Archives mars 2017

Depuis que chéri est en dépression…

Cela fait quelque temps que chéri ne va pas trop. Ses performances

Cela fait quelque temps que chéri ne va pas trop. Ses performances au travail n’en sont pas affectées, mais son attitude a changé. Il entre du travail, obsédé par tout ce qui ne va pas. La circulation, la température, les clients, les boss, les collègues. Tout est lourd. Il ne voit que ce qui ne va pas. Quand il en parle, il tente de nous convaincre que ce qui se passe n’a pas de sens. De cette façon, cela le conforte dans le fait qu’il a bien raison. Il ne dort plus ou plutôt ne se couche plus. Mais au petit matin, il n’arrive pas à se lever. Ce qui commence sa journée du mauvais pied. L’anxiété prend de plus en plus de place dans sa tête, comme une bête assoiffée de souffrance.

Petite visite de routine chez le médecin et tout s’effondre. Le médecin a vu clair. Il fait une dépression! Cela l’a happé comme un boulet de canon. Il est arrivé à la maison encore surpris d’en être rendu là. La honte, l’anxiété, le doute, la frustration, toutes ces émotions sont entremêlées. Mais la pire, c’est la peine. Ce désespoir qui émerge soudainement et qui surprend mon chéri, tout comme moi.

Les filles arrivent de l’école. On va devoir leur dire. Elles sont tellement surprises de le voir à la maison en après-midi. Pour elles, c’est presque la fête sauf que…

Sauf que leur père est une loque.

Son visage est déformé par toutes les larmes qui ont trouvé refuge sur ses joues. Il n’arrive pas à leur annoncer ce qui se passe. Alors en bonne mère germaine, je prends le lead et je leur dis : « Les filles, votre père va passer quelque temps à la maison. Il ne va pas bien. Son corps n’est pas malade, c’est son cœur et sa tête qui souffrent.  On va prendre soin de lui. Il doit prendre soin de lui. »

Il ne nous a demandé qu’une chose, de ne pas en parler. De ne pas dire qu’il faisait une dépression…

Je ne sais pas à quel point elles ont compris. Elles venaient d’entrer dans leurs vacances d’été et elles ne voyaient que du positif à avoir leur père à la maison. Oh! oui, c’était super, jusqu’à ce qu’elles se rendent compte que…

Leur père ne riait plus. Il dormait le jour et vivait une partie de la nuit. Qu’il ne faisait pas attention à elles. Qu’il ne mangeait plus et même parfois, il ne se lavait plus. Leur scénario d’avoir leur père meilleur partenaire de jeux à la maison n’était vraiment pas en train de se produire. Lui qui est un clown, toujours prêt à faire plaisir à ses filles, n’est plus qu’un ombre.

Moi, je galérais pour maintenir le cap : travailler, m’occuper de la maison, m’occuper de chéri, mais surtout, tout tenter pour que mes filles voient le moins possible la descente aux enfers de leur père. Je le voyais s’enfoncer profondément dans sa noirceur. Voir l’homme de sa vie disparaître, ça fait mal. Ne plus le reconnaître, sentir que de son côté, la connexion est coupée. J’avais mal pour lui. Je souhaitais tellement le retrouver.

Au fil des semaines, mes émotions se sont transformées. J’en avais assez. Assez de le voir avachi sur le sofa. Assez de tout me taper toute seule. Assez de tout porter sur mes épaules. Et à ce moment-là, je l’ai détesté. J’étais outrée qu’il se laisse tomber, qu’il NOUS laisse tomber. Que ni lui, ni nous, n’avions d’importance. Que je me retrouve seule à élever NOS filles. Que le gars que j’ai tendrement épousé soit devenu un corps sans lumière. J’étais exaspérée de tout faire pour ne pas me laisser aspirer vers le fond avec lui. En même temps, je m’en voulais de ressentir tout ça. J’étais épuisée.

De son côté, il fallait reconnaître qu’il mettait tous les outils pour atteindre une guérison. Il avait plusieurs techniques entre les mains, mais parfois souvent, il n’avait pas la force de les appliquer. Il remontait un jour, et puis pendant une semaine, il retournait dans son monde de souffrance.

Un jour, il en a eu assez. Assez de cette souffrance. Il a compris que la souffrance, c’est juste le temps qu’on accorde à notre douleur. La douleur, il en avait eu plus que sa dose. La victime a fait place au guerrier. Il a travaillé tellement fort pour se reconstruire! Pour bâtir l’homme qu’il a toujours désiré être. Il est parfois retombé un instant, mais juste assez pour rebondir et atteindre un nouveau niveau de guérison.

Le jour où chéri mari est retourné travailler, j’étais dans une confusion émotionnelle totale. J’étais heureuse de le voir retrouver une vie normale, soulagée même. Inquiète de sa journée. Enthousiaste pour l’homme qu’il devenait. Émue de ses accomplissements. Complètement apeurée de revoir une ombre revenir du travail aussi.

Chéri va bien. Il sait qu’il doit être attentif aux signes qui l’ont amené vers cette dépression. Il travaille encore sur lui. Il veille à conserver son niveau de bonheur. Il est aussi conscient qu’il n’est pas à l’abri d’une rechute. Il fait donc tout en son pouvoir pour ne pas que cela se produise. Il utilise sa boîte à outils pour aller toujours mieux…

Mon chéri mari va bien…

Martine Wilky

J’ai huit ans, et je fais pipi au lit.

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Chaque matin, quand je me réveille, j’ai froid. Je frotte mes yeux. Je suis tout mouillé. Je grelotte. Ça sent fort l’ammoniaque. J’ai huit ans.
Et chaque nuit, je fais pipi dans mon lit.

J’ai honte. Même si papa et maman disent que ce n’est pas grave. Car je me sens comme un gros bébé. Je dors avec une énorme couche. Et pourtant, ça déborde. Je dors tellement profondément que ni l’envie d’aller uriner ni les draps qui se remplissent de liquide ne me réveillent.

