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Vasectomisé, surpris et heureux

Mon mari est vasectomisé, c’est officiel. J’ai déjà écrit su

Mon mari est vasectomisé, c’est officiel. J’ai déjà écrit sur le dilemme qui nous hantait au moment de prendre cette décision… On a fait ce choix parce que la raison a pris le dessus. Il fallait qu’on apprenne à faire notre deuil. La veille de la vasectomie, on a laissé nos corps s’unir et la vie décider. Je n’étais pas tombée enceinte durant les huit mois précédents alors que nous ne nous protégions pas, alors une fois de plus ou de moins, ça n’aurait pas changé grand-chose… Après une vasectomie, il faut quand même attendre quelques mois pour passer un spermogramme et ainsi confirmer le succès de l’intervention.

Quelques semaines plus tard, l’heure des vacances familiales a sonné. On se fait tout un planning de vacances. On part au chalet, on fait du bateau, on se baigne, on s’amuse. Au retour, je trouve la route longue et sinueuse, j’ai toujours eu le mal des transports, je connais bien ces nausées. Mais quand même, une petite idée s’insinue dans ma tête… et si… non. C’est sûr que non. La vie ne nous a pas donné de bébé quand on lui en a donné la chance, ce n’est sûrement pas là que ça arrivera…

J’ai un vieux test de grossesse dans l’armoire. Je décide de le passer. Résultat : négatif. Je le savais. C’était sûr que je n’étais pas enceinte. Je lis la boîte du test de grossesse et une information retient mon attention… J’ai acheté ce test l’an passé, il était en spécial et je n’avais pas pris la peine de bien lire la boîte. Il est bien spécifié de passer le test seulement APRÈS le retard des règles. Là, je me dis que c’est bien stupide comme test, puisque le retard des règles indique clairement une grossesse pour moi, donc il me semble totalement inutile, ce test… et le doute continue de planer…

Le lendemain, on décide d’aller au parc d’attractions avec les enfants. Ma plus vieille a vraiment hâte de faire les plus gros manèges avec sa mère… Le doute m’a empêchée de dormir cette nuit-là. Je sais que je ne ferais pas de manège si j’étais enceinte. Je suis certaine de ne pas l’être. Mais le doute me dérange. Je décide que je vais en douce à la pharmacie dès l’ouverture. J’achète un test, fiable et reconnu cette fois. Juste pour me rassurer.

Je reviens à la maison. Je m’enferme dans la salle de bain et je passe le test. Je me trouve bien ridicule, je sais qu’il sera négatif et que je viens de dépenser 20 $ pour rien, mais j’ai besoin d’avoir le cœur net. C’est un test numérique, donc il faut attendre les trois minutes règlementaires avant que le résultat ne s’affiche. Aucun indice avant. De toute façon, il sera négatif. On est en vacances, mon mari est vasectomisé. On va boire de l’alcool, faire du bateau, monter dans les montagnes russes…

Je patiente en pliant des serviettes chaudes qui sortent de la sécheuse. Une serviette. Deux serviettes. Trois serviettes. Je remarque que le test affiche le résultat. Je le prends, convaincue que je vais le jeter à la poubelle dans deux secondes, après avoir confirmé que le résultat est négatif. « YES + ». Yes +? Yes +?! C’est écrit Yes +! Je. Suis. Enceinte.

C’est impossible. Ma plus grande a neuf ans! Mon bébé entre à l’école! Mon mari est vasectomisé! Puis, le souvenir d’une douce soirée refait surface… « La veille de la vasectomie, on a laissé nos corps s’unir et la vie décider. » Je. Suis. Enceinte.

Je monte à l’étage. Mon mari est sous la douche. La porte de la salle de bain est barrée. J’ai la tête qui tourne et le cœur qui bat à une vitesse impossible. J’ai chaud, je frissonne. Je me couche dans notre lit, le test encore dans la main. Mon mari sort de la douche… J’ignore encore comment je vais lui annoncer ça… Je suis heureuse, mais j’ai aussi peur de sa réaction…

Moi : « Tu te souviens de ce que je t’ai demandé il y a dix ans? ».
Lui : « Quoi ! Tu m’as demandé de réparer quelque chose il y a dix ans, pis je ne l’ai pas encore fait!? ».
Moi : « Bin non! Il y a dix ans, je t’ai demandé si tu m’aimais assez pour avoir un enfant avec moi… et aujourd’hui, je te repose la même question… ».

