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Cette noirceur qui m’a envahi

Voilà un bon bout de temps que je n’ai pas écrit. Cet été a é

Voilà un bon bout de temps que je n’ai pas écrit. Cet été a été difficile pour moi. J’ai bien réfléchi avant de vous écrire cet article, car au tout début, je ne voulais pas vous en parler.

Pourquoi? Parce que je me croyais fort et je croyais avoir franchi cette étape…

Mais voyez-vous, 159 militaires sont décédés en Afghanistan. En 2013, 161 s’étaient enlevé la vie. Depuis 2013, le décompte des suicides a été ininterrompu et ce nombre ne cesse de grandir malheureusement. Avec le nombre de suicides toujours grandissant ces derniers temps, je devais vous en parler. Non, la plupart d’entre vous ne la savent pas. Les médias n’en parlent pas non plus. Moi je le sais, car je fais partie de plusieurs communautés sur le Web. Et le monde des vétérans et des militaires est une famille qui se soutient. Ce nombre de suicides ne cesse d’augmenter dans l’obscurité.

J’ai failli faire partie du lot pour une troisième fois cet été. Non je ne suis pas fier de moi. J’ai honte! Mais cette fois-là était encore plus forte. Tout était bien planifié dans ma tête afin de rendre ma mission à terme. Pour moi, c’était la seule solution pour arrêter de faire souffrir et de faire subir à ma famille la cause de ma blessure. Cette fois-là, j’étais vraiment déterminé! Je pouvais même me voir mourir dans mes plans sans aucune difficulté. Oui j’avais des remords, bien sûr, mais je me disais que ces remords ne seraient plus là une fois que je serais parti. Que mes enfants qui m’avaient toujours gardé en vie sauraient bien grandir sans moi. Qu’ils auraient la force de passer à travers les épreuves sans leur papa. Que ma femme que j’aime beaucoup aurait la force de passer à travers cette épreuve elle aussi.

Je n’ai même pas pensé à aller chercher de l’aide auprès de mes spécialistes. J’étais dans le noir total. Pour moi, c’était la seule solution pour mettre un terme à cette souffrance qui était revenue plus forte que jamais. J’étais prêt à passer à l’acte!

Je n’avais jamais vu une telle noirceur auparavant. Cette noirceur m’avait envahi. Tout ce que je voyais était de mettre une fin à ma vie, à ma douleur et à ma souffrance.

Même que je profitais mieux des moments avec mon fils de six ans. Tout allait mieux, j’étais davantage proche de lui. Je me disais que je devais passer de meilleurs moments de qualité avec lui, car ce seraient les derniers. Je voulais qu’il puisse avoir de bons souvenirs de son papa. J’étais prêt à le quitter malgré la déchirure, la tristesse et la douleur en moi.

Ma femme ne s’est jamais doutée de rien. Même si je pouvais passer beaucoup de journées d’affilée aux toilettes à avoir la diarrhée en raison de mon anxiété très élevée.

Vous comprendrez que je ne voulais pas la mêler à tout cela. Elle en avait déjà assez souffert selon moi.

Un de mes très bons amis a tout vu dans mon histoire. Il est venu me voir chez moi et par la suite, il m’a contacté très souvent. Si je me déplaçais, je devais lui dire où j’étais et comment je me sentais. Il ne me lâchait pas une seule minute.

Un vrai frère d’armes! Oui j’aurais fait la guerre avec cet ami, car lui, c’est un vrai frère d’armes à qui on peut faire confiance.

Un matin, il m’a amené à la clinique TSO (Trauma et Stress Opérationnel) de Longueuil pour un rendez-vous d’urgence avec une psychologue.

Lors de la séance, je me suis fait brasser, mais pas un petit peu. Durant la séance, j’ai pleuré ma vie et la psychologue a même réussi à me faire voir le visage de mes enfants qui me regardaient dans ma tombe. Et j’en passe…

Cette séance a été très difficile et je ne suis pas près de l’oublier. Ce n’est qu’à la fin que j’ai appris que si je ne voulais pas coopérer, je serais envoyé à l’Hôpital des Anciens Combattants en thérapie.