Je ne vais pas dormir chez mes amis. Je ne veux pas qu’ils voient ma couche. Je refuse qu’ils sentent cette odeur si nauséabonde le matin. Ils savent, car je leur ai expliqué et je crois qu’ils comprennent. J’en parle sans problèmes parce que ça fait partie de moi.

Ça avait arrêté quelque temps, mais depuis que mon ami est à l’hôpital car le cancer est revenu dans son corps, mes pipis sont revenus eux aussi. Maman dit que ça a peut-être un lien. Moi je ne pense pas. Je crois que ce sera toujours ainsi.

Je frotte mes yeux à nouveau et je soupire. Je me lève et je mets des vêtements secs. Je défais mon lit, je garroche les draps, les peluches et mon pyjama dans la laveuse.
Je monte doucement l’escalier et je pousse la porte de la chambre de mes parents.
– Maman?
– Bon matin, ça va?
– J’ai mis les draps à laver, tu partiras la machine?
– Oui, merci mon lapin.

Je rajoute du travail à mes parents qui semblent pourtant si occupés et ça me stresse. Car il faut laver mes draps TOUS LES JOURS.

Un jour, une dame est venue à la maison avec une machine qui sonne. On a commencé à utiliser cet appareil. Quand je faisais pipi la nuit, la machine sonnait très fort et ça réveillait toute la maison… sauf moi… Ça sonnait quatre ou cinq fois chaque nuit. Je dormais vraiment dur. Mes frères et sœurs ne la trouvaient pas drôle, cette machine. Même le chien se levait!

Alors, je n’ai pas beaucoup d’espoir que ça passe un jour.
Pour l’instant, j’ai 8 ans.
Je vais grandir…
J’espère que ma femme m’aimera quand même. Mais je ne suis pas certain qu’elle voudra dormir dans mon lit. Et mes enfants? Ils auront honte de leur père! Ça m’inquiète parfois.

Papa dit de ne pas m’en faire, que tout finit par se placer dans la vie. Il a un ami qui était comme moi et maintenant, c’est un adulte grand et fort. Il ne porte plus de couche!

Grand-maman aussi parfois, elle se réveille dans le pipi à sa maison médicalisée. Je me demande si c’est possible que j’aie également cette maladie de la mémoire au nom bizarre.

Je suis content de pouvoir en parler sans me faire juger.
J’ai huit ans.
Et je fais pipi au lit.

 

Gwendoline Duchaine

Mammographie à 30 ans

On en parle, on en parle, il y a de la prévention, mais on se sent

On en parle, on en parle, il y a de la prévention, mais on se sent toutes à l’abri, en se disant qu’on est trop jeunes, que ça n’arrive qu’aux autres… Ce n’est pas que j’avais vraiment envie d’y aller, mais j’avais tellement mal aux seins depuis trois semaines, que je me disais que ce n’était pas normal. Je ne supportais plus mes brassières en dentelles avec armatures. J’ai dû aller acheter en vitesse le modèle grand-mère des années 40. Vous voyez? Le type parachute. Mes filles auraient faire une tente avec. Tout ça pour dire qu’il y avait quelque chose de pas normal avec mes seins. Prise de rendez-vous avec ma gynécologue pour vérifier. Après quelques palpations, elle me rassure, mais étant donné mon historique familial, elle me recommande fortement une mammographie. Vous savez, juste pour contrôler! À mon âge! Et oui, il n’est jamais trop tôt pour commencer les dépistages, 5 % des femmes ayant un cancer du sein ont moins de quarante ans.

Je me retrouve donc quelques semaines plus tard pour ma fameuse mammographie. J’appréhende, certes le résultat, mais aussi la machine, la douleur. On m’invite à me découvrir le torse, je me retrouve nue en haut, mais chaussée de mes grosses bottes d’hiver en bas! Le total look!

Je me retrouve face à face avec une énorme machine. La technicienne me fait approcher, elle règle la hauteur et là, sans m’avertir, elle prend mon sein et le dépose comme une belle pièce de viande sur le plateau de la machine. Elle le reprend l’étire, le tire, le tort, l’aplatit comme une crêpe. Je vois mon sein devenir un genre de pâte à modeler extensible ou comme un chewing-gum qu’on essayerait de décoller de sous une chaussure. Elle s’excuse, mais elle n’a pas le choix pour bien voir. Elle fait descendre un deuxième plateau, froid, aseptisé. Il descend lentement sur la forme qui ressemble vaguement à mon sein. Et là, il se coince entre les deux plateaux, ça serre, encore et encore. La gentille dame me dit de ne pas bouger. Comment pourrais-je bouger quand mon sein est emprisonné? Même si je voulais partir, courir, j’y laisserais ma peau! La machine prend quelques clichés, je retiens ma respiration. La dame revient et me libère. Ouf! Quel soulagement, de courte durée, malheureusement, car j’ai deux seins. L’autre attend son tour impatiemment. La dame refait les mêmes gestes machinalement, étirer, tirer, aplatir… Quelques secondes de douleur, je dois attendre les résultats, un docteur viendra.

Bref, toujours nue, j’attends. La gentille dame revient, je dois refaire quelques clichés pour bien voir. Reprise numéro deux et c’est reparti pour une nouvelle séance de torture. Je me dis que c’est pour la bonne cause, vaut mieux prévenir que guérir.

Le docteur arrive, il doit aussi ausculter mes seins à l’aide d’une échographie. Il me badigeonne de gel hyper froid et passe et repasse sur mes seins en appuyant ici et là. Un coup, je lève le bras, un autre coup, je le descends. Quelques questions sur ma douleur, mes antécédents, et voilà que d’une voix légère et banale, il me dit que je n’ai rien. Mes douleurs sont sûrement dues à mes sous-vêtements trop serrés, au manque d’hydratation, à de mauvais mouvements… Bref n’importe quoi, mais pas un cancer du sein. Je suis soulagée!