Il a compris tout de suite et ma petite peur s’est vite envolée. Aucune crainte, aucune colère, ni aucune déception. Juste beaucoup, beaucoup d’amour.

Alors voilà. C’est officiel. Je suis enceinte de notre quatrième enfant. La veille de la vasectomie, on a laissé nos corps s’unir et la vie décider. Et la vie a décidé de nous offrir le plus beau des cadeaux.

Joanie Fournier

 

Notre vasectomie

Le rendez-vous pour la vasectomie est prévu le mois prochain.

Le rendez-vous pour la vasectomie est prévu le mois prochain.

On a décidé d’avoir nos enfants quand nous étions encore très jeunes, pour pouvoir profiter d’eux encore plus longtemps. Nous avons eu plusieurs enfants et formé une belle grande famille. Malgré tout, on n’a jamais eu le déclic qui nous confirmait que c’était fini pour nous.

Vous savez, LE déclic… Quand on demandait à nos amis s’ils désiraient d’autres enfants, peu importe qu’ils soient parents de 1, 2, ou 3 enfants, ils nous répondaient sur un ton ferme et assumé : « Ho non! On en a assez, c’est fini les bébés pour nous! ». Et nous, on n’a jamais ressenti ce déclic-là, ce sentiment que nous étions rendus ailleurs…

Mais le temps a passé et l’eau a coulé sous les ponts. Les enfants ont grandi et nous, on a vieilli. Notre aînée aura neuf ans… La plus jeune entre à l’école… et la raison a commencé à prendre le dessus tranquillement…

Le rendez-vous pour la vasectomie est prévu dans deux semaines.

Les enfants sont grands, c’est fini la poussette, la coquille dans l’auto, les couches et les nuits blanches. Les enfants sont de plus en plus autonomes et les matinées de plus en plus tardives. On profite d’une nouvelle liberté. On peut faire des sorties amusantes, des voyages plus longs et plus éloignés…

On prépare les repas en amoureux pendant que les enfants jouent dehors, seuls. On n’a plus besoin de garder un œil constant sur eux, de peur que l’un d’eux déboule les escaliers, avale un raisin-pas-coupé ou décide de tester les prises de courant…

Je vous l’avais dit, la raison prend le dessus… Mon corps ne tolère plus les hormones et les pilules contraceptives, on a donc besoin d’un moyen plus définitif pour assumer notre décision. Je dis ça comme si on avait vraiment pris une décision, et comme si on l’assumait… Ce n’est pas vraiment le cas pourtant. On se range du côté de la raison tranquillement et on fait taire nos cœurs de parents.

Le rendez-vous pour la vasectomie est prévu dans une semaine.

Parce que pour nous, les couches, les nuits blanches, les sorties, la poussette et tout-le-tralala, ce ne sont pas des enjeux réels… Mon cœur de maman rêve encore secrètement d’allaiter, de bercer, de border et de prendre soin d’un petit nous… Mon cœur de maman sonne l’alerte bien fort, mais c’est encore la raison qui prend le dessus…

La société québécoise actuelle n’est pas conçue pour les familles nombreuses… Les enfants ont grandi et nous, on a vieilli. J’ai arrêté de prendre la pilule il y a huit mois et je ne suis pas tombée enceinte depuis… Je pense que la vie se range aussi du côté de la raison. La vie veut peut-être nous faire comprendre que c’est bel et bien fini, pour nous aussi. Et nous, on a toujours fait confiance à la vie. Si quelque chose doit arriver, ça arrivera. Sinon, c’est que ça ne devait pas se produire.

Le rendez-vous pour la vasectomie est prévu demain.

Nos cœurs de parents crient à l’unisson ce soir. Mais la raison a pris le dessus. Il faut qu’on apprenne à faire notre deuil. Je dois faire mon deuil de la grossesse, de l’allaitement, du portage, des berceuses… Ce soir, on laisse nos corps s’unir et la vie décider.

