte d’une expérience positive (bien qu’inquiétante pour elle) se grave dans son cerveau. Parce que d’ici là, elle continuera de faire des baby steps et des pas de géants. Et elle vaincra sa phobie.

Pour lire d’autres textes qui parlent de l’anxiété de ma grande Peanut et de ses stratégies pour la vaincre :

http://www.mafamillemonchaos.ca/on-jase/non-ne-te-sauverai/

http://www.mafamillemonchaos.ca/on-jase/monsieur-zen-rencontre-miss-peur/

Nathalie Courcy