N’hésitez pas si vous avez un doute, une douleur, une rondeur, quelque chose qui vous tracasse, ce n’est pas agréable, mais faire une mammographie précoce peut vous sauver la vie. Je suis contente finalement de l’avoir faite, et je n’hésiterais pas à la refaire s’il le fallait…

Gabie Demers-Morand

Je ne serai pas la seule à t’élever, mon enfant

Ce soir, je t’écris, mon bébé, mon amour, mon troisième enfant

Ce soir, je t’écris, mon bébé, mon amour, mon troisième enfant. Je t’écris parce que j’aimerais pouvoir t’expliquer tout ça, mais comment? Ce soir, en te berçant dans ta chambre, j’ai compris. En te regardant, tout endormi contre moi, j’ai su que je devrais accepter de ne pas être la seule à faire de toi un petit garçon, puis un grand, puis un homme. Ça m’a fait mal. J’ai pleuré. J’ai été la seule, avec ton papa, pour ta sœur et ton frère. J’ai même souvent sorti les griffes lorsqu’on a tenté de s’immiscer dans votre éducation, dans ma maternité.

J’ai affirmé haut et fort, avec fierté, que j’étais une maman présente, dévouée, qui avait choisi de mettre ses enfants en priorité. J’ai répété à qui voulait l’entendre que même si c’était difficile par moments, j’étais là, à la maison avec vous. Que fatiguée ou pas, je donnais le meilleur de moi à mes enfants pour qu’ils en gardent une force toute leur vie.

Maman a beaucoup donné. Maman s’est oubliée. J’ai mis de côté des rêves, des passions, des désirs profonds. Le temps a filé, j’ai vieilli. Mon désir de reprendre une place dans ma vie, de marcher vers mes rêves, d’exister à nouveau, a émergé. Il est devenu si fort que je dois maintenant accepter ce que je n’aurais jamais cru pouvoir accepter.

Je ne serai pas la seule à t’élever, mon enfant. Je ne serai pas la seule à te consoler lorsque tu seras triste. Je ne serai pas la seule à apaiser tes peurs. Je ne serai pas la seule à guérir tes blessures. Je ne serai pas la seule à te bercer pour t’endormir. Je ne verrai pas tous tes sourires et je manquerai plusieurs de tes premiers exploits.

Je ne serai pas la seule à te donner le meilleur de moi. Il n’y aura pas que ma couleur dans ta vie. D’autres viendront peindre tes jours de leurs forces, de leur amour. Nous serons plusieurs à faire de toi un petit garçon, un grand, puis un homme. Tu pourras prendre le meilleur de différents univers. Nous serons plusieurs à t’élever vers le monde.

Toi mon petit bonhomme qui s’est valeureusement frayé un passage jusqu’à nous. Toi qui, du haut de tes trois pommes, nous surprends tous les jours par ta capacité à apprendre, à te développer rapidement. Toi qui voudrais pouvoir courir avant même de savoir marcher. Toi qui observes ta sœur, ton frère, et qui grandis à une vitesse folle. Tu portes en toi une grande force et tu porteras la force de tous ceux qui, avec moi, feront de toi un homme meilleur.

Mais il n’y aura qu’une seule personne sur la Terre qui pourra t’aimer aussi fort…

Ta maman qui t’aime

Eva Staire

Je voudrais être une meilleure maman pour toi

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Je dois l’avouer. Ce supposé diagnostic de TDA/TOP (trouble de l’attention et trouble oppositionnel avec provocation) m’a soulagée, m’a rassurée. Je ne sais pas si j’espérais que mettre des mots (ou des lettres) sur ce que nous vivions avec toi allait tout remettre en place. Que mettre le doigt sur le bobo allait le faire disparaître. Qu’il n’y aurait plus de colère, d’impulsivité de provocation. Je ne sais pas ce que je m’imaginais…

 

Aujourd’hui, c’est une mauvaise journée. Tu es plus sensible, tu nous provoques sur tout, tu t’opposes à propos de tout et moi, je suis fatiguée. Ça a été une dure journée au travail. Ma patience avait déjà atteint la limite avant même que je ne mette les pieds dans la maison. Ta journée à l’école a dû ressembler à la mienne parce que toi aussi, tu as tout donné à l’école. Ta petite coupe était déjà pleine et chaque petite goutte supplémentaire, si minime fût-elle, la faisait déborder. Tu as explosé, j’ai explosé et j’ai crié… Toi, tu as pleuré.

 

Aujourd’hui, toutes mes habiletés d’éducatrice à l’enfance et d’éducatrice spécialisée ont pris le bord. Je me suis retrouvée seulement avec la maman fatiguée. La maman qui en avait aussi plein la coupe. La maman dépourvue qui ne sait plus comment réagir aux comportements de sa fille. La maman qui a craqué sous la puissance de tes mots : « Si j’avais pu choisir ma maman, ce n’est pas toi que j’aurais choisie! »

 

Cette maman fatiguée n’a pas compris que c’est la colère et l’impulsivité qui te faisaient parler. Cette maman fatiguée a réagi à la peine. Je t’ai punie. Tu as dû mettre ton pyjama et aller au lit. Tu t’es endormie en pleurant. Je me suis assise sur mon lit pour pleurer.

 

Malgré ma formation, malgré le fait que je suis équipée pour savoir comment réagir, ce soir, je n’ai pas été la meilleure maman pour toi. Je m’excuse, ma puce.

 

Demain, on en reparlera. Je m’excuserai de ne pas avoir su te comprendre, d’avoir laissé cette maman fatiguée prendre le contrôle de mes actes, de l’avoir laissé crier. Je te dirai que je t’aime plus que tous les univers réunis. J’irai encore pousser les portes de notre système de santé, de notre système d’éducation pour qu’il m’outille encore mieux pour t’aider.