Je suis au travail. L’amour de ma vie est allé à son rendez-vous seul. Il me texte. L’intervention s’est bien déroulée. Il est déjà de retour à la maison. C’est vrai cette fois… C’est fini pour nous aussi. Je le réalise tranquillement et mon cœur fait un gros bond. Je sais que je vais appréhender ce deuil en douceur. Le soir venu, il me prend dans ses bras et je sais que nos cœurs raisonnent encore à l’unisson.

Les jours passent, son corps cicatrise et le deuil commence à se faire… Dans quelques semaines, le spermogramme nous confirmera que tout est bel et bien fini. C’est l’une des décisions les plus difficiles que nous ayons eu à prendre dans nos vies. Une décision où la raison a pris toute la place et où les sentiments ont été mis de côté. Parfois, c’est juste la bonne chose à faire. Ma tête comprend, mais mon cœur est encore en apprentissage…

 

Joanie Fournier

 

Au petit trot…

S’en va le cheval avec ses grelots! Il frappe une bosse, je me

S’en va le cheval avec ses grelots! Il frappe une bosse, je me pète les deux gosses su’l bord du traîneau…

Vous aurez compris que j’ai eu l’intervention. Vous savez, celle à laquelle il faut parfois songer. Lorsque votre amoureuse est beaucoup trop jeune pour vous. Quand, à deux, vous avez déjà cinq enfants. Quand les alternatives de contraception sont limitées.

Couper le Canal famille.

Au départ, vous vous dites, c’est plutôt son choix. Qu’il n’y a jamais de « garantie » sur une relation amoureuse. Surtout quand elle est consommée si sporadiquement. Surtout quand un ami s’en mêle. Mais je suis de ces hommes qui croient que la femme en fait déjà trop. Qu’il faut démontrer son amour, pas juste le dire. À coup d’émoticônes.

Vous entrez à l’usine, la queue entre les jambes.

Brève description du processus. Un examen physique sommaire. Le docteur qui vous tâte le sac. S’il n’y avait rien à couper? Apprendre alors subtilement que vos enfants, ce ne sont pas les vôtres. Ensuite, l’attente de la date de l’intervention. Il est très en demande, ça ira à plus de sept semaines. Seul mon hamster se réjouit…

Vient le jour V. Le rasage, comme pour les danseurs du 281. La rencontre préparatoire. À sept. L’usine fonctionne à plein. Je serai le dernier de mon lot. Il y a eu un groupe avant, un autre suivra. Comme souligne l’infirmière : « Vous êtes mieux de sourire en sortant, pensez à ceux qui attendent! »

Étendu sur le dos, le paquet à l’air. On prépare le champ opératoire, c’est froid. Rien pour les détendre. Je ne suis définitivement pas un exhibitionniste. J’attends. Il est à faire l’intervention dans une autre pièce. Une chaîne de montage bien huilée.

Il entre, ça ira vite. En plus, il parle sans arrêt de tout et de rien. Scusez, ça ne vous tente pas de vous concentrer un peu? Ce sont mes bijoux de famille après tout. Sans doute un des moments les plus désagréables de ma vie. Ça tire beaucoup, trois injections seront nécessaires…

Retour à la maison. Comme un bon patient, je suis le protocole. De la glace, à trois reprises avant le coucher. Analgésiques. Qui seront mes amis pendant quelques jours. Moi qui n’en prends jamais.

Comment décrire le feeling depuis. Tiens, cette image. Un bébé écureuil pendu après. Craintif. Tout le temps. J’en connais au moins un que ceci fera rire. Moi, au moins, je la fais jouir…

Vous comprendrez ce que cet inconfort fait sur le moral des troupes. Le doute s’installe. Le hamster s’emballe. Son cousin suspendu à vos parties intimes. Vous arrivez, difficilement, à trouver une position pour dormir. Du matin au soir, cette « blessure au bas du corps ».

Des moments que je vais vivre seul. Je suis comme ça. Quand je ne suis pas d’humeur agréable, je préfère m’isoler. Les enfants sont prévenus, la mèche sera courte. Arrêtez de sourire…

Songez à la pression que ça met aussi sur ma relation. Déjà fragile.

Pour me changer un peu les idées, vivement les stupidités de la Bible Belt. Une loi a été déposée récemment. Pour limiter l’usage de la pilule bleue. Aux couples mariés et avec le consentement écrit de madame. Désormais, est‑ce que je serai interdit de séjour dans certains États? Après tout, ma décision est tout ce qu’il y a d’anti pro‑vie.