Après cette séance intense avec la psychologue, il est clair que j’ai décidé de mettre dehors le mauvais chum dans le salon. Celui dont je vous ai parlé dans deux articles auparavant. Maintenant je l’ai mis dehors pour de bon, car pour moi, l’option du suicide n’est plus une option. Lors de ma séance de psychothérapie, j’ai vu le visage de mes enfants qui me regardaient m’enfoncer dans le sol dans ma tombe. Depuis ce moment, ce n’est plus une option. Et j’ai toujours cette image de mes enfants debout sur le gazon qui me regardent m’enfoncer dans le sol dans ma tombe. Je crois que c’est ça qui me tient en vie maintenant. Cette image m’a tellement effrayé…

Maintenant, je peux vous dire que quand la noirceur nous envahit vraiment, il ne semble plus y avoir d’option pour sauver notre vie. Alors je lance ce message à tous : gardez l’œil ouvert et soyez prêts à intervenir pour ceux que vous aimez. Ils vous diront sûrement que tout va bien, mais la plupart du temps, ce ne sera pas le cas.

Soyez vigilants et attentifs!

Carl Audet

Besoin d’aide? 1-866-APPELLE

Enfin l’été!

Après un long et dur hiver, finalement la chaleur de l’été s’

Après un long et dur hiver, finalement la chaleur de l’été s’installe tranquillement. Le soleil se lève plus tôt et se couche plus tard.

Les enfants ont plus de plaisir à jouer dehors, ce qui a un effet bénéfique pour moi. Je peux cuisiner en toute tranquillité. Ou bien je peux faire d’autres tâches en attendant que ma femme arrive de travailler. Moins de bruits pour mes oreilles et c’est mieux pour ma blessure. Pas de chicanes dans la maison. Je suis seul avec Théra, ma chienne d’assistance.

Oui, je vous jure que cet hiver a été très difficile pour moi. J’ai eu beau mettre dehors le mauvais chum dans le salon. Vous savez celui dont je vous ai parlé dans mon premier article… je devais me battre souvent, car j’avais plusieurs problèmes à gérer en même temps.

Les militaires effectuent beaucoup d’entraînement physique au cours d’une carrière, ce qui contribue à l’usure prématurée des articulations de leur corps. On m’avait déjà expliqué à la base de Valcartier qu’au lieu d’avoir mon problème de genoux à 65 ans, je l’avais développé à 30 ans. Donc on parle d’une usure prématurée de 30 à 35 ans dans mon cas et pour plusieurs comme moi qui ont connu l’ère de la course avec des bottes de combat avec semelle dure et équipement lourd à porter. Aujourd’hui, nos soldats ont un meilleur équipement, mais il reste encore place à l’amélioration.

Je me rappelle, quand je courais avec mon équipement à la base de Petawawa. J’avais presque l’impression d’avoir des sabots de bois sous les pieds. Tout l’équipement sur mon corps était lourd et non ajusté à la forme de mon dos. Mon casque d’acier voulait se promener même ajusté. Nous avions de l’équipement de très mauvaise qualité. Sans parler des 13 et 16 km de marche forcée qu’on devait effectuer à l’intérieur de 24 heures. Deux paires de bas et de la vaseline pour diminuer les ampoules et le tour était joué chaque année. Ce n’était pas de la marche, c’était de la course, car c’était une compétition entre unités! Et pour bien représenter l’unité, on avait des pratiques afin de bien performer.

Voilà une des raisons parmi tant d’autres pour lesquelles nous, les militaires, sommes blessés et que notre corps s’est usé prématurément. On s’est donné à fond pour être toujours en forme afin d’être prêt pour défendre et servir notre pays. Aujourd’hui, j’en paie le prix grandement comme beaucoup d’autres.

Chez moi, je n’ai pas de baromètre car je n’en ai aucun besoin. Je le sais quand il va pleuvoir le lendemain. J’ai mal, j’ai de la misère à fonctionner et parfois même à monter les escaliers. Les baromètres, j’en ai deux qui sont installés dans mes genoux depuis le début de ma trentaine.

Dernièrement, je suis allé à un rendez-vous à l’hôpital des vétérans. J’étais dans l’auto et ça se passait bien. Quand est venu le moment de sortir de l’auto, c’était plus difficile. J’ai commencé à marcher et puis, après quelques pas dans le stationnement, je me suis mis à boiter. Dehors, il faisait froid et il pleuvait. C’était humide et dur pour mes genoux et mes pieds. Dès que je suis entré dans l’hôpital, c’était beaucoup mieux. La chaleur me faisait du bien. Je pouvais mieux marcher avec Théra.