 

Demain soir, tu t’endormiras après avoir reçu une tonne de câlins et de bisous. Je redeviendrai la Super Maman qui a parfois la cape trouée…

 

Mélanie Paradis

 

 

 

 

Assez c’est assez!

Avis aux cœurs hypersensibles : ce texte comporte

Avis aux cœurs hypersensibles : ce texte comporte des paroles directes pouvant offenser un public masculin qui aura osé lire plus qu’une ligne dans la section des sports. Je tourne dans mon lit depuis 5 h ce matin. Mes idées se bousculent dans ma tête, m’avisant de coucher le tout sur papier si je veux aller me recoucher un peu avant le début de cette longue journée. OUI : Je suis à bout!

Toi, le beau gars avec qui je parlais avec intérêt depuis quarante-cinq minutes et qui, lorsque son ex est entrée dans dit bar, m’as carrément tourné le dos en m’ignorant comme si j’étais tout à coup devenue invisible… Toi qui m’envoies ensuite un petit mot à 3 h sur mon Facebook : « Allo ma belle, tu es partie où? »

Toi, le gars hyper inspirant que j’ai vu en conférence et que j’imaginais si différent avec les épreuves que tu as traversées… Toi qui, après de beaux moments de complicité puis de longs jours de silence, me textes que je ne te conviens tout simplement pas, sans aucune autre explication. 10 sur 10 pour la belle communication!

Toi qui, après deux ou trois semaines de complicité et de rire, me dis que je suis trop exceptionnelle pour toi et que finalement, tu préfères me quitter avant que je le fasse dans trois ou six mois.

Toi qui es en couple depuis des lunes et certainement un peu las de ta belle vie rangée, qui m’envoies des petits messages subtils à toute heure du jour : « Va t’occuper de ta douce moitié OU sépare-toi et après, reviens me voir quand tout sera réglé! »

Et la cerise sur le sundae : Toi, le gars qui s’est inventé une fausse identité l’autre soir, un faux nom et une fausse carrière, mais qui me donne tout de même son VRAI numéro de cellulaire en fin de soirée, puis disparaît à tout jamais. Par pur hasard, je vois ta belle face sur mon fil Facebook et je réalise qu’on a quelques amies en commun. Je contacte par hasard ma belle copine pour réaliser que tu la fréquentes depuis un mois (durant ce même mois où tu m’as fait des avances insistantes) et que tu t’es inventé une deuxième vie et un nom bidon pour une soirée! Wow! Bravo champion, car Québec c’est petit et je connais beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens dans ce charmant village.

OUI, je vous jure, ces histoires ne sont pas tirées d’une fiction, mais bien de ma charmante vie de femme célibataire de quarante ans.

Je n’ai pas terminé encore. Les gars, vous devez certainement avoir arrêté la lecture dès le premier paragraphe ou pour les plus tenaces, après le deuxième. Alors, permettez-moi, les filles, de vous confier quelque chose de super important : sauvez-vous à toutes jambes dès que vous croisez un de ces numéros!

En 2017, je me suis promis l’authenticité. Elle n’est pas toujours facile à assumer pour un homme, car OUI, je fais peur à beaucoup quand je dis ce qui ne fait pas mon affaire. Je n’accepte pas qu’on joue avec mes sentiments. Tu veux mettre ta main dans mon gilet? Va toucher mon cœur avec nos échanges avant d’y penser! Tu veux que je t’invite à dormir dans mon grand lit douillet? Ne te sauve pas à 2 h du matin parce que finalement, tu as oublié de nourrir ton supposé chat. Tu veux voir des étoiles dans mes yeux? Prépare-toi à la tonne de petites gouttes qui peuvent aussi y tomber les jours plus sombres. Tu veux me faire sourire pour vrai? Sois juste honnête et n’essaie pas de m’inventer que tu es parfait, que tes ex étaient toutes des folles et que c’est juste toi l’incompris. Moi, je te parlerai avec respect du père de ma fille que j’adore et qui a réussi à m’endurer pendant neuf belles années. Je te donnerai même son numéro de téléphone si tu as envie de lui parler comme un vrai homme pour savoir ce qui se cache vraiment derrière mon sourire et mes yeux noisette! Là… je peux aller me recoucher.

P.S. Les gars qui ont lu jusqu’à la fin… vous méritez certainement d’être écoutés et je me ferai grand plaisir de répondre à tous vos commentaires ou plaintes à mon égard.

 

Véronique Hébert

Ces gens-là

Ces gens-là. Ceux qui se disent tes meilleurs amis

Ces gens-là.
Ceux qui se disent tes meilleurs amis pis qui te poignardent au moindre faux pas.
Ceux qui drainent toute ton énergie et qui s’accrochent à toi telles des sangsues.
Ceux qui brisent ton cœur qui sera bien long à réparer et qui anéantissent ta confiance.

Ceux qui te font sentir comme une mauvaise personne parce que tu n’es pas à la hauteur de cette amitié si envahissante.
Ceux qui manipulent, mentent et parlent dans ton dos.
Ceux qui font mal.

Ceux qui sont jaloux, qui n’acceptent pas que tu voies d’autres gens.
Ceux qui ne respectent ni ton intimité ni tes valeurs.
Ceux qui critiquent ta façon d’être, de penser et d’élever tes enfants.
Ceux qui trouvent pathétique ton amour avec l’homme de ta vie.

Ils puent la jalousie, ils sentent la trahison. Ils laissent ce goût amer sur ton cœur.

Une rupture d’amitié, c’est comme un couple qui explose. Les dommages collatéraux sont immenses et dévastent trop de cœurs.

Une rupture d’amitié, ça fait pleurer. Il faut du temps pour ouvrir son âme à nouveau. Et sans doute qu’on ne le fera plus jamais si sereinement.