Je devrais trouver ça drôle, mais je suis trop occupé à douter…

michel

Poussière d’ange

Juste au mauvais moment

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Juste au mauvais moment

Une poussière d’ange t’est tombée dedans

Tu ferais une super maman mais pas maintenant non pas maintenant…

Ce sont les paroles d’une chanson d’Ariane Moffat. Elle m’a brisé le cœur quand je l’ai écoutée. Pas entendue. Écoutée. J’ai tellement pleuré.

J’ai trois enfants. Deux ados qui ne veulent plus de parents et une mini fée qui veut encore heureusement sa maman. Je suis sauvée. Du moins pour quelques années. J’adore mes enfants. Ils sont imparfaits tout comme je le suis. Ils me dérangent dans leurs principes et leurs déclarations parfois. Dans mon schème de valeurs aussi. Mais bon; je suis un dinosaure malgré que je sois sur Facebook, Snapchat, Ask et Instagram. Retenez ça : les applications ne font pas l’individu. Je suis complètement désuète pour mes ados malgré mes quarante ans. Out la mamie.

Trois enfants. Quinze ans dans une précédente relation et plus de deux dans celle-ci. Crise de quarantaine peut-être? J’ai tout plaqué de ma vie d’avant; non sans heurts. Donc, j’ai un formidable amoureux. Je suis heureuse. Je suis remplie de paradoxes. Je suis une cérébrale qui suit son cœur. Toujours. Je sais. Ça ne fait aucun sens, mais c’est comme ça. Ma tête me protège. Mon cœur me fait vivre.

Depuis plus d’un an, je vis avec les inconforts d’une préménopause. Je sais, ça paraît long, mais je dois vous mettre en contexte. Mon corps réagit, les chaleurs sont prédominantes, je ne dors plus la nuit, les règles sont éparses, le bordel est pogné comme dirait l’autre.

Deux mois que je n’ai pas eu mes règles. Je ne me suis pas inquiétée outre mesure. Mon amoureux a eu une vasectomie il y a quatre ans. Cinq enfants qu’il a déjà. Trois pour moi. Fonder une famille, avoir des enfants ensemble n’a jamais fait partie de nos projets. On aimait ceux qui étaient là et c’était très bien ainsi.

Vous me voyez venir? Parfois, je manque de subtilité. Pour dissiper le doute, j’ai passé un test de grossesse. Toute seule parce que c’était invraisemblable de toute façon. Éliminer les possibilités. Vasectomisé, l’amoureux. 99 % de contraception.

J’ai pleuré ma vie. Bien plus tard. Après avoir absorbé le choc. Deux lignes sur un test de grossesse. Je n’y ai pas cru. Ça m’a pris plus de quarante-huit heures. J’étais enceinte. Je portais un bébé dans mon ventre. À trente-neuf ans. En préménopause depuis quelques mois. Avec deux ados qui ne voulaient plus de mère et une de six ans qui en réclamait une.

Il faut qu’on se parle. C’est ce que je lui ai dit deux jours plus tard. On haït tous ça, cette phrase-là. C’était ça pareil. J’étais désemparée. J’avais besoin de lui. Je ne comprenais pas. J’avais déjà lu les articles et les statiques sur le Net. 3 % des femmes tombaient enceintes après une vasectomie. La plupart, trois à cinq ans après la vasectomie du monsieur. Les canaux qui se collent. Ça devait me consoler tout ça?

Ça ne m’a pas consolée. On a parlé, on a fait dix mille scénarios dans nos têtes, on a échangé sur les possibilités. J’ai beaucoup pleuré. Lui non. Il absorbait le choc tout comme moi quelques jours auparavant. Il était solide et rationnel. J’étais en miettes et brisée. On a décidé de se donner quelques jours, quelques semaines.

J’ai appelé à la clinique l’Alternative à Montréal. Il m’a accompagnée. Il m’a serrée fort dans ses bras. Il m’a dit qu’il m’aimait. Il m’a demandé si c’était correct pour moi. Si je changeais d’idée. Il a essuyé mes larmes au travers de mon sourire incertain. Il aurait été un formidable papa. J’aurais été une formidable maman.