Le froid et l’humidité m’affectent beaucoup. Cela me cause beaucoup de douleur, ce qui affecte mon moral. Donc je dois gérer des douleurs physiques dans plusieurs parties de mon corps en plus de mon trouble de stress post-traumatique. Je vous l’avoue, ce n’est pas évident. Le mauvais chum dans le salon a tendance à revenir et je dois le laisser en dehors de ma maison.

Cela va aussi beaucoup jouer sur mon humeur et je dois me contrôler. Ce n’est pas à ma famille d’endurer mes sautes d’humeur. Ils en ont assez payé le prix. Je dois faire de gros efforts.

Beaucoup de militaires ont à composer tous les jours avec des douleurs physiques. Ces douleurs physiques jouent grandement sur leur tempérament. Parfois, c’est difficile pour la famille, car l’humeur en mange une claque. Imaginez, quand le TSPT vient s’ajouter à tout cela…

Je tenais à vous parler de la problématique des douleurs physiques que les militaires peuvent vivre afin que les conjoints, conjointes, amis et amies puissent mieux comprendre les sautes d’humeur et d’autres problèmes que cela peut engendrer. Beaucoup d’entre nous sont jeunes, mais nous avons un corps usé à l’intérieur. Une autre blessure invisible, mais qui a beaucoup de conséquences sur notre quotidien. Ainsi vous pourrez mieux nous comprendre et peut‑être même nous aider.

Carl Audet

 

Théra

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Je me rappelle au tout début de l’été passé, on m’avait diagnostiqué un Trouble de Stress post-traumatique. Même si j’avais douté de cette blessure pendant des années, je m’étais quand même informé. J’avais lu beaucoup d’articles à propos des chiens d’assistance et des bénéfices auprès des vétérans.

Ayant eu un chien dans le passé et voulant mettre toutes les chances de mon côté, j’ai adopté une chienne Golden Doodle de deux mois au mois d’octobre 2018. J’étais super content et fier. Mais la première semaine était très difficile, car moi, je dormais quatorze heures par jour et elle pleurait la nuit. Pas besoin de vous dire que je me suis remis en question, sachant que c’était pour un besoin futur.

Finalement après quelques semaines, c’était de moins en moins pire et tout allait de mieux en mieux. Elle était toujours adorable.

Dès les premiers jours où elle était avec moi à la maison, je voyais du positif dans ma vie. J’avais quelqu’un avec moi constamment. Plus les jours passaient, plus elle me suivait et était constamment près de moi. Nous devenions une équipe! Le jour où elle a obtenu sa veste de chien d’assistance, ma vie a changé encore, car elle pouvait maintenant me suivre partout. Dès que je lui présente sa veste, je lui dis : On va travailler Théra! Et déjà, elle se présente la tête pour enfiler sa veste car elle est contente. Puis, elle devient plus sérieuse parce qu’elle sait qu’elle a un travail à faire. Lorsqu’on revient à la maison, je lui enlève sa veste et son comportement change. Le travail est fini pour elle, elle peut enfin courir après les chats et jouer.

Nous étions connectés encore plus ensemble lorsqu’elle me suivait partout. Nous étions davantage connectés lorsque nous avons suivi notre formation avec l’organisme Audeamus. Nous nous sommes métamorphosés. Même moi, je sentais que j’étais un homme meilleur. Je prenais mes responsabilités plus sérieusement face à Théra. On m’avait appris comment vraiment me servir d’elle pour diminuer mon anxiété. Également des façons de faire évoluer la connexion entre nous deux. Cela demande du temps, mais c’est extrêmement bénéfique à long terme.

Cette formation m’a aussi permis de me faire des nouveaux amis qui ont la même blessure que moi. Certains avec des douleurs physiques comme moi. Quoi dire de plus des nouveaux amis que j’ai rencontrés? Ils étaient tous formidables. Je m’ennuie d’eux. Mais on garde contact et on va continuer à se rencontrer afin de garder ces liens. Des liens avec des personnes qui peuvent vraiment me comprendre. Des personnes qui ont tous le même besoin : un chien d’assistance.

Donc nous sommes désormais partenaires Théra et moi, pour la durée de sa vie. Pour ceux qui se questionnent, la durée de l’entraînement, il n’y en a pas. C’est toujours, tout le temps, chaque jour, chaque instant. Une nouvelle situation peut se présenter et il faut être prêt à réagir.