Une rupture d’amitié, ça fait mal. Longtemps.

À ces gens-là qui ont pressé tout le sang qu’il me restait dans le cœur, je voulais vous remercier. Vous m’avez donné une arme : la méfiance. Je voulais vous dire que je vous ai pardonné, car finalement, vous êtes sans doute très malheureux, dans votre vie où vous consommez les gens et les jetez comme de vieux mouchoirs quand ils ne sont plus utiles.

À ces gens-là : tenez-vous loin de moi. Laissez mon cœur continuer de s’amuser comme si demain n’existait pas!

Le temps effacera ce goût amer.

Une rupture d’amitié, ça fait mal.

 

Gwendoline Duchaine

 

Voyage au cœur de la pureté; j’ai testé le yoga postnatal

Villeray, un mardi midi. Belle journée pluvieuse. Je pars de mon pe

Villeray, un mardi midi. Belle journée pluvieuse. Je pars de mon petit coin de banlieue pour une expédition vers ce que certains appellent la grande ville. Armée de mon pantalon de yoga super voyant et d’une fébrilité de petite fille, je cherche le 306 rue Villeray. Plus précisément le studio Soham yoga. J’ai le privilège de me faufiler dans une classe de yoga postnatal. Bon, ok, mon bébé a quatre ans et j’ai déjà fait son inscription à la maternelle. Léger détail. Mais pour aujourd’hui, on fait exception. Rapidement, je repère les indications pour l’entrée du studio. Discret mais accueillant. Un chien, installé sous un arbre, attend sa maitresse, satisfait d’être là à regarder les passants.

yogaQuand j’ouvre la porte, une femme calme et qui inspire confiance m’accueille d’un large sourire. Chaque femme qui franchit la porte a droit à cette même attention. La femme l’accueille parfois par son prénom, parfois elles font les présentations. La professeure prend le soin de s’enquérir de l’état de chacune, de la récupération de l’accouchement et du bébé. Dans la plus grande simplicité, elle tourne son attention vers bébé, elle crée le contact. Le local est une grande salle qui peut accueillir environ quinze personnes. Facile de s’y retrouver. Le matériel pour la pratique du yoga et pour le confort est disponible. Des boissons fraiches et chaudes sont aussi offertes.

Certaines arrivent à la course, les bras surchargés, mais tellement contentes d’y être. D’autres s’installent tranquillement. Des sourires, des regards s’échangent discrètement (surtout vers moi qui suis là, pas de bébé!) Comme dans tous les cours de yoga, on nous encourage à respecter notre rythme et à écouter notre corps. On y ajoute cette fois-ci l’importance d’être indulgent avec le corps qui a subi de nombreux changements dans les derniers mois et qui a donné la vie il y a quelques semaines. Il est conseillé d’attendre environ quatre à six semaines avant de prendre part à ce cours. Petit résumé des bienfaits du yoga pour la récupération du corps et le maintien d’une posture saine. Combien de femme se défont les épaules avec un mauvais positionnement d’allaitement, avec des journées de pieuvre (bébé d’un bras et on fait le reste avec l’autre bras) et sans oublier les longues minutes à se maltraiter le cou tellement on regarde notre petite merveille! Alors oui, le yoga postnatal, c’est aussi ça!

Mélanie, notre professeure, insiste sur le fait que bébé est le bienvenu. Elle souhaite ainsi que les mamans ne stressent pas parce qu’elles doivent nourrir bébé, qu’il pleure ou qu’il refuse tout simplement de collaborer! Elle propose d’emblée les moyens mis à la disposition pour leur confort. Des alternatives et des consignes de sécurité sont proposées si la femme souhaite poursuivre le programme avec bébé dans les bras.

JIMG_3496Au tour de bébé maintenant! Parce que oui, dans un cours de yoga postnatal, bébé n’est pas que spectateur. Une portion du cours est consacrée aux postures pour bébé. Au sol, maman et bébé ne font qu’un. Soudainement, c’est un peu comme s’ils étaient seuls dans leur salon. Les enseignements deviennent un peu secondaires.

Les exercices proposés permettent aux bébés d’étirer les petits muscles étant donné qu’il a longtemps été recroquevillé dans le ventre de sa maman. Les hanches et les jambes en bénéficient grandement. Ils favorisent aussi une bonne digestion. Bien au-delà des bienfaits physiques, je dirais que le contact qui se crée durant ce moment entre bébé et le parent est incroyable. Une fusion. Un moment unique où tout ce qui est autour ne compte plus. J’ai vu des bébés s’abandonner, un lâcher-prise ultime rempli d’amour et de confiance. Mais j’ai aussi vu des mamans savourer le moment. Certaines profitaient de l’endormissement de bébé pour se détendre seules avec leur corps, et d’autres semblaient ne faire qu’un avec leur bébé. Ma chère voisine de tapis, une chance que tu avais les yeux fermés. Je me suis retenue à deux mains pour ne pas vous prendre en photo. Couchée sur le dos, bébé sur ton torse. Les deux dans un état d’abandon complet. C’était d’une pureté et d’une magie sans égal. La séance se termine dans le même élan de douceur avec un chant. Vient finalement le moment où chacune se prépare à reprendre le cours de sa journée, mais cette fois avec une énergie nouvelle. Pendant cette heure et demie, le temps s’est arrêté. Plus de vaisselle, plus de lavage ni de questionnement sur ce qu’on mangera pour souper. 90 minutes où maman se consacre à elle et à son bébé.