Je l’ai fait. J’ai dit non à mon bébé. J’ai demandé à la voir. Elle aurait été une fille. J’en suis intimement convaincue. Je ne le saurai jamais. J’ai demandé à voir sa petite enveloppe qui ressemblait à un œuf. Je lui ai demandé pardon. Elle m’avait choisie comme maison; et moi, parce que ça ne marchait pas, parce que je ne pouvais pas, parce que je ne voulais plus, j’ai dit non à la maison.

Je me suis fait avorter. Écrire cette phrase-là me fait mal. Avorter. Verbe dénué de sens et d’émotions. J’ai trois enfants. Je sais ce qu’elle aurait pu être, devenir. Je sais ce que c’est que de porter un enfant, de l’attendre, de sentir sa vie dans mon ventre, de projeter mes désirs sur lui ou sur elle, de l’aimer. Je l’aurais appelé Ève. Source de vie. Elle aurait eu un an ce mois-ci.

Eva Staire

 

Sa vasectomie

Chéri mari a bien passé presque deux ans avec son fameux papier. C

Chéri mari a bien passé presque deux ans avec son fameux papier. Celui qui le conduisait vers l’abattoir de la preuve absolue de la masculinité. Vous avez bien compris, la fameuse requête pour une vasectomie. Couper le canal famille, cut the balls, passer au bistouri bref, voilà que chéri a fini par appeler….

Certains hommes courent vers cette contraception en courant dès que la cloche sonne intérieurement que là, c’est terminé la famille. Moi, mon amoureux aurait eu une équipe de soccer si j’avais eu le four qui tournait rond. Pendant des années, il a patiemment attendu que je ressente l’envie de nous replonger dans l’aventure. Mais malgré mon désir d’enfanter présent, celui de ne pas avoir la capacité psychologique de perdre un autre petit ange, lui, était plus fort. Mais après plusieurs années, il a accompli son deuil.

Nous étions assis dans le bureau du médecin pour la première consultation. Le docteur a demandé : « Et si un de vos enfants décédait, est-ce que votre décision d’aujourd’hui serait différente? » Et mon tendre époux de répondre : « Rien ni aucun autre enfant ne pourra remplacer une ou l’autre… » La date fatidique fut fixée.

Ce matin-là, j’étais probablement plus nerveuse que lui. Quand je suis fébrile, j’ai tendance à ne pas être la meilleure version de moi-même. Comprenez, j’étais là pour le soutenir, lui tenir la main et tout. Mais je n’avais pas le sourire facile et j’étais à l’intérieur de moi. Oui, car voyez, ce matin-là, j’avais peur qu’il regrette. Peur qu’il ne le fasse que pour moi. Que cela le change à jamais, qu’il finisse par m’en vouloir. Alors dans le stationnement, je lui ai demandé à nouveau s’il était en paix avec ce qu’il s’apprêtait à vivre. Lui, son évolution était bien complète et il m’a confirmé sa motivation d’aller jusqu’au bout.

Assis dans cette salle d’attente remplie d’hommes qui s’en vont volontairement mettre un terme à leur capacité d’enfanter, je regardais celui qui m’avait choisie. Un gars si bon qui, par amour pour moi, pour nous, faisait ce choix. J’étais émerveillée par sa résilience et sa capacité d’aimer. Il m’a expliqué à nouveau comment cela se passerait et à quoi m’attendre à sa sortie. L’infirmière l’a nommé…

Le temps est alors devenu mon pire ennemi. Je suis un peu beaucoup control freak avec ceux que j’aime. J’ai comme le feeling que je dois être près d’eux, de lui quand ils vivent des trucs inconfortables. Alors les dix minutes où il m’a parlé sont devenues quinze, puis vingt minutes. Dans ma tête, il y avait des flammèches. Enfin, après un temps interminable, l’infirmière m’a convoquée.

Je suis entrée dans la cabine, il était couché, mes yeux ont croisé les siens. Il allait bien. Il souffrait un peu, mais tout s’était bien passé. Nous avons respecté le temps d’attente sécuritaire, puis nous sommes partis.

Bien sûr, mon Superman m’a offert de conduire… Euh… non, mon homme! Tu es copilote! Retour à la maison sans problèmes. Petit roupillon, bonne bouffe, jusqu’à présent mon patient était coopératif. Jusqu’à ce que les enfants arrivent.