Théra m’aide à sortir de la maison et à diminuer mon anxiété en public. Je me sers d’elle pour faire de la récupération lorsque mon stress est trop élevé. Elle est vitale pour moi, surtout quand mon champ de vision se réduit. Elle me donne tellement et je ne pourrais plus m’en passer. Voilà ce que peut faire mon chien et elle débute. Je ne lui ai pas appris encore tous mes besoins. Mais ça viendra. L’entraînement prend du temps, de la détermination et de la constance.

J’avais choisi son nom Théra parce qu’elle est thérapeutique pour moi. Aujourd’hui, je ne pourrais plus vivre sans elle.

Pour terminer, j’aimerais tout simplement remercier sincèrement Audeamus.

Merci Audeamus d’avoir changé ma vie et de m’aider à avancer.

  

Carl Audet

Make it happen!

Oui, cette phrase‑là en tant que militaire ou vétéran, nous lâ€

Oui, cette phrase‑là en tant que militaire ou vétéran, nous l’avons entendue souvent. Même si je suis sorti de l’armée, l’armée n’est toujours pas sortie de mon corps. Comme beaucoup d’autres vétérans qui ont été libéré pour des raisons médicales, je n’étais pas prêt à faire face à la vie civile.

Moi, je pensais que j’étais prêt financièrement avec une pension et un travail. Mais finalement, mentalement, cela m’a surpris par derrière après cinq ans.

Je me rappelle mon premier emploi civil. Beaucoup de gens ne m’aimaient pas, car mon approche était froide et très brusque. Il a fallu un an avant qu’ils me l’avouent car j’avais changé. Ne me parlez pas des réunions non plus. Quand on avait une réunion à 8 h, dans ma tête, je devais être là à 7 h 55, mais il y en avait toujours quelques-uns en retard. Si tu as un rendez-vous, tu dois être là au moins cinq minutes à l’avance. C’est comme cela que ça fonctionne dans l’armée.

Sans parler de ceux qui parlaient tout le temps et qui avaient les mains dans les poches. Je devais me contrôler intérieurement. Même chose pour les cheveux longs, la grosse barbe pas rasée ou les bottes à moitié lacées. Ouf! Je devais prendre de bonnes respirations à l’intérieur de moi.

Moi, j’étais habitué de travailler et de mener ma mission à terme. Parce que mon supérieur m’a dit : Make it happen! J’en voyais d’autres pour qui c’était difficile d’avancer et qui se traînaient les pieds. Oh que c’est difficile pour un militaire de faire face à la vie civile! Je vous jure que dans mon cas, après presque 22 ans de service, j’ai trouvé ça dur de faire face à la vie civile!

Je serais probablement l’employé modèle pour beaucoup d’employeurs. Et je parle pour la majorité des vétérans, car une discipline est ancrée en nous, ce que les autres n’ont pas. Nous avons beaucoup de misère à nous fondre à travers cette société moins disciplinée que nous. Nous avons beaucoup d’autres atouts aussi que d’autres n’ont pas. Par exemple le leadership, l’esprit d’équipe, l’expertise dans certains domaines, le courage, l’endurance et l’efficacité.

Dans les Forces armées canadiennes, quatre valeurs principales sont véhiculées : devoir, loyauté, intégrité et courage.

D’ailleurs, je n’ai pas beaucoup d’amis civils. Je dirais même que j’en ai quelques-uns que j’ai connus grâce à ma femme. Je n’avais aucun ami quand je suis déménagé ici à Saint-Jean-sur-Richelieu pour la rejoindre, car je m’étais isolé sans le savoir à cause de ma blessure.

J’ai déjà fait partie de certains organismes dans le passé en tant que bénévole. J’ai finalement lâché parce que selon moi tu dois arriver à l’heure. Tu dois être présent. Si tu me dis quelque chose, tu dois le respecter. Tu dois respecter ton horaire ou tes promesses si tu ne veux pas que je lâche ton organisation. À moins de m’en aviser d’avance car moi, je suis le guerrier qui se prépare pour sa prochaine manœuvre.

Voilà pourquoi ça ne dure pas quand je joins une organisation. Si on me dit une chose. Cette chose doit être respectée ou bien je dois être averti d’avance comme dans l’armée. Je n’aime pas avoir des surprises par manque de planification ou à cause du monde qui y porte peu d’intérêt.

C’est pour cela que nous les vétérans avons de la misère à nous faire des amis civils. On a bien de la misère à gérer notre tempérament avec la communauté civile. On a de la misère à s’y intégrer. Même moi à la maison, je dois m’adapter avec les enfants et ma femme. On m’a toujours enseigné la perfection et je l’ai enseignée moi aussi aux recrues. Je me suis amélioré, mais j’ai encore du chemin à faire.