Aujourd’hui, j’ai eu la chance d’être accueillie chez Soham yoga. Un studio professionnel, des cours dispensés par des gens compétents et chaleureux. Mais chaque région cache son petit trésor. D’un endroit à l’autre, vous trouverez des différences, mais il existe une place pour chacune. On ne répétera jamais assez les bienfaits de l’activité physique et encore plus post-accouchement. Il n’est pas question de perte de poids ou de retrouver la forme physique d’avant la grossesse. Mais plutôt d’apprivoiser notre nouveau corps, le remercier et l’aimer. En prendre soin en étant à l’écoute de ses besoins et de ses limites. C’est aussi une façon de prendre soin de notre santé mentale. Briser l’isolement, voir d’autres adultes et côtoyer des personnes qui vivent une réalité similaire. Prendre soin de soi est un très bon moyen pour éloigner les symptômes liés aux changements hormonaux et d’humeur. Informez-vous, certains endroits offrent la possibilité de faire un essai avant de s’inscrire. Laissez tomber les faux arguments qui vous freinent à sortir de la maison et offrez-vous ce moment privilégié!   

Alors si je vous ai donné le goût, vous pouvez trouver les informations sur le site

www.soham-yoga.com

Cristel Borduas

 

À toi, l’adolescent qui rêve de devenir enseignant

Depuis que tu as mis les pieds dans une école, c’est clair pour t

Depuis que tu as mis les pieds dans une école, c’est clair pour toi : tu veux devenir enseignant. Tu rêves de transmettre ton savoir, de pallier les manques de certains élèves, de leur donner beaucoup d’amour, de sentir que tu fais la différence dans leur vie.

Certains te diront que tu choisis ce métier pour les vacances qu’il permet. Savoir que tous les étés, tu seras disponible pour tes enfants (quand tu en auras) est un avantage, assurément ! Pas de tracas aux fêtes ni à la relâche.

Tu rêves qu’un ancien élève, après quelques années, vienne frapper à ta porte pour te saluer, te remercier, te donner des nouvelles.

Des idées, tu en as pour des années d’enseignement ? Si c’est le cas, ce métier, il est pour toi ! Crois-moi, tu n’arriveras jamais à tout mettre en place. Il n’est pas rare de croiser un enseignant tout près de la retraite et qui essaie un nouveau projet dans sa classe.

Laisse-moi te parler ouvertement de cette profession qui, bien qu’elle me comble de bonheur, m’a poussée au bord du gouffre à quelques reprises. Je ne suis pas tombée, contrairement à plusieurs de mes collègues. Ça, tu dois le savoir.

Les côtés sombres

En cette semaine de relâche, je corrige. Pendant que mes filles s’amusent. C’est mon choix, le métier d’enseignant a cela d’ingrat que bien souvent, il faut empiéter sur le temps de famille.

Tu dois donc savoir et accepter que sur une base régulière, tu devras planifier, corriger, plastifier à la maison, en dehors de tes heures de travail. Si tu as de la chance, ton conjoint ou ta conjointe mettra souvent la main à la pâte ; il fera des courses pour dénicher du matériel pour ta classe, t’aidera à découper et à plastifier et parfois, te dictera les résultats de tes élèves pour te faciliter la tâche au moment de préparer les bulletins.

Les attentes envers toi seront élevées. On te confiera des enfants qui sont tous des trésors pour leurs parents, est un trésor, un être unique à part entière avec son tempérament et ses besoins. Tu n’auras pas droit à l’erreur. Il te faudra souvent justifier tes actions, parfois tes paroles.

Marcher sur des œufs devra être pour toi une seconde nature. Tu devras user de ruse pour détecter les humeurs de tes élèves et ainsi, adapter tes interventions. Pendant leur passage dans ta classe, dis-toi qu’ils vivront peut-être des épreuves dont on ne t’aura pas parlé : une séparation, le deuil d’un grand-parent, la maladie d’un proche, la perte d’un animal de compagnie… Il te faudra trouver des trucs pour que tes élèves se confient à toi, ce qui rendra tes interventions auprès d’eux plus justes et efficaces.

Malgré tout ce que tu mettras en place pour certains élèves, sache qu’il arrivera que des parents collaborent moins que tu le souhaiterais. Ne les juge pas. Tu ignores ce qu’ils traversent. Là aussi, il te faudra faire preuve d’empathie.

Il pourra t’arriver de vouloir trop en faire. Reste à l’écoute pour ne pas sombrer. Rappelle-toi qu’un enseignant sur quatre quitte la profession au cours des premières années…

Les côtés lumineux

Non seulement tu transmettras TON savoir, mais tu recevras bien plus que tu ne peux l’imaginer… Laisse-toi porter par tes élèves, par ce qu’ils te proposent. N’aie pas peur de déroger de ta planification ; il se réalisera de petits miracles.

Peu importe le milieu dans lequel tu œuvreras, il t’arrivera de devoir pallier aux manques de certains enfants. C’est ce qui rendra ton métier signifiant.

Parfois, tu offriras ta collation, ton écoute ou ton temps. Quand cela surviendra, tu auras le sentiment du devoir accompli.

Tu feras la différence dans la vie de nombreux enfants. Par ta façon d’enseigner, par ta façon de les écouter, par les valeurs que tu partageras avec eux. Parce que souvent, tu seras un modèle à leurs yeux et surtout, parce qu’ils sentiront que tu leur fais confiance, que tu crois en eux.

Parfois, un parent t’écrira un doux message de reconnaissance. Place-le précieusement dans ton tiroir et relis-le lorsque tu doutes.

Avec les années, tu feras ta place et on frappera à ta porte. Tu regarderas avec admiration cet élève devenu grand ! Tu auras des papillons à l’idée que cet élève a pris de son temps pour venir te saluer.

À cet instant, tu auras la certitude que tu AS FAIT la différence dans sa vie…

Karine Lamarche

 

Mes vacances avec les grands-parents… un vrai désastre !

Il y a trois ans de cela, nous voulions partir dans un tout inclus p

Il y a trois ans de cela, nous voulions partir dans un tout inclus pour la semaine de relâche. Encore mieux, ma belle-mère s’est proposée pour venir à titre de « gardienne ». Pour ne pas laisser grand-papa seul, avec plaisir, nous sommes partis tous ensemble. C’était la première et la dernière fois !