Mes beaux-parents ont pris soin de notre marmaille et venaient nous les ramener. Mais il faisait chaud (nous étions en juillet). Chéri a donc décidé qu’il voulait aller souper chez ses parents. À bout d’arguments (et en même temps, c’était son corps!), nous sommes partis. On n’avait pas fait la moitié du chemin que là, il réalisait que ce n’était pas une bonne idée. La douleur devenait vive. Arrivé chez ses parents, il ne souhaitait plus qu’être dans son lit, glace incluse. On ne s’est pas éternisés, je vous le garantis! Il a compris que les consignes n’étaient pas faites pour rien.

Bref, les jours qui suivirent ont été un peu plus calmes et il s’est calmé le pompon. Les mois passent et là, il faut bien aller passer le spermogramme qui prouvera que la procédure est un succès. Mais ça, ça veut dire que c’est pour vrai…

 

Martine Wilky

 

La contraception n’est pas seulement une affaire de femmes!

On est deux pour faire l'amour. Deux.

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On est deux pour faire l’amour. Deux.

Pourtant, ce sont trop souvent les femmes qui sont responsables de la contraception. Si cette dernière est un échec : ce sont elles qui sont prises avec de quoi qui pousse dans leur bedaine et se retrouvent confrontées à la plus grande décision de leur vie.

On peut bien me dire que les hommes sont présents pour nous accompagner, nous encourager, nous tenir la main, nous rappeler de prendre notre pilule, nous flatter le dos quand on a mal, mais… c’est notre corps à nous, femmes, qui doit subir la contraception…

Prise d’hormones, installation d’un corps étranger dans notre utérus, injection de spermicide dans notre vagin, etc… Toutes ces méthodes ont des effets secondaires que seuls notre corps de femmes doit encaisser… Sans parler des risques cardio-vasculaires et des fortes probabilités de développer un cancer du sein…

Je suis heureuse, fière et terriblement reconnaissante envers nos hommes qui décident de subir une vasectomie définitive, nous permettant d’avoir une vie sexuelle épanouie, sans avoir à gérer ce risque d’avoir un autre bébé. Ils font ainsi de la contraception une affaire de couple! MERCI!

Mon corps a subi trois césariennes en moins de quatre ans. Les médecins ont été unanimes : avoir un autre enfant serait impossible, extrêmement dangereux… J’ai donc pris la décision de me faire ligaturer les trompes. En France, à l’époque on ne connaissait pas la vasectomie. Quand le gynécologue nous en a parlé, mon chéri a dit :

– Tu as beaucoup donné. On t’a ouvert trois fois le ventre. Je ne veux pas que tu subisses une autre chirurgie. C’est mon tour. La vasectomie est une chirurgie mineure. Je vais faire ça. Pour toi. Pour moi. Pour nous.

À vingt-neuf ans, il a donc décidé de nous offrir cette sérénité-là. De nombreuses questions se sont posées :

– Et si je meurs avec les enfants, tu n’auras jamais la chance de fonder une autre famille?

– Vous êtes ma famille, je ne veux pas d’autres enfants.

– Et si on se sépare, que tu tombes amoureux et que tu souhaites des enfants à nouveau?

– Me lever à nouveau la nuit aux deux heures, non merci, j’achète MA paix!

– Et si on change d’idée?

– Tu ne peux plus avoir d’enfants, je refuse de te mettre en danger.

– Oui mais si on veut un autre enfant?

– On adoptera un enfant qui est si seul, on l’aimera aussi fort.

Il a eu réponse à TOUTES les questions. Il n’a jamais hésité une seconde. Et malgré les moqueries de ses amis, malgré l’incompréhension de notre entourage, malgré ce sujet un peu tabou : il a eu cette chirurgie appelée vasectomie!

Pour tous les gars qui s’inquiètent : non, ça ne goûte pas le décaféiné, non, ça ne donne pas de troubles de libido ni de problèmes d’érection et non, ça ne fait pas de vous des « castrés » ou des faux hommes! Au contraire! Quelle liberté de pouvoir faire l’amour sans stresser, sans se soucier de la contraception, et ce, à vie! Quel honneur de savoir que mon homme est assez viril pour prendre ça en main et nous donner ce merveilleux cadeau!

Alors non, la contraception n’est pas seulement une affaire de femmes! Bravo messieurs!