Carl Audet

 

Ne pas distraire

Déjà quelques semaines que je me balade avec mon chien d’assista

Déjà quelques semaines que je me balade avec mon chien d’assistance un peu partout et je note certains problèmes. Que ce soit dans les épiceries, cliniques médicales, magasins, hôpitaux ou tout autre lieu public, c’est le même phénomène.

Pourtant, il est bien écrit sur la veste de mon chien d’assistance : Ne pas distraire. Dès que j’ai le dos tourné, un adulte en profite pour lui tendre la main pour caresser ma chienne. Aussitôt que je me retourne, la personne retourne sa main vers elle. Encore pire, d’autres vont carrément la caresser devant mes yeux ou bien lui parler.

Le client à côté d’un de mes amis dans un café avait même tenté de donner une bouchée de beigne à son chien d’assistance.

Un beau matin, je me suis rendu à un rendez-vous dans un hôpital et une professionnelle s’est mise à parler à ma chienne.

Je lui ai dit : « Excusez-moi madame, mais vous ne pouvez pas parler à mon chien d’assistance. »

Elle était toute surprise et m’a répondu : « On ne peut pas? »

Je lui ai alors dit : « Madame, c’est écrit sur sa veste de ne pas la distraire. Si j’étais en fauteuil roulant, est-ce que vous viendriez parler à mon fauteuil? C’est la même chose. »

Puis je suis parti et j’avoue qu’elle était surprise, mais je ne suis pas sûr qu’elle ait bien compris le message. Ma chienne Théra est mon outil thérapeutique pour m’aider à vivre une vie normale, comme les autres. En tout cas, j’essaie d’être capable de vivre le plus possible comme les autres, mais ce n’est pas possible pour moi. Par contre, Théra m’apporte beaucoup, elle m’aide à sortir et à diminuer mon stress. Elle est là lors de mes crises d’anxiété pour me soutenir. Elle joue un rôle majeur pour moi. Même chose pour quelqu’un qui a perdu ses jambes et qui a besoin d’un fauteuil roulant.

Donc si vous la caressez, lui parler ou la distrayez, elle ne fera plus son travail pour moi. C’est comme si vous manquiez de respect envers moi qui suis blessé. Blessé pour avoir servi mon pays. Blessé pour que vous, messieurs et mesdames, soyez confortables dans vos salons tous les soirs. Pendant que vous aviez du plaisir en famille, j’étais à l’étranger dans des situations difficiles et loin des miens. Mais c’était mon choix de vous défendre et soyez sans crainte, car je ne vous en veux pas du tout. C’est le simple fait que les gens ne sont pas informés. Voilà le but de mon article : vous informer, cher public.

Souvent les gens me voient avec mon chien et pensent que j’entraîne un chien pour une autre personne. Car après tout, j’ai 48 ans, ma blessure est invisible et j’ai deux enfants en bas âge.

Bien souvent aussi, on me demande si mon chien est un chien Mira. Je réponds que non, c’est un chien Audeamus. Puis je leur dis qu’Audeamus est un organisme gratuit pour les vétérans blessés, par exemple par le trouble de stress post-traumatique. Ce qui m’étonne, c’est que les gens me répondent : « Merci pour votre service ». Chaque fois que ces mots sont prononcés, je dois me serrer le visage pour ne pas verser une larme même si cela me fait chaud au cœur d’entendre leur reconnaissance.

Donc je vous demanderais à tous, par respect pour mes frères et sœurs d’armes, de vous abstenir de distraire notre soutien vital. Ou bien si vous nous croisez, demandez-nous au moins la permission avant de parler ou de toucher à notre chien. Des fois, je permets aux gens qui me demandent poliment de caresser un peu mon chien d’assistance. C’est une question de gestion du nombre de fois aussi pour moi dans la journée et dans la semaine, et des circonstances.

Le même respect est de mise pour tous les autres organismes au Québec, car il y en a beaucoup que vous ne connaissez pas. Chaque organisme a ses fonctions, il y en a pour les autistes, pour les personnes épileptiques, pour les enfants TDAH, etc.

Donc, soyez s’il vous plaît respectueux et vigilants, car toutes ces personnes ont un besoin constant de leur chien d’assistance.

Merci pour votre respect.

Carl Audet