J’aurais dû me douter, lorsque j’ai vu le regard vide, complètement perdu, de ma chère belle-maman à l’aéroport, que rien n’irait selon nos espérances. Elle qui voyage plus de deux fois par année souffre d’anxiété lorsqu’elle prend l’avion. Résultat : elle prend plusieurs produits naturels (beaucoup même !) afin de rester bien calme. TROP CALME ! Nous avions donc une grand-maman déjà dans les nuages parmi nous.

Une fois dans l’avion, mes fils voulaient absolument s’asseoir avec maman. C’est bien correct, ils étaient excités et heureux et j’étais plus qu’heureuse de partager leurs joies. Avec des rangées de trois sièges, je me retrouve donc seule avec mes cocos, mon conjoint et ses parents se trouvant à l’arrière. Au bout d’un moment, lorsque je me suis retournée pour demander de l’aide parce que mon fils de deux ans voulait faire caca (ben oui ! En avion aussi ça fait caca ces bibittes-là !), les trois dormaient et ronflaient intensément. Suite à leur charmante petite sieste, j’ai eu droit à un : « Vous avez pas dormi, vous autres ? »

Nous sommes arrivés en fin d’après-midi, donc après le souper, les garçons étaient exténués vu le voyagement. Nous étions installés pour regarder un spectacle, mais il n’y avait plus rien à faire : il fallait absolument coucher les enfants. Mon chum et moi nous échangions plusieurs regards complices, attendant le moindre signal de grand-maman aka, notre nounou de vacances. Rien ne vint. Nous nous sommes levés en expliquant qu’il fallait aller coucher notre chère progéniture. Grand-maman nous a souri tout bonnement, en nous souhaitant la bonne nuit.

À l’arrivée, nous voulions avoir notre chambre bien éloignée de celle de nos beaux-parents. Une fois dans l’intimité, nous voulions faire du bruit. Jour après jour, au courant de l’année, on se retient de faire du bruit lors de nos ébats sexuels pour ne pas réveiller, voire perturber nos enfants. Est-ce trop demandé de pouvoir se lâcher lousse en vacances ? Apparemment, oui ! Afin de nous simplifier la vie pour le matériel des enfants, belle-maman s’était assurée de prendre les chambres voisines. (Je roule des yeux !)

Deuxième journée, nous sommes restés à la piscine pour l’avant-midi. Notre plus jeune était donc tout heureux dans la pataugeoire. Ma belle-mère a dit à son fils qu’elle surveille notre petit. Parfait ! Je suis allée m’asseoir un peu plus loin. Vous savez, lorsque vous voyez une scène presque au ralenti ? J’ai vu mon fils tomber face première dans l’eau. Ma belle-mère avait les yeux fermés, visage vers le soleil. En une fraction de seconde, mon conjoint s’est levé et a attrapé notre fils par le fond de culotte. Apparemment, grand-maman était plus préoccupée par son bronzage que par ses petits-enfants.

Sans même avoir à nous parler, mon chum et moi venions de dire « Bye Bye » à nos vacances reposantes. Nous venions de voir notre confiance couler au fond de l’eau.

La veille de notre départ, je me suis fâchée et j’ai réservé un souper pour DEUX ! Parce que même aux soupers à la carte, nous y allions tous ensemble ! Je n’étais plus capable. J’ai donc imposé mes enfants aux grands-parents pour la nuit. Ben oui, mère indigne que je suis parce que mes enfants ne voulaient même pas y aller. J’ai eu un bon repas en charmante compagnie. Enfin, je nous retrouvais l’espace d’un repas et c’était merveilleux ! On s’est dit : Let’s go, on fait le party ! Après tout, nous étions en vacances ! En s’assoyant près du bar, qui ne voit-on pas arriver… mon beau-père ! Il s’ennuyait, le pauvre. En le voyant arriver, mon chum me dit : on le saoule, il partira plus vite ! (Veuillez noter que nous ne sommes pas toujours ainsi, mais là, on avait notre semaine dans l’corps !) Je peux vous dire que nous voulions qu’il parte et vite, parce que les verres coulaient à flots !

La semaine s’est terminée et nous étions encore plus fatigués qu’à notre arrivée. Je me suis dirigée vers la salle de bain avant que l’autobus arrive afin de nous ramener à l’aéroport. J’étais dans une cabine lorsque j’ai entendu des pas arriver en trombe. Une femme ne feelait pas du tout. Elle chiait sa vie si je peux me permettre ! Une main sur la bouche, je voulais taire mon ricanement. Je me suis penchée pour regarder ses souliers, c’était ma belle-mère ! J’ai vécu un moment d’intimité avec elle que je n’ai même pas encore vécu à ce jour avec son fils ! Vous m’auriez dit que mon voyage se terminerait avec ma belle-mère qui se vide les entrailles à mes côtés que je ne vous aurais pas crus !

Dans l’autobus, ma belle-mère s’est retournée face à nous et a dit : « Il aurait fallu une semaine de plus, hein ?! »

Eva Staire

 

Nous ne t’attendions pas

D’abord, notre fille est née. Pour mon conjoint, il était clair que nous aurions deux enfants, p

D’abord, notre fille est née. Pour mon conjoint, il était clair que nous aurions deux enfants, peut-être même trois. Pour moi, ce n’était pas si clair, je sentais que j’aurais pu m’arrêter, que j’étais comblée. J’ai recommencé à dormir, j’ai repris une vie normale et en même temps, l’envie d’en avoir un deuxième s’est développée et a grandi.

Trois ans plus tard, mon fils est né. Un bonheur doublé. Une fois passées les mauvaises nuits, les petites purées, les premiers étés à le suivre pas à pas pour ne pas qu’il se blesse, le terrible two, nous avons su sans aucune hésitation que notre bonheur était complet. Nous avions ce sentiment qu’enfin nos nuits blanches et nos efforts portaient fruit et que nous pouvions goûter à un semblant de liberté avec nos deux grands, comme si un monde de possibilités s’ouvrait à nous et à notre famille. Nous sentions que nous avions passé une étape, bien que remplie d’amour, de découvertes et d’émerveillement, pour le moins éprouvante. On se tapait dans les mains, fiers de notre famille, fiers de notre couple, prêts à découvrir la suite avec nos deux superbes enfants.

Puis, l’automne de cette année-là est arrivé. Le repas du restaurant ne passait pas : maux de cœur, malaises, repos forcé. « Voyons! » Mes pantalons étaient serrés. J’avais dû prendre un peu de poids puisque j’avais beaucoup d’appétit depuis quelque temps. « Bizarre! » Tout à coup, mes sens étaient en éveil; je sentais tout. Comme si mon nez venait de déboucher soudainement. J’avais mal aux seins… « Mal aux seins? » J’avais alors couru vers le calendrier; mes règles étaient en retard… mais elles l’étaient souvent. « On va régler ça! » Le test confirmerait, sans aucun doute, que je n’étais pas enceinte.

Une heure plus tard, j’apercevais les deux lignes.

Je ne respirais plus. Je ne réfléchissais plus. Je regardais encore pour être certaine. Il y avait bien deux lignes. Le choc. Je relisais les instructions encore et encore pour trouver la faille. Je repassais mes malaises en boucle dans ma tête. « Non! Impossible! » Lorsque mon conjoint était passé devant moi, je lui avais tendu le test. Il m’avait regardée sans comprendre. Je m’étais alors effondrée. J’étais paniquée. Je ne savais que faire de cette nouvelle.

D’abord, on allait garder la nouvelle pour nous. Cette nouvelle qui nous arrivait comme une gifle en plein visage. Je regardais l’armoire que je venais tout juste de vider et je l’imaginais se remplir de biberons à nouveau. Je voyais déjà les couches dont on n’avait plus besoin depuis peu, recommencer à s’empiler dans la salle de bain et les jouets et chaises de bébé qui allaient sans aucun doute réapparaître dans notre vie. Et que dire des nuits blanches qu’on se félicitait d’avoir laissées derrière nous?

On avait soudainement l’impression de reculer d’un coup, de devoir regarder en arrière plutôt qu’en avant, comme si le temps arrêterait de tourner pour nous durant les prochaines années. Et moi, j’avais la douloureuse sensation d’être si vieille pour avoir un autre enfant. Je me sentais sans aucun doute comme Émilie Bordeleau (vous savez… les filles de Caleb) lorsqu’elle avait appris qu’elle était enceinte de son dixième : prisonnière d’une vie dont elle ne voulait pas.

Puis tranquillement, il est devenu clair que cet enfant allait arriver. Clair parce qu’on avait pris une décision et qu’on n’allait pas changer d’idée. Clair que sur les photos de famille, personne n’allait manquer. Clair pour mon conjoint qui ne se questionnait plus. Moi, je portais cet enfant et surtout, une grande culpabilité : il était là au creux de mon ventre et je ne savais pas si je le voulais. C’était un sentiment terrible; le doute, le duel entre l’instinct maternel et l’envie de reprendre ma vie de femme. Les plans, tels que je les avais prévus qui se bousculaient et s’effondraient.

En apprenant la nouvelle, mes enfants avaient sauté de joie. Ils allaient avoir un frère ou une sœur. Le soir même de l’annonce, alors que je lui brossais les dents, ma fille m’avait dit sur un ton rempli de certitude et d’évidence : « Moi je sais que tu aimerais qu’il ne soit pas là le bébé, tu ne voulais pas un autre enfant. » Le choc à nouveau. Elle nous avait bien, par le passé, entendus dire que notre famille était complète, que nous ne souhaitions pas avoir d’autres enfants. Mais cette phrase m’avait totalement prise au dépourvu et happée en plein cœur. J’étais sans mot.

Cette affirmation m’aura finalement été d’un grand service. Elle m’aura poussée à me poser la vraie question, la seule qui ait un sens. À ce moment, je lui avais répondu sincèrement et de tout mon cœur, que maintenant que je savais qu’il était là, je serais très triste qu’il n’y soit plus. Puis elle était allée se coucher. Ses mots avaient résonné en boucle dans ma tête jusqu’au lendemain matin.

Au déjeuner, seule avec elle, je l’avais regardé et je lui avais dit : « Tu sais, j’ai souhaité de tout mon cœur que tu apparaisses dans mon ventre. Je t’ai attendue et espérée. Mais quand j’ai su que tu étais là, je me suis mise à avoir peur. Peur de ne pas être une bonne maman, peur de ne pas faire les choses comme il faut. Puis, je t’ai sentie bouger. À chacun de tes coups de pieds, j’ai eu moins peur. Tu es née, et je n’ai plus eu peur du tout. Pour ce petit bébé, je sais que ce sera la même chose. Pour l’instant, j’ai peur. Peur de manquer de temps et d’être une moins bonne maman, peur que ma vie soit toute chamboulée. Il me donnera ses premiers coups de pieds, puis tous les autres, et j’aurai de moins en moins peur. Quand il naîtra, je n’aurai plus peur du tout. »

Quelques semaines plus tard, je sentais son premier coup de pied, puis tous les autres. Tranquillement, j’ai eu de moins en moins peur et je me suis mise à l’aimer. Il est né. Je n’ai plus eu peur du tout. Je l’ai aimé de tout mon cœur.

Merci à la vie de t’avoir soufflé, mon bébé, sur notre route. Tu es le petit bout de vie qui manquait à notre famille. Maman t’aime si fort.

 

Eva Staire